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18 février 2019 1 18 /02 /février /2019 17:08

Cet article fait suite à :

Gilets jaunes » :Le gaullo-communisme contre-attaque ?

De Gaël Brustier repris sur comité valmy

Un « gilet jaune » évolue dans cet univers-là. Inconsciemment, il est fils de De Gaulle, Thorez et Croizat. Il ne veut plus payer plus pour recevoir moins –moins par individualisme que par frustration quant à l’égalité mythifiée par nos républiques.

Le sens commun d’une société est le produit d’une accumulation d’éléments divers, parfois contradictoires, intégrés à celui-ci au fil des décennies. Les évidences en vigueur changent progressivement. On ne fait pas muter la vision du monde dominant une société comme on fait du café instantané.

Les ronds-points sont marqués, comme le reste du pays, par la sédimentation d’éléments idéologiques successifs dont, nous le savons, celui des années 1980. Mais est-ce tout ? Assurément en révolte contre le code des impôts, ce mouvement est-il simplement anti-fiscaliste, à l’image de ce que furent les mouvements animés par des groupes conservateurs dans l’Amérique pré-Reagan des années 1970 ? C’est douteux. Rappelons déjà que le gouvernement de la Libération, gaullo-communiste, a été précédé en France –avant même le débarquement du 6 juin 1944– d’un important et massif mouvement de défection fiscale du peuple français, dont le régime de Pétain et Laval aurait eu des difficultés à venir à bout.

Les « gilets jaunes » sont-ils les agents d’un gaullo-communisme revigoré par la rébellion contre la fiscalité écologique ? À l’évidence, le peuple des ronds-points n’est ni gaulliste, ni communiste, mais certainement marqué par l’héritage gaullo-communiste. Les différents reculs des services publics dans les zones rurales sont si durement vécus qu’ils motivent un début de mouvement réfractaire à l’impôt. En gros, ce qui ressort des propos collectés –certes imparfaitement– des « gilets jaunes » et apparentés, c’est qu’il n’est plus légitime de « payer plus d’impôts pour moins de services publics ». Cela donne un indice partiel d’une des motivations des « gilets jaunes » : la désillusion par rapport à des fondamentaux remontant à 1945 ou 1958, qui postulaient l’extension des services publics et l’application scrupuleuse du principe d’égalité.

La société française est parcourue par des influences sédimentées au fil du temps dans son inconscient. Le gaullo-communisme en fait partie, mais partie seulement.

Évidemment, cette influence gaullo-communiste, cette foi en l’idée de la Sécurité sociale, l’idéalisation d’EDF ou de la SNCF d’antan, et bien d’autres éléments, cohabitent avec d’autres éléments, comme les évidences assénées au cours des années 1980 sur la responsabilité de l’individu, la défiance envers l’État et la glorification de l’entreprise.

Trop d’État, plus d’État, mieux d’État, moins d’État, le peuple des ronds-points, privé de toute direction politique, hésite. La société française est parcourue par des influences sédimentées au fil du temps dans son inconscient. Le gaullo-communisme en fait partie, mais partie seulement. Les trente années passées l’ont assurément émoussé, mais il fait partie des éléments composant la vision du monde des Français et Françaises. Thorez et De Gaulle rejoignent alors Bernard Tapie, Jacques Attali et Jacques Delors dans la potion idéologique nourrissant espoirs comme frustrations.

De la réalité à l’ennemi orwellien

Le gaullo-communisme tire son existence d’un accord politique bien réel entre forces gaullistes et communistes au sein de la Résistance, à partir de 1943. Ces forces, inspirées par le Conseil national de la résistance, ont appliqué un programme politique touchant aux domaines économiques et sociaux de 1943 à 1946. Nous en héritons, notamment, la Sécurité sociale.

Plus tard, le gaullo-communisme a été réifié aux besoins d’une démarche politique autre, dont le polémiste Éric Brunet est le représentant actuel le plus connu, visant à déconstruire les piliers politiques, économiques et sociaux hérités de la période 1944-1946. Dans cette perspective, évidemment, les taches maculant la geste gaullienne ou l’exhumation des crimes staliniens sont plus qu’utiles aux fins d’un projet politique dévolu à la conversion radicale de la France au capitalisme globalisé.

Le gaullo-communisme comme fait historique est à relativiser, sa réification et son instrumentalisation aux fins d’un projet politique authentiquement néolibéral est en revanche à considérer comme l’un des pions du grand jeu de la guerre culturelle qui se livre des ronds-points du pays aux cercles germanopratins et plateaux bavards en continu.

Les « gilets jaunes » ne sont pas moins que le reste du peuple français imprégnés de ce projet gaullo-communiste ; ils l’intègrent à leur idéologie propre. Oui, les « gilets jaunes » sont aussi les enfants de De Gaulle et Thorez.

 



 

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