Dans quelques semaines nous aurons à choisir entre deux options.
D’un côté la poursuite d’une politique qui de la droite à la gauche dite plurielle et retour, de Jospin Ségolène à Sarkozy, en passant par Bayrou et quelques autres, d’alternance en alternance nous ramène, non pas à la case départ mais en deçà en matière de pouvoir d’achat, d’emploi, de protection sociale… avec, chaque fois, au rythme des espoirs déçus la montée en puissance de l’extrême droite tant au plan des suffrages que des idées qu’elle diffuse dans l’opinion.
De l’autre le monde antilibéral les discussions byzantines se multiplient, il y aura bientôt plus d’avis que d’intervenants, les candidats pullulent autant que les pavés en mai juin 68 mais, pour quels piètres résultats ?
Dans les collectifs, la majorité n’a pas fait consensus, le consensus majorité, pouvait-il en être autrement à partir d’un tel émiettement des sensibilités ? Le prétendre est irréaliste. De plus est-ce un groupuscule, fut-il de 20 000 personnes, d’ailleurs qui représentaient-elles, qui doit décider à notre place ? N’est-ce pas là un système décisionnel de type censitaire, pas très démocratique.
Qu’ont fait les 55 % de « NON » au traité constitutionnel pour mériter un tel dédain !
Pour sortir de l’impasse, il n’est qu’une issue, revenir à l’essentiel c’est à dire au contenu, la cohérence aussi des programmes qui nous sont proposés par les candidats qui se réclament de l’antilibéralisme. Les cinq prochaines années ne verront pas la fin de l’Histoire mais, les décisions qui seront prises, les mesures qui seront mises en œuvre en fonction du résultat de l’élection présidentielle, des législatives qui suivront permettront ou non de soulager bien des misères, d'ouvrir une perspective ou de continuer à subir.
Certes, comme à la veille de chaque échéance électorale les promesses ne font pas défaut.
A y regarder de près, pour Arlette qui la joue perso depuis toujours, « demain on rase gratis, les patrons peuvent payer », c’est un peu court.
Olivier a délibérément opté pour la division et de ce fait reporte la solution à plus tard, tant pis pour ceux qui souffrent.
José se réclame des propositions des collectifs, un long pensum d’objectifs louables mais rien ou si peu sur les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre, avec en outre des impasses sur les sujets qui fâchent.
Il prône l’alter mondialisation, elle se fera, mais hélas la plupart de nos contemporains, y compris parmi les plus jeunes risquent de ne plus être là pour en récolter les fruits. Il en est de même pour l’Europe dont, compte tenu du rapport des forces politiques en présence, il est vain d’attendre sur les court et moyen terme autre chose qu’une harmonisation par le haut pour les riches, par le bas pour les autres. Ce qui ne revient pas à écrire qu’il faudrait s’y soumettre.
La situation se dégrade, le temps presse. A la fin des années 80, sur 35 euros échangés sur les places boursières, un seul couvrait des dépenses utiles, le reste allait à la spéculation (Maurice Allais prix Nobel d’économie), aujourd’hui le rapport est de 1 pour 65, peut être 70.
Les moyens d’une autre politique sont à notre portée, il suffit de s’en saisir en taxant les mouvements de capitaux sur le court terme (sic Tobin lui aussi Nobel d’éco.), en levant le secret bancaire, en supprimant les paradis fiscaux, pour faire en sorte que la traduction chiffrée des richesses créées reste dans le pays d’origine pour remettre enfin la monnaie à la place d’intermédiaire d’échanges qu’elle n’aurait jamais du quitter.
Marie Georges Buffet déclarait récemment : Une gauche qui refuserait de s’en prendre au pouvoir de l’argent serait condamnée à l’échec, c’est une vérité première.
La seconde passe par l’instauration de droits de douane sur les produits réimportés des entreprises qui délocalisent, mais pas seulement, à défaut les victimes des plans dits sociaux en seront ad vitam aeternam réduites à des combats d’arrière garde ou l’emploi est toujours perdant y compris au travers du recours aux préretraites. Deux millions d’emplois doivent être délocalisés d’Europe dans les prochaines années…Si l’Europe ne veut le faire, dans l’hexagone nous le pouvons, d’autres l’ont fait.
Il nous faut aussi rééquilibrer nos échanges sur la base, je t’achète tu m’achètes, recentrer notre économie vers sur la satisfaction des besoins intra muros, mesure valable pour l’ensemble des pays de la planète qui aurait l’immense avantage de préserver le ciel et la mer des produits polluants des portes conteneurs et des avions cargos et la vie des pêcheurs dans le rail d’Ouessant par la même occasio.
Reconnaissons aux autres les droits que l’on s’arroge, exigeons la réciprocité.
Là, sont, avec la renationalisation des grands services publics, les moyens nécessaires au développement de l’emploi accompagné des 35 heures hebdomadaires, au smic à 1500 euros nets mensuels, au rééquilibrage des dépenses de santé, au maintien du système de retraite par répartition etc…mais aussi d’une aide accrue aux pays sous développés dont nous devons exiger l’arrêt du pillage des ressources naturelles.
Et, si tout ne peut se concrétiser sur un seul mandat, imaginons des solutions Franco Françaises en attendant que l'Europe et la mondialisation réorientées portent de nouveaux fruits ne vivons-nous pas dans un pays encore riche?
Redonnons enfin au mot NATION le sens qu’il avait pour les sans culotte sur le plateau de Valmy, comme eux nous serons entendus par les laissés pour compte et les progressistes du monde entier. Tout le reste n’est que billevesée, un miroir aux alouettes.
Jeanval