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5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 15:21

comment les oligarques planifient de voler l’élection (Etasunienne)

Par Dr. Paul Craig Roberts

Mondialisation.ca, 03 novembre 2016

 

 

Je suis maintenant convaincu que l’oligarchie qui gouverne l’Amérique a l’intention de voler l’élection présidentielle. Dans le passé, les oligarques n’ont pas pris en charge un quelconque candidat pour le faire gagner car les oligarques possédaient les deux. Mais ils ne sont pas propriétaires de Trump.

Très probablement, vous n’êtes pas au courant de ce que Trump dit aux gens et que les médias ne diffusent pas. Une personne qui parle comme ceci n’est pas cajolée par les oligarques.

Qui sont les oligarques ?

  • Wall Street et les méga-banques trop grandes pour faire faillite et leur agent de la Réserve fédérale, un organisme fédéral qui a préféré sauver cinq banques plutôt que des millions de propriétaires américains en difficulté. C’est la Réserve fédérale qui a permis qu’ils soient jetés dans les toilettes. Afin de sauver les bilans des méga-banques de leur comportement irresponsable, la Fed a nié aux retraités le droit de gagner tout intérêt sur leur épargne pendant huit ans, ce qui oblige les personnes âgées à puiser dans leurs économies, laissant leurs héritiers, qui ont été mis au chômage par des entreprises délocalisant leurs emplois, sans le sou.
  • Le complexe militaro-industriel qui a dépensé des milliards de l’argent des contribuables pendant quinze ans de guerres gratuites entièrement fondées sur des mensonges pour les enrichir eux-mêmes et garder leur pouvoir.
  • Les néo-conservateurs dont l’idéologie folle d’une hégémonie mondiale américaine enfonce le peuple américain dans un conflit militaire avec la Russie et la Chine.
  • Les corporations américaines mondiales qui ont envoyé des emplois américains en Chine et en Inde et ailleurs, afin d’enrichir le 1% avec des bénéfices plus élevés en jouant sur les coûts de main-d’œuvre.
  • L’agro-business (Monsanto & Cie), les sociétés qui empoisonnent le sol, l’eau, les océans et notre nourriture avec leurs OGM, herbicides, pesticides et engrais chimiques, tout en tuant les abeilles qui pollinisent les cultures.
  • Les industries extractives autour des énergies fossiles, utilisant les mines, la fracturation hydraulique et la déforestation, qui maximisent leurs profits en détruisant l’environnement et l’approvisionnement en eau.
  • Le lobby israélien qui contrôle la politique américaine au Moyen-Orient et a commis un génocide contre les Palestiniens tout comme les États-Unis ont commis un génocide contre les Américains indigènes. Israël utilise les États-Unis pour éliminer les pays souverains qui se dressent sur son chemin.

Ce qui me convainc que l’oligarchie entend voler l’élection, c’est la grande différence entre les rapports des presstitués et les faits sur le terrain.

Selon les presstitués, Hillary est si loin devant que les partisans de Trump n’ont pas besoin de prendre la peine d’aller voter. Hillary a gagné l’élection avant le vote. Hillary a été déclaré gagnante avec 93% de chance.

J’attends encore de voir un signe de Hillary sur le terrain, alors que les affiches électorales de Trump sont partout. Les rapports que je reçois sont que les apparitions publiques de Hillary sont ignorées, mais que celles de Trump sont si fortement fréquentées que les gens doivent être refoulés. Voici un rapport d’une femme en Floride :

Trump a attiré un très grand nombre de personne de partout en Floride en faisant sa campagne ici cette semaine. Je ne vois que des affiches électorales de Trump et ses autocollants lors de mes nombreux déplacements. Je dînais dans un restaurant mexicain hier soir. Deux femmes de mon âge assises derrière moi parlaient de comment elles avaient essayé de voir Trump quand il est venu à Tallahassee. Elles ont quitté leur travail tôt, en arrivant sur les lieux à 16h00 pour un rassemblement à 18h00. L’endroit était déjà en surcapacité de sorte qu’elles ont été refoulées. Il s’est avéré qu’il y avait tellement de gens là-bas qu’à 14H00, les portes ont dû être ouvertes pour eux. Les femmes ont dit que les foules présentes étaient un mélange de races et d’âges.

Je connais la personne qui m’a fait ce rapport et je ne doute pas que ce soit la vérité.

Je reçois aussi des rapports de lecteurs de partout dans le pays.

Voici comment le vol de l’élection est censé fonctionner : Les médias sont concentrés dans quelques mains via les corporations et ils ont tout fait pour convaincre non seulement les Américains, mais aussi le monde, que Donald Trump est un candidat tellement inacceptable qu’il a perdu l’élection avant le vote.

Pour affiner l’explication, quand l’élection sera volée, ceux qui contesteront l’élection volée seront sans relais dans les médias. Tous les rapports des médias vont dire que ce fut une victoire par défaut de Hillary pour fuir la haine anti-immigrants et la misogynie de Trump.

Et l’opinion progressiste et libérale sera soulagée et pas sur ses gardes alors que Hillary nous emmènera vers une guerre nucléaire.

Le fait que l’oligarchie entende voler l’élection du peuple américain est vérifiée par le comportement officiellement signalé des machines à voter dans un vote anticipé au Texas. Les presstitués ont déclaré que Hillary est tellement favorite que même les républicains du Texas sont d’accord pour laisser l’élection être truquée.

Si tel est le cas, pourquoi était-il nécessaire de programmer les machines de vote pour changer les votes Trump en votes Hillary ? Les électeurs qui ont noté qu’ils ont voté Trump, mais dont le vote a été enregistré Hillary se sont plaints. Les responsables des élections, clamant à l’incident technique (qui se produit toujours dans le même sens), a changé de système pour des bulletins de vote en papier. Mais qui va les compter ? Aucun «pépin» n’a transformé un vote Hillary en vote Trump, seuls les votes Trump se changent en votes Hillary.

Le film le plus brillant de notre époque était The Matrix. Ce film a montré la vie des Américains manipulés par une fausse réalité. Comme dans la vraie Amérique, il y a une prise de conscience insuffisante et pas de Neo, sauf peut-être Donald Trump, pour contester le système. Toute ma vie, j’ai essayé d’amener les Américains de tous bords, universitaires, chercheurs, journalistes, républicains, démocrates, droite, gauche, représentants des États-Unis, sénateurs américains, présidents, moghols des corporations, Américains aux cerveaux délavés et les étrangers, a sortir de la fausse réalité dans laquelle ils vivent.

Aux États-Unis, aujourd’hui, une élection présidentielle critique est en cours dans laquelle pas une seule question importante n’est évoquée par Hillary et les presstitués. C’est un échec total. La démocratie, qui était l’espoir du monde, a totalement échoué aux États-Unis d’Amérique. Trump a raison. Le peuple américain doit rétablir la responsabilité du gouvernement envers le peuple.

Paul Craig Roberts

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2 novembre 2016 3 02 /11 /novembre /2016 11:34
Quand la rage vous saisit…
Par Michael Moore

Repris sur Comité Valmy

 

L'élection de Trump sera le plus formidable bordel jamais vu dans l’histoire de l’humanité » (note de JF Plutôt que "bordel" j'aurais utilisé "grand chambardement"qui semble mieux correspondre à la teneur du texte)

Je connais un tas de gens dans le Michigan qui envisagent de voter pour Trump et ils ne sont pas nécessairement d’accord avec lui. Ils ne sont ni racistes ni péquenots, ce sont en fait des gens assez décents, et donc, après avoir parlé à un certain nombre d’entre eux, je voulais écrire ceci.

Donald Trump est venu à l’Economic Club de Detroit, il se tenait debout devant les dirigeants de Ford Motor et leur a dit : « Si vous fermez ces usines, comme vous avez l’intention de le faire à Detroit, pour les construire au Mexique, je vais coller une taxe de 35% sur les voitures quand vous les renverrez ici et personne ne les achètera. » Ce fut une chose étonnante à voir. Aucun homme politique, républicain ou démocrate, n’a jamais rien dit de tel à ces cadres, et la musique était douce aux oreilles des gens du Michigan, de l’Ohio, de Pennsylvanie et du Wisconsin – les États Brexit.

Vous vivez ici dans l’Ohio, vous savez de quoi je parle. Que Trump croie ou non ce qu’il dit n’est pas pertinent, parce qu’il dit les choses aux gens qui souffrent, et voilà pourquoi tous les chiens battus, les sans-nom [et sans dents, NdT], les oubliés, durs au boulot, qui faisaient partie de ce qu’on appelait la classe moyenne, aiment Trump. Il est le cocktail Molotov humain qu’ils attendaient ; le grand poing humain qu’ils peuvent légalement brandir contre le système qui a bousillé leur vie. Et le 8 novembre, bien que virés de leurs emplois, puis de chez eux par une saisie bancaire, avec femme et enfants partis – suite au divorce –, la voiture hypothéquée, sans vraies vacances depuis des années, coincés avec le plan de santé merdique d’Obama qui ne permet même pas d’obtenir un putain de tube d’aspirine, ils ont essentiellement perdu tout ce qu’ils avaient, sauf une chose – la seule chose qui ne leur coûte pas un centime et leur est garantie par la Constitution américaine : le droit de vote.

Ils pourraient être sans un rond, ils pourraient être sans-abri, ils pourraient être baisés par devant et par derrière, cela n’a pas d’importance, parce qu’ils sont égaux ce jour-là – un millionnaire a le même nombre de voix qu’un chômeur : une. Et il y a plus de monde dans l’ancienne classe moyenne qu’il n’y en a dans la classe des millionnaires. Donc, le 8 novembre, les dépossédés vont marcher jusqu’au bureau de vote, recevoir un bulletin, fermer le rideau, et avec la manette, le feutre ou l’écran tactile ils cocheront un grand putain de X dans la case du nom de l’homme qui a menacé de bouleverser et renverser ce système qui a ruiné leur vie : Donald J. Trump.

Ils voient que les élites qui ont pourri leur vie détestent Trump. L’Amérique du Big Business déteste Trump. Wall Street déteste Trump. Les politiciens de carrière détestent Trump. Les médias détestent Trump, après l’avoir aimé et créé, maintenant ils le haïssent. Merci médias : l’ennemi de mon ennemi est celui pour qui je vais voter le 8 novembre.

Oui, le 8 novembre, vous Joe LaRage, Steve LaRage, Bob LaRage, Billy LaRage, tous les LaRage, vous devez y aller pour faire sauter ce système maudit parce que c’est votre droit. L’élection de Trump va être le plus grand bordel jamais enregistré dans l’histoire humaine et ça sera bon.

Michael Moore

– Le 25 octobre – Source zerohedge

Traduction : le Saker Francophone

Note du Saker Francophone

Nous traduisons ici le texte de Michael Moore référencé par dedefensa.org dans son article du 27 octobre intitulé Notes sur une « rage-cosmique »

Addendum:

Michael Moore, né le 23 avril 1954 à Flint dans le Michigan, est un écrivain et un réalisateur américain de documentaires engagés. Wikipédia

 

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 16:45

Par Bruno Guigue le 29 octobre 2016

 

 

Le prince Nawaf Faisal Fahd Abdulaziz, d’Arabie, avec le secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-Moon. New York , 6 juin 2013 [AFP]


Élire l’Arabie saoudite au Conseil des droits de l’homme, c’est comme nommer un pédophile directeur d’école. Mais ça y est, c’est fait. Cette monarchie est esclavagiste et corrompue. Pudibonde et obscène, elle se prosterne devant le dieu-dollar et vomit tout ce qui n’est pas wahhabite. Elle diffuse à l’échelle planétaire une idéologie débile et sectaire. Elle invoque le Créateur à chaque virement bancaire, mais elle décapite comme d’autres font un barbecue. Seulement voilà, elle a beaucoup d’amis. Et ils trouvent qu’elle a un excellent pedigree pour se voir confier la promotion des droits de l’homme. Remarquez, on a échappé au pire. On a failli lui confier les droits de la femme.

Voilà donc l’Arabie saoudite chargée, avec notre bénédiction, de soutenir les droits de l’homme comme la corde soutient le pendu. Car les Occidentaux ont voté comme un seul homme pour la candidature de Riyad. Avec une bienveillance de marchands de canons soucieux de la réputation du client, ils ont arrosé d’eau bénite cette fosse à purin. Vus de Paris, les dix milliards de contrats d’armements valent bien cette petite mascarade dont personne ne parlera plus dans 48 heures. On leur a vendu des armes, distribué des médailles, bradé l’honneur national. Tant qu’on y est, on peut aussi leur permettre de parader au sein de ce conseil qui de toutes façons ne sert à rien. Puisqu’ils y tiennent !

 

Le prince héritier Mohamed ben Nayef, reçu par François Hollande à l’Elysée pour lui remettre la Légion d’Honneur, mars 2016 (Reuters)

 

On pourrait craindre, bien sûr, que l’ONU y perde de sa crédibilité. L’organisation internationale s’en remettra-t-elle ? En réalité, aucun risque. L’ONU est une avaleuse de couleuvres professionnelle. Elle n’est pas à un paradoxe près. Elle tente de donner une apparence de réalité à cette fiction qu’est la communauté internationale, mais personne n’est dupe. Le Conseil des droits de l’homme a des attributions ronflantes, mais ce machin onusien est devenu la « bonne-à-tout faire » des ploutocrates. L’arène internationale est un champ de forces où les alliances se font et se défont. Richissime, la monarchie wahhabite a des moyens de persuasion que n’a pas le Burkina Faso.

 

Que cette élection au CDH (28 octobre) ait eu lieu trois semaines après le massacre perpétré à Sanaa par l’aviation saoudienne (8 octobre) ne manque pas de sel. Quel symbole ! L’admission en grande pompe au Conseil des droits de l’homme, c’est la prime à l’assassin. On a heureusement échappé au Prix Nobel de Laurent Fabius, l’apologiste alcoolique des psychopathes d’Al-Nosra. On a frôlé celui des Casques blancs « auto-reverse », brancardiers le jour et tortionnaires la nuit. Mais c’était plus fort que tout. On n’a pas pu éviter l’élection des coupeurs de tête saoudiens au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

 

On aurait dû surtout demander ce qu’il en pense au peuple yéménite. Il subit tous les jours des bombardements qui ont fait 10 000 morts et provoqué une crise humanitaire sans précédent. Mais on s’est bien gardé de lui demander son avis, à ce peuple arabe martyr, avant de coller ce nouveau fion de hamster au revers du veston wahhabite. Car les droits de l’homme, en fait, c’est bon pour justifier les bombardements, pas pour les interdire. Sauf s’ils sont russes. Et même lorsqu’il n’y a pas de bombardement ! Explication.

 

Comme par hasard, deux jours avant le scrutin onusien, une école a été attaquée à Idlib (Syrie). Selon l’ONU, il y a eu 28 morts dont 22 enfants. L’ONU n’a accusé personne, faute de preuves. Mais les officines de propagande et les médias occidentaux ont accusé la Russie. Niant toute implication, le ministère russe de la Défense a fourni les preuves qu’il n’y avait pas eu de bombardement aérien. Aucune importance ! L’essentiel, c’est le vacarme organisé contre Moscou avant l’élection des membres du conseil des droits de l’homme. Résultat : la Russie a obtenu moins de voix que la Croatie. Contrairement à l’Arabie saoudite, elle ne fait plus partie du CDH. Mission accomplie.

Bruno Guigue (29.10.2016)

  1. Bruno Guigue, ex-haut fonctionnaire, analyste politique et chargé de cours à l’Université de La Réunion. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont Aux origines du conflit israélo-arabe, L’invisible remords de l’Occident, L’Harmattan, 2002, et de centaines d’articles.

Source: http://arretsurinfo.ch/les-coupeurs-de-tete-a-lonu/

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 15:55
Par Frédéric Pichon 

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Après une courte trêve humanitaire, la bataille d'Alep a repris. Pour Frédéric Pichon, une victoire du régime de Bachar al-Assad est inévitable et devrait renforcer considérablement le contrôle de la «Syrie utile» par Damas.

Frédéric Pichon est un géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient. Auteur d'une thèse de doctorat sur la Syrie et chercheur associé à l'Université de Tours, il a publié Géopolitique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (co-aut., éd. PUF, 2012) et Syrie: Pourquoi l'Occident s'est trompé (éd. Éditions du Rocher, 2014).

 

FIGAROVOX. - Après une trêve humanitaire qui n'a duré que trois jours, les combats ont repris entre le régime de Damas, soutenu par Moscou, et les rebelles. Pourquoi cette trêve a-t-elle échoué?

Frédéric PICHON. - Il faut tout d'abord préciser que cette trêve ne doit rien aux gesticulations, notamment françaises, qui ont accompagné l'offensive russe et loyaliste contre les quartiers «rebelles» d'Alep, peuplés sans doute encore de près de 100 000 habitants. Début octobre, la résolution française, rejetée par le veto russe, avait suscité le commentaire suivant de la part du président français: «Un pays qui mettrait son veto à la résolution de la France sur Alep serait discrédité aux yeux du monde». S'il ne reste que la morale pour convaincre, c'est que la diplomatie française est devenue insignifiante… En réalité, durant ces trois jours de trêve humanitaire, Russes et Syriens ont voulu laisser une ultime porte de sortie aux groupes essentiellement djihadistes présents dans la partie Est d'Alep. Plusieurs corridors ont été ouverts pour permettre d'une part la sortie des civils qui le désiraient et d'autre part, la sortie des combattants vers la province d'Idleb.

Le contrôle total de la ville d'Alep signifierait une victoire majeure pour le rétablissement de la légalité du gouvernement central de Damas.

C'est la répétition d'un scénario qui a fonctionné ces derniers mois à Homs et à Madaya, permettant même aux combattants de partir avec leurs armes. Il est évident que politiquement, c'était un échec pour la rebellion en cas d'acceptation: le contrôle total de la ville d'Alep signifierait une victoire majeure pour le rétablissement de la légalité du gouvernement central. Ce que les soutiens occidentaux ont bien vu, en réclamant «le droit pour les civils de rester à Alep Est», tout en minimisant la présence de Jabaht Fatah el-Sham, ex-Front al-Nosra à Alep: un diplomate français évoquait même il y a quelques jours une présence «symbolique» à Alep de l'organisation djihadiste, ex-filiale d'Al-Qaïda, rebaptisée depuis sous la pression du Qatar. Or l'échec de la trêve est dû au refus de ce piège par les groupes armés: il s'agit là d'une véritable prise en otage des civils dans le but de servir de boucliers humains. De nombreux observateurs ont d'ailleurs noté que les tirs qui visaient les civils tentant de s'échapper provenaient des positions rebelles. Avec la bataille de Mossoul, c'est exactement le même scénario qui se produit: les civils sont pris en otage et font les frais des bombardements visant à expulser les djihadistes de leur base urbaine.

 

Quelle est la situation militaire à Alep-Est, la partie de la ville tenue par les rebelles. Le régime peut-il s'attendre à une victoire rapide?

Les pertes civiles qui s'annoncent à Mossoul, l'impossibilité d'une « guerre propre » vont jouer en faveur de Damas et de Moscou.

La situation militaire est assez claire: les groupes armés ne bénéficient plus de l'aide massive qui transitait jadis par la Turquie et qui leur permettait à chaque «trêve» de refaire leurs forces. Encerclés, ils en sont réduits à bombarder massivement les quartiers civils de la partie loyaliste (peuplée encore de près de 800 000 habitants) à chaque avancée de l'armée syrienne et de ses nombreuses forces supplétives, iraniennes notamment. Une de mes sources à Damas me disait récemment qu'à présent, l'armée se préparait à aller véritablement au contact pour obliger les groupes armés à sortir de la ville. Damas semble conscient des limites d'une action militaire essentiellement aérienne: il faut aller au sol à un moment ou à un autre. Mais c'est long et il faut accepter des pertes massives. Étant donné la motivation des groupes djihadistes, cela risque de prendre plusieurs semaines, mais il faut s'y préparer: la reconquête d'Alep Est est inéluctable. L'offensive sur Mossoul va d'ailleurs éclipser quelque peu Alep et Russes et Syriens comptent bien là-dessus. Les pertes civiles qui s'annoncent à Mossoul, l'impossibilité d'une «guerre propre» vont jouer en faveur de Damas et de Moscou.

En cas de victoire définitive à Alep, qu'est-ce que cela changerait pour le régime? Quel pourrait être son prochain objectif?

 

L'espoir de faire d'Alep la capitale de la rébellion au Nord de la Syrie est désormais condamné.

En expulsant la rébellion d'Alep Est, il s'agit de restaurer l'autorité du gouvernement central. L'espoir de faire d'Alep la capitale de la rébellion au Nord de la Syrie est désormais condamné. Reste la province d'Idleb, aux mains de JFS et de ses alliés, mais elle est enclavée et n'est pas viable. Damas pense d'ailleurs qu'assez vite, les différents groupes rebelles s'affronteraient entre eux.

Pour Damas, la reconquête d'Alep Est signifierait aussi de ne pas devoir se résoudre à une partition du pays, comme cela était plus ou moins envisagé: en contrôlant la grande majorité de la Syrie utile et la plus grande partie de la population syrienne, Bachar al Assad réaffirmerait ainsi son autorité symbolique. Dans les faits, cela risque d'être plus compliqué, étant donné la dissémination de l'outil militaire, la présence de l'armée turque sur le territoire syrien et la question kurde. Mais le signal politique serait très fort.

 

Les forces turques et les rebelles qu'ils soutiennent avancent au Nord de la Syrie dans le cadre de l'Opération «Bouclier de l'Euphrate» lancée par Ankara. Peut-on imaginer une conflagration entre les Turcs, les Syriens et les Kurdes, notamment pour la reprise de la ville d'Al-Bab au Nord d'Alep?

La timide réconciliation entre Ankara et Moscou semble se faire sur le dos des Kurdes syriens, et cela semble faire les affaires de Damas.

L'été 2016 a véritablement rebattu les cartes au Nord de la Syrie. Il semble que la timide réconciliation entre Ankara et Moscou se soit faite sur le dos des Kurdes syriens, et que cela a fait les affaires de Damas. Le problème des Kurdes du PYD, c'est qu'ils ont multiplié tour à tour les alliances de circonstance: avec les Américains, les Russes, les Syriens ce qui les a fait passer pour des partenaires non fiables. À présent, la Turquie les vise tout particulièrement car elle a toujours considéré que le problème kurde était prioritaire pour elle: même si Ankara semble s'être convertie tardivement à la lutte anti-Daech, les Turcs ne considèrent pas autrement le PYD que comme une organisation terroriste. Et Damas n'ira pas à leur secours car cela fait partie aussi du «contrat» avec Erdogan qui de son côté a fermé sa frontière.

 

L'opération de reprise de Mossoul en Irak a débuté. Quelles conséquences cette bataille peut-elle avoir sur le théâtre syrien?

La bataille de Mossoul s'annonce longue, beaucoup plus longue que ce que claironnent les politiques et certains États-majors.

La bataille de Mossoul s'annonce longue, beaucoup plus longue que ce que claironnent les politiques et certains États-majors. Pour le moment, elle n'a pas vraiment commencé. Lorsque le tissu urbain dense sera atteint, l'offensive se heurtera inévitablement à des questions opérationnelles et stratégiques. Opérationnelles d'abord parce que les pertes civiles seront considérables, quoi qu'on en dise: la véritable armada déployée par les différents acteurs n'a rien de rassurant sur le déroulement des opérations qui n'auront rien de «propres» ni de «chirurgicales». Il faut rappeler par exemple que les CAESAR déployés par la France à Mossoul tirent du 155mm à près de 30km… et les artilleurs français sont pourtant parmi les plus professionnels.

Daech cherchera à se replier sur l'est syrien en cas d'expulsion de Mossoul.

Stratégiques ensuite parce que les Irakiens (armée et milices chiites entraînées par l'Iran), Peshmergas, Turcs et Occidentaux ont des agendas différents voire divergents. Or l'unité d'action est décisive et risque de faire défaut.

Pour la Syrie, cette bataille éclipsera sans doute un peu la bataille pour Alep mais va poser aussi le problème de l'après-Daech en Irak: très certainement, l'organisation terroriste cherchera à se replier sur l'est syrien en cas d'expulsion de Mossoul. La bataille de Raqqa, même si elle est loin d'être engagée, sera la prochaine étape, avec les mêmes difficultés opérationnelles et stratégiques qu'à Mossoul: car tous voudront aller à Raqqa, Turcs, Syriens, Russes, Kurdes et Occidentaux. Cela risque d'être très compliqué de coordonner tout le monde…

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23 octobre 2016 7 23 /10 /octobre /2016 17:19

Coordination entre Moscou et Bagdad

Source http://french.almanar.com.lb/57653

 

Rédaction du site

Alors que la Turquie hausse le ton pour trouver une place dans la bataille à Mossoul et Ninive, Moscou a déclaré qu’elle ne peut garder les bras croisés, par crainte de voir les miliciens de Daech passer vers l’Est de la Syrie.


L’Etat-major russe a averti que l’assaut de l’armée irakienne sur Mossoul, « ne doit pas aboutir au transfert des terroristes de Daech de l’Irak vers la Syrie ».

A ce propos, le général russe Valery Girasimov a estimé que l’offensive contre Mossoul « n’a pas effectivement commencé ». Il a dit espérer que « nos partenaires  de la coalition internationale sont conscients de ce qui peut arriver à ces groupes armés pendant leur débandade ».

Selon le général russe, « les satellites militaires surveillent la situation à Mossoul, tout comme une dizaine de drones et d’avions de surveillance ».

 

Bonne communication entre Bagdad et Moscou

Entretemps, et deux jours après l’appel téléphonique entre le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre irakien Haydar Abadi, une source proche du gouvernement irakien a qualifié de « bonnes » les communications actuelles entre les deux pays.

S’exprimant pour le journal libanais al-Akhbar, cette source a fait état d’une « coordination des efforts au sujet de la fuite de miliciens de Daech en Syrie. Moscou ayant proposé toutes sortes d’aides ».

A ce propos, le membre de la commission de sécurité parlementaire irakienne Majed Gharraoui, a souligné que « la Russie fournit à l’Irak des images sur les déplacements de Daech, mais sans qu’il n’y ait pour autant de coordination organisée ».

 

Passages sûrs à Daech

En effet, Moscou surveille de près les opérations contre Daech à Mossoul. Rapportant les propos d’une source militaire russe, l’agence de presse russe Sputnik a révélé que « les services de renseignements américains et saoudiens se sont mis d’accord pour assurer une sortie sûre aux miliciens de Mossoul avant le début des opérations de la coalition internationale ».

 

Avancée de l’armée irakienne

Sur le terrain, les forces irakiennes ont avancé sur l’axe al-Hod, alors que la police fédérale a achevé sa mission sur l’axe al-Chor.
Pendant ce temps, les forces irakiennes poursuivent leur avancée vers Qaraqosh, la plus grande région chrétienne du pays. Elles ont pénétré dans ses banlieues, situées à 15 km au sud-ouest de Mossoul.

Par ailleurs, les peshmergas kurdes ont avancé vers le village Bartala à 21 km à l’Est de Mossoul, alors que le membre du conseil de la province de Ninive, Houssam Abbar, a confirmé que les forces kurdes sont à 9 km du centre de la ville de Mossoul du côté de Khazir, soulignant que ces forces s’arrêteront à Bashiqa, donnant le relais au « service de lutte antiterroriste pour entrer au centre-ville à partir de cet axe ».

 

 Abadi à Ninive

Par ailleurs, le Premier ministre Haydar Abadi s’est rendu aux régions libérées  dans la province de Ninive. Il a visité les forces sur les fronts et les a rassurées que la bataille de libération de Mossoul va bon train, la qualifiant de bataille clé contre le terrorisme. Il a appelé les combattants à la vigilance face aux plans ourdis par Daech.

Source: traduit du site al-Akhbar

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 17:02
Ou le prix de la rétrogradation

par Thierry Meyssan 18-10-2016

Washington tente de tenir ses positions sans avoir à déclencher la Troisième Guerre mondiale. Mais le pari semble impossible à tenir. Moscou lui offre une porte de sortie en Syrie et au Yémen. Mais dans le cas où les États-Unis choisiraient cette voie, ils devraient abandonner certains de leurs alliés.

Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 18 octobre 2016

 

Depuis la rupture de la cessation des hostilités de l’Aïd, un fossé se creuse entre l’ambiance insouciante des sociétés occidentales et la gravité des sociétés russe et chinoise.

 

À Moscou, la télévision diffuse des reportages sur les abris anti-atomiques et des jeux par équipes de « parcours du combattant ». Tandis qu’à Washington, on se moque de la paranoïa des Russes qui croient à la possibilité d’une Troisième Guerre mondiale.

 

Pourtant, les deux Grands s’envoient des messages à faire dresser les cheveux sur la tête. Après les menaces états-uniennes de frappe en Syrie, Moscou a rompu l’accord sur la limitation des stocks de plutonium et a ajusté son système de lancement de bombes nucléaires en tirant trois missiles intercontinentaux. Le porte-parole de l’armée russe a mis en garde ses homologues et annoncé que son armement était en mesure de détruire tous les aéronefs US, qu’il s’agisse de missiles de croisière ou d’avions fussent-ils furtifs. Le chef d’état-major de l’armée de terre des États-Unis a fièrement répliqué qu’en cas de guerre frontale, les aviations et les marines des deux armées seraient rapidement neutralisées, et que Washington l’emporterait au sol. Son discours martial a peu impressionné les Russes, mais a inquiété les membres du Congrès, au point que 22 d’entre eux ont écrit au président Obama pour lui demander de s’engager à ne pas déclencher en premier la guerre nucléaire. Moscou a donné instruction à ses diplomates en poste dans les pays de l’Otan de rapatrier leurs familles et de se tenir prêts à se replier eux aussi.

 

Jadis les Romains assuraient que « Si tu veux la paix, prépare la guerre ! » (Si vis pacem, para bellum). L’idée est que lors d’un désaccord international, la victoire sera emportée, sans guerre, par celui qui paraît capable de l’emporter par les armes.

 

Or, le fait est que la population russe se prépare à la guerre (par exemple, cette semaine 40 millions de Russes participent à des exercices d’évacuation d’immeuble et de lutte contre l’incendie), tandis que les Occidentaux batifolent dans les centres commerciaux.

 

On peut évidemment espérer que la raison l’emportera et que l’on évitera la Guerre mondiale. Quoi qu’il en soit, ces rodomontades attestent que ce qui est en jeu, ici en Syrie, depuis cinq ans n’est pas ce que nous croyons. Si au début, il s’agissait pour le département d’État de réaliser son plan du « printemps arabe », c’est-à-dire le renversement des régimes laïques de la région et leur remplacement par les Frères musulmans, la Russie et la Chine ont rapidement conclu que le monde ne pouvait plus être gouverné par les États-Unis ; que ces derniers ne pouvaient plus décider de la vie et de la mort des Peuples.

 

En coupant la route de la soie historique en Syrie, puis la nouvelle route de la soie en Ukraine, Washington a stoppé le développement de la Chine et de la Russie. Il les a poussées dans les bras l’une de l’autre. La résistance imprévue du Peuple syrien a contraint les États-Unis à mettre en jeu leur domination mondiale. Le monde, qui était devenu unipolaire en 1991 avec « Tempête du désert », est sur le point de basculer et de redevenir bipolaire, et peut-être par la suite multipolaire.

 

En 1990-91, le changement d’ordre mondial s’était opéré sans guerre (l’invasion de l’Irak n’en était pas la cause, mais la conséquence), mais au prix de l’effondrement intérieur de l’Union soviétique. Le niveau de vie des ex-Soviétiques chuta de manière drastique ; leurs sociétés furent profondément désorganisées ; leurs richesses nationales pillées au prétexte d’être privatisées ; et leur espérance de vie recula de plus de 20 ans. Après avoir cru que cette défaite était celle du soviétisme, nous savons aujourd’hui que la chute de l’URSS était aussi —peut-être surtout— le fruit du sabotage de l’économie par la CIA.

 

Il n’est donc pas impossible de parvenir à un rééquilibrage mondial, sans affrontement généralisé. Et, pour éviter la Guerre mondiale, la discussion entre John Kerry et Sergey Lavrov s’est déplacée de la bataille d’Alep à un cessez-le-feu général à la fois pour toute la Syrie et le Yémen. Ainsi vient-il d’être annoncé une trêve de 8 heures à Alep et de 72 heures au Yémen.

 

Le problème est que les États-Unis ne pourront pas rétrograder de la première place incontestée —dont ils s’étaient emparés et qu’ils ont si mal utilisée— à l’égalité avec la Russie sans en payer le prix, eux ou leurs alliés.

 

Étrangement les cinq États arabes, la Turquie et l’Iran, qui ont été conviés samedi à Lausanne par Kerry et Lavrov sont sortis satisfaits de la rencontre. C’est pourtant de leur avenir qu’il était question. Aucun d’entre eux ne semble penser que des têtes doivent tomber, comme sont tombées celles des dirigeants du Pacte de Varsovie. Dans la situation actuelle, il est possible de s’abstenir d’anéantir une partie de l’Humanité, mais l’importance du recul états-unien se mesurera au nombre et à l’importance des alliés qu’ils sacrifieront.

 

Source
Al-Watan (Syrie)

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11 octobre 2016 2 11 /10 /octobre /2016 14:43
Par Richard Labévière

http://prochetmoyen-orient.ch/petrole-les-coulisses-de-l-accord-d-alger/

Alger, le 5 octobre 2016.

Salué par l’ensemble des pays producteurs d’hydrocarbures, c’est bien un « accord historique » qui a été conclu à Alger le 28 septembre dernier. La décision des pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a pris investisseurs et observateurs par surprise. Au terme d’une réunion de près de six heures et de plusieurs semaines de tractations, l’OPEP a annoncé le retour de sa production à un niveau de 32,5 à 33 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE).

 

C’est effectivement à la surprise générale que l’OPEP est parvenu à cette décision historique d’Alger, afin de réduire la production d’or noir (quelque 750 000 barils par jour) pour soutenir les prix durablement affaiblis par une offre excédentaire depuis plusieurs années. Il s’agit de la plus grosse réduction de production depuis celle décidée après la chute des cours durant la crise de 2008. « Aujourd’hui, l’OPEP vient de prendre une décision historique », s’est félicité le ministre algérien de l’Energie, Noureddine Boutarfa, « l’OPEP retrouve ainsi sa fonction de régulation du marché. C’est un rôle qu’elle avait perdue depuis plusieurs années ».

 

La concrétisation effective de l’accord d’Alger se jouera à Vienne (Autriche), à l’occasion de la prochaine réunion de l’OPEP prévue le 30 novembre prochain. « Ce faisant, l’organisation se met elle-même sciemment sous pression pour se contraindre à retrouver son rôle de gendarme de la production », nous explique Pierre Terzian1, le PDG de Pétrostratégie, « d’une part la problématique est difficile à résoudre, notamment pour ce qui est de la répartition de ce nouveau niveau de production entre les 14 pays membres de l’organisation et, d’autre part, l’échec serait catastrophique parce qu’il provoquerait une nouvelle baisse des prix du pétrole et par conséquent une crise supplémentaire aux effets destructeurs durables ».

 

En deçà d’une répartition technique des quotas de réduction, c’est bien plusieurs enjeux politiques, sinon géopolitiques qui sont en œuvre. Les incertitudes demeurent quant à plusieurs pays comme l’Irak et l’Iran dont les productions sont en phase d’augmentation depuis plusieurs années. D’autres, comme la Libye et le Nigéria sont confrontés à des problèmes politiques internes d’une extrême gravité. « La tâche sera donc extrêmement difficile », ajoute Pierre Terzian, « et c’est probablement pour cette raison que l’OPEP a voulu se contraindre en annonçant d’ores et déjà qu’elle se donnait ce seuil symbolique d’une production de 32,5 à 33 millions de barils/jour ». Mais les deux facteurs diplomatico-politiques majeurs concernent, d’une part la détérioration de la relation bilatérale Arabie saoudite/Iran et, d’autre part le rôle essentiel de la Russie non membre de l’OPEP.

 

Depuis plus de deux ans, la monarchie wahhabite est soumise à une conjoncture économique difficile doublée d’un environnement régional et international défavorable. Le pays résiste de moins en moins à l’effondrement des cours, étant obligé de puiser dans ses réserves stratégiques pour faire face à un déficit budgétaire record sans précédent. Celui-ci se monte à près de 90 milliards de dollars, les réserves ayant chuté de 560 milliards… La monarchie s’est donc imposée un plan d’austérité après avoir vécu durant des années dans une opulence dispendieuse : augmentation du prix du carburant, de l’électricité, de l’eau et des services, réductions drastiques des salaires, etc. Ses dépenses de guerre au Yémen et en Syrie aggravent dangereusement cette situation d’autant que la reconquête d’Alep par l’armée nationale syrienne sonne le glas de sa diplomatie régionale de la canonnière !

 

Dans ce contexte où sa diplomatie dicte l’agenda et la reconfiguration de l’ensemble des Proche et Moyen-Orient, la Russie pourrait être amenée à favoriser un retour à la stabilité des marchés. D’ores et déjà, plusieurs négociations sont engagées entre Moscou et les principaux pays membres de l’OPEP. Dans cette partie multilatérale, la diplomatie algérienne a joué un rôle essentiel et devrait être amenée à poursuivre sa fonction historique de facilitatrice, notamment entre Riyad et Téhéran. Toujours est-il que l’accord d’Alger qui change aujourd’hui la donne a été préparé de longue date…

 

Dès mai 2015, le président algérien Adbelaziz Bouteflika a adressé une série de messages à l’ensemble des pays de l’OPEP afin de les sensibiliser aux conséquences destructrices de cours artificiellement réduits. Dernièrement, une lettre de cinq pages a été envoyée au roi Salman d’Arabie saoudite, le président algérien jouant de sa relation d’amitié historique avec la monarchie afin de l’amener à davantage de solidarité avec les autres pays arabes. Simultanément, l’actuel président de l’Assemblée nationale algérienne Mohamed Larbi Ould Khelifa – qui fut ambassadeur d’Algérie en Iran – a fait plusieurs fois le voyage à Téhéran afin de convaincre les autorités iraniennes de venir à Alger, malgré leur volonté initiale de boycotter la rencontre.

 

Celle-ci s’est déroulée en deux temps. Se réunissant tous les deux ans le Forum de l’énergie a d’abord réuni quelque 600 experts dans la capitale algérienne afin de discuter des dossiers environnementaux, des énergies de substitution et des transitions énergétiques. Initialement peu enthousiaste, la ministre française de l’environnement Ségolène Royale, chargée du suivi de l’accord onusien de la COP/21, s’est finalement félicitée du niveau et du sérieux des débats d’Alger qui « auront une influence durable sur la mise en œuvre de l’accord environnemental des Nations unies, notamment à l’approche de la COP/22 qui se tiendra en novembre prochain ».

 

En marge du Forum s’est tenu la réunion du Conseil des pays de l’OPEP, la diplomatie algérienne ayant œuvré afin que tous les membres soient présents. Trois options étaient sur la table : 1) gel des niveaux de la production ; 2) réduction de la production ; 3) ne rien décider… Au maximum de leur production, trois pays – Nigéria, Venezuela et Angola – avaient annoncé vouloir se caler sur la position iranienne cherchant à retrouver son niveau optimum de production antérieur aux sanctions internationales. Autrement dit, une majorité de pays membres de l’OPEP se déclaraient résolument opposés à l’option 2 d’une réduction significative.

 

Lors du Forum, le « non iranien » anticipé était déjà au centre de nombreuses discussions, Téhéran prenant le risque diplomatique de se retrouver en position de porter la plus grande responsabilité d’un blocage à toute évolution, sinon d’être accusé d’affecter la fonction structurelle de régulation de l’OPEP, voire de décrédibiliser durablement l’organisation… De son côté, le premier ministre algérien Abdelmalek Sellal a rencontré la délégation iranienne à deux reprises, porteur de messages tant de l’ensemble de son gouvernement que du président Abdelaziz Bouteflika qui suivait – heure par heure – l’évolution de la négociation.

 

De sources autorisées, prochetmoyen-orient.ch sait que le premier ministre algérien a, ardemment milité pour que « l’OPEP retrouve tout son rôle historique de conciliation, de régulation et d’accompagnement des cours dans des contextes régionaux et internationaux extrêmement préoccupants ». Compte-tenu de la bonne relation bilatérale Alger/Téhéran, la délégation iranienne aurait reçu le signal « pour lâcher du lest », directement et conjointement du Guide de la Révolution Ali Khamenei et du président Hassan Rohani. Plusieurs hauts diplomates arabes et occidentaux ont estimé que cet accord d’Alger ouvrait des perspectives susceptibles d’influencer plusieurs autres dossiers sensibles touchant aux guerres faisant actuellement rage au Yémen et en Syrie.

 

En effet, chacun se souvient du rôle de médiation joué par l’Algérie durant la crise des otages de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran dans les années 1979/19802. Plus récemment, les médiations jouées par Alger dans les crises du Mali, du Niger, de Libye et de Tunisie témoignent de l’efficacité bénéfique de la diplomatie algérienne. Dans les coulisses du Conseil de sécurité des Nations unies, plusieurs diplomates et hauts fonctionnaires internationaux, au premier rang desquels Staffan de Mistura – représentant spécial du Secrétaire général pour la Syrie – estiment que l’Algérie pourrait jouer un rôle bénéfique dans le rééquilibrage de la relation bilatérale Arabie saoudite/Iran, verrou des conflits de Syrie et du Yémen…

Dans une région poudrière, entourée d’Etats faillis, de crises, de guerres asymétriques et de menaces terroristes récurrentes, l’Algérie est résolument un Etat-nation stable, sûr de lui, créateur de stabilités régionales et internationales. Nous aurions tort de ne pas en profiter…

Richard Labévière

 

Addendum :

http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/opep  (Extrait)

L’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole), dénommée OPEC en anglais (Organization of Petroleum Exporting Countries), est une organisation intergouvernementale fondée à l’issue de la conférence de Bagdad le 14 septembre 1960 par le Venezuela, l’Irak, l’Arabie saoudite, le Koweït et l’Iran.

Cette organisation est créée à l’initiative de Juan Pablo Pérez Alfonzo, alors ministre du développement du Venezuela, qui souhaite en faire une force de régulation du marché pétrolier. Elle vise à rééquilibrer les relations entre les pays producteurs et les compagnies pétrolières occidentales qui régissent le marché depuis sa création à la fin du XIXe siècle. L'OPEP réunit aujourd'hui 14 pays membres : l'Algérie, l'Angola, l'Arabie saoudite, l'Équateur, le Gabon, l'Indonésie, l'Iran, l'Irak, le Koweït, la Libye, le Nigéria, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Venezuela.

 

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3 octobre 2016 1 03 /10 /octobre /2016 16:05
par Jean LEVY,
membre du Bureau national du Comité Valmy

vendredi 30 septembre 2016, source Comité Valmy

 

 

Chacun, aujourd’hui, cherche comment sortir du trou dans lequel la France et les Français plongent.

Les temps ont changé.

 

Le capitalisme, à notre époque, se concentre toujours plus au niveau mondial. De nouveaux horizons lui sont nécessaires pour accélérer la rotation de ses profits. Aussi, il lui faut détruire ce qu’il considère comme des obstacles, des freins à sa boulimie économique : les frontières, les nations, la souveraineté des états, les droits sociaux acquis par la lutte des masses populaires, et jusqu’aux procédures encore parlementaires, qui retardent les décisions à prendre pour atteindre les objectifs attendus...

 

Cette stratégie impose au capital de recourir à de nouvelles formes de domination et de représentation politique. Les gouvernements de droite et Ps sont encore contraints de composer avec une opposition populaire...Cela ne convient plus aujourd’hui aux ambitions de l’oligarchie. Il lui faut aller vite et faire appliquer ses lois sans délais.

 

Il lui faut donc appliquer une nouvelle stratégie et de nouvelles têtes pour l’assumer.

 

Au-delà de Sarkozy et de Hollande, déconsidérés et donc jugés plus assez efficaces, l’oligarchie tient peut-être avec Emmanuel Macron - la banque sans intermédiaire - l’homme qu’elle juge le plus utile et plus habile pour détruire la législation en vigueur qui freine encore leur besoin d’aller vite. L’ancien gérant de la banque Rothschild, délaissant les vocables "gauche" et droite", se prévaudra alors de "la liberté pour chacun" de se dégager des réglements et des "contraintes", tels le Code du Travail (la loi Macron en est un exemple), la Sécurité Sociale ( au nom du droit pour chacun de choisir sa Cie d’Assurances), le système de retraite par répartition ( afin de permettre’ à toute personne de préférer un fonds de pensions jugé plus’ rentable’).

 

En un mot, Emmanuel Macron préconisera une "Ubérisation" de l’ensemble de la société, une "bergerie librement ouverte aux moutons et aux loups" !

 

Telle est, à mon sens, le monde que nous prépare le capital financier, seul aux commandes.

Et la prochaine élection présidentielle peut en constituer l’occasion.

Donc, face à cette vision, ce n’est pas le Front national qui constitue le danger principal.

Et ceux qui le prétendent font le jeu conscient ou non des projets de l’oligarchie.

Le débat est ouvert !

Un autre débat doit s’ouvrir sur les moyens d’échapper au piège.

28 septembre 2016

Jean Lévy
Membre du Bureau national du Comité Valmy.

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1 octobre 2016 6 01 /10 /octobre /2016 15:23

Par Pepe Escobar – Le 22 septembre 2016 – Source Strategic Culture

 

Le sommet des pays non alignés (PNA) s’est réuni à Isla Margarita, au Venezuela, sans la moindre référence dans les médias grand public occidentaux.

De nos jours, les PNA regroupent tous les pays africains sauf le Sud-Soudan, la majorité de l’Amérique latine sauf le Brésil, l’Argentine et le Mexique (qui y sont membres observateurs) et la plupart de l’Asie et du Moyen-Orient (la Chine est un observateur).

 

Qu’est il sorti de ce formidable rassemblement de nations globalement représentatives ? Apparemment pas grand-chose, sauf un long document que peu de gens liront, rappelant les thèmes habituels de non-ingérence et plaidant pour une paix et une coopération mondiale.

 

Après que l’Iran a passé le témoin au Venezuela qui dirige les PNA pour les trois prochaines années – années qui seront secouées par des turbulences socio-économico-politiques (voici un bon résumé de là où nous en sommes) – le président Maduro n’a pas hésité à dénoncer l’offensive de Washington contre l’Amérique latine et son administration en particulier, offensive centrée sur des changements de régime par le biais d’une guerre économique. Son diagnostic est globalement exact.

 

Et cela amplifie les problèmes si vous êtes un non-aligné dans une époque de modernité liquide, digitale. Géopolitiquement et géo économiquement, vous êtes alors une proie facile pour toutes sortes de manipulations algorithmiques.

 

La guerre du pétrole, conduite surtout par l’Arabie saoudite et qui repose sur la spéculation électronique, a dévasté l’économie vénézuélienne dont le budget dépend à 96% du pétrole. Le manque de nourriture et de médicaments atteint des niveaux alarmants, tout comme le taux d’inflation, un des plus fort au monde actuellement.

 

Au cours de réunions parallèles, Caracas a désespérément cherché un consensus pour geler la production de pétrole avant la prochaine réunion cruciale de l’OPEC d’Alger, à la fin du mois. Le gouvernement vénézuélien a correctement analysé que l’OPEC a été politisée pour faire chuter le prix du pétrole pour cette guerre économique saoudienne, dans le but de frapper l’Iran, la Russie et le Venezuela. Maduro demande maintenant que l’OPEC arrête d’opérer sur le marché libre, à cause de cette surproduction.

 

Mais c’est la manipulation électronique qui décide. Même si la politique, bien sûr, joue encore un rôle : dans les discussions sur le prix du pétrole, mais aussi dans la récente décision du Mercosur d’empêcher le Venezuela d’exercer la présidence temporaire du bloc commercial sud-américain.

 

Alors, Maduro a, durant ce sommet des PNA, cherché un soutien auprès de ses quelques alliés restants, comme Rafael Correa d’Équateur, Evo Morales de Bolivie et Hassan Rouhani d’Iran. Pourtant, aucun d’eux n’a la possibilité d’influencer le jeu de l’Arabie saoudite et de son maître.

 

Mais il n’y a pas eu que le Venezuela. D’autres nations ont, pendant ce sommet, accusé les exceptionnalistes d’interférence. C’est la Corée du Nord qui a chopé le pompon, en menaçant de tout faire péter sans prévenir.

 

Où est le nouveau Sukarno ?

Le début des années 1960 fut l’époque des Nehru, Sukarno, Nasser et Tito. Sans oublier l’événement fondateur du mouvement des PNA, la conférence de Bandung de 1955, hébergée par l’Indonésie de Sukarno. Ce fut là que le gratin de l’ancien Tiers Monde, devenu maintenant le Sud global, Sukarno, Nasser, Nehru, Tito, Ho Chi Minh, Zhou Enlai, Sihanouk, U Thant et Indira Gandhi, adoptèrent une «déclaration pour la promotion de la paix et coopération mondiale» en demandant collectivement de pouvoir rester neutres dans la Guerre froide de l’époque.

 

L’esprit de Bandung est encore vivant, car les PNA restent engagés contre l’impérialisme, le colonialisme, le néocolonialisme, le racisme, l’interférence et l’agression étrangère, l’occupation et l’hégémonie. On pourrait appeler cela les PNA contre l’Empire. Pourtant, l’empire postmoderne est beaucoup plus subtil dans ses mécanismes d’interférence, utilisant les myriades de déclinaisons de la guerre hybride, des révolutions de couleur aux guerres économique, jusqu’à la dernière farce institutionnelle/parlementaire/judiciaire/médiatique/changement de régime brésilienne.

 

La Guerre froide continue, ré-étiquetée Guerre Froide 2.0, mettant surtout l’OTAN face à la Russie, en parallèle à l’endiguement de la Chine grâce au Pivot vers l’Asie. La Russie et la Chine sont les deux menaces annoncées ouvertement par le Pentagone, ces deux pays devraient donc, dans un but pragmatique, aligner leur propre partenariat stratégique avec celui des PNA.

 

L’esprit des PNA les empêche de s’aligner avec une structure géopolitique militaire ; alors que le projet chinois Une Ceinture, une Route (OBOR) progresse, les nouvelles Routes de la soie vont finalement se joindre à l’Union économique eurasienne (UEE) conduite par la Russie ; tout cela est un progrès conforme aux intérêts des PNA.

 

Ces projets sont les seuls projets d’intégration mondiale dans un futur prévisible, centrés bien sûr sur l’Eurasie, mais avec de multiples ramifications à travers l’Asie, l’Afrique et même l’Amérique latine. Le projet chinois de ligne de chemin de fer reliant le Pérou sur la côte Pacifique, au Brésil sur la côte Atlantique, par exemple, peut être perçu comme une ramification sud-américaine des Routes de la soie.

 

La sainte trinité des PNA, le multilatéralisme, l’égalité et la non-agression est aussi reprise par les BRICS, dont le sommet du mois prochain à Goa devrait faire avancer le développement pratique de mécanismes tels que la Nouvelle banque de développement (NBD) qui, pour des raisons bien pratiques, devrait aussi progresser dans l’intérêt du Sud global.

 

L’un des chemins de sortie pour le Venezuela est de renforcer ses alliances avec les groupes d’intégration latino-américains, côte à côte avec les PNA et en connexion avec les BRICS et le G20, tous recherchant un monde multipolaire, loin du pathétique genre de punition médiévale incarnée par les sanctions du Pays exceptionnel.

 

Un sujet non ordinaire fut discuté pendant ce sommet. Un processus de réorganisation, comme l’a nommé Maduro, du système des Nations unies, en particulier le Conseil de sécurité. En realpolitik, cela n’arrivera pas, car la Russie est actuellement le seul membre ouvert à ce genre de discussion.

 

La realpolitik va aussi faire que les nations des PNA continueront à être marginalisées, et rudement exploitées, par des mécanismes néocoloniaux sophistiqués, engrainés dans la logique unipolaire. C’est donc les PNA contre le Pays exceptionnel. Les PNA contre la globalisation néolibérale et ses torrents d’inégalités. Les PNA contre l’économie casino.

 

La route sera longue et sinueuse. Les PNA n’ont pas grand-chose, à part un Centre pour la coopération Sud-Sud basé à Jakarta et un certain nombre de comités conjoints entre ce groupe de 77 nations en développement. Mais le moral reste bon dans ce combat pour un monde plus égalitaire, équilibré et décent.

 

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009), Empire of Chaos (Nimble Books) et le petit dernier, 2030, traduit en français.

Article original publié dans Strategic Culture.

Traduit par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone.

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16 septembre 2016 5 16 /09 /septembre /2016 17:01
Berlin et Paris veulent relancer l’intégration militaire européenne

Par Pierre Levy https://francais.rt.com/opinions/26260-berlin-paris-integration-militaire    (RT)

13 sept. 2016

 

 «L’Europe de la Défense», le «Quartier général» européen et l'académie militaire commune : manœuvre politique pour rassurer les peuples européens ou projet prometteur ? Le spécialiste des questions européennes Pierre Lévy  livre son analyse.

 

Les ministres allemand et français de la Défense ont jeté, dimanche 11 septembre, un pavé dans la mare. Ils l’ont fait discrètement, comme c’est souvent le cas en matière européenne, en envoyant une missive commune à Federica Mogherini, le chef de la politique étrangère de l’UE.

 

Le document devrait être présenté aux chefs d’Etat et de gouvernement lors du sommet informel du 16 septembre, à Bratislava. Si la manière est discrète, le contenu n’a rien d’anodin. Il s’agit de donner un brusque coup d’accélérateur à ce qu’il est convenu d’appeler «l’Europe de la Défense», en réalité l’intégration militaire. Depuis des années, on se lamente à Bruxelles des «avancées bien trop lentes» dans ce domaine.

 

Car du côté du Royaume-Uni, la perspective d’une «défense européenne» ne suscitait qu’un enthousiasme très modéré. A Londres, on a longtemps estimé que cette ambition doublonnerait inutilement les structures de l’Alliance atlantique.

 

A Berlin comme à Paris, on s’appuie sur une supposée aspiration des citoyens à un renforcement des outils militaires censés les «protéger»

 

Or le 23 juin, les dirigeants européens ont encaissé l’un des coups les plus rudes du dernier demi-siècle : le peuple britannique décidait de sortir de l’UE, et entendait ainsi reprendre la main sur les décisions déterminant son propre avenir. En plein désarroi, le Conseil européen décidait alors de tenir en septembre un sommet «informel» avec un objectif : tenter de convaincre que l’Union européenne pourra survivre, malgré ce choix britannique potentiellement contagieux.

Le thème général a finalement été choisi : marteler que l’UE est capable «de répondre aux aspirations de sécurité des citoyens». Discourant le 14, le président de la Commission, l’a abondamment répété.

 

Outre la «sécurité intérieure» (un thème sur lequel il y eut déjà  un «papier franco-allemand» en août), c’est donc la «sécurité extérieure» qui est mise en avant. A Berlin comme à Paris, on s’appuie sur une supposée aspiration des citoyens à un renforcement des outils militaires censés les «protéger» ; et on fait de nécessité vertu : puisque le Royaume-Uni s’en va, c’est le moment où jamais d’accélérer en matière de «défense».

 

Le moment est mûr pour un «Schengen de la Défense», ont déclaré les ministres allemand et français D’autant que les Vingt-sept semblent plus que jamais divisés sur de nombreuses questions importantes : économie (plus ou moins d’austérité), réfugiés (qui doit en supporter le poids), institutions (plus ou moins de pouvoir à la Commission)… Sur la défense en revanche, les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Tchéquie, Slovaquie) disent être prêts à une «avancée» européenne – voire à une armée européenne.

 

Bref, le moment est mûr pour un «Schengen de la Défense», ont indiqué les ministres allemand et français, marquant ainsi l’ampleur de leur ambition (de manière au demeurant quelque peu maladroite, tant les accords de Schengen sur la libre circulation sombrent actuellement de toutes parts…).

 

Concrètement, le document signé par Ursula Van der Leyen et Jean-Yves Le Drian propose la mise en place d’un Quartier général permanent européen et d’un commandement médical conjoint, le partage d’un centre logistique pour les équipements stratégiques, de même que le partage du renseignement et de la surveillance satellitaires.

 

L’Eurocorps, à Strasbourg, pourrait contribuer à la planification d’opérations. La capacité de déploiement des «groupements tactiques» (jusqu’ici jamais utilisés) serait facilitée. Et un budget européen unique serait consacré à la recherche militaire commune, ainsi qu’au développement de matériels communs (satellites, drones, cyberdéfense…).

 

Rien ne dit en effet que les bruits de bottes soient de nature à amadouer des peuples toujours plus rétifs à l’intégration européenne. Cerise sur le gâteau, une académie militaire commune serait créée afin de favoriser un «esprit de corps».

 

Ces projets ambitieux pourraient être menés à bien même si certains pays ne souhaitaient pas s’y joindre : le mécanisme dit de « coopération structurée », prévu par les traités, permettrait à un groupe pionnier d’aller de l’avant, même sans unanimité.

 

Il reste que le chemin pourrait être semé d’embûches. Rien ne dit en effet que les bruits de bottes – même affublés du prétexte de «plus de sécurité» – soient de nature à amadouer des peuples toujours plus rétifs à l’intégration européenne, bien au contraire.

 

De nombreux propagandistes de l’UE ont longtemps justifié cette dernière par la nécessité de «faire contrepoids aux Etats-Unis». Hélas pour cette thèse (absurde), il s’avère que le projet franco-allemand a été mis au point en marge… du sommet de l’OTAN tenu à Varsovie en juillet dernier.

 

Et à propos dudit projet, Mme Van der Leyen a confié à Reuters : «c’est ce que les Américains attendent de nous».

 

A défaut d’être rassurant, voilà qui a au moins le mérite de la clarté.

 

Note de JF: "Qui a dit charbonnier doit rester maiître chez lui ?" mais il est vrai que les détenteurs de tous les pouvoirs sont ailleurs !

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6 septembre 2016 2 06 /09 /septembre /2016 16:57
Révélations : Julian Assange promet d’exclure Hillary Clinton de la présidentielle avant le débat du 26 septembre

lundi 5 septembre 2016, par Comité Valmy

 

Le lundi 26 septembre, 2016 Donald Trump et Hillary Clinton se retrouveront à l’université Hofstra à Hempstead, New York, pour expliquer au public américain comment ils vont gérer le pays en tant que président des États-Unis.<P/>

 

Le débat, qui est le premier débat entre les deux candidats en lice pour les élections présidentielles le 8 novembre, devait initialement avoir lieu à l’université d’État Wright dans l’Ohio, mais il a plus tard été déplacé à Hofstra, en raison de problèmes budgétaires.

Cependant, avant que le débat n’ait lieu, Julian Assange, le fondateur et rédacteur en chef de l’organisme journalistique sans but lucratif WikiLeaks, a déclaré que sa prochaine publication sur Clinton la mettra hors de la course présidentielle.

WikiLeaks publie des informations secrètes, des documents « fuités », et des médias classifiés de sources anonymes. La dernière fuite par l’organisation est les emails du Comité national démocrate (DNC), publiés en juillet 2016, révélant comment les hauts responsables du Parti démocratique se sont associés pour faire en sorte que Clinton obtienne la nomination du parti de Bernie Sanders.

La divulgation par Wikileaks a placé le Parti démocrate dans le désarroi. De plus en plus de gens présentent leurs lettres de démission, se retirant du DNC. Avant que le sénateur Sanders ne quitte le Parti démocratique, il a déclaré que la publication par WikiLeaks a montré un DNC corrompu qui n’est pas digne de confiance. Le sénateur du Vermont a ensuite appelé à une refonte totale du DNC.

Dans le même temps Sanders a appelé à un nouveau DNC, alors président de l’organisme à ce moment, Debbie Wasserman Schultz a démissionné. Beaucoup d’autres fonctionnaires subalternes du DNC ont aussi démissionné plus tard.

Politico a rapporté récemment que le directeur financier du DNC, Jordan Kaplan se retire également en raison de son implication dans les e-mails publiés par WikiLeaks.

La révélation par WikiLeaks a provoqué la colère de nombreux partisans de Sanders, qui ont depuis dit qu’ils ne voteront pas pour Clinton parce qu’elle a triché au concours pour devenir candidate du parti.

Bien qu’il ait perdu, Sanders a tiré plus de 12 millions de votes lors du concours avec Clinton. Les commentateurs politiques disent que si beaucoup de ceux qui ont voté pour Sanders refusent de voter pour Clinton dans les élections présidentielles de novembre, elle va perdre le concours avec Trump.

Cependant, il semble que Clinton pourrait même ne pas avoir la chance de figurer sur le bulletin de vote contre Trump. Assange a dit que Clinton a commis une « extorsion » par un battage médiatique autour des craintes sur la possibilité d’une victoire républicaine, afin d’attirer les électeurs de gauche.

 

 

Assange a également affirmé qu’il a en sa possession des emails condamnant la façon dont Clinton a fait des accords secrets avec les sponsors de l’organisation terroriste, l’Etat soi-disant islamique d’Irak et de Syrie (ISIS). Assange a dit que les transactions secrètes de Clinton avec ce commanditaire ISIS ont donné lieu à d’énormes fonds donnés à la Fondation Clinton venant du sponsor.

Il a poursuivi que le Federal Bureau of Investigation ne peut ignorer ces documents accablants qui seront bientôt rendus publics. Assange a fait cette dernière demande dans une interview avec le journaliste britannique, Afshin Rattansi de Russian Today.

« Nous avons plus d’informations et nous publierons tout quand le moment sera venu, certains de ces documents peuvent mettre Hillary Clinton hors concours », a dit Assange à Rattansi dans l’interview.

Assange a ajouté que Bernie Sanders obtiendra la nomination après le départ de Clinton, comme il est celui qui détient le reste des voix des délégués du parti.

Ci-dessous une transcription de l’entrevue de Rattansi qui a eu lieu avec le fondateur de WikiLeaks sur la prochaine divulgation, qui exclura Clinton de la course présidentielle.

Rattansi : « S’il y a une illégalité dans les e-mails en suspens, le président Obama pourrait vraisemblablement agir et porter des charges contre Hillary Clinton ? Indépendamment de si vous êtes sur le point de publier tout courriel qui signifierait que James Comey et le FBI n’auraient pas d’autre choix que d’arrêter Hillary Clinton ? »

Assange : «  Notre point de vue est que le FBI possède déjà la preuve pour qu’un grand jury l’inculpe… Mais un procureur doit demander à un grand jury d’inculper. Et si le procureur ne fait pas la demande, le grand jury ne fera pas la mise en accusation. Mais notre prochaine divulgation peut être importante pour son exclusion car c’est quelque chose que le FBI ne peut pas négliger ! »

Rattansi : « Quelle sera la date à laquelle vous publierez cette divulgation ? »

Assange : « Je ne vais pas révéler la date exacte mais je peux vous promettre que cela mettra Hillary Clinton hors de la course présidentielle avant le débat du 26 septembre. »

Selon les commentateurs politiques, si les documents qui seront publiés par Assange justifient l’acte d’accusation de Clinton, le sénateur Sanders va la remplacer par les règles du Parti démocrate. À l’heure actuelle, tout le monde est tranquillement en attente qu’Assange et son équipe publient cette bombe, l’exclusion de Clinton et son remplacement par le sénateur Sanders.

dimanche 4 septembre 2016

Sources : AnonHQ

Traduction : Anguille Sous Roche

http://fawkes-news.blogspot.fr

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19 août 2016 5 19 /08 /août /2016 17:20

Burkini: Le choc des civilisations à l’heure du pastis,

Par Bruno Guigue


Curieux pays que la France. Ses dirigeants tentent d’abattre depuis cinq ans, par tous les moyens, le seul régime non confessionnel du Moyen-Orient. Ils livrent des armes aux djihadistes au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Ils bombardent les populations civiles en prétendant lutter contre le terrorisme qu’ils soutiennent par ailleurs. Ils distribuent des médailles honorifiques et vendent des avions de chasse aux sponsors saoudiens de la terreur planétaire. Mais cette absurdité permanente de notre politique étrangère n’offusque personne. Elle ne suscite dans les médias dominants que des débats feutrés. Aucun mouvement de foule n’en dénonce la nocivité. Pour peu elle passerait inaperçue, faisant place à d’autres préoccupations.

 

Car ce ne sont pas les événements d’Alep qui passionnent les foules. Ces affrontements exotiques auxquels on ne comprend rien n’intéressent personne. Loin de nous, ils sont comme frappés d’insignifiance. Le vrai sujet est ailleurs, son urgence saute aux yeux. Son extrême gravité nous pétrifie d’angoisse. Le burkini ! Ce costume de bain ne devrait provoquer, au pire, qu’un sourire narquois ou désabusé. Il ne devrait susciter, au mieux, qu’une souveraine indifférence. Mais voilà qu’il se transforme en casus belli pour estivants déchaînés, qu’il devient le motif extravagant d’une bataille de parasols. Portée à l’incandescence par l’atmosphère corse, la discorde frôle même le paroxysme, à coups de jets de canettes et de fléchettes de harpon.

 

Aurait-on tort de ne pas prendre au sérieux cette invraisemblable querelle ? Oui, nous dit-on, car elle serait symboliquement décisive. Elle serait lourde de signification implicite, grosse d’une menace existentielle. A croire certains, elle s’élèverait même au rang du combat suprême pour la défense de nos valeurs. Menacée de submersion, l’identité européenne jouerait son va-tout dans cette rixe saisonnière aux relents de pastis. Congédiant la pétanque et les épuisettes, elle reléguerait les passions vacancières au magasin des accessoires. Alors que dans les piscines allemandes on s’en moque, ce maudit vêtement émeut l’opinion, chez nous, avec une singulière intensité.

 

On a parfaitement le droit, bien sûr, de ne pas aimer cette tenue de bain pour ce qu’elle représente. Car cette version balnéaire du voile intégral n’est pas étrangère à un rigorisme qu’il est légitime de combattre sur le plan des idées. Mais la vie en société implique aussi l’acceptation de la différence culturelle. Dès lors qu’elle n’entrave la liberté de personne, une pratique sociale, vestimentaire ou autre, ne peut faire l’objet d’une interdiction que si elle déroge à un principe fondamental. Mais dans le cas d’espèce, lequel ? On peine à le trouver. Et l’on interdit la pratique des uns parce qu’elle ne plaît pas aux autres. Ce qui soulève cette question : dans un Etat laïc, les prohibitions légales ont-elles vocation à épouser les aversions subjectives des uns et des autres ?

 

Effet collatéral du climat créé par les attentats, cette interdiction, en réalité, renvoie sans le dire à la lutte contre le terrorisme. Que le burkini entretienne un rapport de connivence implicite avec l’idéologie wahhabite, au demeurant, n’est pas faux. Que cette idéologie soit la matrice originelle du djihadisme non plus. Mais les femmes qui adoptent cette tenue par conviction religieuse ne sont pas pour autant des adeptes du terrorisme. Et le motif de l’interdiction, il faut le reconnaître, demeure juridiquement faible, puisqu’on ne peut même pas invoquer le fait que le visage est masqué, contrairement à la burqa.

 

Il n’empêche que pour une partie de la population française cet argument est de peu de poids. A ses yeux, cette lutte symbolique est le baroud d’honneur de l’Occident en proie aux barbares. La guerre du maillot intégral, c’est le choc des civilisations mis à la portée des plagistes, le grand frisson identitaire à l’heure de l’apéro aux olives. On croit combattre le fanatisme en faisant la chasse au burkini, mais on ne poursuit que des ombres, sans voir la diversion à laquelle on prête la main. Nourrie par des médias rapaces, cette bataille dérisoire, une fois de plus, détourne de l’essentiel. Cette vaine dispute est un écran de fumée dont des politiciens véreux font leur miel. Et elle montre notre incapacité politique à prendre au sérieux l’islamisme radical pour mieux le combattre.

 

 

 

Bruno Guigue, ancien élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA, Haut fonctionnaire d’Etat français, essayiste et politologue, professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire, chargé de cours en relations internationales à l’Université de La Réunion. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont Aux origines du conflit israélo-arabe, L’invisible remords de l’Occident, L’Harmattan, 2002, et de centaines d’articles.

Traduit en anglais par Marcel Baranghttp://arretsurinfo.ch/burkini-clash-of-civilizations-at-pastis-time/

Source: http://arretsurinfo.ch/burkini-le-choc-des-civilisations-a-lheure-du-pastis-par-bruno-guigue/

 

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10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 17:41

Par Alexis Feertchak  origine http://www.lefigaro.fr

 

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Après le coup d'Etat manqué en Turquie, Erdogan se rapproche de Poutine tandis que Moscou et Washington semblent avoir trouvé un équilibre en Syrie. Pour le général Pinatel, les Etats européens devraient tenir compte de cette nouvelle donne.

Le général (2S) Jean-Bernard Pinatel est expert en géostratégie et en intelligence économique. Il tient le blog Géopolitique - Géostratégie. Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages, dont Carnets de guerres et de crisesaux Éditions Lavauzelle en 2014.

 

FIGAROVOX. - Recep Erdogan devrait rencontrer Vladimir Poutine en août dans la capitale russe. La Turquie est historiquement la base avancée du Sud de l'Alliance atlantique. Dans quelle mesure la nouvelle alliance entre Moscou et Ankara pourrait perturber l'OTAN?

 

Général (2S) PINATEL. - L'OTAN est une organisation issue de la Guerre froide entre l'URSS et l'Occident démocratique. Son maintien et son extension aux anciens pays de la CEI procède de la volonté des Etats-Unis de conserver ouvert le fossé entre l'Europe et la Russie. En effet si l'Europe et la Russie étaient alliées, elles leur contesteraient la primauté mondiale qu'ils ont acquise en 1990 à l'effondrement de l'URSS et qu'ils veulent conserver à tout prix. Mais la menace islamique a changé la donne. Cette menace, présente en Russie depuis les années 1990, s'est étendue à l'Europe en juin 2014 avec la proclamation du Califat par l'irakien Al Bagghadi puis récemment en Turquie quand Erdogan a dû fermer sa frontière à Daech après les attentats commis en France et les pressions que les américains ont du faire sur Ankara pour ne pas perdre le soutien de l'opinion européenne.

 

Si l'Europe et la Russie étaient alliées, elles contesteraient aux Etats-Unis la primauté mondiale.

 

Dans ce contexte d'actes terroristes meurtriers, la déstabilisation du régime syrien et son remplacement par un régime plus favorable aux intérêts américains, européens, saoudiens et qataris passe au second plan face à l'urgence de maîtriser ce nouveau Califat qui menace la stabilité du Moyen-Orient et favorise la montée en puissance des partis nationalistes anti-atlantistes en Europe. Par ailleurs, l'intervention massive et victorieuse de la Russie en septembre 2015 pour soutenir son allié syrien contraste avec les hésitations ou le double jeu des Etats-Unis qui essaient de ménager tout le monde. Ils se condamnent ainsi à une faible efficacité opérationnelle qui, finalement, inquiète leurs alliés traditionnels et les poussent à ménager la Russie. Enfin les liens et les enjeux économiques entre la Russie et la Turquie sont très importants malgré une opposition géopolitique historique.

 

Contrairement à la guerre que mène la Russie en Syrie, l'OTAN ne sert à rien face à la menace islamique.

 

Plus que le rapprochement entre Moscou et Ankara, ce qui fragilise cette organisation, ce sont ces récents événements. Ils font la démonstration éclatante aux yeux des Français et des Européens que l'OTAN ne sert à rien face à la menace islamique. En revanche, la guerre efficace que même la Russie contre l'Etat islamique fait penser à de plus en plus de français et d'hommes politiques que la Russie est notre meilleur allié. Et cette évidence, acquise dans la douleur de nos 234 morts et de nos 671 blessés depuis 2012, devrait non seulement perturber l'Otan mais conduire à sa disparition ou à son européanisation complète car son maintien en l'état ne sert que des intérêts qui ne sont pas ceux de la France.

 

Que se passe-t-il aujourd'hui en Syrie? Russes et Américains semblent se rapprocher ou à tout le moins se coordonner davantage, notamment sur la question du Front Al-Nosra, très présent près d'Alep. Un nouvel équilibre dans la région est-il en train de se constituer?

 

Dès leur intervention en septembre 2015 sur le théâtre syrien, les Russes ont proposé aux Américains de coordonner leurs frappes contre Daech et Al Nostra. Mais les Américains ont refusé car au niveau politique, Obama voulait maintenir la fiction qu'il existait encore un potentiel de forces modérées sur le territoire syrien qui n'avaient pas été absorbées ou qui ne s'étaient pas alliées à Al-Nostra et qui ainsi pourraient prétendre, un jour, à être partie prenante à la table de négociation. C'est clairement une fiction contestée non seulement par la Russie, mais par d'autres voix y compris aux Etats-Unis. Ces experts affirment que les unités qui existent encore en Syrie servent d'interface avec Al Nostra à qui elles revendent les armes qu'elles reçoivent via la CIA. C'est le bombardement d'une de ces bases en Syrie par la Russie, qui a eu l'habileté de prévenir les américains à l'avance pour qu'ils puissent retirer en urgence les agents de la CIA présents, qui a permis ce rapprochement opérationnel. Il est clair qu'un nouvel équilibre est en voie de se constituer au Moyen-Orient. La Russie qui y a été historiquement présente est de retour en force. La Chine, et c'est une nouveauté, y pointe plus que son nez et la France qui y avait une position privilégiée de médiation, l'a perdue par suivisme des Etats-Unis.

 

Quelle pourrait être la place de l'Europe dans les relations avec ces deux grands pays que sont la Russie et la Turquie? Peut-on imaginer un nouvel équilibre sécuritaire aux marches de l'Europe?

 

C'est vrai, nos portes orientales sont verrouillées par la Russie et la Turquie.

Avec la Russie nos intérêts économiques et stratégiques sont totalement complémentaires. La France a une longue histoire d'amitié avec la Russie que symbolise à Paris le pont Alexandre III et plus récemment l'épopée de l'escadrille Normandie Niemen que le Général de Gaulle avait tenu à envoyer en Russie pour matérialiser notre alliance contre le nazisme. Je rappelle aussi que c'est parce que l'armée allemande était épuisée par trois ans de guerre contre la Russie et la mort de 13 millions de soldats russes et de 5 millions d'allemands que le débarquement de juin 1944 a pu avoir lieu. Ce rappel ne veut en aucun cas minimiser le rôle des Etats-Unis et le sacrifice des 185 924 soldats américains morts sur le sol européen. Mais la volonté des Etats-Unis de restaurer un climat de Guerre froide en Europe qui se développe notamment au travers de l'OTAN ne sert que leurs intérêts et ceux des dirigeants européens qui sont soit des corrompus soit des incapables.

 

La volonté des Etats-Unis de restaurer une Guerre froide en Europe au travers de l'OTAN ne sert que leurs intérêts et ceux des dirigeants européens qui sont soit des corrompus soit des incapables.

 

Avec la Turquie, c'est l'Allemagne qui a des relations historiques comparables aux nôtres avec la Russie. La Turquie et l'Allemagne étaient des alliés au cours des deux guerres mondiales car les allemands espéraient avec leur aide couper la route du pétrole aux alliés. Les Turcs de leur côté espéraient ainsi récupérer le contrôle du Moyen-Orient et notamment celui de l'Irak et de la Syrie.

 

Ce rappel historique met en évidence l'importance du couple franco-allemand pour définir une politique européenne commune face à ces deux puissances et éviter de revenir à des jeux du passé comme a semblé le faire récemment Angela Merkel avec l'affaire des réfugiés en négociant directement avec Erdogan sans se concerter avec ses partenaires européens.

Alexis Feertchak

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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 15:38
L’attentat de Nice rappelle l’Opération Gladio
par Paul Craig Roberts

Repris sur  Comité Valmy

 

Information Clearing House, 18/7/16 - Des commentateurs, qui ont appris à se méfier des explications officielles, tels que Peter Koenig et Stephen Lendman, ont soulevé des questions au sujet de l’attentat de Nice.Il semble vraiment étrange qu’une personne seule conduisant un gros camion ait pu accéder à des zones sécurisées où les Français s’étaient réunis pour regarder les feux d’artifice commémorant la prise de la Bastille. Il semble aussi étrange, que cet événement soit qualifié de terroriste lorsque la famille de l’auteur présumé soutien qu’il n’était pas du tout religieux et n’avait aucune motivation religieuse.Le saurons-nous jamais ? Encore une fois l’auteur présumé est mort, ayant laissé, complaisamment, derrière lui sa carte d’identité.

 

Il semblerait qu’une des conséquences pour la France sera l’instauration permanente de l’état d’urgence. Cette mise au pas de la société servira également à la marionnette capitalise Hollande d’évacuer les protestations contre l’abrogation des protections du droit de travail en France. Ceux qui protesteront contre la perte, si durement gagnés, de leurs acquis seront restreints par l’état d’urgence.

 

C’est incroyable de voir comme cette attaque a été commode pour le capitalisme mondial, qui est le principal bénéficiaire de cette nouvelle « réforme » du Code de travail d’Hollande.

 

Les questions soulevées par Koenig et Lendman rappellent l’Opération Gladio, nom de code donné à une opération secrète de l’OTAN, mise en place par Washington après la Seconde Guerre mondiale en réponse à la crainte de l’Europe occidentale quant à une éventuelle invasion de celle-ci par l’Armée rouge. Initialement Gladio consistait en la création de caches d’armes et à celle d’une organisation devant mener la guérilla contre l’armée d’occupation soviétique.

 

Au lieu d’une invasion soviétique, la menace qui a émergé fut la popularité du Parti communiste en France et surtout en Italie. Washington craignait que des partis communistes gagnent suffisamment de voix pour former un gouvernement, que l’Empire de l’Europe occidentale qu’elle dirigeait soit brisé et que ces gouvernements communistes s’alignent avec Moscou.

 

Par conséquent, Gladio a été tourné contre les Partis communistes européens. Le service de renseignement italien en collaboration avec la CIA a commencé à commettre des attentats en Italie dans les lieux publics, comme dans la gare de Bologne où 285 personnes ont été tuées, mutilées ou blessées.

 

L’opérateur du Gladio Vincenzo Vinciguerra fut le premier à révéler l’existence de Gladio lors de son procès de 1984 pour le bombardement de la gare de Bologne en 1980. Interrogé sur l’attentat de Bologne, Vinciguerra a déclaré : « Il existe en Italie une force secrète parallèle aux forces armées, composée de civils et des militaires, qui dans un but antisoviétique, organisent une résistance sur le sol italien contre l’armée russe ... Une organisation secrète, une super-organi-sation, avec un réseau de communication, des armes, des explosifs, et des hommes formés pour les utiliser ... Une super-organisation qui, faute d’une invasion militaire soviétique, qui pourrait ne jamais se produire, a pris pour tâche, au nom de l’OTAN, d’empêcher un glissement de l’équilibre politique du pays vers la gauche. C’est bien ce qu’ils ont fait, avec l’aide des services secrets officiels et les forces politiques et militaires » (https://en.wikipedia.org/wiki/Vincenzo_Vinciguerra)

 

Il a fallu attendre 1990, six ans plus tard ans, pour que le Premier ministre italien, Giulio Andreotti, reconnaisse officiellement l’existence de Gladio.

 

Le général italien Gerardo Serravalie commandait la participation italienne de Gladio dans la première moitié des années 1970. Wikipédia rapporte qu’il a déclaré que les responsables de la planification et la coordination « étaient des officiers responsables des structures secrètes de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Allemagne, de la Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas et d’Italie. Ces représentants des structures secrètes se rencontraient tous les ans dans l’une des capitales ... Aux réunions de ‘stay-behind’ des représentants de la CIA étaient toujours présents. » (https://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Gladio)

 

Des années 1960 jusqu’au milieu des années 1980 il y eu beaucoup d’attentats à la bombe avec de nombreuses victimes civiles. Vinciguerra a déclaré : « On était censé attaquer des civils, des femmes, des enfants, des personnes innocentes en dehors de l’arène politique, pour une raison simple : forcer le public italien à se tourner vers l’état, vers le régime et demander une plus grande sécurité…. Telle était la logique politique derrière tous les attentats. Ils restent impunis parce que l’Etat ne peut pas se condamner. » (https://www.youtube.c om/watch ?v=vaMUbCpaRyc).

 

Les attentats ont été imputés à des groupes terroristes communistes, tels que les Brigades rouges et la bande Baader-Meinhof ; des groupes qui auraient pu être réels ou des couvertures inventés par les services secrets pour discréditer des partis communistes européens.

 

En 1984, le juge Felice Casson a rouvert une enquête vieille de 12 ans qui concernait une voiture piégée à Peteano, en Italie. Le juge a conclu que l’affaire avait été falsifiée et le blâme jeté sur les Brigades rouges, mais en fait avait été le travail des services secrets militaires, Servizio Informazioni Difesa (SID) en conjonction avec Ordine Nuovo, une organisation d’extrême droite créée ou cooptée par Gladio. Le responsable de la police qui a falsifié l’enquête a été condamné à la prison. L’enquête du juge Casson a conclu que le bombardement Peteano faisait partie d’une série d’attentats menés par Gladio, qui comprenaient l’attentat de Milano Piazza Fontane ayant tué 16 personnes et en ayant blessé 80 autres et l’attentat à la bombe à Bologne en 1980 qui a fait 85 morts et 200 blessés.

 

Sur la base des révélations italiennes, les gouvernements belges et suisses ont entrepris des enquêtes sur les Opérations Gladio dans leurs pays. Le gouvernement des États-Unis a nié toute participation aux attentats. Cependant, la recherche du juge Casson dans les archives des services secrets militaires italiens a mise au jour des preuves de l’existence du réseau Gladio, et le reliait à l’OTAN et aux États-Unis. (https://wikispooks.com/wiki/Operation_Gladio)

 

Les peuples occidentaux dont les démocraties ont dégénéré en ploutocraties sont inoculés contre la croyance que le gouvernement pourrait tuer ses propres citoyens. Clairement ils ont à apprendre concernant l’Opération Gladio.

 

L’Opération Gladio serait-elle encore bien vivante ? Les événements terroristes d’aujourd’hui sont rejetés sur les musulmans plutôt que sur les communistes. Est-il possible que les attentats terroristes en France et en Belgique soient des Opérations Gladio ?

Paul Craig Roberts

 

Addendum :

Cette grande collection de photos dans le Daily Mail du Royaume-Uni sur l’attentat de Nice ( http://www.dailymail.co.uk/news/article-36 91019/Several-people-injured-truck-c rashes-crowd-Bastille-Day-celebratio ns-Nice.html) ne semble pas montrer le sang dans les rues où le carnage est sensé avoir eu lieu, ou le sang associé aux corps qui ont été photographiés. Le camion blanc signalé comme avoir été l’arme du crime ne semble pas porter des traces de sang ou d’être endommagé. Un collègue avait une fois heurté un cerf, sa voiture a été totalement esquintée. Comment peut-il y avoir 186 personnes touchées et aucun dommage au camion ? En outre, parmi les reportages il y a une vidéo d’un policier exposé aux tirs à quelques mètres de la cabine du camion. Pour que la police s’expose devant un fou, signalé armé, cela implique que soit il n’était pas armé, soit que la cabine du camion était vide. Pourquoi la police n’a pas ouvert la porte pour le saisir ou s’il était armé attendre qu’il épuise ses munitions ? Dans tous ces attentats, l’auteur présumé est toujours abattu. Il est à noter également, qu’il y a déjà les noms et les photos des victimes et une histoire de l’auteur. Comment est-il possible que tant de photos de tant de personnes différentes soient si rapidement collectées et tellement d’informations recueillies à propos de l’auteur ? Les médias ne posent jamais aux autorités publiques de telles questions, ni ne fournissent de réponses. Il semblerait que l’histoire ait été préparée et prête à être déclenchée quand l’événement s’est produit, et que ce sera tout ce que nous n’obtiendrons jamais.

Et que faisons-nous de ceci :
(http://www.globalresearch.ca/the-paris-bataclan-terror-attack-six-french-military-were-present-instructed-not-to-intervene-people-died/5534527). Pourquoi des soldats français armés sur scène susceptibles d’arrêter le carnage au Bataclan ont reçu l’ordre de se retirer ?

 

Le Dr Paul Craig Roberts était Secrétaire-adjoint du Trésor sur la Politique économique et rédacteur associé au Wall Street Journal. Il contribue à Business Week, Scripps Howard News Service, and Creators Syndicate. Il a eu plusieurs postes universitaires. Ces colonnes sur internet ont attiré un intérêt mondial. Ses derniers livres sont : The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West, How America Was Lost, and The Neoconservative Threat to World Order.

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29 juillet 2016 5 29 /07 /juillet /2016 10:47
Derrière la tentative désespérée de coup d’état de la CIA en Turquie
par F. William EngdahL

 

Repris sur Comité Valmy

 

Dans la soirée du 15 juillet un groupe d’officiers de l’armée turque annonçait avoir accompli un coup d’Etat et pris le contrôle du pays. Ils prétendaient qu’Erdoğan était en fuite pour sauver sa vie et qu’ils étaient maintenant en train de rétablir l’ordre. Le seul problème de ces officiers et de leurs commanditaires, loin, à Langley [Siège de la CIA – NdT] en Virginie, et à Saylorsburg en Pennsylvanie où l’opérateur politique turc Fetullah Gülen est réfugié protégé par la CIA, est qu’ils n’ont pas réussi. Derrière la tentative de coup, ourdit une histoire beaucoup plus significative, une dramatique évolution géopolitique que l’imprévisible survivant politique qu’est le Président (encore) Recep Erdoğan était en train de fomenter lorsque des loyalistes de Gülen ont amorcés leur tentative de coup d’état désespérée, qui en toute apparence fut raté. Ce qui suit est une série de questions et de réponses sur l’arrière-scène des événements dramatiques qui se déroulent dans ce pays pivot dans l’ordre géopolitique.

 

Q : Quel commentaire feriez-vous sur les événements de vendredi à samedi, quand l’armée a mené une tentative de coup d’État ? Ces événements étaient-ils prévisibles ?

W.E. : Le coup d’État était une réaction à la récente évolution géopolitique dramatique d’Erdoğan. Il a été instigué par des réseaux turcs fidèles à la CIA. C’était clairement un geste désespéré, mal préparé.

 

Q : Qu’elles sont les véritables raisons de cette tentative de l’armée ? Qu’en pensez-vous ?

W.E. : Il s’agissait d’un réseau d’officiers dans l’armée fidèles au mouvement de Fetullah Gülen. Celui-ci est un instrument que la CIA contrôle à 100%. D’ailleurs il vit depuis des années en exil à Saylorsburg en Pennsylvanie, après avoir obtenu une carte verte [carte d’immigration aux é-u - NdT] grâce à d’anciens pontes de la CIA et à l’ancien ambassadeur étasunien à Ankara.

Gülen a été depuis des décennies un projet fou de la CIA d’armer l’Islam politique comme instrument de changement de régime. Rappelons qu’en 2013, il y avait des protestations de masse contre Erdoğan à Istanbul et ailleurs. C’est alors que Gülen, qui auparavant avait conclu une entente avec le Parti de la Justice et du développement [AKP] d’Erdoğan, rompait avec lui et le critiquait dans les médias qu’il contrôlait comme Zaman, le taxant de tyran. Depuis lors, Erdoğan s’est efforcé à déraciner son plus dangereux adversaire interne et ses amis, y compris avec des descentes sur Zaman et d’autres médias contrôlés par lui. Il ne s’agit pas d’une lutte entre le bon et le méchant chevalier. Cela concerne le pouvoir dans la vie politique turque. Si les lecteurs sont intéressés par les détails du projet Gülen et de la CIA je les invite de consulter mon livre, The Lost hegemon (en allemand : Amerikas Heilige Krieg).

 

Q : Pensez-vous que ces événements pourraient conduire à la guerre civile, comme certains commentateurs l’interprètent ?

W.E. : Je doute de cela. Le mouvement Gülen au cours de ces deux dernières années a été sévèrement réduit en influence par Erdoğan et son chef du renseignement — des purges etc.. La prétendue armée traditionnelle d’Atatürk, en tant que gardienne de l’État, est depuis longtemps révolue...depuis les années 1980.

Ce qu’il sera intéressant à observer maintenant est l’évolution de la politique étrangère d’Erdoğan : Rapprochement avec la Russie, réouverture des pourparlers à propos du gazoduc Turkish Stream vers la frontière grecque. Simultanément il y a son rapprochement avec Netanyahu, et celui plus critique, son accord apparent, à une partie des exigences de Poutine pour la reprise des liens, à savoir que la Turquie cesse ses efforts de renverser Assad en soutenant secrètement Daech ou d’autres organisations terroristes en Syrie, en les entrainant en Turquie et en vendant leur pétrole sur le marché noir. C’est une énorme défaite géopolitique pour Obama, probablement le Président le plus incompétent de l’histoire étasunienne (bien qu’il ait une concurrence sérieuse à ce titre de la part de George W. Bush et de Clinton).

 

Q : Croyez-vous qu’Erdoğan pourrait en effet de cette façon être renversé ?

WE : Probablement pas, vu ce que l’on voit actuellement. Même au petit matin lorsqu’Erdoğan a pu dire aux media qu’il s’agissait d’une tentative de coup d’état fomenté par Gülen, j’étais convaincu que ce dernier échouerait. Aujourd’hui, le 16 juillet, il semble qu’il n’ait pas réussi. La CIA a été entartrée et Obama et l’OTAN tentent de se couvrir en étreignant chaleureusement le très démocratiquement élu Erdoğan (sic !) ». Ils ne se souciaient pas en Ukraine, quand la CIA perpétrait le coup d’état de la place Maïdan en février 2014, que Viktor Yanoukovitch était le « Président démocratiquement élu de l’Ukraine ». Regardez le chaos qu’a laissé Washington dans ses efforts de provoquer une scission entre la Russie et l’UE.

 

Q : Comment devrions-nous interpréter l’allégation qu’Erdoğan aurait demandé asile à l’Allemagne, et pensez-vous que celle-ci le lui aurait accordé ?

W.E. : Il y a beaucoup de rumeurs farfelues. Je n’ai aucune information là-dessus.

 

Q : Comment positionnez-vous les États-Unis et la Russie par rapport aux récents événements ?

W.E. : Cela devrait être clair avec ce que j’ai dit. Washington était derrière le coup d’État, manifestation de leur impuissance devant l’évolution géopolitique majeure effectuée par Erdoğan depuis juin, quand il a limogé Davutoğlu son Premier ministre et nommé le loyaliste Binali Yıldırım à sa place. À ce moment Erdoğan s’est simultanément détourné de la stratégie anti-Assad de Washington en Syrie et s’est tourné vers Israël (qui ces jours-ci est en conflit géopolitique aigu avec Washington), vers la Russie et maintenant, même vers Assad en Syrie.

 

Q : Quel sera l’impact des événements sur le fait que la Turquie soit membre de l’OTAN ?

W.E. : C’est difficile à évaluer. Washington pour sa stratégie globale a désespérément besoin de la Turquie dans l’OTAN, en particulier pour le contrôle des flux de pétrole du Moyen-Orient et maintenant son gaz naturel. C’est pourquoi au moment où il est devenu clair que le coup d’État échouerait, Obama et compagnie ont « embrassé » leur « ami » Erdoğan. Dans les milieux du renseignent on appelle cela le « contrôle des dégâts ».

 

Q : Croyez-vous qu’il soit bon pour la Turquie qu’Erdoğan et l’actuel gouvernement perdent le pouvoir de cette façon, plutôt que par des élections ?

W.E. : Au moment où j’écris ceci, il semble qu’il soit toujours fermement au pouvoir, peut-être plus fermement qu’auparavant.

 

Q : Comment estimez-vous que les événements en Turquie pourront affecter l’Union européenne ?

W.E. : Le projet d’UE est en voie de dissolution. Ce projet a toujours été une idée monstrueuse, encouragée dans les années 1950 par Churchill, la jeune CIA et certains de leurs amis européens comme Monnet, pour que les États-Unis contrôlent mieux Europe. Ce fait est devenu une évidence lorsque le président Obama par son intervention effrontée dans la politique britannique, a demandé aux britanniques de ne pas quitter l’Union européenne. L’Union européenne est une monstruosité bureaucratique, sans visage, ubuesque, non élue, n’ayant aucun compte à rendre au peuple, avec des assises à Bruxelles, à côté du siège de l’OTAN.

Le Brexit a commencé la dissolution, qui ira maintenant assez rapidement selon mon sentiment. La Hongrie peut-être suivra, si la CIA n’arrive pas à faire une révolution de couleur contre Orban avant leur référendum d’octobre sur un « Huexit. » La France ? Les partisans de Marine Le Pen et des millions de Français en ont assez des diktats de Bruxelles. Regardez la récente décision criminelle sur le désherbant « glyphosate », le plus largement utilisé en UE. Malgré l’énormité des preuves scientifiques le démontrant comme cancérigène Bruxelles a décidé d’ignorer toutes ces preuves sur la santé et la sécurité provenant des autres gouvernements de l’UE, et approuver arbitrairement l’empoisonnement de l’alimentation de la population pour 18 mois de plus. Ce n’est pas cela que la population européenne ou de n’importe quel autre pays attend de ses fonctionnaires. Elle ne mérite pas cela.

 

Q : Comment pensez-vous que les événements en Turquie pourraient influer sur la crise migratoire, et qu’attendez-vous de la réouverture de la soi-disant route des Balkans pour les réfugiés ?

W.E. : il est encore trop tôt pour le dire. Si Erdoğan et Assad, par l’intermédiaire de Poutine et de la Russie, et peut-être avec la coopération d’Israël, parviennent à établir une véritable paix en Syrie, le flux de réfugiés de la guerre pourrait cesser. Les gens veulent rentrer chez eux, reconstruire leur vie dans leur propre pays.

F. William Engdahl
18 juillet 2016

F. William Engdahl est conférencier et consultant en risques stratégiques, il est diplômé en politique de l’Université de Princeton et auteur de Best-sellers sur le pétrole et la géopolitique, exclusivement pour magazine en ligne New Eastern Outlook.

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http://www.informationclearinghouse

Traduction Alexandre MOUMBARIS
relu Marie-José MOUMBARIS
pour le Comité Valmy]

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28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 08:44
Par Paul Craig Roberts

Repris sur  Comité Valmy

 

Washington et son vassal canadien tentent d’utiliser un scandale de dopage sportif russe créé par les médias occidentaux pour interdire aux Russes de participer aux Jeux olympiques au Brésil. Washington et le Canada font pression sur d’autres pays pour les inciter à participer à la vendetta de Washington contre la Russie. Cette vendetta est menée sous le prétexte de « préserver un athlétisme propre ».

 

Vous pouvez parier votre vie que Washington n’est pas motivé par le respect de la justice dans le sport. Washington est occupé à l’intérieur du pays à détruire la justice pour les pauvres, et Washington, qui ne tient pas compte de la souveraineté des pays ni du droit international contre l’agression nue, est occupé à l’étranger à détruire des millions de vies à des fins hégémoniques.

 

Nous pourrions conclure que Washington veut l’hégémonie dans le sport exactement comme il le fait dans les affaires étrangères et veut que les athlètes russes dégagent de son chemin pour que les Américains puissent gagner davantage de médailles. Mais cela manquerait le point véritable de la campagne de Washington contre la Russie. Le scandale du dopage fait partie de l’effort en cours de Washington pour isoler la Russie et construire une opposition à Poutine en Russie même.

 

Il y a une minorité connue comme les intégrationnistes atlantistes au sein du gouvernement russe et dans le secteur des affaires, qui croit qu’il est plus important pour la Russie d’être intégrée à l’Occident que d’être souveraine. Cette minorité de Russes veut troquer l’indépendance de la Russie contre l’acceptation occidentale. Fondamentalement, ce sont des traîtres que Poutine tolère.

 

Avec l’interdiction de la participation de la Russie aux Jeux olympiques, Washington tente de renforcer cette opposition à Poutine. Maintenant, l’opposition peut dire : « L’intransigeance de Poutine a mis la Russie à l’écart des Jeux olympiques. Poutine a isolé la Russie. Nous devons coopérer − un euphémisme pour céder − avec l’Occident ou devenir parias. »

 

C’est le jeu de Washington. L’interdiction des Jeux olympiques est destinée à saper la réputation de Poutine auprès des Russes. « Il nous a écartés des Jeux olympiques ! ».

 

Les intégrationnistes atlantistes sont prêts à trahir soit Assad soit la Crimée pour être acceptés par Washington. Donc Washington travaille à renforcer ses alliés russes.

 

Les Européens sont perturbés par la politisation des Jeux olympiques par Washington. Le président du Comité olympique européen Pat Hickey s’est opposé à la tentative de Washington d’imposer une punition « avant la présentation de toute preuve. Une telle interférence et des appels avant la publication du rapport McLaren vont totalement à l’encontre de la procédure légale équitable internationalement reconnue et pourrait avoir complétement compromis l’intégrité et donc la crédibilité de cet important rapport ».

 

Hickey a dit qu’il ressort clairement de l’effort de Washington et du Canada que «  tant l’indépendance que la confidentialité du rapport ont été compromises ». Il poursuit  :

« Il est clair que seuls des athlètes et des organisations connus pour soutenir une interdiction de l’équipe olympique russe ont été contactés. »

« Je dois demander en vertu de quelle autorité les agences anti-dopage étasuniennes et canadiennes ont préparé leur lettre et quel mandat elles ont pour lancer un appel international à l’interdiction d’un autre pays dans la famille olympique. »

« Alors que je comprends totalement et partage les préoccupations internationales quant aux récentes allégations de dopage, nous ne pouvons pas permettre à des individus ou à des groupes d’interférer ou de nuire à l’intégrité d’une procédure judiciaire équitable et régulière. »

Washington, évidemment, n’a aucun respect pour les procédures judiciaires régulières aux États-Unis eux-mêmes, ou en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Somalie, au Yémen, au Pakistan, en Syrie, en Ukraine, au Honduras, au Venezuela, en Argentine, au Brésil, en Bolivie, en Équateur ou en Grande-Bretagne, un vassal dont Obama dit qu’il ne sera pas autorisé à quitter l’Union européenne. Pourquoi Washington serait-il concerné par le fait que la Russie puisse bénéficier d’une procédure régulière ?

 

Dans son article, le New York Times, la mère maquerelle du bordel des médias américains, n’a pas mentionné les préoccupations de Hicky.

 

Le rapport McLaren est censé être une enquête sur l’accusation que l’usage de drogues par les athlètes russes pour améliorer leurs performances est largement répandu et soutenu par le gouvernement russe. Washington a trop d’argent et trop de menaces à disposition pour que n’importe quel rapport utilisé pour discréditer la Russie puisse être honnête. Lisez mon article d’aujourd’hui sur le MH-17, ou souvenez-vous de la description par Washington d’un vote indépendant en Crimée, où les électeurs choisissent à la quasi unanimité de rejoindre la Russie dont la province fait partie depuis les années 1700, comme étant une « invasion et une annexion russe ».

Il faut une personne très courageuse, comme Pat Hickey, pour résister à Washington, et nous ne savons pas si Hickey succombera aux pressions de Washington qui seront très certainement exercées maintenant sur lui. ?

 

Washington continuera à diaboliser la Russie jusqu’à ce qu’une guerre soit provoquée ou jusqu’à ce que le gouvernement russe capitule et accepte une vassalité partielle, trahissant soit Assad soit la Crimée. ?

 

Peut-être la Russie et la Chine devraient-elles organiser les Jeux olympiques eurasiatiques et quitter les Jeux occidentaux. Comme Washington a relancé la Guerre froide et tente de la faire devenir chaude, la compétition peut porter sur comment les pays d’Amérique latine et d’Afrique s’alignent. S’ils sont libres de choisir, il est peu probable que les Africains et les Latino-américains rejoignent les jeux de l’homme blanc occidental raciste. ?

 

Nous devons nous demander quand viendra le moment où la Russie et la Chine cesseront de rester assises là à encaisser des affronts et des provocations sans fin, au nom de la paix. Lorsque ce moment arrivera, s’il arrive, l’Occident cessera d’être l’arbitre des affaires humaines.


– Le 17 juillet 2016
– Source :

Paul Craig Roberts
Institute for Political Economy

Traduction : le Saker francophone

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