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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 16:11

Pour un front républicain, anti-impérialiste, patriotique et social !

 

A l’occasion du 70ème anniversaire du Conseil National de la Résistance, peut-être est-il utile de rappeler ce texte ancien qui exprime la vision du Comité Valmy ? Celui-ci dont les racines datent du combat contre la ratification du traité de Maastricht, s’est dès l’origine situé dans la logique et l’esprit de la Résistance et de son type de rassemblement. D’emblée nous nous sommes référés à Jean Moulin, au CNR et à son programme dont les grands axes et les principes gardent une grande modernité.


Cette démarche de libération nationale et ces idées appelant au rassemblement en s’inspirant de la Résistance, du CNR et de son programme, ont manifestement beaucoup progressé. Mais l’essentiel reste à faire. Charles Baulieu Comité Valmy

 

POUR UNE STRATEGIE D’ENDIGUEMENT DE LA MENACE ETASUNIENNE !

Les USA, au-delà de leur contribution au combat anti-nazi, contre des impérialismes rivaux, sont les seuls à être sortis renforcés de la deuxième guerre mondiale. Ils auront même utilisée celle-ci pour construire et imposer leur propre hégémonie sur le monde entier, les autres grandes puissances étant alors historiquement affaiblies.

 

Les pays occidentaux concurrents vont prendre conscience de leur perte d’influence, en particulier à travers la décolonisation en marche. L’Union soviétique quant à elle, avec 23 à 25 millions de morts parmi lesquels beaucoup de ses meilleurs fils - une grande partie de son élite révolutionnaire et patriotique- accompagnés de destructions massives, est dans une situation objective de grande fragilité, exsangue, malgré les succès de l’Armée Rouge.

 

Dès Georges Washington les dirigeants des USA ont tous adopté un postulat qui érige leur Etat nation en suzerain des autres peuples et nations de la planète. Ils revendiquent l’hégémonie commerciale, économique et politique sur le monde et entendent imposer leur mode de vie comme modèle universel.

 

Avec Ulysse Grant cette volonté impérialiste a pris une coloration mystique et religieuse : « le destin de notre grande République, c’est de devenir l’étoile qui guidera les autres…Je crois que le créateur est en train de préparer le monde pour que, le moment venu, il puisse se transformer en une grande nation qui suivra nos pas ».

 

Clinton lors de son installation réaffirma la continuité de la politique hégémonique des USA sous sa conduite : « Il est incontestable que l’Amérique doit persister à guider ce monde qu’elle a tant contribuer à créer ».

 

Avec G W Bush, la traditionnelle menace américaine a empiré avec le recours à des guerres qualifiées de préventives et sa volonté de se référer aux croisades. Il serait persuadé que c’est Dieu lui-même qui lui a suggéré sa candidature à la Présidence des Etats-Unis.

Barack Obama a publiquement affirmé que sa présidence annonçait "une nouvelle aurore du leadership américain".

 

Depuis la deuxième guerre mondiale jusqu’à nos jours, les dirigeants américains qui se sont succédés ont poursuivi cette même stratégie globale de domination mondiale, relancée puissamment dès cette époque. Seuls ont varié, selon les équipes au pouvoir, le degré d’agressivité, l’intensité de la violence utilisée ou le niveau de barbarie atteint. Certaines administrations ont privilégié plus ou moins les guerres dites de basse intensité, d’autres ont eu recours à des bombardements massifs de villes et de populations civiles ou à des massacres par procuration, par exemple, celui de millions d’Indonésiens.

 

L’Histoire l’a démontré, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique Latine et même en Europe, l’impérialisme états-unien est en guerre contre l’ensemble des peuples du monde, dont il est l’ennemi commun. Une guerre qui est permanente, multiforme et globale. Les assassinats ciblés ou collectifs, les tueries, l’utilisation banalisée de la violence, ne représentent qu’un aspect parmi bien d’autres de cette troisième guerre mondiale. Elle est également politique, économique et sociale, idéologique et culturelle.

 

Les dirigeants états-uniens utilisent la manipulation politico médiatique, l’ingérence, le chantage et la corruption à grande échelle. L’exploitation de l’antisoviétisme, leur position dirigeante dans la lutte des classes au niveau international, ont permis aux USA de camoufler auprès de certains et pendant toute une époque leurs objectifs spécifiquement nationalistes et impérialistes, derrière la croisade du « monde libre » contre le communisme. Ils ont su exploiter les erreurs et les fautes du camp socialiste et anti-impérialiste.

 

Ils ont ainsi piégé l’URSS et l’ont entraînée dans une politique de confrontation et une course délétère aux armements, qui conjuguées à d’autres facteurs, allaient, en fin de compte, la conduire à l’échec et l’implosion.

 

Dans un rapport du 20 janvier 2007 sur la nouvelle doctrine militaire russe, le général Makmout Gareev estime que « les intérêts nationaux ne doivent pas être minimisés si on ne veut pas limiter les capacités de développement économique et de réalisation de facteurs géopolitiques. Toutefois, comme l’a montré l’expérience de l’après-guerre, un maximalisme excessif ainsi que le caractère irréaliste des intérêts nationaux et des objectifs proclamés, la volonté de les réaliser implacablement, quoi qu’il en coûte, engendrent une politique extérieure et une doctrine militaire de confrontation, conduisent à miner l’économie et à l’échec total des objectifs nationaux avancés à tort ».

 

Cette analyse du général Gareev mérite réflexion si toutefois, elle ne remet pas en cause insidieusement, la pertinence historique d’Octobre et le socialisme. Cependant, la volonté de faire disparaître l’URSS et l’expérience socialiste est bien antérieure aux années quarante. Il était inéluctable que les Etats-Unis et la haute finance, en position de force, reprennent cet objectif et cette offensive contre l’URSS, après avoir contribué à son affaiblissement, en lui faisant supporter l’essentiel du poids de la guerre en refusant d’ouvrir contre les nazis le second front que Staline réclamait.

 

L’implosion du camp socialiste ne s’est aucunement traduite par l’arrêt de cette politique d’agression et de guerre menée par les Etats-Unis au nom de l’endiguement du communisme. Bien au contraire, avec le déséquilibre géopolitique qu’elle a permis, les guerres américaines se sont multipliées et sont devenues préventives tandis que G. W. Bush menace : « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous ».

 

A la diplomatie de la canonnière, au chantage nucléaire et à l’utilisation de la violence contre-révolutionnaire est venue s’ajouter une coercition idéologique et politico médiatique sophistiquée et systémique.

celle-cci est caractérisée notamment par la domestication de tous les médias importants et leur transformation en instruments de propagande globalisée et de manipulation des peuples, à travers lesquels bien des journalistes agissent comme des mercenaires de la guerre idéologique.

Aujourd’hui, les dirigeants des Etats-Unis aidés par leur ami Sarkozy, préparent psychologiquement l’opinion à des bombardements nucléaires contre l’Iran, tout en continuant leurs autres guerres coloniales et impérialistes, notamment contre l’Irak et l’Afghanistan.

 

Ils encerclent la Russie et la Chine de bases militaires hostiles. Ils continuent la course aux armements car ils entendent acquérir une supériorité militaire absolue afin de contrôler par la guerre, chaque fois qu’ils la jugeront nécessaire, les ressources pétrolières et énergétiques. Le Général Iouri Balouievsky, chef d’Etat-major des forces armées russes, considère que la Russie se trouve actuellement confrontée à des menaces plus graves que pendant la guerre froide.

 

Selon l’agence de presse russe Novosti, Paul Graig Roberts, ancien sous-secrétaire d’Etat de Reagan, avertit aujourd’hui que G. W. Bush envisagerait de décréter l’état d’urgence, et que d’ici un an les Etats-Unis pourraient devenir un Etat policier dictatorial, en guerre contre l’Iran. « Des membres de l’administration Bush et d’éminents propagandistes républicains préparent un nouvel évènement dans la lignée du 11 septembre 2001 ou bien une série d’évènements de ce type », annonce t-il dans un cri d’alarme rendu public.

 

Les dirigeants russes et chinois ont dû réagir et ont créé en juin 2001 avec d’autres pays, l’Organisation de Coopération de Shanghai, afin de préparer solidairement leur autodéfense. Il s’agit d’un facteur d’équilibre nécessaire et d’une structure d’endiguement de la menace américaine, qu’un gouvernement français conséquent devrait soutenir, si la France était libre.

 

Le 19 août 07, le sommet de l’OCS à Bichkek à accéléré la création d’un mécanisme de réponse aux situations menaçant la sécurité. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les peuples et la défense de la paix. La Chine et la Russie sont en effet des cibles géopolitiques essentielles pour l’impérialisme américain. La décision de Vladimir Poutine relative à la reprise à partir du 17 août, des vols de 14 bombardiers stratégiques apparaît dans ce contexte, comme une mesure symbolique, sage et positive. Dans le monde d’aujourd’hui, bien des anti-impérialistes pensent comme N Nazarbaïev, le président du Kazakhstan, que Vladimir Poutine devrait rester à son poste, pour un troisième mandat présidentiel. « Le président dit-il doit faire ce dont son peuple et son Etat ont besoin ».

 

En même temps que se forge l’OCS, les peuples opprimés s’organisent malgré les difficultés souvent autour de la souveraineté nationale. C’est notamment le cas en Amérique latine ou une dynamique sociale, progressiste et patriotique a été relancée grâce à la pugnacité de Hugo Chavez, à l’apport de Evo Morales et au soutien de Cuba.

 

Au Liban aussi, la question nationale est cruciale. La victoire du peuple sur l’agression israélo- américaine de 2006 est apparue comme celle de la convergence d’une Résistance pluraliste et d’une unité patriotique de fait rassemblant avec le Hezbollah, (qui a été ressenti alors et depuis, plus comme un mouvement de libération nationale que comme une organisation ethnique et religieuse) les Chrétiens patriotes et anti-impérialistes, représentés par le général Aoun et le Parti communiste libanais.

 

« Qui n’est pas avec nous est contre nous » a menacé le croisé paranoïaque et sanguinaire de la Maison Blanche. Tout le problème est là. La France doit-elle mener une politique d’indépendance nationale, définir souverainement ses objectifs économiques et sociaux, politiques, culturels, de défense, ses alliances, sa politique extérieure ?… Ou bien doit elle capituler et se placer sous la suzeraineté belliciste de l’impérialisme américain, dans le cadre de la mondialisation qu’il orchestre ?

 

Dans notre pays, les partisans de l’Europe supranationale et de l’atlantisme, ont choisi en pleine guerre mondiale, puis à la Libération et maintenue ensuite, cette option de vassalité, de renoncement national et républicain avec les conséquences sociales désastreuses qu’elle impose.

 

C’est pour l’essentiel le choix politique des dirigeants socialistes et des démocrates chrétiens. Ils l’ont fait au nom de l’anticommunisme comme d’autres adeptes de la trahison nationale avaient choisi Hitler plutôt que le Front Populaire, par réflexe de classe. Les fédéralistes qui se réclament de la gauche restent prisonniers de ce choix politique et oligarchique d’un autre temps.

 

Pendant la guerre, à la Libération et ensuite, les communistes, les gaullistes et tous les républicains véritables et lucides, attachés à la souveraineté populaire et nationale, au progrès social qui en dépend, sont restés eux naturellement fidèles à l’objectif d’une France libre, républicaine et sociale. Ils défendent aujourd’hui encore, l’indépendance nationale et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

 

Le programme du Conseil National de la Résistance aurait pu à la fin de la guerre et à divers moments cruciaux ultérieurs, servir de plateforme à la continuation de cette politique républicaine, patriotique et progressiste de la Résistance, à travers l’organisation d’un rassemblement populaire majoritaire.

 

C’est ce que le CNR souhaitait et son programme, véritable compromis historique, proposait une économie mixte et planifiée qui aurait pu, tout en défendant la paix dans le monde, contribuer en France à brider les appétits économiques et politiques de la finance internationale sous hégémonie américaine.

 

Dès le 6 juin 1942, dans une note accompagnant des documents et envoyée à Molotov par l’intermédiaire de l’Ambassadeur d’URSS à Londres, de Gaulle démontre que la priorité du combat antinazi ne l’empêche pas de déjà percevoir le danger que le pouvoir américain, représente pour l’indépendance, la souveraineté de la France et pour la paix du monde : « L’impérialisme américain se manifeste sous des formes multiples et diverses. Certains de ses représentants raisonnent en terme de domination des USA sur le monde occidental… D’autres représentants, tenant de l’impérialisme économique, désirent que les USA instaurent un mode de vie pour le monde entier, qu’ils contrôlent et gèrent partout les ressources et le commerce ».

En décembre 1944, de Gaulle et Staline ont élaboré un traité franco-soviétique d’alliance et d’assistance mutuelle, qui a été signé à Moscou le 10 janvier 1944 par Viatcheslav Molotov et Georges Bidault « dans le but d’éliminer toute menace de l’Allemagne et de faire obstacle à toute initiative de nature à rendre possible une nouvelle tentative d’agression de sa part ».

 

Ce pacte dont il était prévu qu’il serait actualisé 20 ans plus tard, ne résistera pas à la politique des blocs et à la guerre froide, dont, en termes de marketing politique, les bombardements de Hiroshima et Nagasaki annoncent le lancement. Pourtant ce pacte et la présence de ministres communistes dans le GPRF à Alger puis dans le second gouvernement du Général de Gaulle, témoignent que des convergences existaient, qui fondaient la recherche d’un Front commun entre les communistes, les gaullistes et l’ensemble des patriotes progressistes et républicains, autour du programme du Conseil National de la Résistance.

 

Celui-ci fut rapidement sabordé pour estomper cette perspective et la rendre encore plus difficile à concrétiser. La démission de Georges Bidault de sa présidence, en septembre 1944, marque la volonté du camp euro atlantiste qui se structurait depuis les années de guerre, de détruire le potentiel de continuité de la Résistance qu’il représentait.

 

Un temps aveuglé, de Gaulle a cru ou voulu voir dans les communistes de France des séparatistes prêts à livrer notre pays à une Union soviétique dont il paraissait certain qu’elle préparait l’invasion de la France.


Inversement, un peu plus tard Maurice Thorez accusait de Gaulle devant le Comité Central du PCF d’être un fasciste, agent des américains. Ceci devait conduire Marcel Servin, Antoine Casanova et Maurice Kriégel-Valrimont, anciens résistants communistes, à critiquer ce point de vue infondé et à être exclus de leurs responsabilités à la direction du parti. Cette double erreur symétrique, dans une situation complexe, devait avoir des conséquences stratégiques et politiques graves, dont les Français payent encore le prix aujourd’hui.

 

La politique américaine de cette époque jusqu’à nos jours – les bombardements nucléaires du Japon, le Plan Marshall, la promotion de l’Europe supranationale et de l’OTAN, etc., est la continuation au long cours, de la guerre de conquête des USA, qui innovent et développent constamment d’autres moyens modernes pour construire, pérenniser, renforcer et globaliser leur domination impérialiste.

 

Le Péché originel ou plutôt l’erreur stratégique initiale, fondamentale et durable, aura consisté pour les républicains, aux sensibilités diverses mais solidairement attachés à la souveraineté populaire et nationale, à ne pas avoir su se rassembler sur la juste vision politique du programme du CNR, qui garde encore aujourd’hui et pour l’essentiel toute sa pertinence et son actualité quant à ses principes et grandes orientations.

 

Depuis la deuxième guerre mondiale, la lutte de classe dans notre pays, a toujours conservé un caractère national. Ne pas en tenir compte pendant des décennies, et promouvoir une stratégie d’union de la gauche mythique, illusoire et sans principe, a consisté à rassembler des forces aux objectifs en réalité antagonistes, sous la domination d’un parti socialiste atlantiste et dogmatiquement favorable à l’Europe Fédérale des Länder.

 

Cela aura conduit à l’actuelle stérilisation de l’influence du PCF comme force anticapitaliste et contribué à installer au pouvoir – sauf durant les 10 ans de la parenthèse gaulliste – les vassaux des américains, à faire perdurer la politique du pareil au même à travers une alternance au pouvoir des néo-libéraux et des sociaux- libéraux, tous intégristes de l’Europe supranationale néo-libérale et atlantiste.

 

Sortir de la catastrophique situation actuelle d’échec qui découle de cette impasse historique, impose le rejet du fédéralisme néo-libéral européen et le retrait de la France de l’OTAN. La création autour de la République et de la Nation, d’un vaste front uni progressiste, est une nécessité vitale.

 

La stratégie patriotique dite d’union du peuple de France qui, pendant une époque a été envisagée par Georges Marchais et malheureusement jamais concrétisée par le PCF, pourrait seule aujourd’hui, ouvrir une alternative crédible et permettre une politique de progrès social et de restauration démocratique. En politique extérieure, elle contribuerait de manière internationaliste à la convergence du combat anti-impérialiste, anti-mondialisation et pour la paix qui tend à mobiliser les peuples du monde contre leurs ennemis communs.

 

L’oligarchie financière n’a pas de patrie ! La nation, la France républicaine, c’est le peuple qui doit aujourd’hui rétablir sa souveraineté et la maîtrise de son destin !

Claude Beaulieu - 2006
président du Comité Valmy.

- texte légèrement retouché par l'auteur.

 

 

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 14:17

présentaion Par Jacques Sapir · 24 août 2015

 

Pour éclairer le débat qui a été lancé par l’interview que j’ai donné à FIGAROVOX, je publie la traduction de l’article de Stefano Fassina, appelant à la constitution d’une « alliance des fronts de libération nationale », qui a été établie par le Comité Valmy. Ce texte pose clairement le problème. Je rappelle que Stefano Fassina a été membre du Parti Démocrate auquel appartient Matteo Renzi, l’actuel Premier ministre de l’Italie (parti qu’il a quitté le 23 juin dernier), qu’il fut vice-ministre des finances dans le gouvernement d’Enrico Letta, et qu’il fut un chroniqueur réputé de l’Unita. On pourra voir, dans ce texte, que je ne suis nullement l’inventeur de la formule « fronts de libération nationale ». Je reprends néanmoins cette formule et m’associe à l’appel de Fassina.

Texte de Stefano Fassina,

repris de la note publiée le mardi 11 août 2015 sur le site du Comité Valmy (http://www.comite-valmy.org/spip.php?article6218)

 (Les intertitres sont de la responsabilité de RussEurope)

 

Le brulant compte grec a une valeur de politique générale. Commençons par le contenu de la Déclaration du Sommet de la zone Euro tenu le 12 juillet, avant de procéder à des évaluations politiques. Il est impossible de cacher l’aspect non durable des dispositions de perspectives économiques et financières. Malgré les ajustements remportés par la délégation grecque à Bruxelles, les mesures imposées sont brutalement de contraction, ainsi que régressives sur le terrain social.

 

Les mesures de compensation macroéconomique risquent d’être pratiquement inexistantes. Le financement prévu pour le troisième plan de sauvetage est consacré à la recapitalisation des banques et au paiement des dettes de la BCE, du FMI et de prêteurs privés. Rien ne va aux dépenses en capital, tandis que la crédibilité de la Commission Européenne pour aider le gouvernement grec à mobiliser jusqu’à 35milliards d’€ pour les investissements dans les 3 à 5 ans doit être évaluée au vu de son incapacité à trouver le minimum de ressources pour le “Plan Juncker”. Et enfin, l’engagement de la restructuration de la dette publique de la Grèce ouvre une perspective qui en aucun cas ne pourra avoir d’effets réels avant 2023, la fin de la période de grâce accordée par les États Européens pour leurs prêts respectifs.

 

Les leçons de la crise grecque

Quelles leçons pouvons-nous apprendre du cours de la Grèce ? Alexis Tsipras, Syriza et le peuple grec ont le mérite historique indéniable d’avoir arraché le voile de la rhétorique Européiste et de l’objectivité technique visant à cacher la dynamique dans la zone euro. Nous voyons maintenant le pouvoir politique et le conflit social entre l’aristocratie financière et les classes moyennes : l’Allemagne, incapable d’hégémonie, domine la zone euro et poursuit un ordre économique en fonction de ses intérêts nationaux et de ceux de la grande finance.

 

Il y a deux points à relever ici. Le premier : le mercantilisme néo-libéral dicté par et centré sur Berlin est insoutenable. De la dévalorisation du travail, comme alternative à la dévaluation de la monnaie nationale, en tant que principale voie à de vrais” ajustements, découle une insuffisance chronique de la demande globale, la persistance d’un chômage élevé, la déflation, et l’essor de la dette publique. Dans un tel cadre, au-delà des frontières de l’état-nation dominant, l’euro a conduit à vider la démocratie de sa substance, tournant la politique en administration pour le compte de tiers et de divertissements.

 

Peut-on faire marche arrière ?

Cette route est-elle réversible ? C’est le deuxième point. Il est difficile de répondre oui. Malheureusement, les corrections nécessaires pour rendre l’euro durable semblent être impossibles pour des raisons culturelles, historiques et politiques. Les opinions publiques ont des points de vue opposés et positions contradictoires, rendus de plus distants à cause de l’ordre du jour dominant dans la zone euro après 2008. Les opinions et les positions répandues chez les Allemands sont des faits. Le peuple allemand mérite le respect comme tout autre peuple. En Allemagne, comme partout, les principes démocratiques s’appliquent à l’intérieur de la seule dimension politique pertinente : l’état-nation.

 

Les deux premiers points de l’analyse conduisent à une vérité inconfortable : nous devons reconnaître que l’euro était une erreur de perspective politique. Nous devons admettre que, dans la cage néo-libérale de l’euro, la gauche perd sa fonction historique, et est morte en tant que force attachée à la dignité et à la pertinence politique du travail et à la citoyenneté sociale en tant que véhicule de démocratie effective. La non-pertinence ou la connivence des partis de la famille socialiste Européenne sont manifestes. En continuant à invoquer, comme ils le font, les États-Unis d’Europe” ou une réécriture pro-travail des Traités est un exercice virtuel conduisant à une perte continue de crédibilité politique.

 

Que faire ?

Qu’y a-t-il à faire ? Nous sommes à un tournant de l’histoire. D’une part, le chemin de continuité lié à l’euro, c’est l’acceptation de la fin de la démocratie de la classe moyenne et de l’état-providence : un équilibre précaire de sous-emploi et de colère sociale, menacé par des risques très élevés de rupture nationaliste et xénophobe. De l’autre, une décision partagée, sans actes unilatéraux, à aller au-delà de la monnaie unique et du cadre institutionnel lié, surtout pour fixer la responsabilité démocratique de la politique monétaire : une solution mutuellement bénéfique, malgré un chemin difficile, incertain, avec des conséquences douloureuses au moins dans la période initiale.

 

L’Allemagne l’a bien compris et, toujours consciente de son histoire, indique une voie de sortie afin éviter une rupture chaotique de la zone euro et des dérives nationalistes incontrôlables (déjà inquiétantes à la fois chez les Allemands et à leur égard) : un accord multilatéral visant à aller au-delà de la monnaie unique, comme illustré dans la proposition de “Grexit assisté”, écrit par le Ministre des Finances Schäuble et approuvé par la Chancelière Merkel. Cela implique de ne pas abandonner la Grèce à elle-même, mais “une sortie accompagnée par la décote de la dette publique (ce qui est impossible dans le cadre actuel des Traités) et d’aide technique, financière et humanitaire.”

 

Le choix est un choix dramatique. La route de la continuité est l’option explicite des “grandes” coalitions conservatrices et des dirigeants “socialistes” (en France et en Italie, par exemple). La route de la discontinuité peut-être la seule pour tenter de sauver l’Union Européenne, de revitaliser les démocraties bourgeoises et d’inverser la tendance de la dévaluation du travail. Pour une désintégration gérée de la monnaie unique, nous devons construire une large alliance de fronts de libération nationale, à partir des zones euro de la périphérie méditerranéenne, composée de forces progressistes ouvertes à la coopération avec l’aile droite démocratique des partis souverainistes. Le temps disponible est de plus en plus court.

 

(Traduction réalisée par le Comité Valmy)

Publié initialement sur le blogue de Yanis Varoufakis

(Fassina S., « For an alliance of national liberation fronts », article publié sur le blog de Yanis Varoufakis par Stefano Fassina, membre du Parlement (PD), le 27 juillet 2015, http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/27/for-an-alliance-of-national-liberation-fronts-by-stefano-fassina-mp/

 

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 13:21

Par Jacques Sapir vendredi 28 août 2015, sur Comité Valmy

· 27 août 2015

La question de la dynamique interne et des conditions de constitutions des « fronts » a été mise à l’ordre du jour par l’appel de Stefano Fassina. Le débat qui s’engage, s’il est volontairement pollué tant par des acteurs politiques dont on comprend bien qu’il ne va pas dans le sens de leurs intérêts que par des journalistes plus en quête de « buzz » que de véritable information, est un débat essentiel. Il est clair que la logique des « fronts » a une capacité d’attraction très importante. Il est aussi clair que cette formule politique correspond aux problèmes de l’heure, tels qu’ils ont été révélés (mais non créés) par la crise grecque de juin et juillet 2015. Mais il est tout aussi clair que la réflexion, sur ce point comme sur beaucoup d’autres, est encombrée de toute une série d’erreurs et d’approximations.

On ne fait pas un front avec ses « amis » ou ses semblables politiques.

Il peut sembler trivial d’avoir à rappeler cela, mais il est important de s’imprégner de cette évidence. Un « front », et tout particulièrement un « front de libération nationale », implique la participation de courants extrêmement divers. La formule des « fronts de libération nationale » s’applique si l’on considère que le pays est en voie d’assujettissement par une puissance étrangère. Il est évident qu’elle implique des divergences importantes entre ses membres, comme ce fut le cas dans la Résistance.

 

Cette formule politique cependant ne fait pas l’unanimité dans la « gauche radicale ». Elle a été historiquement contestée, dans les années 1930, par Léon Trotski, qui lui opposait une formule bien plus restreinte, celle du « Front Unique Ouvrier ». Mais, cette formule ne vaut que si l’on se situe dans la perspective d’une révolution sociale et si l’on peut discerner ce qui constitue un « parti ouvrier », en sachant que cette définition n’a pas de sens véritablement sociologique. La formule du « Front Unique Ouvrier » est celle d’un front avec ses semblables politiques. On peut s’interroger sur la postérité de cette pensée, ou plus exactement des formules qu’elle a portée, mais hors du contexte tant historique que politique, d’origine. L’une des principales critiques au « Front Unique Ouvrier » est venue de l’expérience politique de la seconde guerre mondiale, que ce soit en Europe (et en France dans le cadre de la Résistance) ou en Asie. L’alliance du Parti Communiste chinois avec le Guomindang dans le « front uni antijaponais » (1936-1937 à 1945) est au contraire un exemple de cette logique des « fronts de libération nationale » et avait impliquée que les communistes dissolvent (du moins formellement…) la « République Soviétique Chinoise » qu’ils avaient constituée[1]. On rappellera que, de 1927 à 1936, la lutte armée avait été féroce entre le Guomindang et les communistes à partir de la rupture de la première alliance entre ces deux mouvements[2]. C’est ici clairement un « front » entre anciens ennemis. Contrairement aux analyses de Trotski, des « fronts » larges, non limités à la formule du « front unique ouvrier », ont pu obtenir des victoires significatives, que ce soit dans la seconde guerre mondiale ou dans la période des luttes anticoloniales. Il est d’ailleurs significatif que le mouvement trotskiste se soit déchiré après-guerre quant à l’analyse des différents fronts de libération nationale.

 

C’est donc implicitement à cette expérience générale, celle de la seconde guerre mondiales et des mouvements anticolonialistes, que fait référence la formule de Stefano Fassina. Inversement, ceux qui contestent la formule politique même du « front » devraient nous dire s’ils reprennent à leur compte l’analyse de Léon Trotski et comment ils intègrent la critique par la réalité de cette dite théorie.

 

L’exemple chinois montre bien que la formule politique des « fronts » n’implique nullement un accord étendu entre les membres du dit « front ». Il implique, par contre, un accord sur l’existence, ou non, d’une priorité. Que la direction du Parti Communiste chinois ait accepté de faire un front avec ceux qui, moins de dix ans avant, jetaient leurs militants dans les chaudières des locomotives, devrait inspirer un peu plus d’humilité (et de réflexion) à ceux qui s’offusquent de cette logique de « front ». On ne fait pas un « front de libération nationale » avec ses seuls amis, il vaut mieux le savoir. Inversement, ceux qui ont voulu à tout prix éviter de se salir les mains ont du le plus souvent se les couper. Ce qui implique cependant de penser, aussi rigoureusement que possible, les conditions dans lesquelles un tel « front » peut s’avérer nécessaire.

 

Le « front » et la question de l’opportunité.

Il est aussi que la formule d’un « front », comprise dans la logique d’un front de libération nationale, implique que l’on considère qu’une question, celle de la souveraineté de la Nation, est devenue dominante par rapport aux autres et que cette question, et sa résolution, est la condition nécessaire à ce que d’autres débats puissent être posés. De ce point de vue, la formule politique du « front » ne peut être dissociée de l’analyse politique de la situation. La formule du « front » n’existe pas en abstraction de cette réalité.

 

Ce qui fait aujourd’hui considérer la nécessité de cette formule c’est la compréhension que la question de l’Euro n’est pas une question seulement économique (elle l’est aussi, à l’évidence) mais qu’elle est devenue le pivot d’une recomposition antidémocratique de la gouvernance au sein de l’Union européenne et que l’Euro est la garantie de la domination de la finance sur la France. Si des pays qui n’ont pas adopté l’Euro peuvent connaître des politiques extrêmement néfastes, il faudrait ici démontrer comment un pays de la zone Euro a réussi à mener une politique alternative. La crise grecque a tranché la question.

 

Un collègue italien, le philosophe néo-marxiste Diégo Fusaro, parle de « l’Euro comme forme de gouvernance »[3]. C’est entièrement juste. La question de l’Euro est le surplomb de l’ensemble des politiques économiques et sociales dans les pays de la zone Euro mais, au delà, elle exprime et justifie la perte de la souveraineté par ces mêmes pays. On en a eu un exemple avec la ratification du TSCG en septembre 2012. C’est dire que cette question de l’Euro est une question éminemment politique. Le fait que ceci soit devenu une « connaissance commune » ou une « évidence » à la suite des événements de juin et juillet 2015, implique un changement dans les formules politiques. C’est le sens de l’appel de Stefano Fassina[4]. La situation créée par les institutions de la zone Euro, qu’elles soient de droit ou de fait (comme l’Eurogroupe) ne date pas de cette crise. Mais, la prise de conscience, et dans de nombreux pays, date en réalité de ce moment. C’est ce qui met la question des « fronts », qu’on les appelle des « fronts de libération nationale » comme Stefano Fassina ou des « fronts anti-Euro » comme je l’ai fait, à l’ordre du jour. Ce qui met cette question à l’ordre du jour est une réalité couplée avec une nécessité. De ce point de vue, la question du positionnement de untel ou untel est en réalité secondaire. C’est la question de l’analyse de la situation politique, et du débat qu’il convient d’avoir à son sujet, qui prime. Mais, il convient de savoir qu’il n’est nullement sûr que les acteurs arrivent à résoudre cette question. Auquel cas, la situation continue d’évoluer et les forces en présence de se transformer. La constitution d’un « front », dans ces conditions est aussi un moyen de chercher à transformer la situation, de la faire évoluer dans un sens positif.

 

Tout discours qui fait de la question de ces « fronts » un problème de principe est donc un discours vain, un discours vide de sens. Il n’y a pas de solution « morale » ou « principielle » a une question qui est politique. Par ailleurs, la question des « fronts » est aussi irréductible à une approche « moraliste ». Et il faut considérer que la domination des catégories morales (le « bien » / le « mal ») sur les catégories de l’analyse politique est le symptôme justement de cet situation d’assujettissement de la souveraineté populaire à un principe de « règles ».

 

Le front n’est pas qu’une question d’opportunité

Mais, la question de la constitution d’un « front » implique que l’on définisse non seulement ce contre quoi on veut lutter mais aussi les conditions de cette lutte. On le voit en particulier dans les « fronts de libération nationale » quand se pose la question de la négociation avec la puissance coloniale : faut-il négocier, quand, et à quelle conditions ? Ces questions sont importantes et elles déterminent la possibilité ou non, d’ouvrir le « front » à certaines forces, voire l’existence même de ces « fronts ». La question politique se pose donc au niveau de la constitution de ces « fronts », et se posera durant toute leur existence.

 

Cette question prend concrètement la forme du rapport à l’Euro ; est-on encore dans une logique de possible accommodements (voire « apaisement » en utilisant le sens « munichois » de ce mot[5]) avec l’Eurogroupe ou non. Il est important que cette base de départ soit rapidement clarifiée.

 

Mais, le rejet de l’Euro ne suffit pas. Il faut qu’il y ait un accord, au moins implicite, sur les mesures qui seront prises par la suite. Car, si l’Euro est aujourd’hui un problème politique son démantèlement implique une dimension technique évidente, et ces mesures techniques ne pourront être mises en œuvre que sur la base d’un accord politique général. C’est la raison pour laquelle j’ai explicitement fait référence au Conseil National de la Résistance, car dans ce cas il était clair que l’objectif ne pouvait être la seule libération du territoire du joug nazi.

 

Cela implique clairement l’abandon pour tout parti qui prendre place dans ce « front » de toute référence à la « préférence nationale » hors, bien entendu, des secteurs régaliens ou nul ne la met en cause. L’idée de préférence nationale, hors le domaine des professions particulières (liées aux fonctions régaliennes de l’Etat qui incluent la sécurité, la justice et l’Education), est en réalité inconstitutionnelle si on regarde le préambule de la Constitution[6]. Il en va de même pour les droits que l’on appelle « sociaux » et qui sont la contrepartie de contributions des salariés et des employeurs. La raison conjoncturelle, liée à l’objectif du « front », est que, dans une logique de sortie de l’Euro, les mécanismes de retour à l’emploi doivent pouvoir jouer sans obstacle. Très concrètement, et au-delà des raisons principielles telles qu’elles sont exposées dans le préambule de la constitution, toute segmentation du marché du travail sous la forme de l’application de la « préférence nationale » conduirait à des pressions inflationnistes importantes qui pourraient compromettre les effets positifs attendus de la sortie de l’Euro.

 

C’est l’une des raisons pour lesquelles la participation du Front National à ce « front » n’est pas aujourd’hui envisageable, alors que celle du mouvement politique de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France, l’est pleinement. Mais, cela veut aussi dire qu’il faut être attentif aux évolutions politiques des uns et des autres et, en fonction de ces évolutions, être prêts à reconsidérer la question de la participation de tel ou tel parti ou mouvement à ce « front ». Ceci, d’ailleurs, vaut tout autant pour des fractions du Parti « Socialiste », si elles abandonnaient leur attachement religieux à l’Euro, et qui seraient naturellement partie prenante d’un tel « front ». Je rappelle ici, et encore une fois, que Stefano Fassina fut membre (et ministre) du parti de centre-gauche de l’actuel Premier ministre italien, Matteo Renzi.

 

[1] P. Van Slyke L., The Chinese Communist movement : a report of the United States War Department, july 1945, Stanford University Press, Hoover institution, San Francisco, 1968.

[2] Dont un rendu littéraire peut être lu dans La Condition Humaine d’André Malraux.

[3] Fusaro D., Il Futuro è nostro. Filosofia dell’azione, Bompiani, Milan, 2014

[4] Voir, http://russeurope.hypotheses.org/4235

[5] L’apaisement étant la politique de conciliation vis-à-vis d’Hitler qui fut celle de la Grande-Bretagne à propos de la Tchécoslovaquie.

[6] Article 5 du préambule : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances ».http://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/Constitution/Preambule-de-la-Constitution-du-27-octobre- 1946

***

Ce qu’a dit Jacques SAPIR sur FRANCE-INTER le 27 août 2015


Jacques Sapir : "A terme, la question de la... par franceinter

Jacques Sapir : "A terme, la question de la participation du Front national sera posée"

 

Pour ma part, en accord avec jacques Sapir, je suis convaicu qu'elle se posera à terme à moins que le FN ait éclaté ou disparu mais son électorat ne doit pas être abandonné. JacK Freychet.

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