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3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 17:21
Pourquoi sommes-nous dans une « Nouvelle guerre froide » ?
Par Pepe Escobar

origine  Comité Valmy

 

 

Je me demande parfois si nous sommes bien en 2016 et non en 1962.


Ces propos du premier ministre russe Dmitri Medvedev prononcés devant 60 ministres des Affaires étrangères et de la Défense lors de la 52e Conférence sur la sécurité de Munich samedi dernier (le 13 février) n’avaient pas de quoi étonner.

 

Ce que certains d’entre nous qualifient de Guerre froide 2.0 depuis déjà un bon moment est devenu la Nouvelle guerre froide selon Medvedev, qui a identifié correctement l’Ukraine et la Syrie comme les principaux points chauds.

 

Medvedev a également rappelé que le président Poutine avait dit, lors de la même Conférence de Munich il y a neuf ans, que l’obsession des USA à propos d’un système de défense antimissile risquait de relancer la Guerre froide. Aujourd’hui, la situation est plus préoccupante, la tournure des événements depuis 2007 a été pire qu’on ne le croyait.

 

Lorsqu’il a signalé que les politiques de l’Otan à l’égard de la Russie demeurent hostiles et opaques, Medvedev a utilisé une formulation euphémique. Trois jours plus tôt, le secrétaire général et homme de paille de l’Otan Jens Stoltenberg avait annoncé que l’Alliance, sous le commandement du Pentagone, allait renforcer ses patrouilles navales en mer Noire.

 

Sans surprise, les médias institutionnels occidentaux ont qualifié le compte rendu de Medvedev d’hyperbole, en l’accusant d’exploiter les craintes des Européens. Foutaises ! Les faits sur le terrain débouchent sur un chemin dangereusement glissant qui nous mènerait de la Nouvelle guerre froide à la perspective à faire dresser les cheveux de la tête d’une Guerre chaude à propos de la Syrie, provoquée par les politiques du Pentagone, de l’Otan et du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

 

Les comptes rendus périodiques et hyperboliques de l’Otan à propos de la politique étrangère russe pourraient se qualifier au mieux de discours alarmants. La question qui se pose, c’est si le Pentagone et les gourous du complexe militaro-industriel veulent déclencher une guerre chaude majeure avant que toute l’économie des USA n’implose de manière spectaculaire. Les géants de la finance et les politiciens qu’ils ont achetés et payés disposeraient alors du prétexte idéal pour mettre la catastrophe économique sur le dos de cette guerre plutôt que sur le casino financier.

 

Vers une guerre chaude à faire fondre le métal ?

Medvedev a clairement prévenu que toute intervention terrestre de la coalition dirigée par les USA dans sa prétendue guerre contre Daesh en Syrie mènerait à une autre guerre (il visait la Turquie). Il s’agit là d’une ligne à ne pas franchir établie par la Russie, que Lavrov a signifiée clairement à Kerry lors de leurs multiples réunions. Medvedev a ajouté au suspense en omettant de dire si le navire de patrouille Zelyony Dol qui se dirige vers la Syrie est muni d’ogives nucléaires pour ses missiles de croisière Kalibr.

 

Il est plus qu’évident que le Pentagone, tout comme l’administration Obama, sont bien au fait de la tactique désespérée du sultan Erdogan de la Turquie en faveur d’une offensive militaire directe le long de la frontière turco-syrienne. Ce qui n’est pas clair, c’est jusqu’à quel point le Pentagone et l’Otan soutiendraient cette tactique.

 

Il n’y a aucune preuve tangible (du moins pas encore) d’une invasion possible, sinon imminente, du nord de la Syrie par la Turquie, télécommandée directement de Washington. En pareil cas, Washington dirigerait de l’arrière une fois de plus, une forme de soutien qui transformerait les Turcs et les Saoudiens en chair à canon.

 

Parallèlement, ce qui ne ressort pas du tout des multiples réunions Lavrov-Kerry, ainsi que du coup de fil entre Obama et Poutine, c’est avec quel degré d’insistance Moscou a lancé des avertissements de conséquences désastreuses en cas de folle équipée turque. Au milieu de ces jeux de coulisse, et de la campagne de désinformation en cours, certains à Washington semblent comprendre les implications des avertissements russes.

 

Le sultan Erdogan considère que peu importe ce qu’il fera, il pourra compter sur le plein appui de l’Otan. Dans l’intervalle, comme le Saker l’a déjà analysé, toutes les forces armées russes sont sur un pied d’alerte, y compris la Flotte de la mer Noire. Elles seront donc prêtes au combat si jamais le sultan Erdogan perd les pédales.

 

Les faucons du Pentagone et la nébuleuse néocon calculent que Moscou craint une guerre sur deux fronts, contre la Turquie et l’Otan, et qu’il finira par reculer en Syrie. Foutaises ! Si ça se met vraiment à barder, la Russie peut mettre la Turquie K.O. à la vitesse de l’éclair. Puis si on en vient à une guerre chaude à faire fondre le métal (même hypothétique), l’Europe pourrait être envahie en trois semaines par les forces armées dont dispose la Russie sur le front occidental, d’après des sources militaires allemandes. L’Otan se montrerait alors sous son vrai jour : un déchaînement de fanfaronnades provenant de Bruxelles.

 

Le parti de la guerre est désespéré jusqu’à quel point ?

La diabolisation incessante de Poutine aujourd’hui devenue irrationnelle, conjuguée avec l’obsession des groupes de réflexion néocons au sujet d’une agression russe, suivent une tendance à la hausse depuis des années maintenant. La politique consiste essentiellement à faire progresser inexorablement l’Otan jusqu’à la limite orientale aux frontières de la Russie. Puis au diable le risque bien réel que la Guerre froide 2.0 se transforme en guerre nucléaire !

 

En ce qui concerne le Nouveau grand jeu en Eurasie, Washington veut absolument couper la Russie de l’Allemagne par tous les moyens, et empêcher la Russie de s’aligner complètement avec la Chine. Ce mantra se répétera, peu importe qui occupera la Maison-Blanche en janvier 2017. Cela revient toujours à saboter constamment l’intégration eurasiatique. L’intrigue secondaire capitale est de reléguer la Russie au rôle de puissance régionale (plutôt que mondiale).

 

La diabolisation incessante ne représente que l’aspect relations publiques de ce consensus à l’intérieur du périmètre à Washington. Tous les accoutrements de l’Empire du mal ont été dépoussiérés, du titre de nouvel Hitler conféré à Poutine à la sempiternelle agression russe qui se répète. L’endiguement est la religion officielle, des pays baltes à la Roumanie, d’un bout à l’autre de l’Anatolie, jusqu’au Caucase et à la mer Caspienne. La Pologne, la Roumanie et surtout la Turquie sont devenues les principaux chiens d’attaque de Washington.

 

La crise grave entre la Turquie et la Russie déclenchée après qu’Ankara eut abattu le Su-24 était une véritable aubaine pour le consensus de Washington. Car l’une de ses conséquences (majeures) pourrait être la mise au rancart définitive du Turkish Stream, véritable couteau dans le dos de l’intégration eurasiatique.

 

Moscou sait très bien que ce processus de diabolisation pas très subtil, qui non seulement vise Poutine mais s’est transformé en véritable russophobie, n’est pas prêt de s’atténuer. Car les enjeux sont trop élevés. Le complexe militaro-industriel a besoin d’un ennemi impérial puissant. Les têtes enturbannées dans les caves afghanes ou les faux califats, c’est de la petite bière. L’intégration eurasiatique (alliance entre la Russie, la Chine et l’Iran avec l’Allemagne) doit être évitée à tout prix.

 

Pendant ce temps, le partenariat stratégique russo-chinois progresse à un rythme soutenu. L’Allemagne veut absolument monter dans le train de la Nouvelle route de la soie. Les 4+1 (Russie, Syrie, Iran, Irak plus le Hezbollah) ont changé la donne à propos d’un changement de régime en Syrie. Il faut donc que la crainte de la Russie, cet ennemi primordial, cette menace contre les USA dans tous les domaines, comme les faucons veulent nous faire croire, plane au-dessus de l’ensemble de l’Occident, en tant que symbole de la peur. Ce que nous saurons bientôt, c’est si le parti de la guerre aux USA est désespéré au point de transformer la frontière turco-syrienne en nouveau Sarajevo, en déclenchant une Nouvelle guerre chaude létale et imprévisible.

 

Note de JF: Les conséquences ne sont pas les mêmes selon que l'on est sur le lieu des affrontements ou simple spectateurs, qui plus est par médias interposés mais avec en permanence le dander d'un élargissement du conflit.

 

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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 17:32
Les appels à négocier avec Bachar al-Assad se multiplient…
Par Frédéric Delorca

La présence croissante de l’armée russe en Syrie, à la demande du gouvernement légal de Bachar al-Assad, et en accord avec l’Iran qui avait envoyé l’un de ses généraux à Moscou début août, donne des sueurs froides aux Occidentaux. D’abord révélée par des sources israéliennes fin août, cette implication du Kremlin a été confirmée par divers rapports faisant état de la création d’une base d’intervention aérienne russe à Lattaquié qui pourrait précéder l’envoi de Mig 29, voire de troupes au sol russes contre Dae’ch.

Le 6 septembre dernier, le secrétaire d’Etat américain John Kerry faisait savoir qu’il avait eu une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov dans laquelle il lui avait fait part de son inquiétude de voir l’engagement russe « entraîner la perte d’un plus grand nombre de vies innocentes, augmenter le flot des réfugiés et le risque de confrontation avec les forces anti-Dae’ch qui opèrent en Syrie ».

Pourtant cette intervention pourrait avoir pour effet de modérer les élans unilatéralistes des principales puissances militaires occidentales.

Fin août, le mystérieux afflux de réfugiés notamment irakiens et syriens aux portes de l’Europe a relancé les doutes sur la stratégie de bombardement aérien menée par les occidentaux depuis un an. Exploitant notamment l’image de la mort de l’enfant de trois ans d’un réfugié de Kobané – Aylan Kurdi -, des journaux conservateurs britanniques comme « The Sun » et le « Daily Mail » n’ont pas hésité à solliciter une implication plus grande de leur pays. « 52 % des gens disent : bombardez la Syrie maintenant ! » titrait « The Sun on Sunday » du 6 septembre, tandis qu’en France un institut de sondage mettait, lui aussi en avant le soutien majoritaire de l’opinion à l’option d’une intervention au sol. Lundi 7 septembre, le gouvernement britannique répondait à ces pressions en révélant qu’il utilisait des drones tueurs en Syrie dont un avait éliminé deux jihadistes britanniques. Le même jour, le président François Hollande annonçait l’envoi d’avions de reconnaissance au dessus de la Syrie. L’un et l’autre maintenant la position selon laquelle Dae’ch et Assad étaient l’un et l’autre les ennemis à abattre.

L’activisme des Russes pourrait bien aujourd’hui inverser cette tendance.

Contre toute attente, le principal contre-feu est venu de Berlin où le ministre des affaires étrangères Franck-Wakter Steinmeier a réagi aux déclarations françaises et britanniques en estimant que cet engagement militaire sans concertation avec la Russie ne ferait que compromettre les efforts diplomatiques pour mettre un terme au conflit syrien. Appuyant ses dires, samedi 12 septembre, la chancelière Angela Merkel déclarait que l’Allemagne et d’autres pays de l’Union européenne devraient travailler avec la Russie et les Etats-Unis pour résoudre la crise syrienne. La veille, Franck-Wakter Steinmeier s’était même offert une tribune dans le New York Times pour dire que l’accord nucléaire entre l’Iran et les six grandes puissances mondiales (P 5+1) ouvrait la voie à une possibilité de débloquer la situation en Syrie : « En moins d’un mois après l’accord nucléaire avec l’Iran, observait-il, la Russie a fait preuve d’une coopération rare en co-patronnant avec les Etats-Unis deux résolutions sur la Syrie. Mais il y a des signes préoccupants indiquant que les chances de progrès en Syrie tendent à disparaître (…) Il serait inexcusable que le monde laisse cette chance historique filer ».

De petits pays européens avaient ouvert la voie de cette option diplomatique quelques jours auparavant.

Au cours de sa visite en Iran, le ministre des affaires étrangères espagnol José Manuel García Margallo, le 7 septembre, n’avait pas hésité à déclarer : « ma position, c’est que la paix s’obtient toujours en négociant avec l’ennemi, comme Nixon l’a fait en Chine et Reagan en Union Soviétique ». « Que Bachar al-Assad plaise ou ne plaise pas », avait-il ajouté, « il est le gouvernement syrien qui siège à l’Assemblée générale des Nations Unies », et d’offrir les bons offices de l’Espagne pour servir d’intermédiaire. Lui emboîtant le pas, le ministre autrichien des affaires étrangères déclarait, vendredi 11 septembre : « l’Occident devrait impliquer Bachar al-Assad et ses alliés l’Iran et la Russie dans le combat contre les rebelles de l’ « Etat islamique » qui cherchent à progresser en Syrie et à établir un ‘califat’ islamique au Proche-Orient ».

Aujourd’hui les gouvernements les plus virulents contre le Kremlin et le président syrien doivent affronter, chez eux, des mouvements d’opinion favorables au dialogue avec le gouvernement légal de Damas. Au Royaume-Uni, Jeremy Corbin, nouveau candidat du parti travailliste au poste de premier-ministre prône le dialogue avec le gouvernement syrien et s’oppose à toute intervention qui ne recevrait pas l’aval des Nations unies. En France, l’ancien président Nicolas Sarkozy – dans une interview accordée au Figaro le 10 septembre 2015 – appelait à réintégrer la Russie dans le G8 pour l’associer, entre autres, au règlement de la crise syrienne. Plus franchement encore, son ancien premier-ministre François Fillon déclarait dans une lettre ouverte au premier ministre actuellement en fonction, le 15 septembre : « il faut sortir de la diplomatie virtuelle et revenir aux réalités géopolitiques. Il y a les Russes, il y a les Américains, il y a les Saoudiens, il y a les Iraniens. C’est avec eux et tous ceux qui ont une influence sur les forces sur le terrain qu’il faut discuter et bâtir une vraie coalition internationale. »

Ces appels au réalisme ne sont certes pas nouveaux. Le général Lord Dannatt, ancien chef d’Etat major britannique, avait lancé – par exemple en août 2014 – un appel à la concertation avec le régime de Bachar al-Assad pour garantir l’efficacité des frappes aériennes contre Dae’ch. Mais cette fois-ci les appels à l’entente avec les Russes et avec le gouvernement de Damas émanent de chancelleries alliées et de leaders d’opinion de grande envergure. Seront-ils entendue par les partisans de la ligne dure, anti-Assad et anti-russe, à qui appartient encore la décision à Londres et à Paris (voire à Washington, quoique la position attentiste d’Obama soulève en ce moment beaucoup d’interrogations) ?

On voit mal comment, avec une présence militaire russe appuyée sur le terrain, les capitales occidentales pourraient prétendre faire cavalier seul, en s’appuyant sur la fantomatique « opposition islamiste modérée » qu’invoque souvent M. Fabius, voire sur Al-Qaïda, comme l’a suggéré dernièrement l’ancien patron de la CIA David Petraeus, et marcher directement sur les plates-bandes du Kremlin sans concertation avec lui, au risque de provoquer des « dégâts collatéraux », par exemple parmi ses conseillers militaires, dans le cadre d’opérations de bombardements non coordonnées.

L’espoir est donc désormais permis (voir notre Editorient). Franck-Wakter Steinmeier pourrait bien cette fois avoir raison : nous avons peut-être une chance qu’enfin le réalisme finisse par prévaloir dans les chancelleries occidentales… grâce à l’implication constructive de Moscou… A n’en pas douter, les négociations de couloirs de la prochaine Assemblée générales des Nations unies à New York vont être déterminantes !

Frédéric Delorca 21 septembre 2015

Proche&Moyen-Orient.ch
Observatoire Géostratégique

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