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27 avril 2016 3 27 /04 /avril /2016 17:33

Source Sputnik-France

La BBC a procédé à une enquête approfondie qui a confirmé l'hypothèse selon laquelle le Boeing malaisien effectuant le vol MH17 aurait été abattu par un chasseur et non par un missile tiré depuis le sol.

 

Ce dimanche (24-04-2016), certains journaux britanniques ont mis leurs lecteurs en effervescence en annonçant la projection d'un documentaire intitulé "Conspiracy Files: Who Shot Down MH17?". Le film sera diffusé le 3 mai sur la chaîne BBC Two.

 

Selon The Sunday Express, le documentaire contient de "nouvelles accusations choquantes" portant sur la tragédie survenue le 17 juillet 2014 dans le ciel du Donbass. Rappelons qu'un avion de ligne malaisien effectuant le vol MH17 d'Amsterdam à Kuala Lumpur avait été abattu par un missile de combat. Cette attaque avait emporté la vie des 298 personnes qui se trouvaient à bord de l'appareil.

 

D'après les conclusions de l'enquête officielle menée pendant plus d'un an par le Bureau néerlandais pour la sécurité (OVV), l'avion a été détruit par un missile tiré depuis un système antiaérien Bouk. Différentes versions de ce système sont en service dans les forces armées russes et ukrainiennes. Dès le début, l'Occident s'est mis à promouvoir l'hypothèse non étayée par les faits selon laquelle le missile aurait été tiré depuis un système remis par la Russie aux insurgés de la République populaire de Donetsk (DNR). Et ce, malgré le fait que le rapport de l'OVV n'accusait formellement aucune des parties.

 

© Sputnik. Maksim Blinov

Crash du MH17: les USA refusent les données satellites au père d'une victime

 

Cela dit, le Bureau néerlandais pour la sécurité a dès le départ écarté la piste présentée par un technicien de l'aérodrome militaire ukrainien d'où plusieurs chasseurs équipés de missiles air-air avaient décollé le 17 juillet 2014. Selon ce témoin, qui a dû fuir l'Ukraine pour s'établir en Russie, un de ces chasseurs était revenu sans missiles, et son pilote (le capitaine Vladislav Voloshin) était descendu, tout pâle, du cockpit. A la question de savoir ce qui s'était passé, le pilote avait répondu au technicien: "L'avion s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment…".

Ce témoin-clé avait raconté de nombreux autres détails relatifs à la mission du capitaine Volochine, mais les médias occidentaux n'avaient pas pris son récit au sérieux.

Le film de la BBC fournit de nouveaux témoignages à l'appui de la thèse selon laquelle le Boeing malaisien aurait pu être attaqué par des chasseurs ukrainiens.

 

© AFP 2016 Dominique Faget

Enquête sur le crash du MH17: Moscou pointe des falsifications

 

Les journalistes de la chaîne BBC Two ont interrogé des dizaines de personnes dans la région du crash. Ces témoins ont affirmé avoir aperçu depuis le sol deux chasseurs en train de survoler la région au moment où une explosion avait retenti dans le ciel.

 

Une des personnes interrogées, Natalia Beronina, a témoigné: "Nous rentrions la récolte lorsqu'une détonation s'est fait entendre. Au début, nous avons aperçu une fumée noire, mais une seconde après, deux petits avions sont apparus dans le ciel. Ils étaient tout petits, comme des jouets en argent. L'un d'entre eux a continué de voler en avant, mais l'autre a fait un demi-tour immédiatement après la détonation et est revenu en arrière".

 

The Sunday Express rapporte également que le journaliste d'investigation allemand Billy Six a retrouvé au moins sept témoins qui affirmaient avoir observé un chasseur au moment du crash du Boeing. L'un d'entre eux a déclaré qu'il avait vu le chasseur tirer un missile: "une ligne fine et courte comme un fil s’est échappée dans les nuages". Puis, une explosion a retenti.

 

© Sputnik. Maksim Blinov

Crash du MH17: un député néerlandais accuse Kiev

 

D'après le journaliste allemand, le Boeing malaisien aurait pu être attaqué par deux chasseurs à la fois: l'un aurait lancé un missile et l'autre tiré avec un canon.

 

Le film de la BBC a ceci d'important qu'il est le premier documentaire à présenter au public occidental les récits de témoins réels et non les élucubrations de politiciens et de propagandistes.

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 14:20

Par Pyotr Iskanderov – Le 1er mai 2015 – Source Le Saker francophone

 

 La progression du nazisme en Europe ces dernières années, l’augmentation des activités de groupes fascistes, la culture de l’idéologie fasciste de la part de certains dirigeants d’États et les tentatives répétées de réviser l’issue de la Seconde Guerre mondiale, tous ces événements ont des causes profondément enracinées.

 

On trouve, au cœur de ce phénomène, le désir des architectes occidentaux d’un nouvel ordre mondial d’utiliser le nazisme moderne comme un instrument de l’intégration européenne qui a déjà, elle-même, plus ou moins fusionné avec l’intégration euro-atlantique.

 

Dans la pratique, cela prend forme par la mobilisation de l’opinion publique dans différents pays et dans des régions entières avec des slogans euro-atlantistes et russophobes, tout en provoquant des opposants qui puissent porter le chapeau pour la déstabilisation.

 

Ces méthodes ont d’abord été tentées dans les années 1990 lors de l’effondrement de la Yougoslavie. A cette époque ont été d’abord visés les partis et organisations nationalistes et ouvertement fascistes en Croatie, puis en Bosnie-Herzégovine et enfin parmi les Albanais du Kosovo. Ils ont servi de catalyseurs du sentiment anti-serbe. Ce fut la première phase dans l’utilisation du nazisme pour l’intérêt géopolitique de l’Occident. La transition vers la deuxième phase a eu lieu après la réaction logique de Belgrade, que l’on a accusé de promouvoir un empire serbe. Cela a permis à l’Occident de réaliser la troisième phase de son intervention dans les Balkans, c’est à dire justifier une action militaire sous les auspices de résolutions de l’ONU (Bosnie-Herzégovine), ou sans ces résolutions (la Yougoslavie en 1999).

 

Un scénario similaire est mis en place en Ukraine. Il est naïf de penser que les dirigeants occidentaux ne disposent pas d’informations sur la nature fasciste de Pravy Sektor et d’autres groupes similaires avec lesquels le régime ukrainien partage le pouvoir. Surtout depuis que les activités de ces groupes font peser une menace directe envers des minorités ethniques liées étroitement aux populations de Hongrie, Roumanie, Slovaquie, Grèce et un certain nombre d’autres pays membres de l’UE. Le scénario qui se joue exige cependant de l’Union européenne
qu’elle ferme les yeux sur ce danger. Cela lui permet de mobiliser les forces nationalistes d’Ukraine opposées à la Fédération de Russie et anti-russes sous la bannière euro-atlantique. Dans cette approche, les nazis sont positionnés comme les champions de la démocratie et des valeurs européennes tandis que leurs adversaires, les résidents de l’Est de l’Ukraine sont dépeints comme les supporters du totalitarisme, de la cinquième colonne russe et des terroristes. Dans le même temps, le soutien politique et humanitaire légitime de la Russie à la
population du Donbass est qualifié d’anti-ukrainien, s’agissant d’une ingérence dans les affaires intérieures de l’Ukraine.

 

Quelque chose de semblable se produit dans d’autres territoires de l’ex-Union soviétique. Depuis le début des années 1990, les États-Unis et l’UE ont fermé les yeux sur les activités des mouvements fascistes et des organisations néo-nazies dans les républiques baltes. Ils ont par la même occasion réagi vivement à toute tentative de la Russie d’attirer l’attention du public et des organisations internationales face à la renaissance du nazisme dans les pays baltes et à la violation des droits de la population russe. La Russie se faisant toujours accuser d’ingérence dans les affaires internes.

 

À une époque où l’idée de l’intégration européenne est largement en perte de vitesse aux yeux des Européens, et alors que progressent les conflits et les signes d’un schisme interne au sein de l’UE elle-même, il serait naïf d’espérer que Washington et Bruxelles renoncent à utiliser le nazisme comme soutien à la propagande en faveur du processus d’intégration européenne.

 

Dans le même temps, la déception croissante d’États membres de l’UE vis-à-vis de
la bureaucratie de Bruxelles oblige déjà certaines capitales occidentales à ajuster quelque peu leurs positions. C’est renforcé lorsque les néo-nazis échappent au contrôle de leurs mentors et protecteurs. Ainsi, la République tchèque a déjà demandé des explications aux autorités ukrainiennes concernant la loi adoptée par la Verkhovna Rada sur la glorification de l’OUN-UPA, menaçant sinon de ne pas ratifier l’accord d’association UE-Ukraine. «Avant le sommet de Riga, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Klimkin doit venir à Prague pour expliquer quelle est la situation au sujet de la loi concernant les Banderistes, etc.», a déclaré le ministre des Affaires étrangères tchèque Lubomír Zaorálek.

 

Évidemment, on aurait pu s’attendre à des mots plus durs de la part du ministre des Affaires étrangères d’un pays qui, en 1938, fut la victime des Accords de Munich entre l’Occident et Hitler. En particulier pour ce qui concerne la décision des autorités de Kiev de considérer l’URSS, à l’instar de l’Allemagne hitlérienne, toutes deux responsables du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Cela a été exprimé de manière particulièrement claire par le directeur du Centre Simon Wiesenthal en Israël, Efraim Zuroff : «La promulgation d’une loi sur l’interdiction du nazisme et du communisme met sur le même pied le régime le plus génocidaire dans l’histoire humaine avec le régime qui a libéré Auschwitz et aidé à mettre fin au règne de terreur du Troisième Reich.» 1.

 

Des constats objectifs [timides, NdT] concernant l’issue de la Seconde Guerre mondiale de la part des médias d’Europe occidentale apparaissent. Le journal
suédois Aftonbladet rappelle qu’«il y a une chose qui ne peut être enlevée aux dirigeants et au peuple de l’Union soviétique – leur désir de détruire le régime d’Hitler… L’Armée rouge a vraiment combattu pour libérer l’Europe de l’Est du fascisme».

 

Toute perte de contrôle des organisations néo-nazies en Ukraine risque de provoquer des conflits armés non seulement à l’Est mais aussi à l’Ouest du pays. Si cela se produit, les gouvernements des États de l’UE, voisins de l’Ukraine, ne pourront plus se tenir à l’écart. Il va de soi que les intérêts de leurs compatriotes d’Ukraine sont plus importants à leurs yeux que de jouer à des jeux géopolitiques avec les néo-nazis pour le plaisir de voir triompher l’euro-atlantisme.

 

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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 18:24
Légitimite historique du séparatisme des russophones du sud-est de l'Ukraine

Par la voix de la Russie

 

Un peu d'Histoire pour comprendre le Donbass

 

Malgré les efforts diplomatiques, le Donbass ne connaît pas de trêve, suspendu entre l’agressivité du gouvernement central et le désir d’autonomie de la population. L’histoire politique et ethnoculturelle de la région est le seul repère pour comprendre le passé et le possible futur de cette région

 

La connaissance historique de la civilisation slave-orientale est un enjeu fondamental pour comprendre la crise politique dans l’Est de l’Ukraine, son rapport avec la Russie et ses chances de pacification. La perspective la plus critiquable qu’on peut observer chez pas mal d’analystes occidentaux, c’est celle d’envisager la question en termes pour ainsi dire « légalistes ». Dans la plupart des journaux et des médias qui critiquent farouchement le séparatisme des citoyens ukrainiens russophones, tout comme le soutien direct ou indirect que leur fournit Moscou, le problème se réduit en fait à la constatation que chaque État constitue une entité souveraine et la remise en cause de son intégrité territoriale serait en soi un attentat aux principes de la communauté internationale. Ce raisonnement a été appliqué au référendum permettant le rattachement de la Crimée à Moscou tout comme à là révolte des populations du Donbass, qui réclament soit un statut particulier leur garantissant une très forte autonomie, soit l’union directe avec la Fédération Russe. De cette façon, un millénaire d’histoire est complètement oublié afin de donner l’image d’une Russie autoritaire et agressive, qui utiliserait des minorités linguistiques pour ses buts impérialistes et à qui serait presque toute la faute de la guerre civile.

 

Mais qu’est-ce que l’Ukraine et, plus particulièrement, sa partie orientale? Répondre à cette question est autant difficile que nécessaire. Au Moyen Âge, le territoire centrale de l’actuelle Ukraine et ses alentours ont été le berceau de la civilisation couramment appelée « slavo-orientale » qui s’est formée entre Xe et XIIIe siècle, c’est-à-dire avant la conquête mongole, et qui a donné naissance aux nationalités russe, ukrainienne et biélorusse (ou bien, selon l’ancienne terminologie, « grand-russe », « petite-russe » et « russe-blanche »). Il existe un débat décapant sur la paternité de l’ancienne Rus’ de Kiev, normalement jugée aïeule de la Russie moderne, mais dont un certain nationalisme ukrainien réclame d’une façon unilatérale l’héritage littéraire et culturel.

 

Quoi qu’il en soit, l’invasion mongole du XII/XIIIe siècle fut le décapage de l’histoire slavo-orientale entre un « avant » et un « après ». Moitié XIVe siècle, pendant que les régions orientales peu peuplées de l’actuelle Ukraine étaient encore sous l’influence des Mongoles, le centre et l’Ouest tombent sous l’influence polonaise, notamment après l’Union de la Pologne avec le Grand-duché de Lituanie, permettant aussi la domination directe sur la ville de Kiev et sur une partie de l’actuelle Biélorussie. La zone la plus occidentale connaît aussi une forte incidence du catholicisme, avec l’Union de Brest en 1596 qui donne naissance aux « Uniates », c’est-à-dire les orthodoxes qui passent avec le Pape tout en gardant la liturgie byzantine. La ville de Léopol devient bientôt la plus polonisée. Dans les terres russes, au contraire, c’est à la puissance de la principauté de Moscou à permettre le renversement de la Horde d’Or dans les steppes eurasiatiques : après la héroïque victoire du prince moscovite Dmitri dans la bataille de Koulikovo en 1380, Moscou va s’emparer des anciennes possessions tatares tel que Kazan’ (1552) et Astrakhan (1556), en jetant les bases de son futur Empire continental.

 

Qu’est-ce qu’il se passait à cette époque dans le territoire couvert par l’État Ukraine ? C’était seulement au sud de Kiev, et notamment dans la région de Zaporojié, que peu à peu va se former un sentiment d’unité grâce au phénomène des Cosaques, communauté ethno-politique réunie autour de la figure de l’ataman, le commandant militaire. Le XIVe siècle voit la naissance de la soi-disant « Zaporojskaïa Sitch », la formation politique des Cosaques de Zaporojié gardant une relative autonomie au sein de la Pologne-Lituanie. Dès lors, le destin de l’Ukraine coïncide en fait avec les événements de ces Cosaques de Zaporojié, qui seront d’ailleurs un élément de premier plan dans la formation de la conscience identitaire ukrainienne, comme le témoigne leur présence dans l’œuvre de l’intelligentsia patriotique ukrainienne du XIXe siècle, par exemple dans les écrits du poète Taras Chevtchenko et de l’historien Mykhaïlo Hrouchevsky.

 

La condition de difficulté de la culture ukrainienne d’époque moderne est bien démontrée justement par l’oscillation de la communauté cosaque entre Polonais et Russes. En 1654, l’ataman cosaque Bogdan Khmelnitsky signe le célèbre traité de Pereïaslav avec le tsar Alexis Ier au cours de sa rébellion contre la présence polonaise. C’est à cette date qu’on peut dater le commencement de l’influence de la Russie moderne sur Kiev, parce que en fait les Cosaques passaient alors sous l’autorité de Moscou. Quelques décennies plus tard, un autre ataman cosaque, Ivan Mazepa, décide de faire le contraire : pendant la guerre du Nord entre la Suède et l’Empire russe au début du XVIIIe siècle, il choisit de changer le champs et de s’allier avec les Suédois. La victoire russe détermine le complet assujettissement de la terre habitée par les populations contadines et les Cosaques de Zaporojié que dans les sources de cette époque est parfois déjà appelée « Ukraine » et non plus seulement « Rus’ ».

 

Il est certes légitime de débattre sur la politique de russification qui a suivi au XIXe siècle, lorsque l’Empire russe décide de limiter l’usage des langues locales (y compris le « petit-russe » ou ukrainien) qui constitue un objet constant de polémique. Mais dans toute cette histoire il y a un point central qu’on ne peut pas oublier : comme on le vient d’exposer, le noyau ethnoculturel de l’Ukraine contemporaine n’était que sa partie centrale et occidentale, suspendue entre l’influence catholique et polonisante et la recherche d’une autonomie sur la base des coutumes et la culture des Cosaques. La région du Donbass et la Crimée elle-même, qui ont été au centre de la crise de 2014, sont en grand partie exclues du complexe rapport historique entre Russes et Ukrainiens tout simplement parce qu’elles avaient très peu à faire avec les Cosaques/Ukrainiens. C’est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que l’Empire russe va annexer ces régions : la Crimée est prise aux Ottomans et l’actuelle Ukraine de l’Est reçoit le nom de Novorossia, c’est-à-dire « Nouvelle Russie ». Et il faut dire que dès le début il s’agit de deux régions presque totalement russes, non pas « russifiées » sur un précédente base ukrainienne. Par exemple, la ville d’Odessa, symbole de la Mer Noire, a été bâtie par les Russes sous Catherine II en devenant bientôt la patrie de grandes personnalités culturelles; de même que Sébastopol, construite sur les ruines de l’ancienne colonie grecque de Kherson. Au Donbass, Slaviansk a été dès le début un ville industrielle totalement russe : son nom signifie à l’origine « ville du sel », à cause des gisements de ce minéral.

 

En général, il est opportun de souligner que l’Empire russe a été une expérience historique très importante, qui a marqué profondément l’histoire de tout le continent euro-asien. C’est aux historiens et aux spécialistes d’éclaircir soigneusement les aspects positifs et négatifs que cet héritage a laissé dans les relations de la Russie avec les populations jadis soumises, un héritage qui n’est pas partagé partout d’une façon uniforme. Il y a une différence profonde, par exemple, entre l’envergure du débat sur le rôle de la Russie en Asie centrale et au Caucase et celui en Pologne et aux Pays Baltes (toutes ces régions ont été conquises par l’Empire de tsars entre XVIIIe et XIXe siècles). Mais dans cette complexe histoire il y des points que personne ne saurait mettre sérieusement en cause : jusqu’à l’époque soviétique il n’a jamais existé un État ukrainien tel que nous le voyons aujourd’hui, ni un sentiment d’identité nationale unitaire et répandu de Léopol à Slavïansk. C’est après la Révolution d’octobre et la naissance des différentes républiques que l’Ukraine connaît son « élargissement » artificiel vers l’Orient, aggravé par le choix de Nikita Khrouchtchev d’y ajouter la Crimée en 1954.

 

Le bref raccourci historique qu’on vient d’exposer peut être considéré comme le point de départ pour une compréhension dépassionnée da la crise ukrainienne d’aujourd’hui. Si l’on tient compte de tous ces éléments du passé, il est évident que chaque solution envisagée pour mettre fin à la guerre civile doit se baser sur l’acceptation de l’appartenance des régions orientales de l’Ukraine non pas à une équivoque « sphère d’influence » russe ayant une signification seulement géopolitique, mais bien à l’histoire et à la culture russe en soi. Après la rupture d’un équilibre ethnique déjà précaire suite aux évènements de Maïdan, la reconnaissance d’un statut particulier des ces régions par rapport à Kiev est en ce sens le choix le plus raisonnable, que ce soit à travers une nouvelle structure fédéraliste ou bien avec le retour à la Russie. Il ne s’agit pas d’idéologie ni de fantaisies impérialistes, mais bien de pragmatisme et conscience historique du passé, comme il arrive dans d’autres régions du monde. Les Russophones du Sud-Est, dans leur écrasante majorité, ne pourraient jamais se passer de leur lien avec Moscou, tout comme le Québec ne saurait jamais couper ses racines françaises dans son rapport avec le Canada, ou bien l’Irlande du Nord qui demeure convaincue à affirmer à son appartenance culturelle au reste de l’île irlandaise, ou encore le Tyrol du Sud, faisant partie juridiquement de l’Italie mais qui reste historiquement et linguistiquement une composante de l’Autriche germanophone.

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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 18:06
Par Ahmed Halfaoui via Comité Valmy

C’était connu et couru d’avance que ce serait plutôt l’enfer que le paradis, avant même que les putschistes de Kiev aient réussi à convaincre du contraire les manifestants qui les ont soutenus. Il était évident que le « paradis » européen était un leurre, les Ukrainiens en paient le prix et le paieront longtemps encore, même après que les « révolutionnaires  » auront quitté le pouvoir.

 

Le mal étant fait et le pays démembré, il restera que les « proeuropéens » se mordront les doigts à ne plus en pouvoir, de s’être fait avoir et par les pions locaux de Washington et par les discours mielleux des dirigeants occidentaux. Exit la Crimée, redevenue russe, le Donbass, la région la plus industrialisée et la plus riche n’est pas près de revenir dans le giron de Kiev.

 

Pire, même si elle le voulait, l’Union européenne ne peut accepter les produits ukrainiens sur ses marchés que s’ils sont élevés aux standards voulus, c’est-à-dire qu’il faudra plusieurs milliards d’euros de mise à niveau pour obtenir les certificats de licence de conformité aux normes européennes. Autant dire que la chose est impossible quand on sait l’état de détresse financière qui prévaut et qui s’aggrave.

 

L’aventure anti-russe vire au cauchemar. Elle pousse à la fuite en avant, vers l’endettement massif, dans le fol objectif de redresser une économie en plein naufrage dont les putschistes ont exacerbé la crise, étant donné, ne serait-ce que les 32 milliards de dollars de dette extérieure, dont 6,5 milliards doivent être remboursés en 2015. Il faut ajouter les pertes subies dans la chute des exportations vers la Russie. De 35 milliards de dollars en 2010, les recettes passent à 23 milliards en 2012 puis à 19 milliards en 2013.

 

Mais le sauveteur en chef, le FMI, en l’occurrence, est prêt à poursuivre son aide, à ses propres conditions. Il avait promis 27 milliards de dollars de prêts internationaux, dont 17 milliards seront fournis par le Fonds seul. Et il faut, pour 2015, 19 milliards supplémentaires pour éviter la faillite. Il a déboursé deux tranches de 3,2 et de 1,4 milliard. Le FMI est prudent et attend pour voir. Il ne fait rien qui ne soit pas le produit d’un calcul froid.


Côté « paradis » promis, l’UE a serré les vis en imposant des quotas drastiques aux produits ukrainiens et les propos sont aussi au réalisme des bons comptes.

 

A l’appel des putschistes pour une conférence internationale des donateurs, le commissaire européen à l’Elargissement et à la politique de voisinage, Johannes Hahn, a rétorqué qu’une telle conférence est conditionné par l’établissement « avec des résultats concrets » d’une « feuille de route pour les réformes ». Le « paradis  », les Ukrainiens, encore sous la coupe de Kiev, vont le sentir passer. A commencer par une hausse des tarifs de l’énergie et une coupe des dépenses sociales.

 

En plus de ce qu’ils vivent comme dénuement, ils vont goûter ce que signifient les règles du pouvoir financier. Pour ne rien gâcher, en termes de difficultés financières, l’armée a demandé de doubler son budget pour l’année prochaine. Elle veut s’acheter des armes pour tenter de récupérer le Donbass.

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23 décembre 2014 2 23 /12 /décembre /2014 18:15

Par Giuletto Chiesa

Mondialisation.ca, 09 décembre 2014

 

La valse des mensonges sur le vol MH-17 abattu en Ukraine devient chaque jour davantage la métaphore de la fin des illusions démocratiques du monde occidental. Mais il s’agit aussi et surtout de la manifestation tragique du désastre intellectuel et moral dans lequel sont tombées les hordes de « semeurs de peste » qui continuent à les défendre. Pour rester cohérents, ces gens ont dû mentir effrontément. Et aujourd’hui, face à l’émergence de la vérité, ils sont obligés de les répéter, tout désorientés, voire de les amplifier en inventant des variantes plus ou moins fantaisistes et de moins en moins crédibles, se contredisant à loisir, sans s’apercevoir du ridicule dans lequel ils sont tombés. Ou alors, et c’est l’attitude simple et peu compromettante, ils se taisent et évitent d’évoquer les bribes de vérité qui passent pourtant à leur portée.

 

Voilà le visage du journalisme servile de notre époque. Mais il y aura bien pire, et dans un futur proche, car ces semeurs de peste qui se font passer pour des journalistes sont prêts pour les prochaines délations répugnantes auxquelles ils seront contraints par les patrons qui les paient, même s’il est vrai que le journalisme occidental n’était pratiquement jamais, de toute son histoire, tombé aussi bas.

 

J’ai eu l’occasion récemment d’écouter, dans les somptueuses salles du Parlement européen, un politologue anglo-saxon – c’était début décembre, soit 4 mois et demi après l’assassinat collectif de 298 personnes innocentes – exiger de la Russie d’une voix tonitruante, non seulement des excuses pour avoir abattu le Boeing malaisien, mais aussi une indemnisation pour les familles de victimes. Le type – qui n’avait pas de qualificatif assez dur pour Poutine, ne savait rien – le pauvre – de ce qui s’était passé pendant ces 4 mois. Il ne savait pas ce que, par respect et par décence – devrait savoir une personne dont le métier est de s’occuper de politique, de journalisme, qui mène des analyses lues par des gouvernants (ceux qui prennent des décisions), et qui devrait donc avoir le sens de la responsabilité de celui qui, par profession, contribue à la vie de la société et au bien commun.

 

Je ne dirai pas son nom ici, non pas que je veuille protéger sa personne, mais simplement parce qu’il fait partie de ces innombrables pauvres bougres habitués à répéter automatiquement ce qui leur est servi par les médias dominants. C’est simplement l’un des multiples anneaux de la grande chaine de la stupidité – de second niveau celle-là – qui maintient en place le chapiteau entourant la Grande Fabrique des Rêves et des Mensonges.[…]

 

Voilà : cette longue introduction pour commenter maintenant la dernière information sur les enquêtes officielles totalement inexistantes de ces derniers mois censées rechercher les responsabilités dans le crash du Boeing malaisien le 17 juillet dernier. La nouvelle provient du quotidien malaisien en ligne http://www.thestar.com.my/News/Nation/2014/12/01/mh17-malaysia-to-be-part-of-investigating-team/, et nous apprend que la Malaysie a finalement été « acceptée comme membre à part entière du groupe en charge de mener l’enquête criminelle. » Autrement dit, le pays propriétaire de l’avion abattu, et qui a vu la mort de 44 de ses concitoyens, a dû attendre quatre mois avant de pouvoir participer et contrôler le déroulement des investigations.

 

Nous savons (depuis le 8 août, et nous avons été les premiers et les seuls d’ailleurs à le publier avec Megachip et PandoraTV.it) que le groupe est constitué de quatre pays : Hollande, Belgique, Australie et Ukraine. Impossible de savoir qui a décidé de la composition de ce groupe, ni quels critères ont amené à cette « étrange » sélection, qui ne cadre avec aucune considération logique ou juridique. Par exemple, elle ne correspond pas au principe des « pays les plus touchés en termes du nombre de victimes ». En effet, si l’Australie et la Hollande ont eu de nombreuses victimes, l’Ukraine n’en a déploré aucune, et la Belgique en a seulement eu quatre, autant que l’Allemagne qui ne fait pourtant pas partie du groupe.

 

Nous savons (et nous l’avons répété maintes fois, dans le silence absolu des médias occidentaux) que le gouvernement de Kuala Lumpur a demandé à plusieurs reprises à être incluse dans l’enquête, mais n’a pas obtenu de réponse, jusqu’à hier. Nous constatons que la présence de l’Ukraine dans ce groupe a des pour (l’avion a été abattu dans l’espace aérien ukrainien, et donc ce pays a beaucoup d’informations à donner), et des contre, car les circonstances de cette tragédie font de l‘Ukraine (et plus précisément des responsables de certains services et ministères) l’un des principaux suspects, et qu’elle est elle-même objet de l’enquête. De plus, il est avéré qu’au cours de ces derniers mois l’Ukraine n’a pas fourni à la commission d’enquête les enregistrements des conversations entre les contrôleurs aériens ukrainiens et l’équipage du Boeing. Un fait extrêmement grave, qui peut légitimement être défini comme une volonté délibérée d’entraver l’enquête.

 

Mais nous avons également rapporté l’information (de source ukrainienne officielle) que les « quatre pays de l’Apocalypse » ont établi un droit de véto (denial) sur la base duquel n’importe lequel des quatre membres peut interdire la publication de documents de l’enquête. Une disposition qui surpasse toutes les précédentes en matière de bizarrerie, mais qui étale sous nos yeux le véritable aveu, à savoir qu’en faisant ainsi, il est permis à l’Ukraine de cacher ses éventuelles responsabilités dans l’incident. Et que l’Australie, la Belgique et la Hollande se sont attribuées le rôle de chien de garde pour empêcher l’émergence d’une quelconque responsabilité occidentale, par exemple celle de l’OTAN.

 

Nous avons – tout comme des dizaines de sites Internet – enregistré le fait (et là il ne s’agit pas d’une bizarrerie) que les États-Unis disposent d’une grande quantité d’informations sur ce qui s’est passé, mais que pendant ces quatre mois ils se sont bien gardés de les fournir. Un de leurs satellites de surveillance survolait la zone à ce moment précis, et photographiait chaque centimètre carré, mais ils n’ont pas divulgué ces images. Deux avions-AWACS interceptaient toutes les communications radio et radar pendant ces minutes critiques et dans cette zone précise (comme révélé par le gouvernement allemand), mais les seules informations qui ont filtré sont de toute évidence fausses (l’avion aurait été abattu par un missile Buk de fabrication soviétique), et ont été diffusées par les services secrets allemands, avec trois mois de retard.

 

Il ressort de tout cela que les seuls à fournir des informations précieuses (peut-être en gardent-ils sous le coude, mais celles-ci sont importantes) sont les services secrets russes, qui ont communiqué trois jours après la tragédie, révélant plusieurs faits dont un décisif : au moins un autre avion, certainement ukrainien, volait à proximité du Boeing. Un fait confirmé par de nombreux témoins au sol, qui ont tous affirmé avoir vu le 2e avion (certains en ont même vu deux) près du Boeing et juste après qu’il eut été abattu. Les grands médias occidentaux ont totalement ignoré cette conférence de presse des militaires russes. Et la BBC, qui avait diffusé un reportage sur la zone du crash avec des témoins qui confirmaient la version russe, a promptement retiré le documentaire et, semble-t-il, l’a effacé de ses archives Web. Autant d’éléments qui montrent l’étendue et les ramifications des systèmes de contrôle [médiatiques] et de diversion mis en oeuvre par les services secrets occidentaux pour empêcher l’apparition d’informations gênantes sur cet événement.

 

Entre temps, les boites noires qui avaient été retrouvées en parfait état de fonctionnement par les rebelles filo-Russes du Donbass (même si tous les journaux avaient annoncé par avance que les « Russes » les auraient cachées, ou détruites, pour ne pas révéler au monde leur responsabilité) les ont consignées aux observateurs de l’OSCE sous les yeux des caméras ; les boites noires ont ensuite été confiées à l’ICAO à Londres, mais on ne sait toujours pas avec précision qui les a analysées et quel est leur véritable contenu.

 

Les seules informations fournies à ce jour par le fameux « groupe des quatre pays enquêteurs », à travers une déclaration de son porte-parole hollandais – nous disent deux choses : la première est que le Boeing a été abattu. Extraordinaire conclusion, après 3 mois d’enquête ! La seconde est que l’on ne saura rien de plus précis pendant au moins un an. Les Hollandais ont cependant commencé à montrer quelques signes de faiblesse, en reconnaissant avoir des choses à dire, mais ne pas pouvoir les rendre publiques de peur de « saper la confiance réciproque » des gouvernements. Une affirmation particulièrement étrange, et d’une certaine façon, révélatrice de l’existence de pressions aussi puissantes qu’inavouables, subies par les enquêteurs pour leur interdire l’établissement de la vérité.

 

Dans l’intervalle, et dès les premiers instants qui ont suivi le crash du Boeing, a commencé l’infatigable oeuvre de désinformation et de mensonge de la part de tous les principaux médias occidentaux. Une opération sous faux drapeau (False Flag) aux contours désormais classiques depuis le 11 septembre 2001, et qui a consisté à pointer du doigt un coupable fictif, et à répéter de manière obsessionnelle l’accusation sans jamais apporter la moindre preuve ou le moindre fait crédible, et en ignorant royalement tous les éléments contraires. Cette opération a atteint son but : pour la plupart des gens, le responsable de la tragédie du Boeing abattu reste la Russie, c’est-à-dire Poutine en personne. Le « missile » était de fabrication russe ; ce sont donc les Russes, c’est-à-dire Poutine, qui l’ont donné aux rebelles du Donbass. Tout est clair : les Russes sont les méchants et les assassins dans cette affaire. Est-ce d’ailleurs une coïncidence si les sanctions contre la Russie ont été imposées dans les jours qui ont  immédiatement suivi celui du crash du Boeing ?

 

Tout cela alors que les photographies du cockpit montrent de toute évidence que l’avion a été mitraillé par un canon comme celui équipant les Sukhoi 25 de l’aviation militaire ukrainienne. Et alors que les télévisions russes (évidemment informées par les services secrets russes) ont publié le nom du pilote ukrainien qui a appuyé sur la gâchette, et le numéro de matricule du Sukhoi 25 qui a mené cette mission, et nous ont appris que ce pilote avait été envoyé à l’abri aux Émirats arabes unis après le massacre.

 

Les télés russes publient également le nom de l’aiguilleur du ciel, une femme, qui suivait les évolutions des appareils depuis Kiev, et qui est partie en vacances le 18 juillet, on ne sait pas où, et qui n’est pas revenue travailler depuis. De bien longues vacances, n’est-ce pas. Pourtant il ne semble pas que les enquêteurs des « quatre pays de l’Apocalypse » aient cherché à rappeler ces deux personnes de leurs  « vacances » pour les interroger.

 

Une fable extraordinaire, mais qui n’a pas de fin joyeuse. Mises à part quelques petites brèches ici ou là. L’information sur l’entrée de la Malaysie dans le groupe des pays enquêteurs fait partie de ces brèches. Le bureau du procureur hollandais, par une lettre datée du 28 novembre 2014, a informé le ministère de la Justice de Kuala Lumpur, Tan Sri Abdul Gani Patail, que la Malaysie pouvait donc entrer dans le Saint des Saints de l’enquête. Jusqu’à quel point elle en sera membre à part entière et de plein droit, dans ce contexte, nous le verrons bien. On peut facilement imaginer les pressions et les chantages qui ne manqueront pas de s’exercer sur le gouvernement malaisien pour qu’il se conforme à la position choisie par l’Occident. Et on peut facilement deviner quelle partie du dossier sera soustraite à la curiosité des enquêteurs malaisiens. Mais on peut gager également que les seuls accusés à ce jour devant l’ensemble de l’opinion publique occidentale, à savoir les Russes, ne laisseront pas tomber et continueront à se défendre. Ils ont les moyens de le faire. Et il faudra bien observer comment ils réagiront.

Article original : Megachip

Traduction ilfattoquotidiano.fr

Voir également l'analyse des causes de l'accident  ici par  Ivan A. Andrievskii

Source Odnako (Russie)
 

 

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 09:06

Par Jacques Sapir

 

Une importante table ronde s’est tenue  lundi 1er septembre à Paris, sous les auspices du Dialogue Franco-Russe, pour tenter d’évaluer les solutions politiques à la crise en Ukraine, et sortir de la spirale de l’escalade. Cette table ronde a réuni des responsables politiques de premier plan russes et des représentants des différentes forces politiques françaises, mais aussi des milieux d’affaires (Total, GDF-Suez), des milieux culturels et scientifiques.

 

Les participants

Étaient ainsi présents, sans qu’il soit possible de les citer tous, et l’on s’excuse d’avance auprès de ceux qui auraient été oubliés :

◦M. Narychkine, Président de la Douma d’État

◦M. Puchkov, Président de la commission aux Affaires Étrangères de la Douma
◦M. Sloutsky, Président de la Commission à la CEI et à l’intégration eurasiatique de la Douma
◦M. Orlov, Ambassadeur de la Fédération de Russie en France

Du côté français, étaient présents, entre autres :

◦M. Mariani, député UMP, représentant les Français de l’étranger, co-Président du Dialogue Franco-Russe
◦M. Chevènement, sénateur, Président du MRC, envoyé spécial pour la Russie du Président de la république
◦M. Pozzo de Borgo, sénateur UDI de Paris, membre de la commission aux affaires étrangères du Sénat, membre de l’assemblé parlementaire de l’OSCE
◦Mme Garriaud-Maylam, sénatrice représentant les Français de l’étranger (UMP)
◦M. Dupont-Aignan, député de Yerres, Président de Debout la République
◦M. Myard, député UMP (Maison-Lafitte)
◦M. Mignon, député UMP, Ancien Président de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe
Pour les milieux d’affaires, on comptait aussi :

◦M. de Margerie Président de Total SA
◦M. Cirelli, Directeur de la branche Europe de GDF-Suez
◦M. Serge Dassault.

La discussion

Les échanges, qui ont duré deux heures, ont permis de mesurer d’une part l’attachement réciproque à l’amitié franco-russe, mais aussi la commune préoccupation devant la tournure prise par les événements en Ukraine, et leurs conséquences sur la politique mais aussi sur l’économie européennes. La situation des populations civiles est dramatique. Il faut ici signaler que, pour la revue américaine Foreign Policy, les bombardements de la population civile auxquels ont eu recours systématiquement les forces de Kiev pourraient être qualifiés de « crimes de guerre »1. Les chefs d’entreprises présents ont insisté sur le caractère profondément destructeur, et politiquement injustifié, des sanctions réciproques (tant européennes que russes) qui ont été prises jusqu’à présent. Ces échanges se sont prolongés pendant plus de deux heures, et les responsables russes ont répondu aux questions des participants français. L’un des principaux thèmes a été, bien entendu, la position de la Russie dans cette crise.

La position de la Russie

Sur ce premier point, M. Sergey Narychkine a été très clair, et il a déclaré que le conflit dans le Sud-Est de l’Ukraine était un conflit interne entre le gouvernement de Kiev et les insurgés. Il ne pourra donc y avoir qu’une solution ukrainienne à cette crise. Mais, la crise interne de l’Ukraine menace aujourd’hui de bloquer le développement des relations entre la France et la Russie. Or ces relations sont importantes non seulement pour les deux pays mais pour l’avenir de l’Europe. Il y a un problème avec des pays qui cherchent à « démoniser » la Russie, pour leur intérêt spécifique. Les médias de masse en France et dans certains pays européens ont pris partie contre la Russie. On notera cependant que l’on commence à avoir, en particulier dans la presse britannique, des points de vue plus mesurés2.

 

Il aussi ajouté qu’il y a un problème massif de réfugiés en Russie (plus de 150 000) et qu’il est plutôt rare que les populations civiles fuient chez leur « agresseur ». Ces réfugiés fuient les bombardements des troupes gouvernementales sur des objectifs civils, bombardements dans lesquels des lance-roquettes « Grad » et « Uragan » ont été employés ainsi que des obusiers automoteurs. Des dizaines de milliers d’habitations ont été détruites. Il faut aussi s’opposer à l’hystérie russophobe de certains.

 

A propos de l’exclusion temporaire de la Russie de l’assemblée parlementaire de l’Europe, il a rappelé que la tradition parlementaire européenne est une tradition de démocratie. L’exclusion est étrangère à cette tradition. Jean-Claude Mignon, ancien Président de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, a abondé dans le même sens, précisant qu’il avait voté contre cette exclusion.

La discussion s’est alors déplacée sur les réactions de la Russie depuis le mois de mars. Les référendums de Crimée et du Sud-Est ont été décrits par Serguey Narychkine comme des réactions au comportement agressif des dirigeants de Kiev. Mais il faut ici remarquer la différence de traitement par la Russie de ces référendums. La Russie a reconnu celui de Crimée, mais n’a pas reconnu ceux qui se sont tenus dans l’Est de l’Ukraine. Serguey Narychkine a réaffirmé qu’un dialogue est nécessaire si l’on veut aboutir à une désescalade. Il y a une nécessité d’arriver à un consensus entre les différentes parties de cette crise.

 

La question des sanctions

La question des sanctions a été abordée en particulier par Christophe de Margerie ainsi que par le dirigeant de GDF-Suez. De Margerie a déclaré que l’importance des relations économiques était centrale dans le dialogue entre nos deux pays. Les entreprises françaises sont très soucieuses quant aux échanges économiques, qui se sont largement développé depuis ces vingt dernières années entre les deux pays, mais aussi à l’échelle de l’Europe, à l’économie de laquelle la Russie est en partie intégrées. Il faut donc éviter une escalade des sanctions. Le rôle de la presse est ici important. Il a ainsi été remarqué que ce rôle est, en général, néfaste en France. Aujourd’hui, certaines sociétés ont tendance à anticiper de nouvelles sanctions. Ceci n’est pas sain. Il ne faut pas faire de surenchère.

Serguey Narychkine a répondu à ces interventions en précisant que, en effet, la question des sanctions rend le règlement de la crise ukrainienne compliqué. La Russie ne veut pas rentrer dans ce jeu, mais elle est obligée de répliquer, ce qu’elle a fait avec l’embargo sur les produits alimentaires. Elle l’a fait avec beaucoup de mesure. La question des relations économiques entre l’UE et la Russie est en cause.

La dynamique de la crise

Ce troisième volet de la discussion a mobilisé beaucoup d’attention. M. Puchkov a déclaré que la situation en Ukraine était de fait très complexe. L’hypothèse de la fédéralisation était possible, et c’était celle que soutenait la Russie. Mais, aujourd’hui, il y a eu un changement du fait de la violence même de l’action de Kiev contre les populations civiles. Kiev a toujours refusé les négociations. De fait, on a refusé ce qui a été accepté au Québec et en Belgique. Il faut en priorité demander aux insurgés ce qu’ils pensent. La Russie soutient l’idée de pourparlers directs et sans conditions entre Kiev et les insurgés. Elle soutient le principe d’une « statut spécial » pour les populations du Sud-Est, quel qu’il soit. Elle soutient aussi l’idée de la fédéralisation si cette idée est acceptée par les insurgés. Mais, les insurgés ne sont pas des marionnettes, a-t-il tenu à rappeler.

 

Jean-Pierre Chevènement est alors intervenu, et il a remarqué que l’on était en présence d’un engrenage lié aux processus de décision propres à l’Union Européenne, point sur lequel était déjà intervenu Nicolas Dupont-Aignan. La position de l’Union Européenne est prise en otage par certains pays, la Pologne en particulier, qui ne font rien en faveur du règlement de cette crise. Jean-Pierre Chevènement a ainsi qualifié d’« engrenage de la bêtise » ce qui était en train de survenir, et dans lequel certains, en particulier dans l’UE et dans l’OTAN, portent une lourde et historique responsabilité. Il est clair que la France devrait s’émanciper de l’UE et de l’OTAN pour retrouver la capacité de faire entendre ce que l’ancien ministre a qualifié de « voix de la Raison ». Il faut ici rappeler les enchaînements dramatiques de 1914, même si la situation n’est pas aussi dramatique qu’elle l’était alors. C’est l’un des enseignements de l’Histoire. Jean-Pierre Chevènement a confirmé que les gouvernements russe et français maintenaient un dialogue étroit et constant pour empêcher que cette crise ne dégénère, et que les Présidents Hollande et Poutine se parlaient régulièrement par téléphone. C’est un point important, et en un sens rassurant. Mais cela ne saurait suffire. Il faut une initiative forte de la diplomatie française et allemande sur ce sujet.

Les solutions possibles

On peut ici faire plusieurs remarques sur la dynamique de cette crise. La crise ukrainienne est en fait le produit de la destruction du cadre du droit international que l’on a connu depuis le milieu des années 1990 et qui s’est manifesté au sujet du Kosovo (1998 et 1999), de l’Irak (2003) dont on mesure aujourd’hui l’ampleur des conséquences, et plus récemment de la Libye. Nous mangeons aujourd’hui les fruits amers de cette destruction des règles du droit international, destruction dont les États-Unis et l’OTAN portent la responsabilité. Il n’est pas possible de trouver un cadre de résolution de cette crise sans règles qui soient reconnues par tous. Le Droit international reste fondé sur deux règles, qui sont profondément contradictoires, le respect de la souveraineté des États ET le droit des peuples à décider d’eux-mêmes. Les médiations entre ces deux principes ont été dramatiquement et durablement affaiblies par l’action des pays de l’OTAN et des États-Unis depuis la fin des années 1990. Ce sont ces médiations qu’il nous faudra reconstruire. On est ainsi passé d’une crise intérieure à l’Ukraine à une crise internationale et ceci largement par le degré de violence employé par le gouvernement de Kiev. Sur ce point précis, il y a une nouvelle contradiction entre la position adoptée au sujet de la Libye, où la protection des populations a justifié une intervention étrangère, et l’Ukraine. Il faut en avoir conscience.

 

Ceci pose la question d’un éventuel cessez-le-feu, et de ses garanties. Un cessez-le-feu s’impose dans les plus brefs délais. La poursuite des combats ne peut que rendre encore plus insurmontable le mur de haine en Ukraine, et rendre plus difficile la solution politique qu’il faudra pourtant bien trouver à cette crise. Il est clair que ce qui était possible encore au début du mois de juin ne l’est plus maintenant. Plus les combats dureront et plus il sera difficile d’aboutir à une solution politique. C’est pourquoi, la France et l’Allemagne devraient exercer des pressions fortes sur le gouvernement de Kiev pour le contraindre à accepter un arrêt des combats, charge à la Russie de faire pression sur les insurgés pour que cet arrêt des combats soit accepté. De ce point de vue, il faut une action commune avec la Russie, que cela plaise ou non à certains. Ce cessez-le-feu devra être vérifié et contrôlé. Il faudra donc des troupes d’interposition entre l’armée de Kiev et les forces insurgées. Il convient de commencer à réfléchir à cette question, en sachant que les forces russes seront inacceptables pour Kiev, et celles de pays de l’OTAN et de l’UE pour les insurgés.

 

Cette solution politique sera difficile à trouver. M. Naryshkine a fait allusion au « fédéralisme asymétrique » qui existe au Canada pour le Québec3. C’est une solution possible, mais hélas peu probable. Une autre solution serait celle d’une « région autonome » ou d’une « République autonome », dans le cadre de l’État ukrainien, sur le modèle du Kurdistan dans l’Irak actuel. Fors ces solutions, la seule issue possible serait celle d’une indépendance non reconnue par la communauté internationale, comme c’est le cas en Abkhasie et en Ossétie du sud. Les solutions de « fédéralisme asymétrique » ou de « République autonome » devront être garanties tant par les pays de l’UE que par la Russie. Il faudra bien, à nouveau, travailler en commun avec le gouvernement russe. On mesure cependant ce qui a été perdu quand les responsables de Kiev se sont refusés à organiser des élections à une assemblée constituante pour réécrire la constitution de leur pays et mettre en place un système fédéral.

 

Une fois cette solution politique trouvée, il faudra assurer la viabilité économique de l’Ukraine comme des régions autonomes de l’est du pays. Ceci implique de regarder de près la dynamique du développement régional, une fois les taches de reconstruction des infrastructures et des bâtiments détruits lors des bombardements par l’armée de Kiev accomplies. Ces taches impliquent aussi un financement, et il faudra s’entendre sur quels seront les pays donateurs. Laisser la charge à la seule Russie serait, d’un point de vue politique, une erreur tragique car cela signifierait que l’on abdique la possibilité d’avoir une influence sur les dirigeants insurgés. Ici encore, il faudra un accord entre les différentes parties en présence, incluant la Russie et l’UE.


1.Solvgang O., « The Dead and the Living in Luhansk », Foreign Policy, 29 août 2014,
http://www.foreignpolicy.com/articles/2014/08/29/the_dead_and_the_living_in_luhansk_ukraine_russia_war 2.Comme le journal The Guardian,
http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/aug/29/ukraine-putin-sanctions-west-biggest-mistake

3.Banting K. et R.Simeon, edits., And No One Cheered : Federalism, Democracy and the Constitution Act, Toronton, Methuen, 1983. Brown D.M. et M.G.Smith, edits., Canadian Federalism : Global Economic Challenges, Kingston et Halifax, Institute of Intergovernmental Relations & Institute for Research on Public Policy, 1991

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 08:13
Article pris sur The French Saker original Ukraine : les cinq plus gros mensonges par Virgile Thomas, auteur du blog  vtvirgile

Stephen F. Cohen est un universitaire américain, spécialiste de l’URSS, puis de la Russie. Il est l’auteur de nombreux livres sur les relations entre les États-Unis et la Russie, dont le plus récent est Failed Crusade : America and the Tragedy of Post-Communist Russia (lien vers amazon.fr). Il enseigne à l’Université de Princeton. Il est également membre du Council on Foreign Relations [1]. Il a été pendant près de vingt ans commentateur à CBS News, mais n’est plus très souvent invité dans les médias mainstream aujourd’hui. Vous comprendrez pourquoi en lisant ce qui suit.

 

Je reprends ci-dessous une partie (traduite en français par mes soins) d’un article publié sous sa signature par le magazine américain The Nation et je vous engage à lire l’article lui-même : Patriotic Heresy vs. the New Cold War (thenation.com, anglais, 15-09-2014).

 

« Comme le disait feu le sénateur Daniel Patrick Moynihan, “chacun a droit d’avoir ses opinions propres, mais pas ses faits propres”. La nouvelle guerre froide repose presque entièrement sur des opinions fausses. Cinq de ces mensonges sont particulièrement importants, aujourd’hui.

 

Mensonge N°1 : Depuis la fin de l’URSS en 1991, Washington a toujours traité la Russie post-communiste avec générosité, comme un ami et un partenaire, faisant tous ses efforts pour l’aider à devenir un pays démocratique et prospère, membre du système occidental de sécurité internationale. Incapable de cela ou ne le voulant pas, la Russie a rejeté l’altruisme américain, en particulier sous M. Poutine.

Les faits : A partir des années 90, avec l’administration Clinton, chaque président américain et chaque Congrès a traité la Russie ex-Soviétique comme un pays vaincu, avec des droits inférieurs chez elle et à l’étranger. L’expansion de l’Otan a été le fer de lance de cette approche triomphaliste, accompagnée par des « négociations unilatérales » et maintenant le bouclier anti-missiles dans les zones traditionnelles de sécurité nationale russes, l’excluant de fait du système de sécurité européen. Dès le départ, le but ultime était l’Ukraine et, à un degré moindre, la Géorgie. En 2004, un éditorial du Washington Post expliquait : « L’ouest veut finir le travail commencé avec la chute du Mur de Berlin et continuer la marche de l’Europe vers l’Est… le premier prix sera l’Ukraine. » Neuf ans plus tard, en 2013, à la veille de la crise actuelle, Carl Gersham, le directeur de la Fondation nationale pour la démocratie (National Endowment for Democracy) [2], une organisation financée par l’État Fédéral s’en faisait l’écho en déclarant : « L’Ukraine est le plus grand prix ».

 

Mensonge N°2 : Il existe un « Peuple ukrainien » qui se languit d’échapper à des siècles d’influence russe et de rejoindre l’Ouest.

Les faits : Comme le savent toutes les personnes bien informées, l’Ukraine est un pays divisé depuis longtemps par des différences ethniques, linguistiques, religieuses, économiques et politiques, en particulier, mais pas uniquement, les régions de l’Est et de l’Ouest du pays. Lorsque la crise actuelle a commencé en 2013, l’Ukraine était un État, mais pas un seul peuple, ni une nation unie. Certaines de ces divisions ont été accentuées depuis 1991 par une élite corrompue, mais la plupart se sont développées au cours des siècles.

 

Mensonge N°3 : en novembre 2013, l’Union européenne, soutenue par Washington, a offert au président ukrainien M. Viktor Yanukovych une association bienveillante à la démocratie et à la prospérité européenne. M. Yanukovych était prêt à signer cet accord, mais M. Poutine l’a intimidé et acheté pour qu’il rejette cet accord. C’est l’origine des manifestations de Maïdan et de tout ce qui a suivi.

Les faits : La proposition de l’UE était un promesse imprudente, qui visait à forcer le président élu démocratiquement d’un pays profondément divisé à choisir entre la Russie et l’Ouest. Le rejet par l’UE de la proposition de M. Poutine d’un plan russo-américano-européen pour sauver l’Ukraine de la déroute financière était tout aussi irresponsable. La proposition européenne n’était pas, en elle-même, économiquement réaliste. Elle exigeait du gouvernement ukrainien de mettre en place des mesures d’austérité très dures, en échange d’une assistance financière modeste, ce qui aurait pour résultat de couper des relations économiques avec la Russie, à la fois anciennes et essentielles pour le pays. La proposition n’était pas non plus « innocente », puisqu’elle incluait des articles exigeant que l’Ukraine adhère à la politique militaire et de sécurité de l’Europe, ce qui voulait dire, en pratique, mais sans mentionner l’alliance, à l’Otan. En résumé, ce n’est pas une soit-disant agression de M. Poutine qui a provoqué la crise actuelle, mais cette sorte « d’agression douce » de Bruxelles et Washington pour attirer l’Ukraine à l’Ouest, y compris (dans un paragraphe en petites lettres) dans l’Otan.

 

Mensonge N°4 : La guerre civile actuelle en Ukraine a été causée par la réponse agressive de M. Poutine à la protestation pacifique de Maïdan contre la décision de M. Yanoukovych.

Les faits : En février 2014, la manifestation de Maïdan, fortement influencée par des extrêmistes nationalistes et même des forces de rue semi-facistes, est devenue violente. Dans l’espoir d’une solution pacifique, des ministres des Affaires étrangères européens ont négocié un compromis entre des parlementaires représentant les manifestants de Maïdan et M. Yanoukovych. Aux termes de cet accord, ce dernier serait resté président, avec des pouvoirs limités, d’un gouvernement de réconciliation, jusqu’à des élections prévues en décembre de la même année. En quelques heures, la violence de combattants de rue a fait échouer cet accord. Les dirigeants européens et Washington n’ont rien fait pour défendre leur propre accord diplomatique. M. Yanoukovych s’est enfui en Russie. Des partis minoritaires au parlement, représentant Maïdan et surtout l’Ouest de l’Ukraine, parmi lesquels « Svaboda », un parti ultra nationaliste, qui avait par le passé été stigmatisé par le Parlement européen comme incompatible avec les valeurs européennes, ont formé un gouvernement. Ils ont également modifié la constitution en leur faveur. Washington et Bruxelles ont soutenu ce coup d’état et ses conséquences jusqu’à ce jour. Tout ce qui s’en est suivi, de l’annexion de la Crimée par la Russie a la propagation de la rébellion dans le sud-ouest, à la guerre civile et à la « campagne anti-terroriste » de Kiev, a été provoqué par le coup d’État. Les actions de M. Poutine n’ont été que des réactions.

 

Mensonge N°5 : La seule façon de mettre fin à la crise est que M. Poutine cesse son « agression » et rappelle ses agents dans le sud est de l’Ukraine.

Les faits : les causes réelles de la crise sont les divisions internes de l’Ukraine, et non d’abord les actions de M. Poutine. Le facteur essentiel de l’escalade de la crise depuis mai est la campagne militaire « anti terroriste » de Kiev contre ses propres citoyens, principalement, maintenant, autour de Donetsk et Lougansk. M. Poutine influence et aide certainement les « défenseurs du Donbass ».  Si on considère la pression qui s’exerce sur lui, à Moscou, il est très vraisemblable qu’il continuera à le faire, et, peut-être, plus directement, mais il ne les contrôle pas. Si Kiev cesse ses assauts, il est probable que M. Poutine pourra les contraindre à négocier. Mais seule l’administration de M. Obama peut contraindre Kiev de cesser, et elle ne l’a pas fait.

 

En résumé, vingt ans de la politique américaine ont mené à cette confrontation fatale entre la Russie et les États-Unis. M. Poutine peut y avoir contribué en passant, mais son rôle durant ses quelques quatorze ans au pouvoir a presque toujours été réactif, ce que les forces les plus réactionnaires à Moscou lui reprochent souvent. »

 

Je ferai deux commentaires à ce texte (encore une fois je vous engage à aller lire l’article complet sur le site du magazine The Nation).

 

Mon premier commentaire concerne la capacité de M. Obama à contraindre Kiev. Ce sont effectivement les États-Unis et Bruxelles qui sont à l’origine de la crise. Mais, depuis que les combats se sont intensifiés dans le sud, depuis que le nombre de morts civils a tellement augmenté, il semblerait qu’une nouvelle force soit à l’œuvre, derrière le gouvernement de Kiev. Le comportement de M. Porochenko à Minsk en est l’illustration. On le présente souvent (pas dans les médias mainstream évidemment !) comme la marionnette de Washington. Je commence à me demander s’il n’y a pas un autre marionnettiste : M. Kolomoïski, par exemple. Je reviendrai là-dessus dans un prochain article.

 

Le second concerne l’objectif souhaitable de sortie de crise. La Russie le demande depuis des mois, l’Allemagne en a convenu récemment, la seule solution viable qui maintienne l’unité du pays est une fédéralisation de l’Ukraine. A Minsk, M. Porochenko a écarté cette solution. Mais les séparatistes du Donbass la rejettent également. Leurs représentants ont récemment déclaré en conférence de presse qu’il ne voulaient plus d’autonomie, qu’ils ne voulaient plus de fédéralisation. Ils veulent qu’on les laisse décider seuls et indépendamment de leur sort. Ils disposent de ressources suffisantes, sur les plans agricoles et industriels, pour former une entité indépendante.

 

Quand on discute avec des Ukrainiens, on est frappé par le niveau de haine atteint dans le pays entre les différentes composantes de la population. Une solution pacifique ne semble pas proche…

Virgile Thomas

 

Notes

[1] Le Council on Foreign Relations ou CFR est un think tank non partisan américain, ayant pour but d’analyser la politique étrangère des États-Unis et la situation politique mondiale (wikipedia, français)

[2] La Fondation nationale pour la démocratie (National Endowment for Democracy, alias NED) est une fondation privée à but non lucratif engagée dans le renforcement et le progrès des institutions démocratiques dans le monde entier (ned.org, français)

 

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22 août 2014 5 22 /08 /août /2014 09:22

21 août 2014 par Par Jacques Sapir

 

Les combats qui se déroulent dans l’Est de l’Ukraine depuis plus de trois mois sont restés largement ignorés de la presse française, à l’exception – évidente – de la destruction toujours pas élucidée du vol MH17. Ces combats sont décrits par le gouvernement ukrainien comme une opération « anti-terroriste », ce qui est une absurdité. Les combattants de l’Ets ukrainien sont des indépendantistes que l’on peut, si on le veut, qualifier de séparatistes, mais ils ne sont certainement pas des « terroristes », et l’usage de ce vocabulaire en dit long sur l’état d’esprit qui règne à Kiev. Les sources d’information sont rares. Les sources officielles ukrainiennes (Ministère de la Défense), à part des communiqués ronflants de propagande ne contiennent pas beaucoup d’informations vérifiables (ou pas…). Les sources des insurgés de l’Est de l’Ukraine sont elles aussi remplies de propagande. Mais, elles contiennent des informations qui, elles, sont (parfois) vérifiables. On citera deux sites internet :

 

http://cassad-eng.livejournal.com/tag/war%20in%20ukraine

http://slavyangrad.org

 

Par ailleurs, on a pu rassembler d’autres sources, essentiellement provenant de journalistes, soit Italiens, soit Russes, qui travaillent actuellement dans l’Est de l’Ukraine.

 

Etat des forces.

Les forces restées loyales au gouvernement de Kiev, et déployées dans l’Est de l’Ukraine se composent de 3 groupes :

  • (a) On a des unités de l’armée régulière, dont la qualité, et la détermination, sont extrêmement variables. Certaines de ces unités se sont débandées, d’autres ont combattu avec ténacité.
  • (b) On a les unités de la Garde Nationale, créée en mars 2014, et qui sont constituées de bataillons formés sur des bases politiques, par des mouvements extrémistes (Pravyy Sektor, Svoboda). Ces unités semblent être déterminées, mais n’ont qu’une faible valeur militaire.
  • (c)  Les oligarques ukrainiens entretiennent des unités constituées à partir des sociétés de sécurité américaines. Ces unités ont été employées en mai et juin, mais depuis ne semblent pas avoir une grande valeur militaire.

Les forces des insurgés se composent de :

  • (a) La milice et les unités d’auto-défense de Lougansk et Donetsk.
  • (b) Des bataillons de volontaires, essentiellement composés de Russes, dont certains ont une excellente pratique du combat.
  • (c)  On a beaucoup parlé ces derniers jours d’unités de l’armée régulière russe. Les « preuves » de leur présence sont, pour l’instant, inexistantes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de troupes, ou de « conseillers ». Mais, il est curieux que les forces loyalistes ukrainiennes aient été dans l’incapacité de fournir des preuves. Seuls, des journalistes britanniques ont pour l’instant corroboré ces assertions, et dans le cas d’une seule colonne. Or, des journalistes occidentaux travaillent régulièrement, et relativement librement, dans la zone des combats.

Ces forces sont équipées par du matériel saisi sur les bases de l’armée à Donetsk ou Lougansk, mais aussi de matériels capturés (lance-fusées « Grad », mortiers lourds, chars…) abandonnés en grande quantité par l’armée ukrainienne lors de défaites en juillet et en août 2014. Les forces insurgées font ainsi état, photographies à l’appui, de près de 170 chars qui auraient été récupérés dans ces combats.

Situation militaire

La situation actuelle semble marquée, depuis le 18 août, par un épuisement de l’offensive des forces loyales au gouvernement de Kiev, et par une succession de victoires tactiques de la part des insurgés. Les forces de Kiev ont – semble-t-il – échoué à couper le territoire tenu par les insurgés en deux et à reprendre le contrôle de la frontière russo-ukrainienne. Les pertes qu’elles ont subies semblent très lourdes, avec la destruction complète de plusieurs unités[1].

 

 

On peut voir, sur cette carte, les combats de ces derniers jours. Les pertes subies, et la démoralisation des autres unités, tendent à égaliser le rapport des forces, au profit des insurgés. Il est frappant que les manœuvres des forces loyalistes semblent avoir été dictées par

  • (a) Une volonté politique de reprendre au plus vite Lougansk et Donetsk. Cette volonté a conduit à des « poussées », dans des situations où les flancs des unités engagées n’étaient pas sécurisés, ce qui a permis aux insurgés de les couper de leurs bases arrières et de les encercler, puis de les détruire. Par ailleurs, des groupes d’insurgés opèrent dans la région de Kharkov, attaquant la logistique des forces loyalistes.
  • (b) La volonté de « punir » la population en procédant à des bombardements aveugles sur les agglomérations. Ces bombardements, réguliers depuis le mois de juin, expliquent l’ampleur du mouvement de fuite des populations civiles vers la Russie voisine.

Il est ainsi probable que les forces de Kiev vont se cantonner dans des bombardements par l’artillerie. Une source fait état d’un projet de retrait de ces forces sur une ligne Slavyansk-Mariupol.

Situation politique

Si la situation militaire se stabilise, voire si elle tourne à l’avantage des insurgés, le gouvernement de Kiev sera face à un dilemme qu’il ne peut résoudre. Soit, il prend acte de cette situation, mais l’on va s’acheminer vers une partition de fait de l’Ukraine, car, désormais, les populations n’accepteront plus une solution « ukrainienne », soit il maintient le conflit, mais l’Ukraine va se trouver pratiquement privée d’électricité car une bonne partie du charbon utilisé à cette fin provient de Donetsk et de sa région. La poursuite de la guerre durant l’hiver 2014-2015 va la rendre de plus en plus impopulaire dans la population ukrainienne. La première solution est, pour l’heure, inacceptable pour le gouvernement ukrainien. Mais la seconde va provoquer, à terme, la désintégration de l’Ukraine.

Le gouvernement ukrainien va probablement chercher à « internationaliser » la guerre civile, en tentant, par diverses provocations, d’y impliquer les Etats-Unis et des pays de l’Union Européenne. Il est cependant peu probable qu’il y réussisse. Il est donc urgent que les combats cessent au plus vite et qu’un accord soit trouvé entre le gouvernement de Kiev et les insurgés, entérinant l’autonomie de fait des régions de Lougansk et Donetsk, mais les maintenant formellement en Ukraine. Seule la paix peut permettre une réconciliation, mais cette dernière désormais prendra du temps.


[1] http://cassad-eng.livejournal.com/tag/war%20in%20ukraine

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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 15:54

L’erreur est Humaine. Il n’est jamais trop tard pour  reconnaître cette vérité première.  Pour dénoncer la junte néonazie qui s"est emparée du pouvoir en Ukraine et sème la terreur parmi les populations civiles nos gouvernants pourraient s' inspirer  du discours de Salamanque prononcé le 12 octobre 1936 par MIGUEL de UNAMUNO, face aux phalangistes.

 

Le philosophe basque Miguel de Unamuno était recteur de l'Université de Salamanque quand éclata la rébellion militaire en juillet 1936. D'abord favorable au mouvement phalangiste, l'opinion d'Unamuno évolua au cours des premiers mois. Il prit en horreur, selon ses propres termes, "le tour que prenait cette guerre civile, vraiment horrible, du fait d'une maladie mentale collective, une épidémie de folie, avec un fond pathologique". Le 12 octobre 1936, "Jour de la Race", une cérémonie eut lieu dans le grand amphithéâtre de l'Université de Salamanque, en zone nationaliste.

 

Voici le récit qu'en fait l'historien Hugh Thomas dans "La Guerre d'Espagne" (Ed. R. Laffont) :

 

Il y avait là, le Docteur Pla y Deniel, évêque de Salamanque, et le général Millan Astray, le fondateur de la Légion Etrangère, qui était à l'époque un conseiller très écouté de Franco, même si à titre non officiel. Son bandeau noir sur l'oeil, son bras unique, ses doigts mutilés faisaient de lui un héros du moment ; quant au fauteuil de la présidence, il était occupé par Unamuno, le recteur de l'Université.

 

Cette réunion se tenait à moins d'une centaine de mètres du quartier général de Franco, installé depuis peu dans le palais épiscopal de Salamanque, sur l'invitation du prélat. La cérémonie d'ouverture fut suivie de discours (...). Au fond de l'amphithéâtre, quelqu'un lança la devise de la Légion Etrangère : Viva la Muerte ! Alors, Millan Astray cria son habituel mot d'ordre pour exciter la populace : "Espagne !". Un certain nombre de gens répondirent : "Une !". Il reprit : "Espagne !". "Grande !" fit en choeur l'assistance. Mais, quand Millan Astray poussa son dernier "Espagne !", ses gardes du corps hurlèrent "Libre !". Quelques phalangistes en chemises bleues firent le salut fasciste devant la photographie sépia de Franco, accrochée au dais au-dessus de l'estrade.

 

 Tous les yeux étaient maintenant fixés sur Unamuno, qui, ce n'était un mystère pour personne, haïssait Millan Astray, et qui se leva pour prononcer le discours de clôture. Il déclara (reconstitution):

 

“Vous êtes tous suspendus à ce que je vais dire. Tous vous me connaissez, vous savez que je suis incapable de garder le silence. En soixante treize ans de vie, je n’ai pas appris à le faire. Et je ne veux pas l’apprendre aujourd’hui. Se taire équivaut parfois à mentir, car le silence peut s’interpréter comme un acquiescement. Je ne saurais survivre à un divorce entre ma parole et ma conscience qui ont toujours fait un excellent ménage. Je serai bref. La vérité est davantage vraie quand elle se manifeste sans ornements et sans périphrases inutiles. Je souhaite faire un commentaire au discours, pour lui donner un nom, du général Millan Astray, présent parmi nous. Laissons de côté l’injure personnelle d’une explosion d’invectives contre basques et catalans. Je suis né à Bilbao au milieu des bombardements de la seconde guerre carliste. Plus tard, j’ai épousé cette ville de Salamanque, tant aimée de moi, sans jamais oublier ma ville natale. L’évêque, qu’il le veuille ou non, est catalan, né à Barcelone. On a parlé de guerre internationale en défense de la civilisation chrétienne, il m’est arrivé jadis de m’exprimer de la sorte. Mais non, notre guerre n’est qu’une guerre  incivile.

 

Vaincre n’est pas convaincre, et il s’agit d’abord de convaincre ; or, la haine qui ne fait pas toute sa place à la compassion est incapable de convaincre…On a parlé également des basques et des catalans en les traitant d’anti-Espagne ; eh bien, ils peuvent avec autant de raison dire la même chose de nous. Et voici monseigneur l’évêque, un catalan, pour vous apprendre la doctrine chrétienne que vous refusez de connaître, et moi, un Basque, j’ai passé ma vie à vous enseigner l’espagnol que vous ignorez. (Premières interruptions, « Viva la muerte ! » etc.) Je viens d’entendre le cri nécrophile « Vive la mort » qui sonne à mes oreilles comme «A mort la vie ! » Et moi qui ai passé ma vie à forger des paradoxes qui mécontentaient tous ceux qui ne les

Comprenaient pas, je dois vous dire avec toute l’autorité dont je jouis en la matière que je trouve répugnant ce paradoxe ridicule. Et puisqu’il s’adressait au dernier orateur avec la volonté de lui rendre hommage, je veux croire que ce paradoxe lui était destiné, certes de façon tortueuse et indirecte, témoignant ainsi qu’il est lui-même un symbole de la Mort.

 

Une chose encore. Le général Millan Astray est un invalide. Inutile de baisser la voix pour le dire. Un invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. Mais les extrêmes ne sauraient constituer la norme. Il y a aujourd’hui de plus en plus d’infirmes, hélas, et il y en aura de plus en plus si Dieu ne nous vient en aide. Je souffre à l’idée que le général Millan Astray puisse dicter les normes d’une psychologie des masses. Un invalide sans la grandeur spirituelle de Cervantès qui était un homme, non un surhomme, viril et complet malgré ses mutilations, un invalide dis-je, sans sa supériorité d’esprit, éprouve du soulagement en voyant augmenter autour de lui le nombre des mutilés. Le général Millan Astray ne fait pas partie des esprits éclairés, malgré son impopularité, ou peut-être, à cause justement de son impopularité. Le général Millan Astray voudrait créer une nouvelle Espagne – une création négative sans doute- qui serait à son image. C’est pourquoi il la veut mutilée, ainsi qu’il le donne inconsciemment à entendre. (Nouvelles interruptions » A bas l’intelligence ! «Etc.) Cette université est le temple de l’intelligence et je suis son grand prêtre. Vous profanez son enceinte sacrée. Malgré ce qu’affirme le proverbe, j’ai toujours été prophète dans mon pays. Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas.

 

Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai dit. »

 

Il y eut un long silence. Autour de la tribune, des légionnaires menaçants commencèrent à se resserrer autour de Millan Astray. Son garde du corps braqua son fusil-mitrailleur sur Unamuno. C'est alors que la femme de Franco, Dona Carmen, vint au-devant d'Unamuno et de Millan Astray, et pria le Recteur de lui donner le bras, ce qu'il fit, et ensemble, ils se retirèrent discrètement. Ce devait cependant être l'ultime allocution publique d'Unamuno. (...)

 

Le conseil de l'Université "demanda" et obtint sa révocation du rectorat. Unamuno mourut le cœur brisé, le dernier jour de 1936.

 

Sources : le web pédagogique.com

Espana 36.voila.

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 16:50

Source:http://www.les-crises.fr/traduction-exclusive-washington-cherche-la-mise-a-mort-de-la-russie-par-paul-craig-roberts/

 

 

Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape…Olivier Berruyer

 

[Traduction exclusive] Washington cherche la mise à mort de la Russie, par Paul Craig Roberts

 

Washington n’a pas l’intention de faire en sorte que la crise en Ukraine puisse être résolue. N’ayant pas réussi à s’emparer du pays et expulser la Russie de sa base navale de la mer Noire, Washington voit dans cette crise de nouvelles opportunités.

 

L’une d’elles consiste à redémarrer la guerre froide en forçant le gouvernement russe à occuper les zones russophones en Ukraine, où les manifestants s’opposent aux marionnettes du gouvernement anti-russe installé à Kiev par le coup d’Etat américain. Ces régions de l’Ukraine sont d’anciennes parties de la Russie elle-même. Elles étaient rattachées à l’Ukraine par les dirigeants soviétiques au 20ème siècle, quand l’Ukraine et la Russie faisaient partie du même pays, l’URSS.

 

Les manifestants ont essentiellement mis en place des gouvernements indépendants dans les villes. La police et les unités militaires envoyées pour réprimer les manifestants, appelés « terroristes » à la mode américaine, ont, pour la plupart, fait jusqu’à présent défection et ont rejoint les manifestants.

 

Avec leur incompétence Obamaïesque, la Maison Blanche le Département d’Etat ont raté la reprise de l’Ukraine par Washington, ainsi Washington a tout mis en œuvre pour en rejeter la responsabilité sur la Russie. Selon Washington et ses presstitués de médias [de l’argot presstitute], les manifestations sont orchestrées par le gouvernement russe et n’ont aucune réelle légitimité. Si la Russie envoie ses troupes pour protéger les citoyens russes dans ses anciens territoires, cette action sera utilisée par Washington pour confirmer sa propagande d’une invasion russe (comme dans le cas de la Géorgie), et la Russie sera encore diabolisée.

 

Le gouvernement russe est dans une situation difficile. Moscou ne veut pas assumer la responsabilité financière de ces territoires, mais ne peut pas non plus rester à l’écart et laisser les Russes être mis à terre par la force. Le gouvernement russe a tenté de garder l’Ukraine intacte, en s’appuyant sur les élections à venir en Ukraine pour laisser émerger des dirigeants plus réalistes que les « vendus » installés par Washington.

 

Néanmoins, Washington ne veut pas d’une élection qui pourrait remplacer ses pantins et qui amènerait à une coopération avec la Russie pour résoudre la situation. Il y a de bonnes chances que Washington dise à ses laquais à Kiev de déclarer que la crise provoquée en Ukraine par la Russie empêche la tenue de cette élection. Les marionnettes de l’OTAN vendues à Washington soutiendraient bien sûr cette déclaration.

 

Il est presque certain que, malgré ses espoirs, le gouvernement russe soit confronté à la poursuite de la crise [diplomatique] autant qu’au gouvernement fantoche de Washington installé en Ukraine.

 

Le 1er mai, l’ancien ambassadeur de Washington en Russie, désormais « commandant en second » [NdT : en fait secrétaire général adjoint] de l’OTAN mais en fait l’individu qui, étant américain, décide des frappes, a déclaré que la Russie n’était désormais plus un partenaire mais un ennemi. L’Américain, Alexander Vershbow, a déclaré aux journalistes que l’OTAN renonçait à « se rapprocher de Moscou » et qu’elle allait bientôt déployer un grand nombre de forces de combat en Europe de l’Est. Vershbow a appelé cette politique agressive de déploiement les “éléments défensifs de la région“.

 

En d’autres termes, nous sommes encore confrontés au mensonge que le gouvernement russe va oublier tous ses problèmes en Ukraine et lancer des attaques sur la Pologne, les pays Baltes, la Roumanie la Moldavie, ainsi que sur les régions d’Asie centrale de la Géorgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Le pipeauteur Vershbow veut moderniser les forces armées de ces états fantoches à la botte des américains et « saisir l’occasion de prendre en compte la réalité du terrain en acceptant l’adhésion des pays candidats à l’OTAN ».

 

Ce que Vershbow a dit au gouvernement russe est qu’il doit compter sur la bonne volonté et le caractère raisonnable de l’Ouest pendant que nous mettons en place des forces militaires suffisantes pour empêcher la Russie de venir en aide à ses citoyens opprimés en Ukraine. Notre diabolisation de la Russie fonctionne bien. Elle vous a fait hésiter à agir lors de la courte période où vous pouviez nous devancer et saisir vos anciens territoires. En attendant vous nous donnez le temps de masser des forces à vos frontières ; de la mer Baltique à l’Asie centrale. Cela va vous distraire et vous éloigner de l’Ukraine.

 

L’oppression que nous allons infliger aux Russes d’Ukraine va vous discréditer, et les ONG que nous finançons en Fédération de Russie feront appel aux sentiments nationalistes pour renverser votre gouvernement que ne sera ainsi pas venu à l’aide des Russes et n’aura pas protégé les intérêts stratégiques de la Russie.

 

Washington se lèche les babines, y voyant une occasion de convertir la Russie en Etat fantoche.

 

Poutine va-t-il rester assis tranquillement avec ses espoirs tout en attendant la bonne volonté de l’Occident afin de trouver une solution alors que Washington tente d’organiser sa chute ?

 

Le moment de vérité approche ; la Russie devra soit à agir pour mettre fin à la crise, soit accepter l’enlisement actuel et les distractions dans son arrière-cour. Kiev a lancé des frappes aériennes sur les protestataires à Slavyansk. Le 2 mai le porte-parole du gouvernement russe Dmitri Peskov a déclaré que l’utilisation de la violence par Kiev avait détruit l’espoir de désescalade suite à l’accord de Genève. Pourtant, le porte-parole du gouvernement russe a de nouveau exprimé l’espoir du gouvernement russe que les gouvernements européens et Washington allaient faire en sorte d’interrompre les frappes militaires et mettre la pression du gouvernement de Kiev pour satisfaire les manifestants de manière à maintenir l’unité Ukrainienne et rétablir des relations amicales avec la Russie.

 

C’est un faux espoir. Il suppose que la doctrine Wolfowitz [1] n’est que des mots, mais ce n’est pas le cas. La doctrine Wolfowitz est la base de la politique américaine envers la Russie (et la Chine). La doctrine stipule que tout pouvoir assez fort pour rester indépendant de l’influence de Washington doit être considéré comme « hostile » :

 

« Notre premier objectif est d’empêcher la réémergence d’un nouveau rival, que ce soit sur le territoire de l’ancienne Union soviétique ou ailleurs, qui constituerai une menace sur l’ordre [des relations internationales] équivalente à celle posée auparavant par l’Union soviétique. C’est une considération [dominante] sous-jacente à la nouvelle stratégie de défense régionale et qui demande que nous nous efforcions d’empêcher toute puissance hostile de dominer une région dont les ressources pourraient, sous contrôle consolidé, être suffisantes pour produire l’énergie mondiale. »

 

La doctrine Wolfowitz fournit la justification de la domination de Washington sur toutes les régions. C’est cohérent avec l’idéologie néoconservatrice des Etats-Unis comme étant le pays « indispensable » et « exceptionnel » donnant droit à l’hégémonie mondiale.

 

La Russie et la Chine sont sur le chemin de l’hégémonie mondiale des États-Unis. Sauf si la doctrine Wolfowitz est abandonnée, la guerre nucléaire en sera la conséquence probable.

Paul Craig Roberts (http://www.paulcraigroberts.org/2014/05/02/washington-intends-russias-demise-paul-craig-roberts/)

[1] La doctrine Wolfowitz est la description d’une stratégie globale américaine qui devait rester confidentielle mais qui a été dévoilée dans le New York Times le 8 Mars 1992
(http://www.nytimes.com/1992/03/08/world/us-strategy-plan-calls-for-insuring-no-rivals-develop.html).

Elle repose sur les 6 piliers suivants :

1.maintien des USA comme seule superpuissance dans le monde (et visant à saboter toute émergence d’une superpuissance concurrente, Russie ou autre)
2.établissement du leadership des USA dans l’ordre des relations internationales
3.défense des interventions unilatérales ; minimiser le rôle des coalitions internationales
4.institution des interventions [entre autres militaires] préventives
5.prise en compte du danger causé par un potentiel renouveau de la Russie [du point de vue militaire]
6.défense des intérêts occidentaux pour la mainmise sur les ressources pétrolières du Moyen-Orient et de l’Asie du sud-ouest [péninsule arabique]

 

 

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 08:16

radio Iran : Table ronde du 19 avril 2014, animée par Ahmad Nokhostine, Bassam Tahhan, syrien d'origine, professeur d'arabe et géopoliticien, Pierre Dortiguier, philosophe politologue sont interviewés au téléphone, à propos du récent accord de Genève entre la Russie, Etats-Unis, , l'Ukraine et l'Union .européenne.

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 17:05

radio Iran : Table ronde du 19 avril 2014, animée par Ahmad Nokhostine, Bassam Tahhan, syrien d'origine, professeur d'arabe et géopoliticien, Pierre Dortiguier, philosophe politologue sont interviewés au téléphone, à propos du récent accord de Genève entre la Russie, Etats-Unis, , l'Ukraine et l'Union .européenne.

 

 

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 17:05

radio Iran : Table ronde du 19 avril 2014, animée par Ahmad Nokhostine, Bassam Tahhan, syrien d'origine, professeur d'arabe et géopoliticien, Pierre Dortiguier, philosophe politologue sont interviewés au téléphone, à propos du récent accord de Genève entre la Russie, Etats-Unis,  l'Ukraine et l'Union .européenne.

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 17:05

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