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25 février 2017 6 25 /02 /février /2017 09:31
Ou le niveau zéro de la compréhension du phénomène national
Par Collectif
Marxisme et nation

Repris sur Comité Valmy

NATURE ET FONCTIONNEMENT D’UNE MACHINE À BROYER LES PEUPLES

Contrairement à la vieille rengaine, l’Europe ne fut jamais celle des peuples et ne tenta jamais de l’être. Elle répond à un besoin précis du patronat européen et mondial, réformer le cadre des structures de décisions politiques pour être mieux à même d’imposer la régression généralisée, la contre-révolution permanente.

 

Le paradigme imprescriptible sur lequel les trotskistes fondent leur doctrine politique est une négation pure et simple de l’existence matérielle de la nation. Pour eux, il n’existe au monde que des classes sociales sans aucune distinction résultant de leur histoire ou de leurs modes de vie.

 

Pour faire simple, on pourrait dire que, pour les gauchistes, le marxisme est une sorte de catéchisme dont ils dégagèrent très vite les textes apocryphes qui n’adhèrent pas à leur utilisation dogmatique. C’est en cela que toute l’expérience acquise par le mouvement communiste au XX siècle leur est tout à fait exotique, préférant le slogan et l’incantation stérile des masses qui les laisse propres de toute erreur ou des sales besognes inhérentes à l’exercice du pouvoir.

 

Ils se trouvent en cela incapables de comprendre que le marxisme est une science expérimentale dans laquelle, mêmes les fondateurs du matérialisme historique, Marx et Engels, peuvent se tromper, soit pour n’avoir pas étudié la question dans sa globalité, soit parce qu’ils ne pouvaient prévoir les bouleversements historiques ultérieurs. Ainsi, le paradigme imprescriptible sur lequel les trotskistes fondent leur doctrine politique, est une négation pure et simple de l’existence matérielle de la nation. Pour eux, il n’existe au monde que des classes sociales sans aucune distinction résultant de leur histoire ou de leurs modes de vie.

 

En conséquence, tout ce qui tend à rapprocher les membres d’une même classe à l’intérieur de la nation (des traditions, des combats communs) leur est parfaitement étranger. Dès lors, leur compréhension de la Révolution française reste fort limitée, incapables qu’ils sont de voir le progrès social qu’elle a engendré, malgré son caractère bourgeois et national.

 

Dans la même logique, s’il n’y a plus de nation, il ne peut y avoir de lutte nationale. Ils seront ainsi totalement incapables de comprendre la spécificité des guerres de décolonisation, comme la nécessité de la lutte contre la « construction » européenne. Les conséquences directes de ce point de vue sont connues, Lutte Ouvrière disant ne pas voir de différence entre l’exploitation par le capital au niveau français ou européen, appela à s’abstenir lors du référendum sur Maastricht, pesant lourd dans une balance qui ne pencha en faveur du Oui que pour seulement 54 000 voix [1].

 

De même, il n’est pas étonnant de trouver en la LCR l’un des meilleurs soutiens à « une autre constitution européenne plus sociale », relégitimant du même coup la machine à broyer les peuples.

 

Il est ainsi de bon ton, chez eux, de rabâcher la phrase bien connue de Marx : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur prendre ce qu’ils n’ont pas. » Cependant, ils oublient toujours la seconde partie de cette citation du Manifeste : « Comme le prolétariat doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, se constituer lui-même en nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens où l’entend la bourgeoisie. » [2] En fin de compte, jamais les trotskistes ne seront capables de comprendre que le développement de l’internationalisme suppose au préalable ... l’existence des nations.

 

Notes
[1] A comparer avec les 600 000 voix obtenues par la candidature Laguiller en 1988 et les 1 600 000 voix obtenues en 1995.

[2] K. Marx, Manifeste du Parti communiste, Editions sociales, Paris 1976, p. 54.

Mise en ligne CV : mars 2009

Source :
Pour citer cet article, merci d’utiliser ces indications :
Collectif, Le « gauchisme » ou le niveau zéro de la compréhension du phénomène national, L’idéologie européenne (http://www.ideologie-europeenne.fr)
http://www.ideologie-europeenne.fr/Le-gauchisme-ou-le-niveau-zero-de.html

 

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4 juillet 2016 1 04 /07 /juillet /2016 12:20

sont des tigres de papier du souverainisme

Par Bruno Guigue le 01 juillet 2016

 

« Brexit : vingt intellectuels* eurocritiques lancent un appel pour un nouveau traité », tel est le titre d’une tribune publiée par « Le Figaro » du 30 juin. Ce texte signé par Jacques Sapir, Michel Onfray et Jean-Pierre Chevènement rend un hommage appuyé au « peuple britannique » qui a « exprimé souverainement sa volonté de rester maître des décisions qui le concernent. » Car « ce vote courageux et massif » est « une claque pour la dérive technocratique dans laquelle l’Union européenne actuelle s’est laissé enfermer ». Et « tout montre que dans la plupart des pays européens, les citoyens n’acceptent plus d’être gouvernés par des instances non élues, fonctionnant en toute opacité ».

 

Fort bien, mais lisons plutôt la suite. « Le vote britannique peut être une chance : il doit être l’occasion de réorienter la construction européenne, en articulant la démocratie qui vit dans les nations avec une démocratie européenne qui reste à construire ».

 

Et nos intellectuels, pour finir, demandent la réunion d’une conférence  qui aurait pour objet « la renégociation des traités sur les trois questions cruciales dont la méconnaissance a conduit à l’affaissement de l’actuelle construction européenne : la souveraineté, c’est-à-dire la démocratie et l’indépendance stratégique. »

 

En somme, les signataires saluent ostensiblement le courage du peuple britannique, mais ils ne manifestent nullement l’intention de suivre son exemple. Ils tressent des couronnes au « Brexit », mais ils suggèrent à nos dirigeants l’artifice permettant de faire l’économie d’un « Frexit ». Au lieu d’inviter les Français à la même intrépidité, ces héros par procuration laissent aux Britanniques le privilège d’avoir ouvert une brèche qu’ils rêvent de refermer. Coïncidence troublante, cette tribune est parue le jour même où Alain Juppé déclare sur Bfm/Tv : « On peut craindre un Frexit, et c’est pourquoi je suis hostile à un référendum ».

 

Il faut croire que « Frexit » et « référendum » sont des termes d’une parfaite obscénité, car ils ne figurent pas dans la tribune précitée de nos « intellectuels eurocritiques ». Prolixe en projets de « réorganisation », « refondation » ou « réorientation » de l’Europe, ce texte oublie l’essentiel : qui décide de l’appartenance à l’UE ? Alors qu’on devrait demander au peuple français s’il veut y rester avant d’envisager de la réformer, on préfère mettre la charrue avant les bœufs. Ce faisant, on exclut le peuple du processus, on fait comme s’il n’existait pas. Au lieu d’organiser sans délai l’exercice de la souveraineté, on la court-circuite.

 

Une conférence des chefs de gouvernement de l’UE jouit-elle d’une légitimité supérieure à celle du peuple français ? Nos intellectuels le pensent, puisqu’ils omettent de poser la question principielle de la volonté populaire. « Il faut rendre à la souveraineté populaire et à la démocratie leurs droits dans une Europe confédérale qui serait faite de l’entente et de la coopération entre les nations », disent-ils. Mais l’acte fondateur de cette souveraineté ayant été passé par pertes et profits, que vaudra cette restitution des « droits de la démocratie » dans « une Europe confédérale » qui n’a jamais existé ? Et puis, est-on sûr que le peuple en veuille vraiment, si l’on s’obstine à ne pas lui poser la question ?

 

C’est pourquoi les propositions qui émaillent ce texte, insignifiantes, ressemblent au filet d’eau tiède qui se remet à couler, invariablement, à chaque crise communautaire. On y lit le projet, par exemple, d’une « réorganisation profonde des compétences et, le cas échéant, du mode de désignation des institutions européennes (Conseil, Commission, Parlement, Cour de justice, BCE) ». Oui, mais pour quoi faire ? Qu’est-ce que la démocratie y gagnera ? On attend la réponse. Il faudrait aussi, dit-on, « outiller le Conseil européen où vit la légitimité démocratique en le dotant des services capables de préparer et exécuter ses décisions ». Mais ce même Conseil avalise depuis trente ans les injonctions ultra-libérales de la Commission. Croit-on vraiment qu’il s’en affranchira si on augmente le nombre de ses fonctionnaires ?

 

Au demeurant, cette consolidation de l’exécutif est équivoque, car on ne sait si elle vise à favoriser un surcroît d’intégration ou à border les prérogatives des Etats-membres. Comme le propos est conceptuellement flou, le moins qu’on puisse dire est qu’il demeure politiquement mou. Moyennant quelques réformes, toute l’architecture institutionnelle de l’UE, en tout cas, est promise à une remarquable longévité. Le texte mentionne la Banque centrale européenne, par exemple, mais sans mettre en question une indépendance statutaire, exigée par le dogme monétariste, qui en fait le levier des politiques d’austérité. Croit-on sérieusement conserver la BCE tout en évacuant l’orthodoxie financière qui en est le principe fondateur ?

 

Cet irréalisme brouillon reflète la contradiction insoluble dans laquelle s’enferrent les signataires, prompts à diagnostiquer le mal mais apeurés à l’idée du remède. Faute de vouloir l’administrer, ils se contentent de soins palliatifs et s’obstinent à prolonger l’agonie d’une Union européenne dont ils ne veulent pas voir qu’elle est condamnée. Qu’est-ce que l’UE ? Historiquement contingent, cet artefact supranational a été construit sur une idée fausse, il s’est maintenu grâce à une supercherie et il périra à cause de l’aveuglement des élites qui l’ont imposé. L’idée fausse est le préjugé selon lequel le marché autorégulé peut créer un espace de prospérité. La supercherie est celle qui consiste à flouer la souveraineté au nom de cette idée fausse. L’aveuglement des élites consiste à croire que cette supercherie passera définitivement inaperçue.

Des signataires de cette tribune, on pouvait sans doute attendre autre chose que cette contribution insipide à la soupe européiste. En occultant la question principielle du référendum, ils passent par-dessus-bord les principes démocratiques dont ils se réclament. Tigres de papier d’un souverainisme attiédi, ils fuient devant le verdict populaire, s’effraient du tumulte des urnes en colère et se rangent derrière nos dirigeants dans cet appel pathétique, expression d’un déni de la réalité qui fait irrésistiblement penser aux cabris chers au général de Gaulle :

 

« Nous avons la conviction qu’il appartient à la France de lancer cette grande initiative qui proposera de remettre l’Union européenne sur ses pieds. Les peuples européens et pas seulement le nôtre, l’attendent. Nous faillirions à notre devoir de citoyens français mais aussi d’Européens si nous n’agissions pas pour que la France se porte aux avant-postes de cette grande tâche ».

 

Bruno Guigue | 01 juillet 2016

Haut fonctionnaire d’Etat français, essayiste et politologue, professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire et chargé de cours en relations internationales à l’Université de La Réunion. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont « Aux origines du conflit israélo-arabe, L’invisible remords de l’Occident, L’Harmattan, 2002 », et d’une centaine d’articles.

Liste des signataires: Marie-Françoise Bechtel, Guillaume Bigot, Jean-Pierre Chevènement, Gabriel Colletis, Éric Conan, Franck Dedieu, Alain Dejammet, Éric Delbecque, Jean-Pierre Gérard, Christophe Guilluy, Loïc Hennekinne, Paul Jorion, Jean-Michel Naulot, Michel Onfray, Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint, Emmanuel Lévy, Benjamin Masse-Stamberger, Claude Revel, Henri Sterdyniak, Jacques Sapir, Paul Thibaud.

 

Source: http://arretsurinfo.ch/sapir-onfray-chevenement-tigres-de-papier-du-souverainisme/

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 17:28

 

lundi 27 juin 2016, par Comité Valmy

Après le brexit : union du peuple de France pour l’indépendance et la souveraineté !

 

 

Les peuples du Royaume-Uni, en particulier la classe ouvrière anglaise et galloise, ont décidé de quitter l’Union européenne, cette prison des peuples.

 

Issu de la campagne contre la ratification du traité de Maastricht, le Comité Valmy depuis 25 ans combat l’intégration européenne supranationale. Celle-ci par étapes a été transformée en une entité tyrannique à la fois antinationale, antisociale, rejetant la souveraineté des peuples et prétendument irréversible. Le Comité Valmy exprime son immense satisfaction devant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

 

Contrairement à ce qu’affirme Frank-Walter Steinmeier, le ministre des affaires étrangères du gouvernement despotique allemand, ce « brexit » n’est pas « un jour triste pour l’Europe et la Grande-Bretagne » mais bel et bien un jour de liesse pour les peuples laborieux de l’ensemble des pays et nations d’Europe, observant que l’un d’entre eux a pu choisir la liberté.

 

Il est prévisible que l’oligarchie financière euro-atlantiste et germano-américaine qui domine les gouvernements vassalisés de l’Union européenne, tentera de neutraliser cette victoire des peuples britanniques comme ce fut le cas en France après le « non » français au référendum pour une constitution européenne du 29 mai 2005. En 2014 la commissaire européenne Viviane Reding n’avait-elle pas déclaré que le peuple britannique était trop ignorant pour juger des questions européennes ?

 

Cependant il est de plus en plus évident que la prise de conscience grandit partout en Europe quant à la nécessité de rétablir les souverainetés nationales et populaires. L’exemple britannique souligne que le rapport des forces grandit en faveur des peuples et que cette expérience démontre qu’il est possible de rejeter le carcan de l’euro-dictature.

 

Il est urgent que les autres peuples européens soient consultés démocratiquement, face aux politiciens européistes professionnels qui annoncent déjà leur volonté d’une fuite en avant supranationale et bureaucratique, dans l’Europe fédérale des Länder. Le Comité Valmy renouvelle l’expression de sa volonté de voir le peuple de notre pays consulté par référendum conformément à son droit à disposer de lui-même, à chaque étape mettant en cause l’avenir de la France républicaine.

 

Le Comité Valmy a pour raison d’être de contribuer à l’union du peuple de France destinée à mener à bien le nécessaire combat pour le rétablissement de la souveraineté populaire, de l’indépendance nationale et de la démocratie, dans notre pays.

 

Sa vision stratégique patriotique, républicaine, sociale et progressiste, s’inspire de l’esprit et du rassemblement de la Résistance, dépassant les clivages partisans. Il s’est prononcé pour l’union de notre peuple-nation autour d’un nécessaire compromis historique que permettraient notamment, la défense et l’actualisation du programme du Conseil National de la Résistance.

 

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31 janvier 2016 7 31 /01 /janvier /2016 09:20

Le 4 janvier, à l’initiative du futur président du Conseil constitutionnel, l’heureux Fafa, le Conseil des Sinistres a discrètement adopté un projet de loi qui vend la souveraineté de la France aux États-Unis, via l’OTAN. C’est grave.

 

Les mecs nous amusent avec une modification de la Constitution sur les déchéances de nationalité, sujet sans application, ou des débats sur des conceptions ésotériques de la laïcité, alors que dans le même temps ils refourguent en loucedé la souveraineté de la France à l’OTAN. Ce gouvernement est une pure catastrophe.  

 

Sur le plan technique, le projet s’appelle : « loi autorisant l’accession de la France au Protocole sur le statut des quartiers généraux internationaux dans les pays de l’Alliance ». Pas de quoi passionner les foules… Et pourtant…

 

 

Le Protocole

Ce Protocole, signé à Paris le 28 aout 1952 – un acte d’application du Traité de l’Atlantique Nord – c’est ça. Il définit le cadre juridique du stationnement des quartiers généraux de l’OTAN et de leurs personnels au sein des pays de l’Alliance. C’est en quelque sorte le décret d’application du traité de l’OTAN.

 

Le traité de l’OTAN

Le traité de l’OTAN, c’est la marque de la guerre froide : « Il y a deux blocs, et tu dois choisir ton camp. Si tu viens chez moi, je te protégerai et tu vas limiter tes dépenses militaires. Sinon, tu seras de l’autre camp. »

La France de la IV° République s’était couchée, comme tant d’autres pays, s’en remettant à l’Oncle Sam (Amérique du Nord, Territoire Indien occupé). Comme si l’Oncle Sam se souciait de l’indépendance des Etats européens, alors que seul l’intéresse ses propres intérêts, lesquels passent par la fidélité de ses valets.

 

 

De Gaulle 1966

On doit à de Gaulle d’avoir mis fin à cette domination militaire et diplomatique, le 7 mars 1966, annonçant à Lyndon Johnson le retrait de la France de l'OTAN : « La France considère que les changements accomplis ou en voie de l’être, depuis 1949, en Europe, en Asie et ailleurs, ainsi que l’évolution de sa propre situation et de ses propres forces ne justifient plus, pour ce qui la concerne, les dispositions d’ordre militaire prises après la conclusion de l’Alliance. Aussi, la France se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamé par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation habituelle qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements intégrés et de ne plus mettre de forces à la disposition de l’OTAN ».

 

La surpuissance US

Depuis 20 ans, les enjeux sont encore plus forts qu’en 1966. L’écroulement du mur de Berlin a conduit à la surpuissance États-Unis, une démocratie d’opérette dominée par son lobby militaro-industriel.

Ce petit pays qui ne compte que 5 % des habitants de la planète, une invention qui date d’à peine plus de deux siècles – rien face à l’Iran, la Syrie ou la Palestine, assis sur cinq ou six millénaires de civilisation – assure 45% des dépenses militaires dans le monde, pour causer des guerres dont le but est d’exploser les peuples pour assoir sa puissance économique.

Tout détruire pour imposer la loi étasunienne, quel que soit le coût pour les populations. La France qui, comme les autres pays européens, subit l’importation du terrorisme, sait ce qu’elle doit aux crimes de guerre commis par les États-Unis pour avoir détruit la Palestine, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie… Imaginons un instant que tous ces Etats soient restés stables dans leurs frontières…

 

 

Sarko et Hollande renoncent

« Entier exercice de sa souveraineté » disait de Gaulle. Les duettistes Sarkozy et Hollande (le roi des faux-culs) ont choisi de renoncer à cette souveraineté. Ces frères de lait admirent le leadership US, et ne voient d’avenir que dans la soumission.

Sarkozy a assuré la première étape, en réintégrant en 2009 la structure de commandement de l'OTAN. La France a recommencé à accueillir du personnel de l’OTAN dans ses quartiers généraux militaires, qui ne bénéficient toutefois d’aucun statut international.

 

Le personnel de l’OTAN en France comme chez lui

D’où l’idée de rejoindre ce Protocole, pour simplifier et harmoniser des règles et procédures administratives liées à l’accueil de personnel de l’OTAN. Une série de mesures techniques – fiscalité, statut social, liberté d’aller et venir, privilèges et immunités – qui permet une vraie intégration. Les dirigeants et personnels de cette structure internationale sont désormais chez eux en France. Les mecs nous font un cirque sur les fonctionnaires de Bruxelles qui voudraient diriger la France, alors qu'ils installent le personnel de l’OTAN et lui donnent les moyens d’exercer au quotidien.

 

Une préparation opaque et mensongère

Le projet a été engagé au début de l’année 2014 par une discrète consultation interministérielle, et devant le consensus des ministères, la France a alors saisi le Conseil de l’Atlantique Nord d’une demande de ré-adhésion… qui trouve avec ce projet de loi son épilogue. « Mieux vaut co-diriger que subir » : Hollande peut utiliser le vocabulaire de Sarko.

 

En toute tranquillité, le projet de loi fait référence à un rapport rédigé par Hubert Védrine en 2012,… à ceci près que le rapport était critique sur ce projet, estimant que voir la France « se fondre » dans la pensée de l’OTAN était « un risque à terme, pas immédiat, mais réel, à prendre en compte ». A force de « s’en remettre » aux structures internationales, l’armée française pourrait perdre « sa capacité propre d’analyse des menaces, de réflexion et de prévision sur les scénarios et même de planification ».

Certes. Mais, après tout il nous reste les « valeurs de la République… » et la « laïcité à la française » et autres falbalas franchouillards, autant de phares dans un monde troublé…

 

 

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24 octobre 2015 6 24 /10 /octobre /2015 13:20

Par Jacques Sapir

 22 octobre 2015

 

On parle beaucoup aujourd’hui, du fait de la crise des réfugiés en Europe et au Proche-Orient, d’un « retour des frontières ». Ceci est assez étonnant, tout en décrivant bien, en creux, l’idéologie dominante dans une partie de la presse et chez certains commentateurs. Il faut en effet constater que les frontières existent aujourd’hui. C’est une évidence mais cela relève de la « découverte » pour certain. De ces frontières, certaines sont plus étanches que d’autres, mais elles sont une réalité générale. Par ailleurs, même au sein de l’Union Européenne l’accord de Schengen est aujourd’hui ouvertement remis en cause. Signe des temps : nous voici bien ramené à la question des frontières. Mais, cette question pose en filigrane celle de la mondialisation et celle de la souveraineté.

 

Du rôle de la frontière

Parler de retour des frontières implique que nous vivrions dans un monde sans frontières, ce qui n’est à l’évidence pas le cas. Cette question est donc très mal formulée. La véritable question n’est pas est-on pour ou contre des frontières, mais à quoi ces frontières doivent-elles servir.

 

La frontière est en réalité la condition de la démocratie. C’est elle qui permet de relier la décision collective et la responsabilité. Sans l’existence de frontières, si nous vivions dans une indétermination territoriale, nous pourrions certes avoir la possibilité de la décision en commune mais pas la responsabilité de long terme qui vient de l’existence sur un territoire donné. Ce fut d’ailleurs, historiquement, le problème qui empêcha les peuples nomades de se donner des institutions sociales et politiques à l’image des peuples sédentaires. La frontière est aussi constitutive de la démocratie en cela qu’elle détermine un peuple (et non une appartenance ethnique ou religieuse). C’est la frontière qui met l’étranger voulant vivre dans un autre pays devant le choix de s’intégrer ou d’être privé de droits politiques. Elle est une séparation entre l’intérieur et l’extérieur, séparation sans laquelle aucune organisation, et je rappelle qu’un Etat est une organisation, ne saurait – tout comme tout être vivant – exister. Même les protozoaires ont une membrane qui les isole de leur environnement.

 

Une frontière doit donc jouer le rôle d’un filtre laissant passer certaines choses, et bloquant certaines autres. Aussi, la question des frontières pose celle du protectionnisme. On sait que ce dernier à mauvaise presse. Mais, la question du protectionnisme est indissolublement liée à celle des politiques de développement. Les travaux d’Alice Amsden[1], Robert Wade[2] ou ceux regroupés par Helleiner[3] montrent que dans le cas des pays en voie de développement le choix du protectionnisme, s’il est associé à de réelles politiques nationales de développement et d’industrialisation[4], fournit des taux de croissance qui sont très au-dessus de ceux des pays qui ne font pas le même choix. Avec l’émergence de la nouvelle théorie du commerce international de Paul Krugman, on peut considérer que le protectionnisme a retrouvé en partie ses lettres de noblesse[5]. Paul Krugman lui-même a récemment reconnu que la globalisation pouvait bien, malgré tout, être considérée comme coupable[6]. Des phénomènes comme le recours massif à une sous-traitance étrangère n’avaient ainsi pas été prévus et ont considérablement modifié l’approche de la globalisation[7].

 

Frontières et mondialisation

Le fait que les pays d’Asie qui connaissent la plus forte croissance ont systématiquement violé les règles de la globalisation établies et codifiées par la Banque mondiale et le FMI a été établi par Dani Rodrik[8]. Ceci renvoie à la question des politiques nationales et à la problématique de l’État développeur qui renaît dans le débat depuis quelques années[9]. Cette problématique est en réalité au cœur du réveil industriel de l’Asie. En fait, ce sont ces politiques nationales qui constituent les véritables variables critiques pour la croissance et le développement, et non l’existence ou non de mesures de libéralisation du commerce international. Mais admettre cela revient à devoir reconsidérer le rôle de l’État dans les politiques économiques et le rôle du nationalisme comme idéologie associée au développement. On touche ici à de puissants tabous de la pensée orthodoxe en économie comme en politique.

 

Pourtant, il est clair que ce protectionnisme, ces politiques de développement national, n’interdisent nullement le commerce international. Le protectionnisme n’est pas l’autarcie. Ceci devrait être évident pour tout le monde. Mais, quand François Hollande, Président de la République, appelle à l’occasion du soulèvement récent des agriculteurs en France à « manger français », ne se fait-il pas, lui l’apôtre de l’autarcie ? Sa formule relève en effet de ce qui s’appelle l’autarcie et qu’aucun économiste ne peut recommander. En réalité, des formes de protectionnisme, égalisant les conditions tant sociales qu’écologiques dans lesquelles les biens sont produits, sont absolument nécessaire. Ces formes de protectionnisme seraient plus efficaces si nous pouvions arriver à un accord commun avec certains de nos partenaires. Mais, même sans cet accord, elles seraient incontestablement efficaces.

 

Du rôle modérateur de la notion de frontière

Il faut ici se souvenir du petit livre publié en 2010 par Régis Debray et qui s’intitulait Eloge des Frontières [10]. Il faut donc lire ou relire ce petit livre qui dit une grande chose. La frontière, parce qu’elle distingue un intérieur d’un extérieur permet le contact avec l’autre comme elle permet la démocratie, cette combinaison de pouvoir et de responsabilité. Dans une interview qu’il donne à l’occasion de la sortie de ce livre au JDD, Régis Debray dit aussi : « La frontière, c’est la modestie : je ne suis pas partout chez moi. J’accepte qu’il y ait de l’autre et pour faire bon accueil à un étranger, il faut avoir une porte à ouvrir et un seuil où se tenir, sinon ce n’est plus un hôte mais un intrus. Un monde sans frontières serait un monde où personne ne pourrait échapper aux exécuteurs de fatwas ou aux kidnappeurs de la CIA. (…)La méconnaissance des frontières relève d’un narcissisme dangereux, qui débouche sur son contraire : les défenses paranoïaques. Une frontière invite à un partage du monde et décourage son annexion par un seul »[11]. On voit que le propos est large. Il faut en tenir compte. Sans l’existence de frontières la distinction entre l’invitant et l’invité cesserait d’exister. Dès lors ne pourrait plus être pensée l’obligation morale qu’il y a à accueillir un étranger poursuivi par u pouvoir tyrannique sur son sol natal, obligation qui – il faut le rappeler – existe dans la déclaration des Droits de l’Homme et dans le préambule de la Constitution en France. Mais, ce que dit Régis Debray va encore plus loin. L’existence de frontières permet de penser la pluralité du monde. Elle s’oppose à la vision unifiante – et terrifiante – de l’empire universel. C’est l’existence de frontières, parce qu’elle permet l’existence de nations, qui permet l’internationalisme et non, comme le confondent beaucoup aujourd’hui, un a-nationalisme, une généralisation du statut d’apatride pour tous.

 

Frontières et souveraineté

Mais, parler de frontière est une autre manière de parler de la souveraineté.

Dès lors, on peut définir le souverainisme étymologiquement comme l’attachement de quelqu’un à la souveraineté de son pays, et donc l’attachement à ses frontières. Cela pourrait en faire un équivalent de patriotisme. Mais, dans sa signification actuelle, le souverainisme définit en réalité un attachement et une défense de la souveraineté du peuple, qui est le fondement principal de la démocratie. Le souverainisme est donc ce qui permet l’expression de la volonté d’une communauté politique (le peuple) à pouvoir décider de lui même, par lui-même et pour lui-même sur les questions importantes[12].

 

C’est donc une notion qui s’enracine profondément dans une vision de gauche de la société. C’est ce qui explique, sans doute, le succès grandissant des idées souverainistes car elles sont les seule qui permettent de rattacher l’aspiration au progrès social à des mécanismes concrets, car fonctionnant au sein d’espaces territorialisés clairement définis. Ce souverainisme ne relève pas d’une quelconque xénophobie. Il permet au contraire de penser la libre disposition d’un peuple de prendre son destin en main.

 

Le souverainisme est donc la position logique, et même la position nécessaire, de tous ceux qui veulent penser la démocratie, non pas comme un rite formelle mais comme une pratique réelle. Qu’il y ait, à partir du moment ou la souveraineté est établie et la démocratie réelle rétablie, des oppositions entre courants se réclamant du souverainisme est chose normale. On peut même dire qu’elle fait partie intégrante du processus démocratique. Mais, ces différents doivent être unis quand il s’agit de défendre la souveraineté et la démocratie. De ce point de vue, et contrairement à ce que d’aucuns écrivent[13], il n’existe pas de souverainisme « de gauche » ou « de droite ». Il existe des opinions, de droite ou de gauche, tenues par des souverainistes. Mais, l’ensemble des « anti-souverainistes » sont en réalité des gens que l’on peut qualifier comme « de droite » car ils se prononcent contre les bases mêmes de la démocratie.

 

Retour des frontières ou retour des Nations ?

Ce à quoi on assiste depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, c’est au contraire à un retour des Nations[14]. Ce retour a commencé avec le rétablissement de la Russie ; il s’est prolongé avec les politiques des Etats d’Asie orientale. Désormais, ce processus concerne directement l’Europe. Face à ce retour des Nations, on peut soit le combattre, mais c’est un combat perdu d’avance, ou l’on peut chercher à fonder de nouvelles formes de coopération entre ces Nations.

 

Car, le retour des Nations n’implique nullement celui du nationalisme et du bellicisme. Les grands projets, dont les européens sont fiers, à juste titre, ont TOUS été le résultat de coopérations multinationales, et non d’un processus fédéral. Qu’il s’agisse d’Ariane ou d’Airbus, au départ ce sont quelques pays qui ont décidé de mettre en commun leurs savoir-faire et leurs compétences. D’ailleurs Airbus n’aurait jamais existé sans l’accord franco-allemand pour la construction de l’avion de transport Transall et sans le Concorde franco-britannique, qui a permis une modernisation décisive de l’industrie française.

 

Aucun de ces grands projets, et de ces grandes réussites, n’est aujourd’hui possible dans le cadre étriqué et étouffant de l’Union européenne. On a tout à fait le droit de penser que les Nations sont des cadres périmés. Mais en ce cas, il faut en tirer les conséquences pour soi-même. C’est pourquoi on ne peut qu’être très choqué de certains propos tenus récemment par François Hollande lors de son discours devant le Parlement européen, non tant par les propos eux-mêmes, mais du fait qu’ils sont contradictoires avec la fonction de Président de la République qu’il occupe. S’il était cohérent, il devrait donc démissionner.

 

[1] A. Amsden, Asia’s Next Giant, New York, Oxford University Press, 1989.

[2] R. Wade, Governing the Market, Princeton (N. J.), Princeton University Press, 1990.

[3] G. K. Helleiner (dir.), Trade Policy and Industrialization in Turbulent Times, Londres, Routledge, 1994.

[4] Voir C.-C. Lai, « Development Strategies and Growth with Equality. Re-evaluation of Taiwan’s Experience », Rivista Internazionale de Scienze Economiche e Commerciali, vol. 36, n° 2, 1989, p. 177-191.

[5] Voir A. MacEwan, Neo-Liberalism or Democracy ? : Economic Strategy, Markets and Alternatives For the 21st Century, New York, Zed Books, 1999.

[6] P. Krugman, « A Globalization Puzzle », 21 février 2010, disponible sur krugman.blogs.nytimes.com/2010/02/21/a-globalization-puzzle.html .

[7] Voir R. Hira, A. Hira, avec un commentaire de L. Dobbs, « Outsourcing America : What’s Behind Our National Crisis and How We Can Reclaim American Jobs », AMACOM/American Management Association, mai 2005 ; P. C. Roberts, « Jobless in the USA », Newsmax.com, 7 août 2003,
www.newsmax.com/archives/articles/2003/8/6/132901.shtml .

[8] D. Rodrik, « What Produces Economic Success ? » in R. Ffrench-Davis (dir.), Economic Growth with Equity : Challenges for Latin America, Londres, Palgrave Macmillan, 2007. Voir aussi, du même auteur, « After Neoliberalism, What ? », Project Syndicate, 2002 (www.project-syndicate.org/commentary/rodrik7).

[9] Voir T. Mkandawire, « Thinking About Developmental States in Africa », Cambridge Journal of Economics, vol. 25, n° 2, 2001, p. 289-313 ; B. Fine, « The Developmental State is Dead. Long Live Social Capital ? », Development and Change, vol. 30, n° 1, 1999, p. 1-19.

[10] Debray R., Eloge des Frontières, Paris, Gallimard, 2010.

[11] Publié dans le JDD du 13 novembre 2010,
http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Actualite/Regis-Debray-La-frontiere-c-est-la-paix-interview-233498

[12] Selon la définition donnée par Abraham Lincoln de la démocratie dans la fameuse « Adresse de Gettysburg ».

[13] Voir Plassart P., « Sirènes souverainistes », in Le Nouvel Economiste, 22 octobre 2010,
http://www.lenouveleconomiste.fr/sirenes-souverainistes-28489/

[14] Sapir J., Le Nouveau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 16:57

Hommage au patriote, à l’un des animateurs de la campagne contre la ratification du traité de Maastrischt, par Claude beaulieu Comité valmy

 

Avec Philippe Seguin, Georges Marchais, Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers, Charles Pasqua fut l’un des principaux animateurs de la campagne contre la ratification du traité de Maastricht. Tous étaient les adversaires de l’alliance sans principe des tenants du renoncement national, conduite par un Mitterrand revenu à la félonie pétainiste de sa jeunesse, un Jacques Chirac qui trahissait lui, son propre appel de Cochin et un Giscard d’Estaing eurolâtre.

 

Le combat contre la ratification de Maastricht fut admirable à bien des égards. Dans une démocratie libre et non faussée, où – notamment – la liberté de la presse aurait existé, le non l’aurait emporté de façon évidente.

 

Le programme du CNR qui prévoyait d’ « Assurer... la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances de l’argent et des influences étrangères » n’a jamais été appliqué. Au début des années 90, les médias étaient déjà pour l’essentiel aux mains de la finance, même s’ils n’avaient pas encore atteint le stade d’asservissement globalisé et consenti qui, de nos jours, permet à Paul Craig Roberts de parler de presstituée. De fait, les principaux médias furent mobilisés par le camp du renoncement national. Une vaste campagne de manipulation médiatique en faveur du oui au référendum fut orchestrée, en particulier autour du même chantage au chaos que celui utilisé aujourd’hui contre le peuple grec en lutte.

 

L’oligarchie financière et ses chargés d’affaires compradores du parti socialiste au pouvoir, comme de la droite anti nationale et atlantiste, bénéficièrent aussi, de façon non négligeable, du soutien de certains trotskistes installés à la direction du PS. Souvent issus de l’Organisation Communiste Internationaliste et idéologiquement hostiles à la nation, de nombreux trotskistes ont en effet rejoint François Mitterrand et le Parti socialiste dont Lionel Jospin fut à deux reprises le Premier secrétaire (de 1981 à mai 1988, puis d’octobre 1995 à 1997). De nos jours, Jean-Christophe Cambadélis (également formé idéologiquement à l’OCI) occupe cette même fonction, tandis que Pierre Moscovici (provenant quant à lui de la Ligue Communiste Révolutionnaire) s’acharne contre la souveraineté du peuple grec en tant que commissaire européen.


Dans la campagne sur la ratification du traité de Maastricht, Jean-Luc Mélenchon fut du mauvais côté de la barricade. Au Sénat, il prétendait que « la construction de la nation européenne est un idéal » et que « Maastricht est un compromis de gauche. »


En fait, Mélenchon se prononçait pour une nation européenne, une république européenne et une souveraineté populaire à l’échelle de l’Europe.

 

De leur côté, Arlette Laguiller et Lutte Ouvrière ont également joué un rôle délétère en appelant à l’abstention lors du référendum. Interrogée ultérieurement sur la monnaie unique, Laguiller s’y est déclarée favorable « dans une fédération européenne libre des travailleurs » (L’Humanité, 5 avril 1995) .

 

Le Parti socialiste et Mitterrand, peu soucieux de l’intérêt national, furent les principaux responsables de la courte victoire du oui au traité de Maastrischt avec 51,05% des votants contre 48,95% pour le non.

 

Philippe Seguin avait été brillant au cours de la campagne pour le non à la ratification du traité de Maastrischt (à l’exception de son face à face télévisé avec un François Mitterrand exploitant sa maladie). De façon étonnante, il ne jugea pas utile après la victoire du oui de persévérer dans une nouvelle résistance contre l’Europe supranationale sous domination germano-américaine.

 

Inversement, Charles Pasqua (qui était entré à l’âge de 16 ans dans la résistance patriotique et antinazie) poursuivit le combat sur des positions gaulliennes. Ainsi, il créa une organisation nommée Demain la France puis réanima plus tard, une nouvelle version du RPF.


Avec notamment des anciens responsables communistes, j’ai à plusieurs reprises été en contact pour le Comité Valmy avec un représentant de Demain la France, autour d’un objectif commun : travailler à la recherche des possibilités de construction d’une alliance patriotique, républicaine et de progrès, avec comme exemple la Résistance et le programme du CNR.

 

En 1999, à la suite de ces rencontres préparatoires, une délégation du Comité Valmy fut reçue par Charles Pasqua afin de préparer une liste dépassant le clivage gauche/droite, pour les élections européennes de cette année-là. Même si cette tentative échoua, je reste convaincu de la sincérité de Charles Pasqua.


Pasqua était un personnage complexe et controversé. Mais au moment de sa disparition, je souhaite rendre hommage au patriote et au gaulliste authentique, qui malgré l’échec de notre tentative commune a tout de même contribué à démontrer que la stratégie d’alliance du Comité Valmy n’a rien d’utopique.

 

Note de Jack Freychet

 

Charles Pasqua laisse  le souvenir d’un patriote sincère, lucide quant aux dangers du traité de Maastricht, avec qui il eut été souhaitable de faire un bout de chemin vers  des objectifs précis mais  c'était aussi l'homme de la francafrique et du SAC.

Dans le contexte actuel je vois ce texte comme un appel  à tous ceux qui sont restés tant soit peu des gaullistes sincères soucieux e de la souveraineté  nationales.

Après tout des gens de sensibilités différentes, parfois opposées ne se sont-ils pas retrouvés côte à côte, durant la Résistance afin de bouter l’occupant hors de France.

 

Quand les blés sont sous la grêle
    Fou qui fait le délicat
    Fou qui songe à ses querelles
    Au coeur du commun combat…

    La rose et le réséda. ARAGON

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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 15:30
Source Comité Valmy
Par Robert CLAVIJO

 

L’association altermondialiste ATTAC a tenu en juillet 2013 à Nîmes son université d’été. Le thème choisi était « Ruptures et transitions. Le temps est venu ». Alléché par ce titre prometteur j’ai participé de bout en bout aux 4 journées de conférences et de débats. Quoi de neuf sous le soleil altermondialiste ?

L’euro

Notre appartenance à la zone euro nous condamne à l’austérité sans fin et sans rivage avec tous les désastres économiques et sociaux qu’engendre l’austérité. Nous savons tous que l’état de nos finances publiques continue à s’aggraver et que le sort de la Grèce nous menace. Mais si quelques intervenants ont envisagé voire souhaité que la France sorte de la zone euro et si ATTAC n’a pas pu éviter complètement un court débat sur ce point, elle refuse toujours obstinément toute rupture avec l’euro et tout retour au franc.

L’Union européenne

ATTAC n’a jamais été aussi critique envers l’U.E. Il y a quelques années elle considérait l’intégration européenne comme un projet initialement louable et qui aurait par la suite malheureusement dérivé entre les mains de dirigeants maladroits ou malintentionnés. ATTAC sur ce point est devenue plus lucide.


La plupart des conférenciers et des intervenants ont admis que l’union de l’Europe occidentale a été dès l’origine, avec le soutien des USA, non une œuvre de paix mais une machine de guerre pour contenir et repousser le bloc soviétique et d’autre part une alliance contre les travailleurs, pour empêcher tout basculement d’un pays occidental dans le camp socialiste.


De plus certains conférenciers ont démontré que les institutions européennes, outre qu’elles ignorent l’indispensable séparation des pouvoirs, ont été conçues dès l’origine pour tenir les peuples à l’écart des décisions et que les députés européens forment un parlement croupion dont la seule raison d’être est de donner une façade démocratique à une construction radicalement oligarchique et illégitime.

 

Enfin conférenciers et intervenants ont presque tous convenu que l’Union européenne n’est pas réformable. J’étais loin de m’attendre à cet aveu.

 

On devrait en conclure que rester dans l’Union européenne c’est donc renoncer à toute démocratie, à toute justice sociale, à toute indépendance envers les USA et l’OTAN et donc à toute diplomatie de paix. Mais seuls de rares conférenciers non membres d’ATTAC et quelques intervenants ont souhaité que la France quitte l’Union européenne. L’U.E. est inacceptable, la changer est impossible mais ATTAC veut pourtant y rester.

Le libre-échange

Il n’y a pas si longtemps, le libre-échange était considéré par ATTAC comme une fraternelle ouverture aux autres, une composante indispensable de l’internationalisme. Ces naïvetés de bibliothèque rose ont vécu. Ces dernières années ATTAC a pris conscience que le libre-échange n’est rien d’autre que le libéralisme dans le commerce international, la jungle dans les échanges entre nations, une jungle qui permet aux plus compétitifs de ruiner tous les autres. Invité comme conférencier François Ruffin (du périodique « Fakir ») a finement remarqué que le libre-échange punit la vertu et récompense le vice. Les plus compétitifs sur le marché mondial sont en effet les plus vicieux :paradis fiscaux, adeptes du secret bancaire, Etats policiers qui traquent les militants ouvriers, traitent les salariés comme des esclaves, sacrifient leur environnement à la rentabilité industrielle, etc.

 

Les pays socialement et écologiquement en pointe sont donc obligés, s’ils acceptent le libre-échange, de renoncer à leurs avancées et de s’aligner sur les plus pervers pour devenir compétitifs. J’ajoute que les frontières sont à un pays ce que la peau est au corps humain. Notre peau contrôle les échanges entre notre organisme et le monde extérieur. Elle laisse passer ce qui est salutaire (la sueur, par exemple) et fait barrage à ce qui est nocif , par exemple l’eau chargée de microbes quand nous prenons un bain de mer. Un pays qui détruit ses filtres douaniers au profit du libre-échange est comparable à un être humain qui accepterait d’être écorché vif.

 

La seule alternative au libre-échange est le rétablissement des barrières douanières, le protectionnisme. Il n’y a pas de troisième voie. Une minorité grandissante au sein d’ATTAC veut rompre avec le libre-échange mais l’association et surtout ses dirigeants restent globalement hostiles au protectionnisme.


ATTAC se veut de gauche, flétrit continuellement le capitalisme et le libéralisme mais en rejetant les barrières douanières elle reste dans le camp libre-échangiste, donc dans le camp du libéralisme qui est l’idéologie des grandes firmes transnationales. Les penseurs d’ATTAC ne semblent pas torturés par cette incohérence.

La finance

Depuis 2008 – naissance de la crise financière – la plupart des citoyens ont découvert la malfaisance, la perversité profonde de la sphère financière. La moraliser est impossible. La dérégulation, la mondialisation ont rendu la finance incontrôlable. Les Etats ne peuvent plus rien contre elle. C’est elle qui domine, contrôle, asservit les Etats. Rassurer, satisfaire les marchés financiers est devenu l’obsession des gouvernements qui se laissent ainsi quotidiennement dicter leur conduite par la finance. Il faut pourtant en finir avec les paradis fiscaux, le secret bancaire, le blanchiment d’argent sale, l’évasion fiscale. Pour garantir la transparence, mettre fin aux trafics immoraux, soumettre la finance aux Etats, à la puissance publique, à la souveraineté populaire, il est indispensable de nationaliser les banques et les compagnies d’assurance.


Déjà en 1944 dans son programme, le conseil national de la résistance qui pourtant avait bien moins que nous expérimenté la perversité financière, exigeait la nationalisation des compagnies d’assurance et des grandes banques. Par chance, les traités européens n’interdisent aucune nationalisation. C’est la seule action décisive que nous puissions entreprendre sans avoir besoin d’une autorisation de Bruxelles. C’est donc à notre portée. En 2013, en cette sixième année de crise financière, comment se fait-il que les citoyens, les syndicats, les associations ne se soulèvent pas pour exiger cette nationalisation ?

 

Pourtant dans les réunions plénières et dans les nombreux ateliers consacrés par l’université estivale d’ATTAC à la finance et à la monnaie, personne à part moi n’a réclamé cette nationalisation. Consternant. ATTAC peut-elle se contenter d’observer l’activité des banques, leur lobbying à Bruxelles et de dénoncer leurs forfaits ? Susan George, figure de proue de l’altermondialisme, nous a présenté comme « admirable » l’ONG « finance watch », simple observatoire de la finance, sans être gênée par le fait que cette ONG est partiellement financée et donc tenue en laisse par la commission de Bruxelles.

Conclusion

Comment expliquer qu’ATTAC recule devant toutes les ruptures qu’exige la crise du monde contemporain ? Si on s’en tient aux discours oraux ou écrits d’ATTAC on pourrait croire que son ennemi principal est le capitalisme néo-libéral. Erreur. Les vraies bêtes noires de l’altermondialisme sont les nations et le nationalisme, considérés comme l’horreur suprême, le mal pur. Peter Wahl, membre fondateur de la section allemande d’ATTAC, invité comme conférencier à l’université estivale, s’est vanté au micro de n’avoir jamais chanté l’hymne allemand et de systématiquement soutenir, lors des matches de foot, l’équipe étrangère opposée à l’équipe allemande. Il fut chaleureusement applaudi. Les militants d’ATTAC, ONG mondiale, mettent leur fierté à rejeter tout patriotisme et se veulent citoyens du monde. Un altermondialiste est par définition amoureux de la mondialisation dont il ne critique que le caractère libéral. Il croit, comme on croit au père Noël, qu’un « autre monde », une autre mondialisation, sont possibles.

 

L’ennui est que, sans la destruction libérale des frontières par le libre-échange, la mondialisation n’existerait pas. Telle est la contradiction fondamentale qui paralyse ATTAC et l’empêche de faire les choix qui s’imposent. Sortir de l’euroland et de l’U.E. , rétablir aux frontières des protections douanières est devenu indispensable mais ce serait une rupture avec l’intégration européenne et la mondialisation très chères toutes deux à ATTAC. Nationaliser le secteur financier est tout aussi indispensable mais ce serait une issue nationale à la crise mondiale de la finance. ATTAC ne peut rien objecter à cette nationalisation mais répugne affectivement à une solution « nationaliste » de la crise financière.

 

J’aimerais qu’ATTAC réfléchisse à ce qui suit :Rien n’est aussi mondial que l’environnement. Le soleil, le vent, les fleuves, les courants marins, les migrations des oiseaux, les secousses sismiques et le climat ignorent totalement les frontières humaines.

 

Pourtant les écologistes les plus lucides ont depuis longtemps compris queles problèmes mondiaux doivent être résolus localement. Penser globalement, planétairement mais décider et agir localement est leur devise. Car c’est à l’échelon local qu’avec le minimum d’effort on obtient le maximum de résultats. Comme le préconise Pierre Rabhi, soyons tous des colibris accomplissant chacun notre petite tâche locale. Ce sont des milliards de colibris déversant tous, là où ils vivent, leur becquée d’eau sur les flammes qui pourront éteindre l’incendie planétaire. Cultivons chacun écologiquement notre jardin. C’est la meilleure contribution possible à la bonne santé de la planète. Ne gaspillons pas une précieuse énergie et ne multiplions pas les gaz à effet de serre en nous déplaçant sans cesse en foule de Seattle à Cancun et de tous les sommets altermondialistes à tous les forums mondiaux. Nous savons tous dans quel sens les comportements doivent changer pour sortir de la crise. Changeons donc de comportement.

 

Ce sont les firmes multinationales qui ont imposé la destruction des frontières, le libre-échange, l’intégration européenne, l’euro et la mondialisation libérale pour disposer d’un immense marché à leur dimension où ces firmes apatrides puissent se déployer et trafiquer sans entraves. Cette mondialisation, loin d’être souhaitable, uniformise l’humanité, détruisant cette inestimable richesse qu’est la diversité culturelle. La mondialisation détruit aussi toute souveraineté populaire car l’intervention citoyenne, le contrôle des électeurs sur les élus, la participation des citoyens aux décisions publiques, la démocratie directe, ne sont possibles qu’à l’échelle locale. ATTAC a évolué et évoluera sans doute encore. Elle finira tôt ou tard par rompre avec son amour de jeunesse : l’euromondialisme. Le plus tôt sera le mieux.

 

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 15:04

 

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 09:40

Recueilli par Francis BROCHET.

Source : Le Républicain Lorrain

relayé par

Bertrand Du Gai Déclin

vendredi 12 avril 2013, par Comité Valmy


 

Franchement, aimez-vous la polémique ? Chaque fois que vous passez à la télévision, vous créez le scandale…

« Non… La règle à la télévision, au moins quand j’ai commencé à y aller, était que le type qui gagnait le débat était toujours le plus souriant. Dans ce monde de copains ravis, il fallait être gentil… Mais je suis un chercheur, pas un politique, et pour moi, un chercheur honnête ne peut jouer le ravi de la télé. En plus, ce qui aggrave mon cas est que je suis un timide pathologique, mais je sens que ça va mieux. »

La France ne va pas si mal, écrivez-vous. Encore une provocation ?

« Pas du tout, cela résulte d’une vision de la société davantage centrée sur les mœurs que sur l’économie. Evidemment, nous savons que la France est en déroute économique. Mais nous constatons un bond en avant extraordinaire dans le domaine de l’éducation, environ jusqu’en 1995, suivi d’une stagnation. Contre le catastrophisme général, il faut souligner l’existence d’un processus de civilisation des mœurs : hausse de l’espérance de vie, taux de suicide en baisse, taux d’homicide qui s’effondre… Et surtout, malgré la crise, la population française continue de faire des enfants. »

La société française résiste, car elle est molle, dites-vous…

« Elle résiste mieux que les autres à la montée des inégalités économiques. Il y a dans la population française une sorte d’hyper-conscience, une méfiance de principe à l’encontre de la mondialisation, qui n’a pas d’équivalent ailleurs. Mais elle ne se soulève pas, et là est sa mollesse… Cela s’explique par un âge médian supérieur à 50 ans, qui ne donne pas des masses de gens courant dans la rue contrer la police. Et par la disparition des grandes croyances organisatrices, du communisme, du catholicisme, de la vraie croyance social-démocrate ou gaulliste. C’est une population très atomisée, avec des individus incapables d’action collective. »

La France court-elle le risque de se perdre dans la mondialisation ?

« Au contraire ! Tout le bouquin et ses cartes montrent que l’idée d’une telle menace est ridicule. Le choc de notre recherche, trente après notre livre sur L’invention de la France , est de trouver que la diversité régionale de la France a non seulement persisté, mais qu’elle a guidé la modernité. La magie de la France est de faire cohabiter deux grandes polarités : un centre égalitaire, très tôt déchristianisé, qui a donné la Révolution ; et une périphérie le plus souvent catholique, moins égalitaire. Longtemps en résistance contre le centre, cette périphérie est montée en puissance, et a d’une certaine façon pris le pouvoir, donnant aujourd’hui ses bastions les plus solides au parti socialiste… Ces vieux fonds familiaux et religieux demeurent, ils continuent de structurer les évolutions. Et si on peut vérifier la persistance de ces cultures régionales, comment s’inquiéter d’une disparition de la culture nationale ? »

Seriez-vous nationaliste, comme on vous en a accusé ? Et germanophobe ?

« C’est ridicule… Je ne dis pas que la France est merveilleuse, je dis qu’elle existe. Je ne dis pas que l’Allemagne est atroce, je dis qu’elle existe, comme les autres nations européennes. Et de la même manière que les régions françaises ne convergent pas, les pays européens non seulement ne convergent pas, mais divergent. Comment imaginer que la France, qui produit deux enfants par femme, va un jour ressembler à l’Allemagne, qui en produit 1,4 – un écart qui n’a jamais été aussi important ?

Or, l’euro a justement été construit sur l’hypothèse d’une convergence des sociétés. Il est donc aisé de comprendre pourquoi la zone euro est en train de se fragmenter, avec des pays qui perdent pied, et d’autres qui se portent bien. Les rapports de force entre sociétés sont une réalité qu’il est absurde de nier. Ou alors on refuse le monde réel, on construit l’euro – et après, on ne s’étonne pas que ça ne marche pas ! »

Vous avez appelé à voter pour François Hollande, voyant en lui « un nouveau Roosevelt », évoquant l’avenir d’un « hollandisme révolutionnaire »… Vous ne le regrettez pas ?

« Non, car il nous a débarrassé d’une droite folle, qui cherchait une issue à son impuissance dans la désignation de boucs émissaires. Mais alors, les vrais problèmes apparaissent à nu : la débâcle économique de la France. Tous les voyants sont au rouge, en France et en Europe. Et la crise de Chypre a fait prendre conscience aux peuples de l’incompétence des gouvernants : un Pierre Moscovici est sans doute sympathique, mais il n’est pas au niveau pour comprendre ce qui se passe dans la zone euro.

Si je suis honnête, je dois reconnaître que la dernière prestation télévisée de François Hollande ne me rend pas optimiste. La politique du gouvernement est vouée à l’échec. L’euro est en train de détruire l’industrie française, et il détruira aussi François Hollande. Sauf que la messe n’est pas dite… J’ai parlé de "hollandisme révolutionnaire" en précisant qu’il n’apparaîtrait qu’après une période de conformisme débouchant sur un échec cinglant. Or on n’en est qu’au début : dans trois mois, ce sera pire, dans six mois, pire encore… La question devient : Hollande aura-t-il encore assez d’autorité pour imposer un revirement ? Le président français est le dirigeant du monde occidental qui, selon les institutions, a le plus de pouvoir, mais son pouvoir est devenu une fiction, il a été annulé par l’euro. Sortir de l’euro serait pour François Hollande la seule manière de reprendre le pouvoir – ce que je lui ai récemment dit, en tête à tête, mot pour mot. »

Et quand vous voyez l’ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, pris avec un compte en Suisse ?

« Je trouve formidable qu’il ait été pris ! Car ce n’est pas seulement un homme qui a été pris, mais un système. Le ministre qui s’occupait du budget, de l’austérité, notre Monsieur la Vertu, apparaît comme un pourri ayant un compte en Suisse. Et c’est la règle : les professeurs d’austérité à travers l’Europe sont des gens qui ont un rapport particulier avec l’argent des riches : Mario Monti (l’ancien président du Conseil italien) et Mario Draghi (président de la banque centrale européenne) ont eu des liens avec Goldman Sachs (la banque d’affaires américaine impliquée dans la crise financière). L’austérité n’est pas la vertu, c’est la réduction de l’Etat à sa fonction de serviteur de la dette, et la dette, c’est l’argent des riches ! »

Une question plus personnelle, pour conclure : vous êtes le fils du journaliste Olivier Todd, le petit-fils de l’écrivain Paul Nizan, le petit-neveu de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss… N’est-ce pas un peu écrasant ?

« Quand j’étais petit… Mais maintenant, ça va. »

***

 

Emmanuel TODD à C dans l'air

 

 


 
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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 18:05

Par Roland Weyl avocat


Le débat sur l’identité nationale aura tendu à enfermer la notion même de référence nationale dans un piège dont il est urgent de la libérer pour lui restituer la valeur démocratique et même révolutionnaire qu’elle a acquise au fil des luttes et que la mondialisation capitaliste rend plus actuelle que jamais à condition d’en élucider l’approche et, comme cela s’était déjà posé à propos du procès du souverainisme, de tordre le cou à toutes les confusions sémantiques.


Première question : pourquoi les mêmes qui ont fait la guerre en Yougoslavie au nom du droit des peuples à l’indépendance nationale nous prêchent d’accepter la soumission à l’Europe de la finance parce que la souveraineté nationale est un vieux machin ?

 

Deuxième question : est-ce qu’il y a identité entre revendication nationale et nationalisme  ?

 

Il est de fait que depuis son éclosion la valeur nation a toujours été un enjeu disputé entre les défenseurs de ses valeurs de progrès libérateur et les artisans de sa dénaturation confiscatrice.

 

Cette dénaturation confiscatrice peut être identifiée dans deux types de démarche:D’une part celle de la bourgeoisie française des débuts du XVIIIesiècle : le concept de souveraineté de la nation était utilisé contre celui de souveraineté populaire. Les révolutionnaires n’ont cessé de revendiquer de donner à la démocratie un contenu de souveraineté populaire (1848, la Commune) et la bourgeoisie y opposait la souveraineté de la nation qu’elle était censée représenter.

 

D’autre part, la déviance nationaliste a fait du critère national, diverti en chauvinisme, une valeur antagoniste des autres nations. Ces dérives ne doivent pas conduire pour autant à répudier la valeur nation, mais à lui donner son véritable contenu, en prenant en compte qu’elle est objet de combat.

 

Ce n’est d’ailleurs pas nouveau. Toute l’histoire du PCF, et sans doute facteur exceptionnel de ses racines populaires, est marquée par ses combats pour l’indépendance nationale, par opposition au cosmopolitisme capitaliste, dénoncé comme n’ayant pas d’autre patrie que l’argent, comme la monarchie avait sombré avec les émigrés de Coblence contre les sans-culottes de Valmy, et comme d’autres plus tard allaient dire « plutôt Hitler que le Front populaire ».

 

Et ce n’est pas par hasard si aujourd’hui le capitalisme mondialisé, même si, comme souvent, il est complété par des nihilismes à la phrase révolutionnaire, emploie ses moyens de domination idéologique à périmer l’idée de nation, au moment même où la charte des Nations unies lui a, pour la première fois, conféré une valeur universelle, précisément sous le drapeau de la notion de souveraineté nationale. C’est que la notion de souveraineté nationale est aussi diamétralement antithétique du souverainisme que du nationalisme.

 

En effet, sa donnée essentielle, qui est bien évidemment la première occultée, est son contenu populaire, qui lui aussi est le contraire du populisme. Le populisme consiste à flatter le peuple pour obtenir de lui la délégation du pouvoir à un ou des hommes providentiels. La souveraineté populaire consiste pour le peuple à exercer le pouvoir lui-même par ses représentants élus, et qui lui sont subordonnés. Le caractère révolutionnaire de la charte tient à ce qu’elle fonde tout sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est-à-dire à être les maîtres de leurs affaires, leurs gouvernements ne devant être que leurs instruments de souveraineté.

 

Et la notion de souveraineté nationale intervient alors pour prendre en compte qu’il n’y a pas un seul peuple mondial homogène, mais des peuples, avec chacun son implantation géographique, ses besoins et possibilités différents qui en découlent, et son histoire, la souveraineté populaire devant alors s’exercer par chaque peuple, mais dans l’obligation du respect mutuel de leurs différences. Alors, la souveraineté nationale n’est rien d’autre que la référence d’identification de ses compétences territoriales d’auto administration.

 

De contenu fondamentalement démocratique, elle suppose que, sur un territoire où cohabitent plusieurs peuples, ceux-ci exercent ensemble leur souveraineté par le moyen d’un État multinational, et la notion de souveraineté nationale est si peu assimilable au nationalisme que l’histoire française des luttes populaires, à contenu manifestement national, s’est illustrée par la promotion de Schiller comme citoyen d’honneur, le Polonais Dombrowski comme héros de la Commune, et ceux de l’Affiche rouge. La notion de souveraineté nationale n’est donc pas une référence conflictuelle, mais un aliment d’essor personnalisé. Sinon, comment pourrait-on revendiquer le droit pour les Palestiniens ou les Sahraouis à leur indépendance ?

Il est clair que les données objectives de mondialisation génèrent des échanges qui tendront de plus en plus à interpénétrer les composantes nationales respectives et il est possible (probable ?) qu’un jour viendra où il y aura un seul peuple mondial, mais nous n’en sommes pas là, et pour le moment, outre qu’une partie des échanges tient aux migrations forcées de ceux dont l’épanouissement national est opprimé, la négation nationale ne peut que servir à l’écrasement de la personnalité des peuples, de la richesse de leurs différences, au service de leur exploitation universelle. Ne nous y prêtons pas.

 

Texte publié dans l’Humanité du 11 février 2010.

 

Mise en ligne CV mai 2010 par Comité  http://www.comite-valmy.org/spip.php?article534

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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 18:42

Un texte de jean Levy sur le site du comité deValmy

 

Dans le débat permanent, qui se poursuit au sein du mouvement ouvrier, le lien ou l’opposition entre les concepts de nation et d’internationalisme, sont récurrents. Il y a un siècle, Jean Jaurès, dans une formule fameuse en établit les rapports étroits. Depuis lors la polémique n’a pas cessé.

Pour nombre de camarades, évoquer « la nation », déployer le drapeau tricolore, c’est sombrer dans l’idéologie bourgeoise, c’est trahir la notion de classe, c’est se placer dans le camp de l’ennemi. Or, quand il s’agit d’assumer la solidarité avec des peuples en lutte pour leur indépendance, ces mêmes camarades défendent bec et ongles le droit de ces peuples à combattre pour leur « libération nationale » et brandissent hardiment leur drapeau, qu’il ait été vietnamien, cubain, ou algérien, hier, ou palestinien aujourd’hui.

Seul, le drapeau français fait exception…

Or, l’indépendance de notre pays n’est-elle pas aliénée de par son intégration forcée dans l’Union européenne ? Les hommes liges de celle-ci se font gloire d’avoir limité la souveraineté de la France et multiplient leurs efforts pour poursuivre plus avant dans cette voie. Leur horizon, c’est l’abandon complète de l’indépendance nationale de chacun des Etats qui composent l’UE, au profit du grand capital européen. Celui-ci a pour perspective la suppression pure et simple des lois et dispositions nationales, acquises par la lutte de chaque peuple. Elles protégent encore trop les travailleurs aux yeux des oligarchies financières et des politiciens à leur service. Les législations sociales sont autant d’obstacles à supprimer, telles les frontières des Etats au sein de l’Europe.

Dans la mesure où cette analyse est partagée, chacun devrait en tirer la conclusion que la reconquête des droits sociaux, et mieux encore la lutte pour une autre société, vont de pair avec le combat pour recouvrer la pleine souveraineté de chaque nation.

Si Cuba, le Venezuela, la Bolivie, peuvent suivre aujourd’hui une voie de développement propre aux intérêts de chacun de leur peuple, c’est que ceux-ci ont rompu les liens d’aliénation avec l’impérialisme US, c’est qu’ils ont d’abord reconquis leur souveraineté.

Pour eux comme pour nous, la libération sociale est inséparable de la libération nationale.

 

Jean LEVY  sur le site du comité de valmy

 

Faut-il rappeler, à ce sujet, ce que notait Georges Dimitrov, dans son journal, le 12 mai 1941, un mois avant l’agression nazie contre l’Union soviétique, donc propos non de circonstance :

« Il faut développer l’idée d’un mariage entre un nationalisme sain et bien compris et l’internationalisme prolétarien. Celui-ci doit reposer sur ce nationalisme dans les divers pays (…) entre le nationalisme bien compris et l’internationalisme prolétarien, il n’y a pas et ne peut y avoir de contradiction. Le cosmopolitisme sans patrie, refusant tout sentiment national et l’idée de patrie, n’a rien à voir avec l’internationalisme prolétarien ».

Domenico Losurdo : « Staline, histoire et critique d’une légende noire » (page 34) Editions aden

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