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19 août 2016 5 19 /08 /août /2016 17:20

Burkini: Le choc des civilisations à l’heure du pastis,

Par Bruno Guigue


Curieux pays que la France. Ses dirigeants tentent d’abattre depuis cinq ans, par tous les moyens, le seul régime non confessionnel du Moyen-Orient. Ils livrent des armes aux djihadistes au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Ils bombardent les populations civiles en prétendant lutter contre le terrorisme qu’ils soutiennent par ailleurs. Ils distribuent des médailles honorifiques et vendent des avions de chasse aux sponsors saoudiens de la terreur planétaire. Mais cette absurdité permanente de notre politique étrangère n’offusque personne. Elle ne suscite dans les médias dominants que des débats feutrés. Aucun mouvement de foule n’en dénonce la nocivité. Pour peu elle passerait inaperçue, faisant place à d’autres préoccupations.

 

Car ce ne sont pas les événements d’Alep qui passionnent les foules. Ces affrontements exotiques auxquels on ne comprend rien n’intéressent personne. Loin de nous, ils sont comme frappés d’insignifiance. Le vrai sujet est ailleurs, son urgence saute aux yeux. Son extrême gravité nous pétrifie d’angoisse. Le burkini ! Ce costume de bain ne devrait provoquer, au pire, qu’un sourire narquois ou désabusé. Il ne devrait susciter, au mieux, qu’une souveraine indifférence. Mais voilà qu’il se transforme en casus belli pour estivants déchaînés, qu’il devient le motif extravagant d’une bataille de parasols. Portée à l’incandescence par l’atmosphère corse, la discorde frôle même le paroxysme, à coups de jets de canettes et de fléchettes de harpon.

 

Aurait-on tort de ne pas prendre au sérieux cette invraisemblable querelle ? Oui, nous dit-on, car elle serait symboliquement décisive. Elle serait lourde de signification implicite, grosse d’une menace existentielle. A croire certains, elle s’élèverait même au rang du combat suprême pour la défense de nos valeurs. Menacée de submersion, l’identité européenne jouerait son va-tout dans cette rixe saisonnière aux relents de pastis. Congédiant la pétanque et les épuisettes, elle reléguerait les passions vacancières au magasin des accessoires. Alors que dans les piscines allemandes on s’en moque, ce maudit vêtement émeut l’opinion, chez nous, avec une singulière intensité.

 

On a parfaitement le droit, bien sûr, de ne pas aimer cette tenue de bain pour ce qu’elle représente. Car cette version balnéaire du voile intégral n’est pas étrangère à un rigorisme qu’il est légitime de combattre sur le plan des idées. Mais la vie en société implique aussi l’acceptation de la différence culturelle. Dès lors qu’elle n’entrave la liberté de personne, une pratique sociale, vestimentaire ou autre, ne peut faire l’objet d’une interdiction que si elle déroge à un principe fondamental. Mais dans le cas d’espèce, lequel ? On peine à le trouver. Et l’on interdit la pratique des uns parce qu’elle ne plaît pas aux autres. Ce qui soulève cette question : dans un Etat laïc, les prohibitions légales ont-elles vocation à épouser les aversions subjectives des uns et des autres ?

 

Effet collatéral du climat créé par les attentats, cette interdiction, en réalité, renvoie sans le dire à la lutte contre le terrorisme. Que le burkini entretienne un rapport de connivence implicite avec l’idéologie wahhabite, au demeurant, n’est pas faux. Que cette idéologie soit la matrice originelle du djihadisme non plus. Mais les femmes qui adoptent cette tenue par conviction religieuse ne sont pas pour autant des adeptes du terrorisme. Et le motif de l’interdiction, il faut le reconnaître, demeure juridiquement faible, puisqu’on ne peut même pas invoquer le fait que le visage est masqué, contrairement à la burqa.

 

Il n’empêche que pour une partie de la population française cet argument est de peu de poids. A ses yeux, cette lutte symbolique est le baroud d’honneur de l’Occident en proie aux barbares. La guerre du maillot intégral, c’est le choc des civilisations mis à la portée des plagistes, le grand frisson identitaire à l’heure de l’apéro aux olives. On croit combattre le fanatisme en faisant la chasse au burkini, mais on ne poursuit que des ombres, sans voir la diversion à laquelle on prête la main. Nourrie par des médias rapaces, cette bataille dérisoire, une fois de plus, détourne de l’essentiel. Cette vaine dispute est un écran de fumée dont des politiciens véreux font leur miel. Et elle montre notre incapacité politique à prendre au sérieux l’islamisme radical pour mieux le combattre.

 

 

 

Bruno Guigue, ancien élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA, Haut fonctionnaire d’Etat français, essayiste et politologue, professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire, chargé de cours en relations internationales à l’Université de La Réunion. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont Aux origines du conflit israélo-arabe, L’invisible remords de l’Occident, L’Harmattan, 2002, et de centaines d’articles.

Traduit en anglais par Marcel Baranghttp://arretsurinfo.ch/burkini-clash-of-civilizations-at-pastis-time/

Source: http://arretsurinfo.ch/burkini-le-choc-des-civilisations-a-lheure-du-pastis-par-bruno-guigue/

 

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18 août 2016 4 18 /08 /août /2016 17:06

Poutine : Non au néo-libéralisme, Oui au développement national

Par William Engdahl

 

 

 

Après plus de deux ans d’aggravation de la croissance économique et une économie en difficulté avec un taux d’intérêt des banques centrales à 10,5%, l’attribution de nouveaux crédits qui pourraient stimuler la croissance est pratiquement impossible. Le président russe Vladimir Poutine a finalement brisé un bras de fer entre des factions internes. Le 25 juillet, il a exigé que le groupe économique appelé le Stolypine Club prépare des propositions pour stimuler la reprise de la croissance. Ce plan sera présenté au gouvernement au quatrième trimestre de cette année. Ce faisant, Poutine a rejeté deux factions économiques libérales ou néolibérales influentes qui avaient amené la Russie dans une récession politiquement et économiquement dangereuse avec leur idéologie de marché libre “à l’occidentale”. Ceci est un développement majeur que j’avais attendu depuis le dernier forum annuel de Saint-Pétersbourg sur l’économie mondiale en juin.

 

Il y a quelques jours et avec une grande discrétion, la presse russe a publié une note qui pourrait avoir une signification positive pour l’avenir de l’économie nationale. Le blog russe en ligne, Katheon, a rendu public le court préavis suivant : « Le président russe Vladimir Poutine a chargé le groupe Stolypine de finaliser son rapport et de préparer un nouveau programme de développement économique, qui soit une alternative au plan économique de Koudrine. Ce programme doit être rendu au Bureau du Conseil économique au dernier trimestre de 2016. »

 

Le blog Katheon souligne l’importance majeure de la décision d’abandonner l’approche néo-libérale du marché (free market) clairement destructrice de l’ancien ministre des Finances, Alexeï Koudrine : « Le rapport du club Stolypine conseille d’augmenter les investissements, d’injecter de l’argent dans l’économie provenant du budget de l’Etat et de la Banque de Russie. À l’opposé, le concept du Centre pour la recherche stratégique (Alexeï Koudrine) suggérait que les investissements devraient être privés et que le rôle de l’État est d’assurer la stabilité macroéconomique, une faible inflation, et la réduction des déficits budgétaires ».

 

Alexeï Koudrine a échoué

Dans la situation actuelle des sanctions économiques et financières occidentales contre la Russie, les flux des investissements privés dans l’économie, conseillés par les partisans du camp Koudrine, sont plutôt rares, pour le dire poliment et gentiment. Tailler dans un budget tout à fait minimal ne fait qu’augmenter le chômage et aggraver la situation.

 

Le président Poutine a clairement réalisé que « l’expérience » néo-libérale a échoué. Sous la pression des libéraux, Poutine a probablement été forcé d’accepter la réalité économique jusqu’au point où il était devenu évident qu’il fallait de toute urgence prendre un autre chemin. La Russie, comme n’importe quel pays, a des intérêts opposés. Maintenant que les intérêts des néo-libéraux sont suffisamment discrédités par les mauvaises performances du groupe Koudrine, le président a les mains libres pour choisir une nouvelle stratégie. Dans les deux cas, le développement autour du groupe Stolypine est très positif pour la Russie.

 

En convoquant la nouvelle réunion du Présidium du Conseil économique le 25 mai, après une interruption de deux ans, le président Poutine, notant que le groupe était constitué de points de vue opposés, a déclaré: « Je propose aujourd’hui que nous commencions à identifier les sources de croissance possibles pour l’économie de la Russie au cours de la prochaine décennie … la dynamique actuelle nous montre que les réserves et les ressources qui ont servi de forces motrices pour notre économie au début des années 2000 ne produisent plus les mêmes effets. Je l’ai dit dans le passé et je veux aujourd’hui à nouveau insister sur ce point, la croissance économique ne va pas progresser d’elle-même. Si nous ne trouvons pas de nouvelles sources de croissance, nous allons voir le PIB stagner autour de zéro ; nos possibilités dans le secteur social, la défense et la sécurité nationale, et dans d’autres domaines, seront très inférieures à ce qui est nécessaire pour le développement. »

 

Maintenant, à peine deux mois plus tard, Poutine a évidemment décidé de la nouvelle orientation de l’économie russe. Il a aussi un œil sur les prochaines élections présidentielles russe en mars 2018. Ce faisant, il a choisi l’un des trois groupes du Conseil économique qui croit que l’État a un rôle positif à jouer dans le développement de l’économie nationale.

 

A bien des égards le groupe Stolypine nous ramène à Friedrich List, économiste allemand de génie qui a mis en œuvre le « miracle économique » allemand après 1871. Les idées de List ont créé la croissance économique la plus impressionnante dans toute l’Europe en seulement trois décennies. Les seuls autres pays à se rapprocher de la réussite économique allemande sont les États-Unis après 1865, et la République populaire de Chine après 1979, avec le « socialisme aux caractéristiques chinoises » de Deng Xiaoping. Le nouveau modèle de développement de l’économie russe est basé sur les théories de Friedrich List au 19ème siècle.

 

Les Trois Camps

Dans les années 1990, pendant les années de thérapie de choc de Boris Eltsine, des économistes de Harvard comme Jeffrey Sachs, financés par le méta-pillard George Soros, ont été les conseillers d’Eltsine. Son équipe économique, alors dirigée par Igor Gaïdar, a mis en œuvre la privatisation en masse des biens de l’Etat a des prix ridicules défiants toute concurrence. Des investisseurs occidentaux, dont Soros, ont raflé la mise. Le budget de l’Etat a été drastiquement réduit, le niveau de vie a régressé ainsi que les pensions des travailleurs âgés. Tout ceci a été fait au nom de la « réforme du marché libre. » En 1999, après ce traumatisme, Poutine a commencé sa première Présidence et la Russie a vécu une reprise économique lente et douloureuse, non pas grâce à la thérapie de choc Gaïdar-Harvard, mais malgré elle. C’est un hommage à la détermination du peuple russe.

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les idéologues du libre marché et les adeptes de Gaïdar, ont eu jusqu’à présent un quasi-monopole sur les politiques des ministères de l’Economie et des Finances.

 

Soulignons qu’ils ont été aidés par le chef du camp monétariste, dont la stratégie est légèrement différente mais tout aussi destructrice. Elvira Nabiullina, gouverneur de la Banque centrale de Russie, ne semble obsédée que par le contrôle de l’inflation et la stabilisation du rouble.

 

En mai dernier, Poutine a donné le premier signe de son désaccord à propos des rapports toujours rassurants provenant des ministères des finances et de l’économie quant à « la reprise à venir qui est juste au coin. » (comme Herbert Hoover l’aurait dit au début de la Grande Dépression américaine en 1930). Le président russe a convoqué le Présidium du Conseil économique, un groupe qu’il n’a pas rencontré une seule fois en deux ans, les accusant de venir avec un plan pour résoudre les problèmes économiques de la Russie. Le présidium se composait de trente-cinq membres représentant chacun des trois principaux camps économiques.

 

L’ancien ministre néo-libéral des Finances, Alexeï Koudrine, a dirigé le camp soutenu par le ministre actuel des Finances Anton Siluanov et le ministre de l’Economie Alexey Ilyukayev. Ce groupe exige le recours à un « laissez-faire occidental » habituel tels que la réduction drastique du rôle de l’État dans l’économie via la privatisation en masse des chemins de fer, des compagnies d’énergie comme Gazprom, et d’autres biens de valeur. Koudrine a également été nommé par Poutine à la présidence d’un groupe de stratégie économique de vingt-cinq membres réorganisé en mai dernier. De nombreux économistes nationaux craignaient le pire lors de sa nomination, à savoir une reprise de la thérapie de choc Gaidar, Mach II. Ce ne sera pas le cas puisque Koudrine et son approche ont été rejetées comme non efficaces.

 

Le deuxième groupe était représenté par le chef de la banque centrale, Elvira Nabiullina. Ils étaient les plus conservateurs, affirmant qu’aucune réforme ni stimulus n’étaient nécessaires. Selon eux, il suffit de tenir le cap avec les taux d’intérêt à deux chiffres des banques centrales et l’inflation disparaîtra, le rouble se stabilisera. Ces gens pensent que c’est la clé pour ouvrir le potentiel de croissance économique de la Russie.

 

Le Groupe Stolypin

Le troisième groupe représenté, est celui que les observateurs occidentaux ont le plus ridiculisé et rejeté. Stratfor qui est lié au Pentagone américain parle d’eux comme un « collectiétrange. » Je les ai personnellement rencontrés et parlé avec eux et ils ne sont guère étranges pour toute personne ayant un esprit moral clair. Ce groupe a vu le jour avec le mandat de Vladimir Poutine qui les a chargés d’exposer leurs plans pour stimuler la croissance en Russie.

 

Le groupe dans son essence suit les traces de l’économiste allemand du 19ème siècle Friedrich List et de sa stratégie pour « une économie nationale ». L’approche historique de l’économie nationale de List se situait à l’opposé de l’école dominante britannique d’Adam Smith de libre-échange.

 

Les vues de List ont été de plus en plus intégrées dans la stratégie économique du Reich allemand en commençant sous le Zollverein allemand ou union douanière en 1834, qui a unifié le marché intérieur allemand. Il a créé les bases dans les années 1870 de l’émergence de l’Allemagne comme rival économique dépassant la Grande-Bretagne dans tous les domaines en 1914.

 

Ce troisième groupe, le groupe Stolypine, était composé à la réunion de mai 2016 de Sergei Glaye et Boris Titov, co-président du commerce en Russie et « ombudsman d’affaires » de la Russie depuis la création de ce poste en 2012. Titov et Glazyev, un conseiller de Poutine sur l’Ukraine et pour d’autres questions, sont membres fondateurs du Club Stolypine. En 2012 Glazyev a été nommé par Poutine, alors Premier ministre, de coordonner les travaux des organismes fédéraux dans le développement de l’Union douanière de la Biélorussie, du Kazakhstan et de la Russie, aujourd’hui « Union économique eurasienne ». Titov, également leader du parti « Juste Cause », est aussi un entrepreneur russe à succès qui, ces dernières années, a travaillé à l’avancement des diverses politiques économiques au sein de l’État, souvent en opposition directe aux idées libérales de libre-marché de Kurdin. A signaler encore que Titov est également co-président du conseil pour le commerce Russie-Chine.

 

Une indication générale du genre de propositions que le groupe Stolypine proposera pour relancer la croissance économique substantielle en Russie et faire face aux importants déficits d’infrastructure de base qui entravent la productivité est contenu dans une série de propositions que Glazyev a faite en septembre 2015 au Conseil de sécurité russe, organe consultatif clé du président.

 

Glazyev a proposé une « feuille de route » de cinq ans pour conduire la Russie à la souveraineté économique et à une croissance à long terme. Il avait pour but la construction d’un système économique immunisé contre les chocs extérieurs et l’influence étrangère, et d’amener la Russie au cœur du système économique mondial.

 

Ses objectifs étaient l’augmentation de la production industrielle de 30-35 pour cent sur une période de cinq ans, la création d’une « économie du savoir » par le biais de transfert de ressources économiques à l’éducation, les soins de santé et le domaine social, la création d’instruments visant à accroître l’épargne a un pour cent du PIB, et d’autres initiatives, y compris la transition vers une politique monétaire souveraine.

 

En 1990, la première priorité de Washington et du FMI était de faire pression sur Eltsine et la Douma pour « privatiser » la Banque d’État de Russie, en vertu d’un amendement constitutionnel qui a mandaté la nouvelle Banque centrale de Russie, à l’image de la Réserve fédérale ou de la Banque centrale européenne, d’être une entité purement monétariste dont le seul mandat est de contrôler l’inflation et de stabiliser le rouble. En effet, la création monétaire en Russie a été retirée de la souveraineté de l’Etat et liée au dollar américain.

 

Le plan de Glazyev en 2015 a également proposé d’utiliser les ressources de la Banque centrale pour fournir des prêts ciblés pour les entreprises et les industries en leur proposant des taux d’intérêt subventionnés bas, entre 1-4 pour cent, rendu possible par la mise à disposition de 20 milliards de roubles sur une période de cinq ans. Le programme a également suggéré le soutien de l’État des entreprises privées par la création « d’obligations réciproques » pour l’achat de produits et services à des prix convenus. De même Glazyev a proposé que le rouble se positionne comme une alternative au dollar par l’achat d’or en tant que monnaie support. Il a proposé que la Banque centrale soit mandatée pour acheter toute la production d’or des mines russes à un prix donné, afin d’augmenter le soutien du rouble. La Russie est aujourd’hui le deuxième plus grand producteur d’or du monde.

 

Il est évident que Poutine a réalisé que malgré le progrès impressionnant fait par la Russie dans le domaine de la politique étrangère, le pays peut être fatalement affaibli par une économie défaillante. L’annonce faite le 25 juillet par Poutine a le potentiel d’inverser cette tendance si les reformes économiques sont menées avec résolution à tous les niveaux. Poutine a la responsabilité d’établir une stratégie claire sur cinq ans – un laps de temps idéal pour juger des résultats économiques et n’ayant rien à voir avec les vieux plans quinquennaux des soviétiques.

 

En donnant à la population une vision claire de leur avenir, Poutine peut puiser dans les remarquables ressources humaines russes pour accomplir littéralement l’impossible et transformer l’économie en une véritable prospérité fondée sur des bases plus solides que celle de la politique monétariste de l’Ouest aujourd’hui de facto en faillite.Un grand bravo à la Russie !

Par F. William Engdahl

F. William Engdahl est consultant sur les risques stratégiques et conférencier, il est titulaire d’un diplôme en politique de l’Université de Princeton et est un auteur best-seller sur le pétrole et la géopolitique, exclusivement pour le magazine en ligne “New Eastern Outlook”

Article original: Journal-Neo.org

Traduit de l’anglais par Michael Rubin pour Arret sur Info

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15 août 2016 1 15 /08 /août /2016 17:20
lors de  la bataille d'Alep (ndjf: Les civils pris en otages par daech et ses complices)

 

 



Alors que toute la machine occidentale s'est mise en marche pour "sauver Alep des forces d'Assad et de l'aviation russe", une étrange Fondation pour les droits des prisonniers exige la fin des combats à Alep et la libération de prisonniers dans les geôles d' Assad pour rendre les corps des soldats russes tués lors du crash de l'hélicoptère humanitaire dans les environs d'Alep. Leurs revendications et l'appellation  de cette "Fondation" ressemblent à s'y méprendre à une opération de com. Mais qui irait beaucoup trop loin. La cause étant désespérée.

 

Alep est un point stratégique dans la lutte contre Assad. Si les groupes extrémistes formés, armés et soutenus par l'Occident perdent à Alep, cette pseudo opposition risque de perdre la Syrie et Assad en ressortira vainqueur. Ce qui est inacceptable dans le jeu américain, tant le Président Obama que le Secrétaire d'état Kerry l'ont suffisamment répété.

 

Or, les pauvres "rebelles" sont en train de perdre du terrain contre les forces d'Assad. La machine médiatique tourne pourtant à la limite de la surchauffe. Sans revenir sur ce monument de journalisme que fut le JT de France 2, l'on appréciera également, par exemple, l'opération de réhabilitation et d'humanisation de ces terroristes lancée par BFM et le journal Le Monde.

 

Si l'on prend BFM, un reportage nous explique ceci:

Les quartiers de la ville d'Alep contrôlés par les rebelles, sont cernés par les forces du régime depuis deux semaines. Les opposants armés tentent par tous les moyens de desserrer le siège mais leur avancée est freinée par les bombardements du régime et les raids aériens de l'aviation russe. Conséquence, les civils se retrouvent pris au piège. Face à cette situation, l'Organisation des Nations unies s'est dit "très préoccupée par la situation de 250.000 personnes piégées à Alep". Ce dimanche, les habitants sont descendus dans la rue pour protester contre le siège de leur ville.

 

Dans la même veine, l'on notera un magnifique article du journal le Monde, toujours très en forme, intitulé: Bataille d’Alep : comment la rébellion syrienne joue sa survie 

 

Pour ceux qui auraient des doutes, ces "rebels" sont très fréquentables, pour preuve ils viennent le 28 juillet de quitter Al Quaïda ... certes pour des raisons stratégiques. Même le Secrétaire d'état américain a déclaré que ça ne change rien, ils restent la liste des organisations terroristes. Au fait, il s'agit des groupes islamistes:

La majeure partie sont islamistes, comme le groupe salafiste nationaliste Ahrar Al-Sham, et le Front Fateh Al-Sham, nouveau nom du Front Al-Nosra. 

Mais c'est vrai que Al-Nosra fait du bon travail, comme le rappelait L. Fabius alors ministre des affaires étrangères. Détail intéressant, ces "rebels" sont dans la région d'Idlib, vous savez, la région dans laquelle l'hélicoptère russe apportant l'aide humanitaire est tombé, descendu par ces "rebelles modérés" d'Al-Nosra. Rappelons aussi que les très modérés et fréquentables combattants de l'armée syrienne libre les avaient justement appelés à s'unir pour lutter contre Assad. 

 

Et tous ces modérés ont descendu l'hélicoptère humanitaire russe. 5 morts, 5 corps. C'est alors que l'agence d'information Reuters lance une information particulièrement choquante: un groupe appelé en anglais General Foundation for Prisoners' Affairs accepte de rendre les corps des 5 russes tués en échange de prisonniers d'Assad (sans préciser encore lesquels ni combien) et de l'arrêt des combats à Alep.

 

Cela ressemble à une mauvaise plaisanterie. Une organisation de défense des droits de prisonniers qui débarque, dans la droite ligne des scénarios bien connus d'implantation de la démocratie. Sauf qu'ils négocient des corps de soldats étrangers, corps détenus par Al-Nosra.

 

Information dérangeante. C'est certainement pour cela qu'à part Reuters, cette information n'a pas été reprise. Le raté est trop évident, le coup a été mal préparé. Un organisme dit de cette fameuse et sacro sainte "société civile" qui défend évidemment les droits des détenus, mais faisant du chantage aux cadavres, négociant des corps détenus par un groupe terroriste, pour obtenir des résultats correspondant aux revendications de la "coalition américaine démocratique" et de l'ONU. Un mariage contre nature. Quoi que ...

 

Laissons encore quelque temps aux médias pour nous faire oublier que ce sont ces barbares qui décapitent, violent, massacrent, réduisent à l'esclavage. Qu'ils ne sont pas plus d'opposition - sinon à la démocratie - qu'ils ne sont modérés. A nous de ne pas oublier.

 

Publié par Karine Bechet-Golovko  

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10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 17:41

Par Alexis Feertchak  origine http://www.lefigaro.fr

 

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Après le coup d'Etat manqué en Turquie, Erdogan se rapproche de Poutine tandis que Moscou et Washington semblent avoir trouvé un équilibre en Syrie. Pour le général Pinatel, les Etats européens devraient tenir compte de cette nouvelle donne.

Le général (2S) Jean-Bernard Pinatel est expert en géostratégie et en intelligence économique. Il tient le blog Géopolitique - Géostratégie. Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages, dont Carnets de guerres et de crisesaux Éditions Lavauzelle en 2014.

 

FIGAROVOX. - Recep Erdogan devrait rencontrer Vladimir Poutine en août dans la capitale russe. La Turquie est historiquement la base avancée du Sud de l'Alliance atlantique. Dans quelle mesure la nouvelle alliance entre Moscou et Ankara pourrait perturber l'OTAN?

 

Général (2S) PINATEL. - L'OTAN est une organisation issue de la Guerre froide entre l'URSS et l'Occident démocratique. Son maintien et son extension aux anciens pays de la CEI procède de la volonté des Etats-Unis de conserver ouvert le fossé entre l'Europe et la Russie. En effet si l'Europe et la Russie étaient alliées, elles leur contesteraient la primauté mondiale qu'ils ont acquise en 1990 à l'effondrement de l'URSS et qu'ils veulent conserver à tout prix. Mais la menace islamique a changé la donne. Cette menace, présente en Russie depuis les années 1990, s'est étendue à l'Europe en juin 2014 avec la proclamation du Califat par l'irakien Al Bagghadi puis récemment en Turquie quand Erdogan a dû fermer sa frontière à Daech après les attentats commis en France et les pressions que les américains ont du faire sur Ankara pour ne pas perdre le soutien de l'opinion européenne.

 

Si l'Europe et la Russie étaient alliées, elles contesteraient aux Etats-Unis la primauté mondiale.

 

Dans ce contexte d'actes terroristes meurtriers, la déstabilisation du régime syrien et son remplacement par un régime plus favorable aux intérêts américains, européens, saoudiens et qataris passe au second plan face à l'urgence de maîtriser ce nouveau Califat qui menace la stabilité du Moyen-Orient et favorise la montée en puissance des partis nationalistes anti-atlantistes en Europe. Par ailleurs, l'intervention massive et victorieuse de la Russie en septembre 2015 pour soutenir son allié syrien contraste avec les hésitations ou le double jeu des Etats-Unis qui essaient de ménager tout le monde. Ils se condamnent ainsi à une faible efficacité opérationnelle qui, finalement, inquiète leurs alliés traditionnels et les poussent à ménager la Russie. Enfin les liens et les enjeux économiques entre la Russie et la Turquie sont très importants malgré une opposition géopolitique historique.

 

Contrairement à la guerre que mène la Russie en Syrie, l'OTAN ne sert à rien face à la menace islamique.

 

Plus que le rapprochement entre Moscou et Ankara, ce qui fragilise cette organisation, ce sont ces récents événements. Ils font la démonstration éclatante aux yeux des Français et des Européens que l'OTAN ne sert à rien face à la menace islamique. En revanche, la guerre efficace que même la Russie contre l'Etat islamique fait penser à de plus en plus de français et d'hommes politiques que la Russie est notre meilleur allié. Et cette évidence, acquise dans la douleur de nos 234 morts et de nos 671 blessés depuis 2012, devrait non seulement perturber l'Otan mais conduire à sa disparition ou à son européanisation complète car son maintien en l'état ne sert que des intérêts qui ne sont pas ceux de la France.

 

Que se passe-t-il aujourd'hui en Syrie? Russes et Américains semblent se rapprocher ou à tout le moins se coordonner davantage, notamment sur la question du Front Al-Nosra, très présent près d'Alep. Un nouvel équilibre dans la région est-il en train de se constituer?

 

Dès leur intervention en septembre 2015 sur le théâtre syrien, les Russes ont proposé aux Américains de coordonner leurs frappes contre Daech et Al Nostra. Mais les Américains ont refusé car au niveau politique, Obama voulait maintenir la fiction qu'il existait encore un potentiel de forces modérées sur le territoire syrien qui n'avaient pas été absorbées ou qui ne s'étaient pas alliées à Al-Nostra et qui ainsi pourraient prétendre, un jour, à être partie prenante à la table de négociation. C'est clairement une fiction contestée non seulement par la Russie, mais par d'autres voix y compris aux Etats-Unis. Ces experts affirment que les unités qui existent encore en Syrie servent d'interface avec Al Nostra à qui elles revendent les armes qu'elles reçoivent via la CIA. C'est le bombardement d'une de ces bases en Syrie par la Russie, qui a eu l'habileté de prévenir les américains à l'avance pour qu'ils puissent retirer en urgence les agents de la CIA présents, qui a permis ce rapprochement opérationnel. Il est clair qu'un nouvel équilibre est en voie de se constituer au Moyen-Orient. La Russie qui y a été historiquement présente est de retour en force. La Chine, et c'est une nouveauté, y pointe plus que son nez et la France qui y avait une position privilégiée de médiation, l'a perdue par suivisme des Etats-Unis.

 

Quelle pourrait être la place de l'Europe dans les relations avec ces deux grands pays que sont la Russie et la Turquie? Peut-on imaginer un nouvel équilibre sécuritaire aux marches de l'Europe?

 

C'est vrai, nos portes orientales sont verrouillées par la Russie et la Turquie.

Avec la Russie nos intérêts économiques et stratégiques sont totalement complémentaires. La France a une longue histoire d'amitié avec la Russie que symbolise à Paris le pont Alexandre III et plus récemment l'épopée de l'escadrille Normandie Niemen que le Général de Gaulle avait tenu à envoyer en Russie pour matérialiser notre alliance contre le nazisme. Je rappelle aussi que c'est parce que l'armée allemande était épuisée par trois ans de guerre contre la Russie et la mort de 13 millions de soldats russes et de 5 millions d'allemands que le débarquement de juin 1944 a pu avoir lieu. Ce rappel ne veut en aucun cas minimiser le rôle des Etats-Unis et le sacrifice des 185 924 soldats américains morts sur le sol européen. Mais la volonté des Etats-Unis de restaurer un climat de Guerre froide en Europe qui se développe notamment au travers de l'OTAN ne sert que leurs intérêts et ceux des dirigeants européens qui sont soit des corrompus soit des incapables.

 

La volonté des Etats-Unis de restaurer une Guerre froide en Europe au travers de l'OTAN ne sert que leurs intérêts et ceux des dirigeants européens qui sont soit des corrompus soit des incapables.

 

Avec la Turquie, c'est l'Allemagne qui a des relations historiques comparables aux nôtres avec la Russie. La Turquie et l'Allemagne étaient des alliés au cours des deux guerres mondiales car les allemands espéraient avec leur aide couper la route du pétrole aux alliés. Les Turcs de leur côté espéraient ainsi récupérer le contrôle du Moyen-Orient et notamment celui de l'Irak et de la Syrie.

 

Ce rappel historique met en évidence l'importance du couple franco-allemand pour définir une politique européenne commune face à ces deux puissances et éviter de revenir à des jeux du passé comme a semblé le faire récemment Angela Merkel avec l'affaire des réfugiés en négociant directement avec Erdogan sans se concerter avec ses partenaires européens.

Alexis Feertchak

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8 août 2016 1 08 /08 /août /2016 14:33
 Repris sur  Comité Valmy

 

10 mars 2007 Les partisans de Slobodan Milosevic font la queue devant la tombe de l’ancien président à Pozarevac pour lui rendre hommage. © Marko Djurica/Reuters

 

Aujourd’hui Milosevic est disculpé
mais rien n’arrête la machine de guerre de l’OTAN
Par Neil Clark, RT

 

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) vient d’innocenter Slobodan Milosevic, l’ancien président défunt de Yougoslavie, des crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie. Cela prouve, une fois de plus, que nous ne devons pas seulement en prendre et en laisser dans les allégations de l’OTAN concernant ses « ennemis officiels », mais pratiquement tout laisser.

 

Pendant les vingt dernières années, les commentateurs néo-conservateurs et autres sommités « libérales interventionnistes » n’ont pas cessé de nous répéter que Milosevic (un dirigeant démocratiquement élu dans un pays où plus de 20 partis politiques fonctionnaient librement) était un dictateur diabolique génocidaire responsable de TOUTES les morts survenues dans les Balkans, dans les années 1990. Répétez après moi avec la voix d’un robot (tout en faisant des mouvements de bras saccadés) : l’agression génocidaire de Milosevic », « l’agression génocidaire de Milosevic ».

 

Mais le récit officiel, tout comme celui qu’on nous a servi, en 2003, -que l’Irak avait des armes de destruction massive qu’il pouvait déployer en 45 minutes -, était entièrement mensonger et avait été fabriqué pour justifier une opération de changement de régime que les élites occidentales voulaient faire depuis longtemps.

 

L’affirmation du TPIY, selon laquelle l’un des personnages les plus diabolisés de l’ère moderne était innocent des terribles crimes dont on l’accusait, aurait dû faire la Une des journaux à travers le monde entier. Mais ça n’a pas été le cas. Même le TPIY l’a enterrée, tout au fond de la page 2590 de son verdict sur le procès du chef des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, qui a été condamné en mars pour génocide (à Srebrenica), crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

 

Il n’y a pas eu de conférence de presse ni d’annonce officielle concernant l’exonération de Milosevic, il faut remercier le  journaliste d’investigation  Andy  Wilcoxson qui nous l’a signalée,

Les choses étaient bien différentes quand le procès du soi-disant « boucher des Balkans », s’est ouvert en février 2002 ! A l’époque, il aurait fallu être enfermé dans une armoire pour ne pas être au courant de ce qui se passait.

 

La CNN a couvert de bout en bout ce qui a été décrit comme « le procès le plus important depuis Nuremberg. » Bien sûr, la culpabilité de Milosevic était un fait acquis. « Quand la peine serait prononcée, il disparaîtra dans cette cellule, et personne n’en entendra plus jamais parler », a déclaré l’avocate étasunienne Judith Armatta, de la Coalition pour la justice internationale, une organisation dont l’ancien ambassadeur des États-Unis en Yougoslavie, Warren Zimmerman, faisait partie en tant que membre consultatif du Conseil d’administration.

 

Tous ceux qui osaient contester la ligne de l’OTAN étaient aussitôt qualifié de « défenseur de Milosevic », ou pire encore, de « négationniste », par les « Gardiens de la Vérité de l’Empire ».

 

Mais au milieu de tout le bla bla bla et de tout le battage médiatique qui entourait le « procès du siècle », il est vite apparu que l’accusation avait de gros et même de très gros problèmes. Le Sunday Times a cité un expert juridique qui a affirmé que « 80% des déclarations préliminaires de l’accusation auraient été rejetées par un tribunal britannique comme étant de simples ouï-dire. » Et je crois que l’estimation de 80% était déjà très généreuse.

 

Le problème, c’est que ce procès était un simulacre de procès, un procès dans lequel la géopolitique était plus importante que les preuves réelles. Il faut se rappeler que l’acte d’accusation initial contre Milosevic concernant les soi-disant des crimes de guerre/génocide du Kosovo avait été publié en mai 1999, au plus haut de la campagne de bombardements de l’OTAN contre la Yougoslavie, et à un moment où la guerre ne se passait pas exactement comme l’auraient souhaité les États-Unis et leurs alliés.

 

L’acte d’accusation a été clairement rédigé pour mettre la pression sur Milosevic et correspondre aux exigences de l’OTAN.

 

Le problème pour l’OTAN était qu’au moment où le procès de Milosevic devait commencer, la narrative sur le Kosovo était déjà éventée. Les sinistres accusations des États-Unis et de leurs alliés concernant un génocide et des centaines de milliers de personnes assassinées, étaient fausses comme l’a montré le grand John Pilger ici. En septembre 2001, un tribunal de l’ONU a officiellement statué qu’il n’y avait pas eu de génocide au Kosovo.

 

Donc, pour renforcer leur cas contre Milosevic, qui prenait l’eau de toutes parts, les procureurs de La Haye ont dû apporter de nouvelles charges liées à la guerre en Bosnie, en accusant « Slobo » de faire partie d’une « conspiration criminelle collective » pour assassiner/nettoyer ethniquement les Croates et des musulmans de Bosnie pour mettre en place son projet de « Grande Serbie ».

 

Dans les procédures pénales normales, les preuves sont recueillies et ensuite, si elles sont jugées suffisantes, on engage des poursuites. Mais c’est le contraire qui est arrivé dans le cas de Milosevic : il a été inculpé pour des raisons politiques et la chasse aux preuves a suivi.

 

L’ironie est que l’ancien président yougoslave avait été précédemment loué par le président Clinton pour son rôle dans la négociation d’un accord de paix en Bosnie en 1995, qui avait été signé à Dayton, dans l’Ohio.

 

La vérité est que Milosevic n’était pas du tout un nationaliste serbe pur et dur mais un socialiste de toujours qui avait toujours voulu une Yougoslavie multi-raciale et multi-ethnique.

Son but, lorsqu’il était au pouvoir, n’a jamais été de construire une « Grande Serbie », mais d’essayer de garder unie la Yougoslavie fédérale, comme le TPIY vient de le reconnaître tardivement.

 

Non seulement Milosevic n’était pas responsable du nettoyage ethnique qui avait eu lieu en Bosnie, il l’avait même dénoncé. Le TPIY a noté « les critiques répétées de Milosevic et sa désapprobation des politiques menées par l’accusé (Karadzic) et par la direction des Serbes de Bosnie. » Milosevic, un homme qui avait en horreur toutes les formes de racisme, insistait sur le fait que toutes les ethnies devaient être protégées.

 

Mais pour punir Milosevic et pour prévenir les autres de ce qui leur arriverait s’ils osaient s’opposer aux Etats-Unis, l’histoire devait être ré-écrite. Le socialiste pro-Yougoslavie qui s’était opposé à la politique des dirigeants serbes de Bosnie devait être présenté, rétrospectivement, comme le méchant de la guerre de Bosnie et même blâmé pour tout le sang qui avait été versé dans les Balkans. Par contre, l’ambassadeur américain Warren Zimmerman déjà mentionné, dont l’intervention scélérate a fait capoter la solution diplomatique et a permis le déclenchement du conflit bosniaque, lui, n’a pas été le moins du monde inquiété.

 

Pendant la campagne « tout est de la faute de Slobo », les faits réels ont été tout simplement jetés par la fenêtre. Un article écrit, je ne vous raconte pas de blague, par un professeur d’études européennes de l’Université d’Oxford prétendait même que Milosevic était le leader de la Yougoslavie en 1991 (l’année où la Slovénie a fait sécession). En fait, c’était le Croate bosniaque, Ante Markovic, qui était le leader du pays à l’époque.

 

Comme de bien entendu, Milosevic a été comparé à Hitler. « C’était comme si on voyait l’arrogant démon Adolf Hitler en pleine action », a écrit le rédacteur en chef de News of the World, lorsque Milosevic a eu la témérité de se défendre devant le Cour. « On avait des flashs glaçants du monstre nazi de la Seconde Guerre mondiale quand le tyran serbe déchu haranguait la Cour. »

 

Pour être certains que les lecteurs comprenaient bien que Milosevic = Hitler, les News of the World ont illustré leur diatribe avec une photo d’Hitler, « le boucher de Berlin », devant un camp de concentration, et une photo de Milosevic « Le boucher de Belgrade », en surimpression sur un camp de concentration en Bosnie. Avec lequel, en fait, il n’avait rien à voir.

 

Au grand soulagement de l’accusation, Milosevic est mort subitement dans sa cellule en mars 2006.

 

Etant donné ce que nous avions vu au procès jusqu’à ce moment-là, il était tout à fait inconcevable qu’il soit jugé coupable. Une longue liste de témoins « irréfutables » s’étaient révélé des pétards mouillés les uns après les autres.

 

Comme je l’ai mentionné dans un article antérieur :

Il s’est avéré que le témoin principal, Ratomir Tanic, était à la solde des forces de sécurité occidentales, tandis que le chef de la police secrète ex-yougoslave Rade Markovic, l’homme qui allait enfin cracher le morceau sur Milosevic et révéler comment son ancien maître avait ordonné l’expulsion des minorités ethniques Albanais du Kosovo, a fait finalement tout le contraire et a déclaré qu’il avait menti sous la torture et que sa déclaration écrite avait été falsifiée par l’accusation.

 

En outre, comme je l’ai noté ici, l’ancien chef de la sécurité de l’armée yougoslave, le général Geza Farkas (un Hongrois ethnique), a déclaré que tous les soldats yougoslaves au Kosovo avaient reçu un document leur expliquant le droit international humanitaire, et qu’ils avaient reçu l’ordre de désobéir aux ordres qui le violaient. Farkas a également déclaré que Milosevic avait ordonné qu’aucun groupe paramilitaire ne soit autorisé à opérer au Kosovo.

 

Lorsque Milosevic est mort, ses accusateurs ont affirmé qu’il « avait trahi la justice ». Mais en fait, comme le TPIY l’a maintenant confirmé, c’est la justice qui a trahi Milosevic.

 

Pendant qu’il se défendait contre des accusations à caractère politique à La Haye, les États-Unis et leurs alliés ont lancé leur brutale agression illégale contre l’Irak, une guerre qui a fait près d’un million de morts. L’an dernier, un rapport de Body Count a révélé qu’au moins 1,3 million de personnes avaient perdu la vie du fait de la « guerre contre le terrorisme » menée par les Etats-Unis en Irak, en Afghanistan et au Pakistan.

 

Ces chiffres nous aident à remettre le Kosovo en perspective. Même si on pense que Milosevic et le gouvernement yougoslave étaient responsables d’une partie des morts là-bas, en 1999, (dans une guerre que l’Occident avait clairement voulue et provoquée), il n’y a aucune, mais alors aucune comparaison possible avec la mort et la destruction causées par les pays qui ont été les plus déterminés à mettre le président de Yougoslavie dans le box des accusés. Comme John Pilger l’a noté en 2008, le bombardement de la Yougoslavie a été un « véritable avant-goût des bains de sang d’Afghanistan et d’Irak. »

 

Depuis, nous avons également eu la destruction par l’OTAN de la Libye, le pays qui avait le niveau de vie les plus élevés de toute l’Afrique, et le soutien de violents « rebelles » pour obtenir un « changement de régime » en Syrie.

 

Il ne faut pas être Sherlock Holmes pour voir se dessiner ici un schéma répétitif.

 

Avant de lancer une guerre ou une « intervention humanitaire » contre un État donné, les Etats-Unis accusent son leader et son gouvernement de toutes sortes de choses épouvantables. Ces accusations sont relayées par les médias qui les répètent ad nauseam, pour qu’à force les gens se mettent à les croire.

 

Plus tard, il apparaît que les accusations étaient soit entièrement fausses (comme celles des armes de destruction massive en Irak), soit non corroborées, soit fort exagérées. Mais les médias sont passés à autre chose : révéler aux lecteurs la fausseté des accusations portées contre « l’Hitler » précédent ne les intéresse plus, ils sont tout entier occupés à vilipender le « nouvel Hitler », tout aussi « agressif et génocidaire » que le précédent. En 1999, c’était Milosevic ; maintenant c’est Assad et Poutine.

 

Et vous l’avez deviné, cher lecteur, ce sont, bien sûr, les personnes qui défendent la guerre en Irak et les autres interventions militaires occidentales sanglantes basées sur des mensonges, des affirmations non corroborées ou de fortes exagérations, qui se répandent en accusations tous azimuth la fois d’après, exactement les mêmes personnes.

 

Comme le dit ce vieil adage plein de sagesse : Quand vous montrez quelqu’un du doigt, trois doigts se retournent vers vous*.

Neil Clark
2 août 2016

Note du traducteur :
• Comme disent les enfants : « Celui qui l’dit, c’est celui qui l’est ! »

Neil Clark est journaliste, écrivain, présentateur et blogueur. Il a écrit pour de nombreux journaux et magazines au Royaume-Uni et dans d’autres pays, comme The Guardian, le Morning Star, le Daily et Sunday Express, le Daily et Sunday Mail, le Daily Telegraph, le New Statesman, The Spectator, The Week et The American Conservative. Il publie régulièrement sur RT et on l’a vu également à BBC TV et BBC radio, Sky News, Press TV et la Voix de la Russie. Il est co-fondateur de la Campagne pour Public Ownership@PublicOwnership. L’adresse de son blog qui a été primé est : www.neilclark66.blogspot.com. Ses tweets portent sur la politique et les affaires mondiales @NeilClark66

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4 août 2016 4 04 /08 /août /2016 10:43
Par Dmitry Orlov

Repris sur  Comité Valmy

 

 

[Ci-dessus, une photo de Kerry parlant à Poutine et à Lavrov à Moscou il y a environ une semaine. Leurs expressions faciales sont tout à fait expressives. Kerry est dos à la caméra, babillant comme à son habitude.] Le visage de Lavrov montre : « Dire que je suis obligé de rester ici écouter de nouveau ses incohérences ». Le visage de Poutine dit : « Oh le pauvre idiot, il ne peut se résoudre à accepter que nous allons de nouveau juste dire ‘Niet’ ». Kerry est rentré chez-lui avec un autre « Niet ».


États-Unis

ICH – ClubOrlov, 27.7.2016 – Voici la manière dont les choses sont censées fonctionner sur cette planète : aux États-Unis, les structures de pouvoir (publiques et privées) décident ce qu’elles veulent que le reste du monde fasse. Elles communiquent leurs vœux par les canaux officiels et officieux, et comptent sur une coopération automatique. Si la coopération n’intervient pas immédiatement, elles appliquent des pressions politiques, économiques et financières. Si cela ne produit toujours pas l’effet escompté, elles tentent de changer de régime par une révolution de couleur, un coup d’état militaire ou en organisant et finançant une insurrection conduisant à des attaques terroristes et à la guerre civile chez la nation récalcitrante. Si cela ne fonctionne toujours pas, ils bombardent le pays le réduisant à l’âge de pierre. C’est ainsi que cela fonctionnait dans les années 1990 et 2000, mais dernièrement une nouvelle dynamique a émergé.

 

Au début, elles se concentraient sur la Russie, mais le phénomène s’est depuis répandu dans le monde et est même prêt à engloutir les États-Unis eux-mêmes. Il fonctionne comme ceci : les États-Unis décident ce qu’ils veulent que la Russie fasse et communiquent leurs souhaits dans l’expectative d’une coopération automatique. La Russie dit « Niet ». Les États-Unis alors entreprennent toutes les étapes ci-dessus à l’exception de la campagne de bombardement, à cause de la puissance de dissuasion nucléaire russe. La réponse reste « Niet ». On pourrait peut-être imaginer qu’une personne intelligente au sein de la structure du pouvoir étasunien dirait : « Sur la base des preuves que nous avons devant nous, dicter nos conditions à la Russie ne fonctionne pas ; nous allons essayer de négocier de bonne foi avec elle, comme des égaux ». Et puis tout le monde applaudirait disant : « Oh ! C’est génial ! Pourquoi n’y avions-nous pas pensé ? » Mais au lieu de cela, cette personne serait le jour même virée parce que, voyez-vous, l’hégémonie mondiale étasunienne est non négociable. Et donc ce qui se passe à la place est que les étasuniens déconcertés, se regroupent et essayent de nouveau ; ce qui donne un spectacle tout à fait amusant.

 

L’ensemble de l’imbroglio Snowden était particulièrement amusant à suivre. Les États-Unis exigeaient son extradition. Les Russes ont répondu : « Niet, notre constitution l’interdit ». Et puis, de manière hilarante, quelques voix en Occident ont demandé alors que la Russie change sa constitution ! La réponse, ne nécessitant pas de traduction, était « ha-ha-ha-ha-ha ! ». L’impasse sur la Syrie est moins drôle : les étasuniens ont exigé que la Russie aille de pair avec leur plan pour renverser Bachar al-Assad. L’immuable réponse russe a été : « Niet, les Syriens décideront de leurs dirigeants, pas la Russie ni les États-Unis ». Chaque fois qu’ils l’entendent, les étasuniens se grattent la tête et ... essayent de nouveau. John Kerry était tout récemment à Moscou, pour engager une « session de négociations » marathoniennes avec Poutine et Lavrov.

 

Ce qu’il y a de pire est que d’autres pays entrent dans ce jeu. Les Étasuniens ont dit aux Britanniques exactement comment voter, cependant ceux-ci ont dit « Niet » et ont voté pour le Brexit. Les Étasuniens ont dit aux Européens d’accepter les conditions désastreuses que voulaient imposer leurs grandes transnationales, le Partenariat pour le commerce et l’investissement transatlantique (TTIP), et les Français ont dit « Niet, ça ne passera pas ». Les États-Unis ont organisé un nouveau coup d’état militaire en Turquie pour remplacer Erdoğan par quelqu’un qui ne tentera pas d’essayer de faire le gentil avec la Russie. Les Turcs ont dit « Niet » à cela aussi. Et maintenant, horreur des horreurs, c’est Donald Trump qui dit « Niet » à toutes sortes de choses : l’OTAN, la délocalisation des emplois étasuniens, l’entrée à des vagues de migrants, la mondialisation, les armes pour les ukrainiens nazis, le libre-échange …

 

L’effet psychologiquement corrosif du « Niet » sur la psyché hégémonique étasunienne ne peut être sous-estimé. Si vous êtes censé penser et agir comme un hégémon, mais où seule fonctionne la partie penser, le résultat est la dissonance cognitive. Si votre travail est d’intimider les nations tout autour, et que les nations refusent de l’être, alors votre travail devient une blague, et vous devenez un malade mental. La folie qui en résulte a récemment produit un symptôme tout à fait intéressant : quelque membres du personnel du Département d’état étasunien, ont signé une lettre - rapidement fuitée - appelant à une campagne de bombardement contre la Syrie pour renverser Bachar al-Assad. Voilà des diplomates !

 

La diplomatie est l’art d’éviter la guerre, par la négociation. Les diplomates qui appellent à la guerre ne sont pas tout à fait ... des diplomates. On pourrait dire que ce sont des diplomates incompétents, mais ce ne serait pas suffisant (la plupart des diplomates compétents ont quitté le service pendant la seconde administration Bush, beaucoup d’entre eux à cause du dégoût d’avoir à mentir au sujet de la justification de la guerre en Irak). La vérité est, qu’ils sont malades, des va-t-en-guerre non diplomates mentalement dérangés. Voilà la puissance de ce simple mot russe qui leur a fait perdre littéralement la tête.

 

Mais il serait injuste de mettre en avant le Département d’état. C’est l’ensemble du corps politique étasunien qui a été infecté par un miasme putride. Il imprègne toutes les choses et rend la vie misérable. En dépit de l’augmentation des problèmes, la plupart des autres choses aux États-Unis sont encore un peu gérables, mais cette chose-là : L’incapacité d’intimider l’ensemble du monde, ruine tout. C’est le milieu de l’été, la nation est à la plage. La couverture de plage est mitée et râpée, l’ombrelle trouée, les boissons gazeuses dans la glacière pleines de produits chimiques nocifs et la lecture estivale ennuyeuse ... et puis il y a une baleine morte qui se décompose à proximité, dont le nom est « Niet ». Elle ruine tout simplement toute l’ambiance !

 

Les têtes bavardes des media et des politiciens de l’ordre établi, sont à ce moment, douloureusement conscients de ce problème, et leur réaction prévisible est de blâmer ce qu’ils perçoivent comme la source des maux : la Russie, commodément personnifiée par Poutine. « Si vous ne votez pas pour Clinton, vous votez pour Poutine » est une devise puérile nouvellement inventée. Un autre est « Trump est l’agent de Poutine ». Toute personnalité publique qui refuse de prendre une position favorable à l’ordre établi est automatiquement étiquetée « idiot utile de Poutine ». Prises au pied de la lettre, de telles allégations sont absurdes. Mais il y a une explication plus profonde en ce qui les concernent : ce qui les lie toutes ensemble est la puissance du « Niet ». Le vote pour Sanders est un vote pour le « Niet » : l’ordre établi du Parti démocrate a produit une candidate et a dit aux gens de voter pour elle, et la plupart des jeunes ont dit « Niet ». De même avec Trump : L’ordre établi du Parti républicain a fait trotter ses sept nains et dit aux gens de voter pour l’un d’eux, et pourtant la plupart des ouvriers blancs laissés pour compte ont dit « Niet » et voté pour un outsider, Blanche neige.

 

C’est un signe d’espoir de voir que les gens à travers le monde dominé par Washington, découvrent la puissance de « Niet ». L’ordre établi peut encore apparaître, pimpant de l’extérieur, mais sous la nouvelle peinture brillante, il cache une coque pourrie, qui prend eau à toutes les jointures. Un « Niet » suffisamment retentissant sera probablement suffisant pour le faire couler, permettant quelques changements très nécessaires. Quand cela se produira, je vous prie de vous rappeler que c’est grâce à la Russie ... ou, si vous insistez, Poutine.

Dmitry Orlov

Dmitry Orlov est né à Leningrad et a immigré aux États-Unis en 1970. Il est l’auteur de Reinventing Collapse, Hold Your Applause ! et Absolutely Positive. Il publie toutes les semaines sur le phénoménalement populaire blog www.ClubOrlov.com.

[http://www.informationclearinghouse.info/article45187.htm]

 [Traduction Alexandre MOUMBARIS
relecture Marie-José MOUMBARIS
 

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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 15:38
L’attentat de Nice rappelle l’Opération Gladio
par Paul Craig Roberts

Repris sur  Comité Valmy

 

Information Clearing House, 18/7/16 - Des commentateurs, qui ont appris à se méfier des explications officielles, tels que Peter Koenig et Stephen Lendman, ont soulevé des questions au sujet de l’attentat de Nice.Il semble vraiment étrange qu’une personne seule conduisant un gros camion ait pu accéder à des zones sécurisées où les Français s’étaient réunis pour regarder les feux d’artifice commémorant la prise de la Bastille. Il semble aussi étrange, que cet événement soit qualifié de terroriste lorsque la famille de l’auteur présumé soutien qu’il n’était pas du tout religieux et n’avait aucune motivation religieuse.Le saurons-nous jamais ? Encore une fois l’auteur présumé est mort, ayant laissé, complaisamment, derrière lui sa carte d’identité.

 

Il semblerait qu’une des conséquences pour la France sera l’instauration permanente de l’état d’urgence. Cette mise au pas de la société servira également à la marionnette capitalise Hollande d’évacuer les protestations contre l’abrogation des protections du droit de travail en France. Ceux qui protesteront contre la perte, si durement gagnés, de leurs acquis seront restreints par l’état d’urgence.

 

C’est incroyable de voir comme cette attaque a été commode pour le capitalisme mondial, qui est le principal bénéficiaire de cette nouvelle « réforme » du Code de travail d’Hollande.

 

Les questions soulevées par Koenig et Lendman rappellent l’Opération Gladio, nom de code donné à une opération secrète de l’OTAN, mise en place par Washington après la Seconde Guerre mondiale en réponse à la crainte de l’Europe occidentale quant à une éventuelle invasion de celle-ci par l’Armée rouge. Initialement Gladio consistait en la création de caches d’armes et à celle d’une organisation devant mener la guérilla contre l’armée d’occupation soviétique.

 

Au lieu d’une invasion soviétique, la menace qui a émergé fut la popularité du Parti communiste en France et surtout en Italie. Washington craignait que des partis communistes gagnent suffisamment de voix pour former un gouvernement, que l’Empire de l’Europe occidentale qu’elle dirigeait soit brisé et que ces gouvernements communistes s’alignent avec Moscou.

 

Par conséquent, Gladio a été tourné contre les Partis communistes européens. Le service de renseignement italien en collaboration avec la CIA a commencé à commettre des attentats en Italie dans les lieux publics, comme dans la gare de Bologne où 285 personnes ont été tuées, mutilées ou blessées.

 

L’opérateur du Gladio Vincenzo Vinciguerra fut le premier à révéler l’existence de Gladio lors de son procès de 1984 pour le bombardement de la gare de Bologne en 1980. Interrogé sur l’attentat de Bologne, Vinciguerra a déclaré : « Il existe en Italie une force secrète parallèle aux forces armées, composée de civils et des militaires, qui dans un but antisoviétique, organisent une résistance sur le sol italien contre l’armée russe ... Une organisation secrète, une super-organi-sation, avec un réseau de communication, des armes, des explosifs, et des hommes formés pour les utiliser ... Une super-organisation qui, faute d’une invasion militaire soviétique, qui pourrait ne jamais se produire, a pris pour tâche, au nom de l’OTAN, d’empêcher un glissement de l’équilibre politique du pays vers la gauche. C’est bien ce qu’ils ont fait, avec l’aide des services secrets officiels et les forces politiques et militaires » (https://en.wikipedia.org/wiki/Vincenzo_Vinciguerra)

 

Il a fallu attendre 1990, six ans plus tard ans, pour que le Premier ministre italien, Giulio Andreotti, reconnaisse officiellement l’existence de Gladio.

 

Le général italien Gerardo Serravalie commandait la participation italienne de Gladio dans la première moitié des années 1970. Wikipédia rapporte qu’il a déclaré que les responsables de la planification et la coordination « étaient des officiers responsables des structures secrètes de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Allemagne, de la Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas et d’Italie. Ces représentants des structures secrètes se rencontraient tous les ans dans l’une des capitales ... Aux réunions de ‘stay-behind’ des représentants de la CIA étaient toujours présents. » (https://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Gladio)

 

Des années 1960 jusqu’au milieu des années 1980 il y eu beaucoup d’attentats à la bombe avec de nombreuses victimes civiles. Vinciguerra a déclaré : « On était censé attaquer des civils, des femmes, des enfants, des personnes innocentes en dehors de l’arène politique, pour une raison simple : forcer le public italien à se tourner vers l’état, vers le régime et demander une plus grande sécurité…. Telle était la logique politique derrière tous les attentats. Ils restent impunis parce que l’Etat ne peut pas se condamner. » (https://www.youtube.c om/watch ?v=vaMUbCpaRyc).

 

Les attentats ont été imputés à des groupes terroristes communistes, tels que les Brigades rouges et la bande Baader-Meinhof ; des groupes qui auraient pu être réels ou des couvertures inventés par les services secrets pour discréditer des partis communistes européens.

 

En 1984, le juge Felice Casson a rouvert une enquête vieille de 12 ans qui concernait une voiture piégée à Peteano, en Italie. Le juge a conclu que l’affaire avait été falsifiée et le blâme jeté sur les Brigades rouges, mais en fait avait été le travail des services secrets militaires, Servizio Informazioni Difesa (SID) en conjonction avec Ordine Nuovo, une organisation d’extrême droite créée ou cooptée par Gladio. Le responsable de la police qui a falsifié l’enquête a été condamné à la prison. L’enquête du juge Casson a conclu que le bombardement Peteano faisait partie d’une série d’attentats menés par Gladio, qui comprenaient l’attentat de Milano Piazza Fontane ayant tué 16 personnes et en ayant blessé 80 autres et l’attentat à la bombe à Bologne en 1980 qui a fait 85 morts et 200 blessés.

 

Sur la base des révélations italiennes, les gouvernements belges et suisses ont entrepris des enquêtes sur les Opérations Gladio dans leurs pays. Le gouvernement des États-Unis a nié toute participation aux attentats. Cependant, la recherche du juge Casson dans les archives des services secrets militaires italiens a mise au jour des preuves de l’existence du réseau Gladio, et le reliait à l’OTAN et aux États-Unis. (https://wikispooks.com/wiki/Operation_Gladio)

 

Les peuples occidentaux dont les démocraties ont dégénéré en ploutocraties sont inoculés contre la croyance que le gouvernement pourrait tuer ses propres citoyens. Clairement ils ont à apprendre concernant l’Opération Gladio.

 

L’Opération Gladio serait-elle encore bien vivante ? Les événements terroristes d’aujourd’hui sont rejetés sur les musulmans plutôt que sur les communistes. Est-il possible que les attentats terroristes en France et en Belgique soient des Opérations Gladio ?

Paul Craig Roberts

 

Addendum :

Cette grande collection de photos dans le Daily Mail du Royaume-Uni sur l’attentat de Nice ( http://www.dailymail.co.uk/news/article-36 91019/Several-people-injured-truck-c rashes-crowd-Bastille-Day-celebratio ns-Nice.html) ne semble pas montrer le sang dans les rues où le carnage est sensé avoir eu lieu, ou le sang associé aux corps qui ont été photographiés. Le camion blanc signalé comme avoir été l’arme du crime ne semble pas porter des traces de sang ou d’être endommagé. Un collègue avait une fois heurté un cerf, sa voiture a été totalement esquintée. Comment peut-il y avoir 186 personnes touchées et aucun dommage au camion ? En outre, parmi les reportages il y a une vidéo d’un policier exposé aux tirs à quelques mètres de la cabine du camion. Pour que la police s’expose devant un fou, signalé armé, cela implique que soit il n’était pas armé, soit que la cabine du camion était vide. Pourquoi la police n’a pas ouvert la porte pour le saisir ou s’il était armé attendre qu’il épuise ses munitions ? Dans tous ces attentats, l’auteur présumé est toujours abattu. Il est à noter également, qu’il y a déjà les noms et les photos des victimes et une histoire de l’auteur. Comment est-il possible que tant de photos de tant de personnes différentes soient si rapidement collectées et tellement d’informations recueillies à propos de l’auteur ? Les médias ne posent jamais aux autorités publiques de telles questions, ni ne fournissent de réponses. Il semblerait que l’histoire ait été préparée et prête à être déclenchée quand l’événement s’est produit, et que ce sera tout ce que nous n’obtiendrons jamais.

Et que faisons-nous de ceci :
(http://www.globalresearch.ca/the-paris-bataclan-terror-attack-six-french-military-were-present-instructed-not-to-intervene-people-died/5534527). Pourquoi des soldats français armés sur scène susceptibles d’arrêter le carnage au Bataclan ont reçu l’ordre de se retirer ?

 

Le Dr Paul Craig Roberts était Secrétaire-adjoint du Trésor sur la Politique économique et rédacteur associé au Wall Street Journal. Il contribue à Business Week, Scripps Howard News Service, and Creators Syndicate. Il a eu plusieurs postes universitaires. Ces colonnes sur internet ont attiré un intérêt mondial. Ses derniers livres sont : The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West, How America Was Lost, and The Neoconservative Threat to World Order.

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29 juillet 2016 5 29 /07 /juillet /2016 10:47
Derrière la tentative désespérée de coup d’état de la CIA en Turquie
par F. William EngdahL

 

Repris sur Comité Valmy

 

Dans la soirée du 15 juillet un groupe d’officiers de l’armée turque annonçait avoir accompli un coup d’Etat et pris le contrôle du pays. Ils prétendaient qu’Erdoğan était en fuite pour sauver sa vie et qu’ils étaient maintenant en train de rétablir l’ordre. Le seul problème de ces officiers et de leurs commanditaires, loin, à Langley [Siège de la CIA – NdT] en Virginie, et à Saylorsburg en Pennsylvanie où l’opérateur politique turc Fetullah Gülen est réfugié protégé par la CIA, est qu’ils n’ont pas réussi. Derrière la tentative de coup, ourdit une histoire beaucoup plus significative, une dramatique évolution géopolitique que l’imprévisible survivant politique qu’est le Président (encore) Recep Erdoğan était en train de fomenter lorsque des loyalistes de Gülen ont amorcés leur tentative de coup d’état désespérée, qui en toute apparence fut raté. Ce qui suit est une série de questions et de réponses sur l’arrière-scène des événements dramatiques qui se déroulent dans ce pays pivot dans l’ordre géopolitique.

 

Q : Quel commentaire feriez-vous sur les événements de vendredi à samedi, quand l’armée a mené une tentative de coup d’État ? Ces événements étaient-ils prévisibles ?

W.E. : Le coup d’État était une réaction à la récente évolution géopolitique dramatique d’Erdoğan. Il a été instigué par des réseaux turcs fidèles à la CIA. C’était clairement un geste désespéré, mal préparé.

 

Q : Qu’elles sont les véritables raisons de cette tentative de l’armée ? Qu’en pensez-vous ?

W.E. : Il s’agissait d’un réseau d’officiers dans l’armée fidèles au mouvement de Fetullah Gülen. Celui-ci est un instrument que la CIA contrôle à 100%. D’ailleurs il vit depuis des années en exil à Saylorsburg en Pennsylvanie, après avoir obtenu une carte verte [carte d’immigration aux é-u - NdT] grâce à d’anciens pontes de la CIA et à l’ancien ambassadeur étasunien à Ankara.

Gülen a été depuis des décennies un projet fou de la CIA d’armer l’Islam politique comme instrument de changement de régime. Rappelons qu’en 2013, il y avait des protestations de masse contre Erdoğan à Istanbul et ailleurs. C’est alors que Gülen, qui auparavant avait conclu une entente avec le Parti de la Justice et du développement [AKP] d’Erdoğan, rompait avec lui et le critiquait dans les médias qu’il contrôlait comme Zaman, le taxant de tyran. Depuis lors, Erdoğan s’est efforcé à déraciner son plus dangereux adversaire interne et ses amis, y compris avec des descentes sur Zaman et d’autres médias contrôlés par lui. Il ne s’agit pas d’une lutte entre le bon et le méchant chevalier. Cela concerne le pouvoir dans la vie politique turque. Si les lecteurs sont intéressés par les détails du projet Gülen et de la CIA je les invite de consulter mon livre, The Lost hegemon (en allemand : Amerikas Heilige Krieg).

 

Q : Pensez-vous que ces événements pourraient conduire à la guerre civile, comme certains commentateurs l’interprètent ?

W.E. : Je doute de cela. Le mouvement Gülen au cours de ces deux dernières années a été sévèrement réduit en influence par Erdoğan et son chef du renseignement — des purges etc.. La prétendue armée traditionnelle d’Atatürk, en tant que gardienne de l’État, est depuis longtemps révolue...depuis les années 1980.

Ce qu’il sera intéressant à observer maintenant est l’évolution de la politique étrangère d’Erdoğan : Rapprochement avec la Russie, réouverture des pourparlers à propos du gazoduc Turkish Stream vers la frontière grecque. Simultanément il y a son rapprochement avec Netanyahu, et celui plus critique, son accord apparent, à une partie des exigences de Poutine pour la reprise des liens, à savoir que la Turquie cesse ses efforts de renverser Assad en soutenant secrètement Daech ou d’autres organisations terroristes en Syrie, en les entrainant en Turquie et en vendant leur pétrole sur le marché noir. C’est une énorme défaite géopolitique pour Obama, probablement le Président le plus incompétent de l’histoire étasunienne (bien qu’il ait une concurrence sérieuse à ce titre de la part de George W. Bush et de Clinton).

 

Q : Croyez-vous qu’Erdoğan pourrait en effet de cette façon être renversé ?

WE : Probablement pas, vu ce que l’on voit actuellement. Même au petit matin lorsqu’Erdoğan a pu dire aux media qu’il s’agissait d’une tentative de coup d’état fomenté par Gülen, j’étais convaincu que ce dernier échouerait. Aujourd’hui, le 16 juillet, il semble qu’il n’ait pas réussi. La CIA a été entartrée et Obama et l’OTAN tentent de se couvrir en étreignant chaleureusement le très démocratiquement élu Erdoğan (sic !) ». Ils ne se souciaient pas en Ukraine, quand la CIA perpétrait le coup d’état de la place Maïdan en février 2014, que Viktor Yanoukovitch était le « Président démocratiquement élu de l’Ukraine ». Regardez le chaos qu’a laissé Washington dans ses efforts de provoquer une scission entre la Russie et l’UE.

 

Q : Comment devrions-nous interpréter l’allégation qu’Erdoğan aurait demandé asile à l’Allemagne, et pensez-vous que celle-ci le lui aurait accordé ?

W.E. : Il y a beaucoup de rumeurs farfelues. Je n’ai aucune information là-dessus.

 

Q : Comment positionnez-vous les États-Unis et la Russie par rapport aux récents événements ?

W.E. : Cela devrait être clair avec ce que j’ai dit. Washington était derrière le coup d’État, manifestation de leur impuissance devant l’évolution géopolitique majeure effectuée par Erdoğan depuis juin, quand il a limogé Davutoğlu son Premier ministre et nommé le loyaliste Binali Yıldırım à sa place. À ce moment Erdoğan s’est simultanément détourné de la stratégie anti-Assad de Washington en Syrie et s’est tourné vers Israël (qui ces jours-ci est en conflit géopolitique aigu avec Washington), vers la Russie et maintenant, même vers Assad en Syrie.

 

Q : Quel sera l’impact des événements sur le fait que la Turquie soit membre de l’OTAN ?

W.E. : C’est difficile à évaluer. Washington pour sa stratégie globale a désespérément besoin de la Turquie dans l’OTAN, en particulier pour le contrôle des flux de pétrole du Moyen-Orient et maintenant son gaz naturel. C’est pourquoi au moment où il est devenu clair que le coup d’État échouerait, Obama et compagnie ont « embrassé » leur « ami » Erdoğan. Dans les milieux du renseignent on appelle cela le « contrôle des dégâts ».

 

Q : Croyez-vous qu’il soit bon pour la Turquie qu’Erdoğan et l’actuel gouvernement perdent le pouvoir de cette façon, plutôt que par des élections ?

W.E. : Au moment où j’écris ceci, il semble qu’il soit toujours fermement au pouvoir, peut-être plus fermement qu’auparavant.

 

Q : Comment estimez-vous que les événements en Turquie pourront affecter l’Union européenne ?

W.E. : Le projet d’UE est en voie de dissolution. Ce projet a toujours été une idée monstrueuse, encouragée dans les années 1950 par Churchill, la jeune CIA et certains de leurs amis européens comme Monnet, pour que les États-Unis contrôlent mieux Europe. Ce fait est devenu une évidence lorsque le président Obama par son intervention effrontée dans la politique britannique, a demandé aux britanniques de ne pas quitter l’Union européenne. L’Union européenne est une monstruosité bureaucratique, sans visage, ubuesque, non élue, n’ayant aucun compte à rendre au peuple, avec des assises à Bruxelles, à côté du siège de l’OTAN.

Le Brexit a commencé la dissolution, qui ira maintenant assez rapidement selon mon sentiment. La Hongrie peut-être suivra, si la CIA n’arrive pas à faire une révolution de couleur contre Orban avant leur référendum d’octobre sur un « Huexit. » La France ? Les partisans de Marine Le Pen et des millions de Français en ont assez des diktats de Bruxelles. Regardez la récente décision criminelle sur le désherbant « glyphosate », le plus largement utilisé en UE. Malgré l’énormité des preuves scientifiques le démontrant comme cancérigène Bruxelles a décidé d’ignorer toutes ces preuves sur la santé et la sécurité provenant des autres gouvernements de l’UE, et approuver arbitrairement l’empoisonnement de l’alimentation de la population pour 18 mois de plus. Ce n’est pas cela que la population européenne ou de n’importe quel autre pays attend de ses fonctionnaires. Elle ne mérite pas cela.

 

Q : Comment pensez-vous que les événements en Turquie pourraient influer sur la crise migratoire, et qu’attendez-vous de la réouverture de la soi-disant route des Balkans pour les réfugiés ?

W.E. : il est encore trop tôt pour le dire. Si Erdoğan et Assad, par l’intermédiaire de Poutine et de la Russie, et peut-être avec la coopération d’Israël, parviennent à établir une véritable paix en Syrie, le flux de réfugiés de la guerre pourrait cesser. Les gens veulent rentrer chez eux, reconstruire leur vie dans leur propre pays.

F. William Engdahl
18 juillet 2016

F. William Engdahl est conférencier et consultant en risques stratégiques, il est diplômé en politique de l’Université de Princeton et auteur de Best-sellers sur le pétrole et la géopolitique, exclusivement pour magazine en ligne New Eastern Outlook.

—————————————————-

http://www.informationclearinghouse

Traduction Alexandre MOUMBARIS
relu Marie-José MOUMBARIS
pour le Comité Valmy]

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28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 08:44
Par Paul Craig Roberts

Repris sur  Comité Valmy

 

Washington et son vassal canadien tentent d’utiliser un scandale de dopage sportif russe créé par les médias occidentaux pour interdire aux Russes de participer aux Jeux olympiques au Brésil. Washington et le Canada font pression sur d’autres pays pour les inciter à participer à la vendetta de Washington contre la Russie. Cette vendetta est menée sous le prétexte de « préserver un athlétisme propre ».

 

Vous pouvez parier votre vie que Washington n’est pas motivé par le respect de la justice dans le sport. Washington est occupé à l’intérieur du pays à détruire la justice pour les pauvres, et Washington, qui ne tient pas compte de la souveraineté des pays ni du droit international contre l’agression nue, est occupé à l’étranger à détruire des millions de vies à des fins hégémoniques.

 

Nous pourrions conclure que Washington veut l’hégémonie dans le sport exactement comme il le fait dans les affaires étrangères et veut que les athlètes russes dégagent de son chemin pour que les Américains puissent gagner davantage de médailles. Mais cela manquerait le point véritable de la campagne de Washington contre la Russie. Le scandale du dopage fait partie de l’effort en cours de Washington pour isoler la Russie et construire une opposition à Poutine en Russie même.

 

Il y a une minorité connue comme les intégrationnistes atlantistes au sein du gouvernement russe et dans le secteur des affaires, qui croit qu’il est plus important pour la Russie d’être intégrée à l’Occident que d’être souveraine. Cette minorité de Russes veut troquer l’indépendance de la Russie contre l’acceptation occidentale. Fondamentalement, ce sont des traîtres que Poutine tolère.

 

Avec l’interdiction de la participation de la Russie aux Jeux olympiques, Washington tente de renforcer cette opposition à Poutine. Maintenant, l’opposition peut dire : « L’intransigeance de Poutine a mis la Russie à l’écart des Jeux olympiques. Poutine a isolé la Russie. Nous devons coopérer − un euphémisme pour céder − avec l’Occident ou devenir parias. »

 

C’est le jeu de Washington. L’interdiction des Jeux olympiques est destinée à saper la réputation de Poutine auprès des Russes. « Il nous a écartés des Jeux olympiques ! ».

 

Les intégrationnistes atlantistes sont prêts à trahir soit Assad soit la Crimée pour être acceptés par Washington. Donc Washington travaille à renforcer ses alliés russes.

 

Les Européens sont perturbés par la politisation des Jeux olympiques par Washington. Le président du Comité olympique européen Pat Hickey s’est opposé à la tentative de Washington d’imposer une punition « avant la présentation de toute preuve. Une telle interférence et des appels avant la publication du rapport McLaren vont totalement à l’encontre de la procédure légale équitable internationalement reconnue et pourrait avoir complétement compromis l’intégrité et donc la crédibilité de cet important rapport ».

 

Hickey a dit qu’il ressort clairement de l’effort de Washington et du Canada que «  tant l’indépendance que la confidentialité du rapport ont été compromises ». Il poursuit  :

« Il est clair que seuls des athlètes et des organisations connus pour soutenir une interdiction de l’équipe olympique russe ont été contactés. »

« Je dois demander en vertu de quelle autorité les agences anti-dopage étasuniennes et canadiennes ont préparé leur lettre et quel mandat elles ont pour lancer un appel international à l’interdiction d’un autre pays dans la famille olympique. »

« Alors que je comprends totalement et partage les préoccupations internationales quant aux récentes allégations de dopage, nous ne pouvons pas permettre à des individus ou à des groupes d’interférer ou de nuire à l’intégrité d’une procédure judiciaire équitable et régulière. »

Washington, évidemment, n’a aucun respect pour les procédures judiciaires régulières aux États-Unis eux-mêmes, ou en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Somalie, au Yémen, au Pakistan, en Syrie, en Ukraine, au Honduras, au Venezuela, en Argentine, au Brésil, en Bolivie, en Équateur ou en Grande-Bretagne, un vassal dont Obama dit qu’il ne sera pas autorisé à quitter l’Union européenne. Pourquoi Washington serait-il concerné par le fait que la Russie puisse bénéficier d’une procédure régulière ?

 

Dans son article, le New York Times, la mère maquerelle du bordel des médias américains, n’a pas mentionné les préoccupations de Hicky.

 

Le rapport McLaren est censé être une enquête sur l’accusation que l’usage de drogues par les athlètes russes pour améliorer leurs performances est largement répandu et soutenu par le gouvernement russe. Washington a trop d’argent et trop de menaces à disposition pour que n’importe quel rapport utilisé pour discréditer la Russie puisse être honnête. Lisez mon article d’aujourd’hui sur le MH-17, ou souvenez-vous de la description par Washington d’un vote indépendant en Crimée, où les électeurs choisissent à la quasi unanimité de rejoindre la Russie dont la province fait partie depuis les années 1700, comme étant une « invasion et une annexion russe ».

Il faut une personne très courageuse, comme Pat Hickey, pour résister à Washington, et nous ne savons pas si Hickey succombera aux pressions de Washington qui seront très certainement exercées maintenant sur lui. ?

 

Washington continuera à diaboliser la Russie jusqu’à ce qu’une guerre soit provoquée ou jusqu’à ce que le gouvernement russe capitule et accepte une vassalité partielle, trahissant soit Assad soit la Crimée. ?

 

Peut-être la Russie et la Chine devraient-elles organiser les Jeux olympiques eurasiatiques et quitter les Jeux occidentaux. Comme Washington a relancé la Guerre froide et tente de la faire devenir chaude, la compétition peut porter sur comment les pays d’Amérique latine et d’Afrique s’alignent. S’ils sont libres de choisir, il est peu probable que les Africains et les Latino-américains rejoignent les jeux de l’homme blanc occidental raciste. ?

 

Nous devons nous demander quand viendra le moment où la Russie et la Chine cesseront de rester assises là à encaisser des affronts et des provocations sans fin, au nom de la paix. Lorsque ce moment arrivera, s’il arrive, l’Occident cessera d’être l’arbitre des affaires humaines.


– Le 17 juillet 2016
– Source :

Paul Craig Roberts
Institute for Political Economy

Traduction : le Saker francophone

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26 juillet 2016 2 26 /07 /juillet /2016 17:17

 

Pourquoi le Parquet demande l'effacement total des vidéos?

 

 

A la surprise de la ville de Nice, le Procureur de Paris en charge de l'enquête sur le massacre de la Promenade des anglais demande à la ville de supprimer totalement 24h d'images visant le déroulement de l'acte de terrorisme sur la Promenade des anglais. Estrosi refuse et la ville se dit incompétente pour le faire.

 

La ville de Nice compte plus de 1200 caméras de surveillance, c'est une des villes les mieux équipées. en France. Environ 140 d'entre elles ont filmé les lieux de l'attentat terroriste, ce qui fait en gros 30 000 heures cumulées de bandes.

 

Le mercredi 20 juillet, la sous-direction antiterroriste adresse une réquisition urgente demandant à la ville de Nice de détruire toutes les images de la Promenade des anglais, citant certaines caméras en particuliers et également demande de détruire toutes les copies non judiciaires. Voir la demande de réquisition sur le site du Figaro:

 

la sous-direction antiterroriste (SDAT) a envoyé aux agents qui gèrent la vidéosurveillance de la ville une réquisition citant les articles 53 et L706-24 du code de procédure pénale et de l'article R642-1 du Code pénal leur demandant l'effacement «complet» de 24 heures d'images provenant de six caméras nommées et numérotées, mais aussi de toutes les scènes depuis le début de l'attentat ayant eu lieu sur la promenade des Anglais, dans la nuit du 14 juillet.

 

La ville est surprise, c'est la première fois qu'une telle demande leur est adressée. Et pour cause, l'art. 56 du Code de procédure pénale, qui règle la question de la préservation des éléments de preuves, dispose: 

Il est procédé à la saisie des données informatiques nécessaires à la manifestation de la vérité en plaçant sous main de justice soit le support physique de ces données, soit une copie réalisée en présence des personnes qui assistent à la perquisition.

 

Si une copie est réalisée, il peut être procédé, sur instruction du procureur de la République, à l'effacement définitif, sur le support physique qui n'a pas été placé sous main de justice, des données informatiques dont la détention ou l'usage est illégal ou dangereux pour la sécurité des personnes ou des biens.

 

Quelle est la logique de ce texte? Après avoir travaillé les preuves, vu lesquelles étaient utiles à l'enquête et lesquelles non, un tri peut être fait à la fin de l'enquête: les éléments utiles sont gardés, les autres peuvent être détruits. Or, nous sommes en tout début d'enquête, c'est ce qui surprend.

 

Le Parquet, pour une raison ou pour une autre, veut avoir la maîtrise totale de l'image et des preuves. Soit. Mais il invoque pour cela une raison étrangère aux motifs prévus par le Code de procédure pénale. Or, même s'il s'agit de terrorisme, la légalité républicaine n'a pas totalement été suspendue.

 

Selon le Parquet de Paris: 

 

« Cette réquisition de la Sdat, avec l'accord du parquet, correspond à la nécessité impérieuse d'éviter la diffusion non contrôlée et non maîtrisée de ces images, profondément choquantes pour la dignité et l'intégrité des victimes. »

 

L'autre argument avancé est celui de ne pas voir ces images sur les sites de propagande terroriste.

Certes, l'intention est très louable. Mais cela signifie-t-il qu'il n'est pas suffisant de demander à la mairie de Nice de ne pas vendre ses vidéos aux médias ou les diffuser sur internet? A moins que les serveurs de la mairie ne soient à ce point faciles à craquer et le Parquet est beaucoup mieux protégé. Le maire, ses adjoints ou les personnes travaillant à la mairie de Nice auraient-ils l'idée saugrenue de vendre ces vidéos aux terroristes pour leur propagande? Cela semble absurde.

 

Sur le plan juridique, l'art. 56, qui règle cette question, pose comme critères aurotisant la destruction: 

  • la détention illégale: la mairie de Nice détient ces bandes légalement;
  • l'usage illégale: la mairie n'en a fait aucun usage illégal et elle n'a aucun moyen de contrôler les personnes privées ayant filmé des images de la scène;
  • un danger pour la sécurité des personnes et des biens: ces images ne présentent pas un danger, elles ne montrent pas de témoins dangereux qu'il faudrait retrouver avant les truands, comme dans les films de mafias.

La réquisition du Parquet est donc très étrange. Et techniquement, cet ordre présente un danger pour la sauvegarde des images:

 

La demande paraît d'autant plus étonnante que la SDAT a envoyé depuis vendredi dernier des serveurs afin de récupérer les 30.000 heures de vidéosurveillance liées aux événements. Une opération de sauvegarde qui va s'étendre encore sur plusieurs jours. «Nous ne savons pas si donner un ordre de destruction alors que nous sommes en pleine sauvegarde ne va pas mettre en rideau tout le système», s'inquiète-t-on dans l'entourage du dossier.

 

L'avocat de la ville de Nice a affirmé que la ville refusait de répondre à cette demande et que les vidéos seraient mises sous séquestres, en vue d'une possible utilisation ultérieure lors de l'enquête. Etrange demande en effet. Alors que des copies circulent déjà dans tous les services, notamment à l'Elysée, le Président ayant voulu avoir les images. Lui aussi devra-t-il les détruire de peur qu'elles ne filtrent dans la presse?

 

Sans oublier que toutes les vidéos possibles et imaginables sont déjà sur la Toile, chacun y allant de son téléphone portable. Alors que cherchent les enquêteurs? La maîtrise totale de l'image est impossible aujourd'hui. C'est plus une question de morale publique que de réquisition urgente. Avec un peu de chance l'on pourra au moins éviter de chercher des Pokémons dans la morge de Nice. Quoique ...

 

Publié par Karine Bechet-Golovko

russiepolitics

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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 17:24

Qu'en termes peu diplomatiques ces choses là sont dites !

Par Soraya Hélou

 

De façon instinctive, les Libanais croient qu’une ambassadrice pourrait être plus sensible à leurs problèmes qu’un ambassadeur. Pourtant leur expérience avec les diplomates américaines n’est pas très encourageante. Il y a eu d’abord Michel Sison, puis Maura Connelli et à chaque fois, les ambassadrices suivaient la même politique, cherchant à augmenter les divisions des Libanais pour favoriser les politiques américaines et israéliennes. Elles commençaient toutefois par afficher leur ouverture en direction des Libanais et leur volonté d’aider ce pays. Cette fois, la nouvelle ambassadrice Elizabeth Richard, qui vient de prendre ses fonctions à Beyrouth n’a pas pris la peine de cacher ses intentions ou son programme. A peine arrivée au Liban et après une réunion protocolaire avec le ministre des Affaires étrangères Gebrane Bassil, l’ambassade a publié un communiqué au nom de Mme Richard pour affirmer que celle-ci souhaite démanteler le réseau financier du Hezbollah. Mme Richard ne s’est embarrassée de formules de courtoisie, se souciant visiblement peu du fait que cette déclaration pourrait être interprétée comme une ingérence directe dans les affaires internes du pays. Elle a depuis le début annoncé clairement ses couleurs et au moins, les choses ont le mérite d’être claires. Dans un langage bien peu diplomatique, que seuls les Etats-Unis peuvent se permettre, elle a annoncé son programme d’action au Liban, visant à affaiblir, sinon à détruire, le Hezbollah.

 

Qu’est-ce qui pousse l’ambassadrice des Etats-Unis à dévoiler aussi rapidement et aussi clairement ses objectifs ? Certes, l’arrogance des Etats-Unis est connue, surtout depuis que ce pays a pris le commandement du monde après la chute de l’empire soviétique. Mais il y a plus que cela. Les Américains croient qu’ils peuvent se permettre de faire ce genre de déclaration car les Libanais sont divisés sur la question du Hezbollah. En affirmant qu’elle cherche, au cours de sa mission au Liban, à détruire le réseau financier du Hezbollah Mme Richard ne choisit pas seulement son camp au Liban, mais elle pousse aussi les Libanais à le faire, disant indirectement que si les Libanais veulent être les amis des Etats-Unis, ils doivent s’aligner sur cette position.

 

Mme Richard a voulu ainsi rallumer la mèche du conflit qui avait opposé un moment le Hezbollah aux banques libanaises avant d’être réglé à l’amiable par des négociations calmes et réalistes, tenant avant tout compte de l’intérêt du Liban. Car, n’en déplaise à Mme Richard et à l’administration qu’elle représente, le Hezbollah et sa large base populaire ne sont pas un acteur secondaire sur la scène libanaise. Les ostraciser, les exclure et les pousser dans leurs derniers retranchements ne sont pas dans l’intérêt des Libanais et du Liban. Les banques libanaises, ainsi bien sûr que le gouverneur de la Banque centrale l’ont bien compris puisqu’après que certaines d’entre elles ont pris des mesures improvisées, ils sont revenus à la négociation et à l’idée du compromis, d’abord pour préserver leurs propres intérêts et ceux du Liban et des Libanais.

 

Combattre le Hezbollah aujourd’hui, c’est mettre en cause la stabilité interne du pays, à un moment où celui-ci a plus que jamais besoin de l’unité de tous ses fils, face à un ennemi barbare et fou, le terrorisme radical. Dans la même déclaration, Mme Richard précise d’ailleurs qu’elle souhaite œuvrer pour la stabilité du Liban et pour le renforcement de la coopération entre son pays et le Liban. La seule question qui se pose est la suivante : comment compte-t-elle s’y prendre alors qu’elle vise à diviser les Libanais et à mettre au ban du pays une de ses composantes les plus importantes, à savoir le Hezbollah et sa base populaire ?

 

Il est clair que la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis au Liban ne veut pas comprendre que le Hezbollah est un facteur de stabilité au Liban. D’abord, son intervention en Syrie, même si elle fait l’objet d’une controverse politique, a permis concrètement de fermer les frontières du Liban aux combattants des groupes terroristes, facilitant ainsi la mission de l’armée libanaise déployée à la frontière du côté libanais. Si les combattants du Hezbollah n’avaient pas participé aux côtés de l’armée syrienne à la libération de Qousseyr et de la plus grande partie du Qalamoun, des miliciens terroristes de «Daech» et du «front Al Nosra», l’armée libanaise aurait dû subir des centaines d’assaut de leur part vers le Liban. Elle aurait peut-être réussi à les repousser mais à quel prix pour elle et pour le pays, surtout après la suspension du don saoudien ? Ensuite, son rôle sur le plan interne est de faciliter l’entente, de chercher des solutions aux nombreux problèmes politiques, sans toutefois faire des compromis sur ses convictions et sur ses principes. Si ce n’était pas le cas, pourquoi le Courant du Futur, en dépit de ses positions politiques en flèche et de l’hostilité déclarée de l’Arabie saoudite, continue-t-il de dialoguer avec lui, s’il n’y trouvait pas son compte et celui du Liban ?

 

Dans ce cas, comment interpréter la déclaration de l’ambassadrice des Etats-Unis autrement que comme une volonté indirecte de déstabiliser le Liban et de semer la zizanie entre ses composantes ? Alors que certaines parties libanaises commençaient à être convaincues que les Etats-Unis seraient en train de se dissocier de la politique israélienne dans la région, et au Liban en particulier, la déclaration d’Elizabeth Richard a donné une preuve éclatante du contraire. L’administration américaine, quelle qu’elle soit, se désintéresse complètement des intérêts du Liban et ne songe qu’à ceux des israéliens qui voient dans le Hezbollah leur principal ennemi car il est le seul à les avoir vaincus. La guerre de 2006, voulue et planifiée par la secrétaire d’Etat américaine de l’époque Condoleeza Rice se poursuit donc sous une autre forme. Le plan reste le même, les objectifs aussi et c’est une fois de plus, une femme qui le porte. Elle connaîtra probablement le même sort que les autres. Sa mission au Liban se terminera et le Hezbollah restera, allant de victoire en victoire...

Source : French.alahednews

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19 juillet 2016 2 19 /07 /juillet /2016 16:25

27 ans après la chute du Mur de Berlin

Le Brexit redistribue la géopolitique mondiale

par Thierry Meyssan

 

Alors que la presse internationale cherche des moyens pour relancer la construction européenne, toujours sans la Russie et désormais sans le Royaume-Uni, Thierry Meyssan considère que rien ne pourra plus éviter l’effondrement du système. Cependant, souligne-t-il, ce qui est en jeu, ce n’est pas l’Union européenne elle-même, mais l’ensemble des institutions qui permettent la domination des États-Unis dans le monde et l’intégrité des États-Unis eux-mêmes.

Reseau Voltaire

| Damas (Syrie) | 27 juin 2016

 

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Favorable au Brexit, la reine Elizabeth va pouvoir réorienter son pays vers le yuan.

 

Personne ne semble comprendre les conséquences de la décision britannique de quitter l’Union européenne. Les commentateurs, qui interprètent la politique politicienne et ont perdu depuis longtemps la connaissance des enjeux internationaux, se sont focalisés sur les éléments d’une campagne absurde : d’un côté les adversaires d’une immigration sans contrôle et de l’autre des « pères fouettards » menaçant le Royaume-Uni des pires tourments.

 

Or, les enjeux de cette décision n’ont aucun rapport avec ces thèmes. Le décalage entre la réalité et le discours politico médiatique illustre la maladie dont souffrent les élites occidentales : leur incompétence.

 

Alors que le voile se déchire sous nos yeux, nos élites ne comprennent pas plus la situation que le Parti communiste de l’Union soviétique n’envisageait les conséquences de la chute du Mur de Berlin en novembre 1989 : la dissolution l’URSS en décembre 1991, puis du Conseil d’assistance économique mutuelle (Comecon) et du Pacte de Varsovie six mois plus tard, puis encore les tentatives de démantèlement de la Russie elle-même qui faillit perdre la Tchétchénie.

 

Dans un futur très proche, nous assisterons identiquement à la dissolution de l’Union européenne, puis de l’Otan, et s’ils n’y prennent garde au démantèlement des États-Unis.

 

Quels intérêts derrière le Brexit ?

Contrairement aux rodomontades de Nigel Farage, l’UKIP n’est pas à l’origine du référendum qu’il vient de gagner. Cette décision a été imposée à David Cameron par des membres du Parti conservateur.

 

Pour eux, la politique de Londres doit être une adaptation pragmatique aux évolutions du monde. Cette « nation d’épiciers », ainsi que la qualifiait Napoléon, observe que les États-Unis ne sont plus ni la première économie mondiale, ni la première puissance militaire. Ils n’ont donc plus de raison d’en être les partenaires privilégiés.

 

De même que Margaret Thatcher n’avait pas hésité à détruire l’industrie britannique pour transformer son pays en un centre financier mondial ; de même ces conservateurs n’ont pas hésité à ouvrir la voie à l’indépendance de l’Écosse et de l’Irlande du Nord, et donc à la perte du pétrole de la mer du Nord, pour faire de la City le premier centre financier off shore du yuan.

 

La campagne pour le Brexit a été largement soutenue par la Gentry et le palais de Buckingham qui ont mobilisé la presse populaire pour appeler à revenir à l’indépendance.

 

Contrairement à ce qu’explique la presse européenne, le départ des Britanniques de l’UE ne se fera pas lentement parce que l’UE va s’effondrer plus vite que le temps nécessaire aux négociations bureaucratiques de leur sortie. Les États du Comecon n’ont pas eu à négocier leur sortie parce que le Comecon a cessé de fonctionner dès le mouvement centrifuge amorcé. Les États membres de l’UE qui s’accrochent aux branches et persistent à sauver ce qui reste de l’Union vont rater leur adaptation à la nouvelle donne au risque de connaître les douloureuses convulsions des premières années de la nouvelle Russie : chute vertigineuse du niveau de vie et de l’espérance de vie.

 

Pour la centaine de milliers de fonctionnaires, d’élus et de collaborateurs européens qui perdront inévitablement leur emploi et pour les élites nationales qui sont également tributaires de ce système, il convient d’urgence de réformer les institutions pour les sauver. Tous considèrent à tort que le Brexit ouvre une brèche dans laquelle les Eurosceptiques vont s’engouffrer. Or, le Brexit n’est qu’une réponse au déclin des États-Unis.

 

Le Pentagone, qui prépare le sommet de l’Otan à Varsovie, n’a pas non plus compris qu’il n’était plus en position d’imposer à ses alliés de développer leur budget de Défense et de soutenir ses aventures militaires. La domination de Washington sur le reste du monde est terminée.

Nous changeons d’ère.

 

Qu’est-ce-qui va changer ?

La chute du bloc soviétique a d’abord été la mort d’une vision du monde. Les Soviétiques et leurs alliés voulaient construire une société solidaire où l’on mette le plus de choses possible en commun. Ils ont eu une bureaucratie titanesque et des dirigeants nécrosés.

 

Le Mur de Berlin n’a pas été abattu par des anti-communistes, mais par une coalition des Jeunesses communistes et des Églises luthériennes. Ils entendaient refonder l’idéal communiste débarrassé de la tutelle soviétique, de la police politique et de la bureaucratie. Ils ont été trahis par leurs élites qui, après avoir servi les intérêts des Soviétiques se sont engouffrés avec autant d’ardeur pour servir ceux des États-uniens. Les électeurs du Brexit les plus engagés cherchent d’abord à retrouver leur souveraineté nationale et à faire payer aux dirigeants ouest-européens l’arrogance dont ils ont fait preuve en imposant le Traité de Lisbonne après le rejet populaire de la Constitution européenne (2004-07). Ils pourraient eux aussi être déçus par ce qui va suivre.

 

Le Brexit marque la fin de la domination idéologique des États-Unis, celle de la démocratie au rabais des « Quatre libertés ». Dans son discours sur l’état de l’union de 1941, le président Roosevelt les avaient définies comme (1) la liberté de parole et d’expression, (2) la liberté de chacun d’honorer Dieu comme il l’entend, (3) la liberté du besoin, (4) la liberté de la peur [d’une agression étrangère]. Si les Anglais vont revenir à leurs traditions, les Européens continentaux vont retrouver les questionnements des révolutions française et russe sur la légitimité du pouvoir, et bouleverser leurs institutions au risque de voir resurgir le conflit franco-allemand.

 

Le Brexit marque aussi la fin de la domination militaro-économique US ; l’Otan et l’UE n’étant que les deux faces d’une seule et unique pièce, même si la construction de la Politique étrangère et de sécurité commune a été plus longue à mettre en œuvre que celle du libre-échange. Récemment, je rédigeais une note sur cette politique face à la Syrie. J’examinais tous les documents internes de l’UE, qu’ils soient publics ou non publiés, pour arriver à la conclusion qu’ils ont été rédigés sans aucune connaissance de la réalité de terrain, mais à partir des notes du ministère allemand des Affaires étrangères, lui-même reproduisant les instructions du département d’État US. J’avais eu il y a quelques années à effectuer la même démarche pour un autre État et j’étais arrivé à une conclusion similaire (sauf que dans cet autre cas, l’intermédiaire n’était pas le gouvernement allemand, mais le français).

 

Premières conséquences au sein de l’UE

Actuellement, des syndicats français rejettent le projet de loi sur le Travail qui a été rédigé par le gouvernement Valls sur la base d’un rapport de l’Union européenne, lui-même inspiré par les instructions du département d’État US. Si la mobilisation de la CGT a permis aux Français de découvrir le rôle de l’UE dans cette affaire, ils n’ont toujours pas saisi l’articulation UE-USA. Ils ont compris qu’en inversant les normes et en plaçant les accords d’entreprise au-dessus des accords de branche, le gouvernement remettait en réalité en cause la prééminence de la Loi sur le contrat, mais ils ignorent la stratégie de Joseph Korbel et de ses deux enfants, sa fille naturelle la démocrate Madeleine Albright et sa fille adoptive la républicaine Condoleezza Rice. Le professeur Korbel assurait que pour dominer le monde, il suffisait que Washington impose une réécriture des relations internationales dans des termes juridiques anglo-saxons. En effet, en plaçant le contrat au-dessus de la Loi le droit anglo-saxon privilégie sur le long terme les riches et les puissants par rapport aux pauvres et aux misérables.

 

Il est probable que les Français, les Hollandais, les Danois et d’autres encore tenteront de se détacher de l’UE. Ils devront pour cela affronter leur classe dirigeante. Si la durée de ce combat est imprévisible, son issue ne fait plus de doute. Quoi qu’il en soit, dans la période de bouleversement qui s’annonce, les ouvriers français seront difficilement manipulables, à la différence de leurs homologues anglais, aujourd’hui désorganisés.

 

Premières conséquences pour le Royaume-Uni

Le Premier ministre David Cameron a argué des vacances d’été pour remettre sa démission à octobre. Son successeur, en principe Boris Johnson, peut donc préparer le changement pour l’appliquer instantanément à son arrivée à Downing Street. Le Royaume-Uni n’attendra pas sa sortie définitive de l’UE pour mener sa propre politique. À commencer par se dissocier des sanctions prises à l’encontre de la Russie et de la Syrie.

 

Contrairement à ce qu’écrit la presse européenne, la City de Londres n’est pas directement concernée par le Brexit. Compte tenu de son statut particulier d’État indépendant placé sous l’autorité de la Couronne, elle n’a jamais fait partie de l’Union européenne. Certes, elle ne pourra plus abriter les sièges sociaux de certaines compagnies qui se replieront dans l’Union, mais au contraire elle pourra utiliser la souveraineté de Londres pour développer le marché du yuan. Déjà en avril, elle a obtenu les privilèges nécessaires en signant un accord avec la Banque centrale de Chine. En outre, elle devrait développer ses activités de paradis fiscal pour les Européens.

 

Si le Brexit va temporairement désorganiser l’économie britannique en attente de nouvelles règles, il est probable que le Royaume-Uni —ou tout au moins l’Angleterre— se réorganisera rapidement pour son plus grand profit. Reste à savoir si les concepteurs de ce tremblement de terre auront la sagesse d’en faire profiter leur peuple : le Brexit est un retour à la souveraineté nationale, il ne garantit pas la souveraineté populaire.

 

Le paysage international peut évoluer de manière très différente selon les réactions qui vont suivre. Même si cela devait tourner mal pour certains peuples, il vaut toujours mieux coller à la réalité comme le font les Britanniques plutôt que de persister dans un rêve jusqu’à ce qu’il se fracasse.

Thierry Meyssan

 

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 10:46

 

Réflexions au retour de la XIIéme et dernière
manifestation de l’été contre la loi Khomri...

 

Métro aux stations fermées, parcours imposé dont les rues adjacentes sont entièrement bouclées par des hommes en armes dont ils interdisent l’accès, fouille systématique des manifestants aux seules entrées autorisées : les citoyens, dans leur propre ville sont en liberté surveillée.

Et tout ça à cause d’une loi non votée qui s’en prend aux salariés !

 

Une loi décidée à Bruxelles par et pour les financiers, leurs hommes à tout faire, une loi qui, de toute façon, doit être appliquée en faveur des salles de marché, du profit-roi où tout se joue à la roulette à coups de milliards, où tout s’achète, où tout se vend, les marchandises comme les consciences, les entreprises, les monuments, les devises, le Parlement

 

Dans quel monde vivons-nous ? Une République réduite à un état policier, un gouvernement massivement désavoué, un président détesté, les Français se retrouvent pris au piège dans un état vichyssois, soumis à des autorités étrangères pour le compte desquelles il gère les affaires.

 

Cela nous rappelle de tristes années et les évènements qui les ont précédées.

Les lois décrétées et non plus votées, les syndicats muselés, les militants incarcérés, les libertés envolées, le droit social piétiné, les étrangers internés, la République étranglée, la perte de la souveraineté, les députés alignés...

 

Il ne reste plus qu’à résister !

 

La CGT, ses militants, ses organisations, ont fait œuvre de résistance tout au long de ces quatre mois passés. Ensemble, sur le pavé de nos villes, dans les ports, les raffineries, les transports, des bataillons de notre peuple ont dit NON à la politique scélérate mise en oeuvre par un gouvernement traître à ses engagements.

 

Mais le refus populaire doit prendre plus d’ampleur pour être en mesure de triompher. Il ne suffit plus de cibler une ministre, Matignon ou l’Elysée. Ce ne sont là que les fondés de pouvoir d’un pouvoir beaucoup plus grand qu’eux. Celui de la finance tenant conseil à Bruxelles en sa Commission européenne. Ce sont ces gens-là, l’oligarchie, la sainte alliance du monde des affaires, de la politique et des médias, qui tirent les ficelles. C’est eux que nous devons viser. Pas seulement leurs obligés. Et sortir de leurs griffes où ils nous retiennent prisonniers en retrouvant notre souveraineté, celle de la France, celle de son peuple ensembles libérés.

 

Ignorer cette réalité retarde le nécessaire rassemblement qui nous fera triompher.

 

par Jean Lévy

jeudi 7 juillet 2016, origine Comité Valmy

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16 juillet 2016 6 16 /07 /juillet /2016 14:04
le Frankenstein de la République
Par Bruno Guigue

repris sur  Comité Valmy

 

 

Après ce nouvel attentat terroriste qui frappe cruellement notre pays, vous avez exprimé au nom de la nation tout entière, avec émotion et dignité, votre compassion pour ses victimes. Désignant aussitôt le coupable, et nous vous supposons bien informé, vous avez appelé les Français à faire preuve d’unité et de solidarité face au « terrorisme islamiste ». Vous nous avez conviés à serrer les rangs et à faire face, en mobilisant toutes nos énergies contre cette terrible menace.

 

Mais cet appel légitime à la cohésion nationale en ce moment où le pays entier se sent meurtri ne saurait interdire aux citoyens d’interroger la politique qui est la vôtre. Depuis votre élection, vous prétendez lutter sans ménagement contre les organisations terroristes. Mais, en réalité, tout donne à penser que vous avez fait exactement le contraire. Car au lieu de combattre le mal, vous avez concentré vos efforts contre ceux qui tentaient de le terrasser. Vous nous disiez que vous combattiez le terrorisme, mais vous n’aviez de cesse de diaboliser et de combattre la Syrie de Bachar Al-Assad.

 

Cet Etat souverain, détesté de vos amis américano-sionistes parce qu’il refuse de se plier à leur diktat, vous l’avez sciemment désigné à la vindicte des mêmes criminels que ceux qui mitraillent les terrasses de nos cafés. Les mercenaires du djihad cherchaient une cible, et vous avez cyniquement désigné Damas. Oui, des milliers de jeunes ont été encouragés, par votre propagande de guerre, à aller se battre contre cet Etat honni que vous rêviez d’anéantir sous les bombes. Et c’est votre ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, qui donna le signal de cette curée, lorsqu’il déclara que Bachar Al-Assad « ne méritait pas de vivre » et que la branche syrienne d’Al-Qaida faisait du « bon boulot » en Syrie.

 

Vous aurez beau  tenter d’occulter vos responsabilités, chacun voit que les attentats commis en France sont le résultat de votre politique. Pourquoi n’y a-t-il aucun attentat en Italie, en Argentine, au Japon ? Les Français ont-ils pris la mesure de votre refus de coopérer avec les services syriens afin d’identifier les djihadistes français susceptibles de revenir en France ? Nos compatriotes savent-ils que vous interdisez tout transfert de fonds au profit de cette majorité de Syriens vivant dans les régions sous contrôle gouvernemental ? Réalisent-ils que vous n’avez jamais eu un mot de compassion pour les nombreuses victimes syriennes des attentats d’Al-Qaida, et que vous persistez à infliger des sanctions économiques à ce peuple victime du terrorisme de masse ?

 

Vous étiez décidé à prendre parti dans le conflit syrien, et vous l’avez fait sous des prétextes humanitaires qui se sont effondrés comme un château de cartes, exhalant surtout un âcre parfum d’hydrocarbures. Vous embourbant, et nous avec, dans cette ornière qu’il eût fallu éviter avec prudence, vous avez exposé les Français à un effet boomerang dont on mesure à peine le potentiel destructeur. Cette violence que vous avez déchaînée chez les autres par votre politique néo-coloniale, vous l’avez ramenée à domicile !

 

Je doute que les Français vous en remercient, surtout lorsqu’ils auront renoué les fils de cette dramatique affaire. Au lendemain de ce drame, M. Hollande, passé le moment de la compassion devant les caméras et de la célébration de l’unanimité patriotique, allez-vous remettre de nouvelles médailles aux banquiers de la terreur ? Condamnant le crime terroriste côté cour, irez-vous encore dîner, côté jardin, avec ses sponsors saoudiens ? Avec George W. Bush, les USA ont eu leur Dr Frankenstein, l’apprenti-sorcier de la géopolitique du chaos. Avec vous, c’est match nul. Les Français ont désormais le leur.

 

En rangeant la France du côté d’une rébellion sectaire, mafieuse et manipulée, en vous croyant habile alors que vous n’êtes qu’un semi-habile, vous avez nourri le monstre qui nous frappe aujourd’hui de ses tentacules. Allié objectif de Daech tant qu’il combattait Assad, vous avez juré sa perte après les premiers assassinats d’Occidentaux en Irak, nourrissant alors le ressentiment de cette mouvance criminelle dont vous attendiez sans doute davantage de compréhension !

 

Conseillé par de pseudo-experts dont l’indépendance intellectuelle est proportionnelle au chèque que vous leur versez, vous êtes désormais condamné à persévérer dans l’erreur faute de pouvoir vous déjuger. Vous allez continuer à nous jeter de la poudre aux yeux avec l’état d’urgence et à faire des moulins avec vos petits bras. Mais, à neuf mois d’une élection présidentielle où vous allez faire de la figuration, vous nous léguez surtout les fruits pourris de votre politique de gribouille, les manifestations d’incompétence d’un ministre qui confond Saddam Hussein et Bachar Al-Assad ne parvenant même plus à nous faire rire en ce jour de malheur.

15 juillet 2016

Bruno Guigue, ancien élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA, Haut fonctionnaire d’Etat français, essayiste et politologue, professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire, chargé de cours en relations internationales à l’Université de La Réunion, est l’auteur de cinq ouvrages, dont « Aux origines du conflit israélo-arabe, L’invisible remords de l’Occident, L’Harmattan, 2002 », et de centaines d’articles.

Source : Arrêt Sur Info

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11 juillet 2016 1 11 /07 /juillet /2016 17:46

par Jean-Pierre Garnier origine Librairie Tropiques

 

L'ex-ambassadeur de France
chargé par Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique avec nos amis indigènes et autres formes de vies à protéger sur ces terres vierges et encore préservées, avait minutieusement ordonnancé les émouvantes et fastueuses cérémonies républicaines qui ont évidemment interpellé notre chroniqueur spécialisé.

 

À lire les innombrables hommages rendus — et attendus — au leader de la « deuxième gauche » au lendemain de sa mort et à considérer l’identité des auteurs de ces hommages, nul doute que Michel Rocard a joué un rôle majeur dans la disparition de ce que l’on appelait « la gauche » en France. Certes, on sait, du moins depuis Marx, que ce ne sont pas les hommes qui font l’histoire, et qu’il serait donc abusif de savoir gré à un seul individu d’avoir mis provisoirement un terme à celle du socialisme dans notre pays. C’est en tant que représentant politique éminent d’une classe, la petite bourgeoisie intellectuelle, structurellement inféodée au capitalisme après avoir cru pouvoir politiquement s’en dissocier, que Rocard a achevé de vider le mot « socialisme » de son sens premier. Et cela avant même que Mitterrand, Fabius, Jospin, Hollande et autres olibrius de la même couleur rose pâle prennent le relai pour faire signifier à ce mot le contraire de ce qu’il était censé désigner.

 

S’il est, en effet, un reproche que l’on ne saurait adresser à l’ancien leader du PSU (Parti Socialiste Unifié), c’est l’inconstance. Comme la plupart des membres de sa classe et en particulier de ceux qui en constituent l’élite, il n’a fait que suivre en tous points la trajectoire qu’avait bien résumée le sociologue Pierre Bourdieu, d’une fraction dominante des classes dominées passée peu à peu au rang de fraction dominée des classes dominantes. Une évolution que l’on retrouve dans tous les pays de l’Europe du sud où, contrairement à ce qui s’était passé dans le nord du continent, cette classe dont l’importance était allée croissante dans les années d’après guerre sur les plans démographique, économique et culturel, avait néanmoins été tenue à l’écart du pouvoir en raison de l’existence de régimes peu propices à l’alliance de classes nécessaire à la bourgeoisie pour renouveler son hégémonie. D’où la radicalisation idéologique de l’intelligentsia qui conduira celle-ci à embrasser pendant quelque temps les causes socialistes voire communistes les plus «extrémistes», jusqu’à ce que les éléments les plus lucides de la classe dirigeante l’associent à la direction de la société et la fassent ainsi rentrer dans le rang. À cet égard, Rocard est sans doute le produit le plus accompli sinon exemplaire de cette conjoncture socio-historique particulière, et c’est à ce titre que « les fondés de pouvoir du capital », comme aurait dit Marx, les plus en vue de la sphère politique, suivis ou précédés par le complexe médiatico-intellectuel, se sont rués pour tresser des lauriers au cher disparu.

 

 

Parmi les politiciens, les journalistes et les intellectuels de cour, sans oublier les bureaucrates syndicaux, qui ont jugé bon d’y aller de leur oraison funèbre, il serait difficile de choisir celui qui mériterait de remporter la palme de la flagornerie post-mortem. Il faut dire que vu l’âge de l’intéressé et la maladie dont il était la proie, les chroniques nécrologiques louangeuse étaient prêtes bien avant qu’il passe de vie à trépas. Et, comme il fallait s’y attendre, un véritable déluge apologétique a déferlé sur les ondes, les écrans et dans les pages de journaux au cours des heures et les jours qui ont suivi l’annonce du décès. Outre, comme il se doit, le gratin du Parti Solferino (PS) dont on épargnera au lecteur les larmoiements grandiloquents obligés, Hollande, comme à l’accoutumé, surpassant les autres dans ce registre, c’est à qui parmi des dirigeants que l’on aurait qualifié naguère de « réactionnaires » quand la «gauche de gouvernement» n’était pas passée à droite, se montrerait rétrospectivement le plus admiratif pour l’œuvre accomplie par Michel Rocard.

 

À tout seigneur tout déshonneur, Chirac-le-menteur, comme le surnommait le bébête show télévisuel, a fait assaut de cordialité pour saluer par écrit son « ami de jeunesse », qu’il avait croisé à Sciences Po avant de le faire maintes fois par la suite dans les allées du pouvoir : « La France perd un homme d’État qui unis­sait, de manière rare, le goût des concepts et capacité d'action et de réali­sa­tion ». Un autre cacique de la droite, Alain Juppé, fera part de sa « grande tristesse » : « Nous n’étions pas faits pour nous entendre […] et pourtant nous sommes devenus amis ». Et même des collaborateurs lorsque Nicola Sarkozy, alors Président de la République, confiera à tous deux en 2009 la mission de rédiger un rapport baptisé «Investir pour l’avenir» pour lancer un « grand emprunt» qui ne fera que grever davantage les finances publiques au profit des entreprises privées. Sarkozy, précisément, ne pouvait faire moins qu’en rajouter une louche en discernant dans la personnalité de Rocard l’incarnation d’« une certaine gauche qui refusait d’abord le sectarisme au profit d’un plus grand réalisme économique dans le cadre de la construction européenne ». L’autre rival de Sarko, avec Juppé, à savoir François Fillon, lui faisait écho, félicitant Rocard d’avoir voulu « ancrer la gauche dans l’économie de marché », tout en déplorant qu’il n’ait « malheureusement pas été prophète en son parti » et se soit « heurté aux conservateurs qui refusèrent le tournant de la social-démocratie ».

 

 

 

Une fois encore, néanmoins, l’ancien Premier ministre, plus ringard et donc déphasé que jamais, retardait d’une période : outre que le lot des prophètes n’est pas toujours d’être écoutés au moment où il émettent leurs prophéties, le « tournant social-démocrate » avait déjà été effectué dès la fondation du PS au Congrès d’Épinay, la « rupture avec le capitalisme » inscrite au programme n’étant qu’une clause de style à usage électoral pour rallier une petite bourgeoisie intellectuelle encore marquée par ses engagements soixante-huitards et un prolétariat encore largement sous l’emprise du Parti Communiste. Quand Rocard intégrera le PS en 1974 avec une partie des maigres troupes prélevées sur le PSU, ce sera pour fournir les idées neuves qui manquaient au premier, censées donner une consistance théorique à un réformisme clairement orienté à droite sous couvert de promouvoir la naissance d’une « nouvelle gauche » à tonalité « morale » distincte d’une gauche « classique » prisonnière des « revendications quantitatives » de sa base prolétarienne. Si tournant il y eut, en réalité, ce fut celui de la « rigueur », dès la fin 1982, dont Rocard se fit l’un des avocats les plus ardents aux côtés de son mentor et ami Jacques Delors, alors ministre de l'Économie et des Finances. Ajoutons que ledit tournant ne fut pas « social-démocrate », mais « social-libéral », encore que le qualificatif « sociétal-libéral » conviendrait mieux, toute trace de préoccupation en faveur des classes populaires disparaissant par la suite pour complaire aux aspirations égocentrées de l’électorat « bobo », bien résumées dans les «notes» de la fondation Terra Nova dont Rocard présidait le conseil scientifique.

L’œcuménisme louangeur dont Rocard a bénéficié sitôt répandue la nouvelle de sa mort a gagné jusqu’aux extrêmes de l’échiquier politicien. Du côté droit, Marine le Pen s’est cru obligée de saluer l’« homme de convictions », qu’était Rocard, convictions changeantes, toutefois, aurait-elle pu préciser, si l’on confronte ses discours anticolonialistes, anti-impérialistes et anticapitalistes de jeunesse quand il officiait à la tête du PSU à ceux qu’il débitera à partir du milieu des années 70 à la gloire de l’« économie de marché », de l’« Europe » et de l’« Occident ». Il est vrai que son « gauchisme débridé » initial, pour reprendre une appréciation de L’Immonde, synchrone avec celui de son compère syndical Edmond Maire, visait à déborder sur la gauche le PCF et la CGT, pour minorer leur rôle dans la coalition des forces progressistes susceptibles de bouter enfin la droite des sommets de l’État qu’elle squattait depuis des années.

Du côté gauche, Mélanchon n’était pas en reste. L’« insoumis » de la dernière heure, qui se fait fort, après bien d’autres, de « refonder la gauche », y alla de son coup de chapeau à la mémoire du grand timonier de la dérive à droite du PS. « Un éclaireur nous a quitté. Sa vie est une leçon. À chacun de la méditer. En ce temps-là, tous les socialistes étaient de gauche, même différemment ». Il y aurait lieu de commenter ce commentaire, ne serait-ce qu’en tirant une « leçon » de la vie, déjà bien remplie en matière de retournements de veste et d’accommodements en tous genres, de l’ancien militant de l’OCI (Organisation Communiste Internationale), « la secte la plus débile » du trotskysme des années 60 — qu’ont également fréquentée Jospin et Cambadélis —, comme le lui rappellera venimeusement, à l’occasion des élections européennes de 2014, un autre renégat de haute volée, Daniel Cohn-Bendit. « En ce temps-là », par ailleurs, nombre de socialistes autoproclamés étaient de droite, n’en déplaise à Mélanchon, selon une tradition bien établie qui remontait au moins à Guy Mollet, artisan avec son compère « socialiste» Robert Lacoste, de la sanglante «pacification» de l’Algérie, pour ne pas aller jusqu’à Jules Moch, le fusilleur des mineurs du nord en grève de 1948 lorsqu’il occupait le poste de ministre de l’Intérieur.

Il n’est pas jusqu’à Jean-Pierre Chevènement qui n’ait manifesté sa « grande peine » en apprenant le décès de Michel Rocard, « avant tout un militant sincère qui croyait à la force des idées et à bien des égards, l’espoir de sa génération ». Le fondateur du CERES (Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste) poussa cependant un peu trop loin le bouchon de l’hommage de circonstance en augurant que Rocard « restera comme une figure idéologique majeure du socialisme français dans la seconde moitié du XXème siècle ». En effet, pour qui a été mêlé de près à la furieuse bataille idéologique opposant, après le Congrès de Metz du PS en 1977, le leader de la «gauche jacobine», c’est-à-dire «archaïque», à celui de la «gauche autogestionnaire», donc «moderne», le second apparaissait bel et bien au yeux du premier comme le fossoyeur du socialisme. Pour Jean-Pierre Chevènement et ses amis, la « deuxième gauche n’était, comme ils se plaisaient à le répéter, qu’une « gauche américaine » c’est-à-dire atlantiste et pro-capitaliste. Et il n’a pas changé d’avis sur ce point aujourd’hui, même si la décence l’oblige à laisser croire le contraire.

 

 

 

De fait, Rocard était plutôt mal placé pour critiquer la « gauche passéiste » pour son étatisme et son autoritarisme, et déplorer que la « récusation des restes administratifs du marxisme » au sein du PS ne soit « pas finie ». Si l’on compte le nombre de fois où il a eu recours au 49,3 pour faire passer une mesure gouvernementale lorsqu’il était Premier ministre, ce grand démocrate qui avait voté contre l’élection du Président le la République au suffrage universel lors du referendum de 1962, pour cause d’insupportable « porte ouverte à l’instauration du pouvoir personnel », l’emporte haut la main (de fer) devant ses prédécesseurs et ses successeurs à Matignon : 28 fois ! Un beau score face à un Jacques Chirac ou une Édith Cresson qui le suivaient de loin — 8 fois seulement l’un et l’autre — dans la liste des dirigeants qui en prenaient ainsi à leur aise avec capitalo-parlementarisme. Et que dire de l’appui bruyamment donné, dans un entretien au Parisien, peu avant sa mort, comme s’il voulait partir en beauté, à la « loi travail » — loi exploitation,  plutôt —, « une chance pour la France », selon lui, au moment où la deuxième droite gouvernementale battait la droite traditionnelle à plate couture en matière de répression brutale des manifestations.

 

Les panégyriques sans fin où l’emphase boursouflée prédomine — « La gauche perd un géant », titrait par exemple, apparemment sans rire, le rédacteur en chef de L’Obs, bible hebdomadaire de la deuxième droite — ne seraient au demeurant pas pour déplaire à l’intéressé si une deuxième vie l’attendait après que ces cendres aient été déposées dans le cimetière de Monticello, en Corse. Car, quoiqu’en disent certains de ses thuriféraires, ce n’est pas la modestie qui étouffait Rocard. Déjà, il y a cinq ans, une partie du Tout-Paris politique, patronal, syndical, médiatique et artistique avait été conviée à dîner — 220 couverts — au cabaret de Pigalle la Nouvelle Êve pour célébrer son quatre-vingtième anniversaire. « Michel peut tout se permettre aujourd’hui », s’était exclamée son épouse. Que du beau monde, en effet ! Jospin, Huchon, le trio social-facho Valls-Bauer-Fouks, le trio cédétiste Maire-Chérèque-Notat, les intellos organiques de la deuxième droite Jacques Julliard, Jean-Luc Parodi, Gérard Grunberg et Pierre Rosanvallon, le duo patronal du Medef Ernest-Antoine Seillières-Laurence Parisot, les bouffons de la scène Bedos-Lucchini, les chanteurs Michel Fugain, Patrick Bruel, Françoise Hardy, et bien d’autres. Bref, la fine fleur de ce « réformisme radical » qui, selon Jean-Daniel, présent lui aussi lors de ces agapes, définirait la « gauche moderne ». Il fallait donc, pour Rocard, placer très haut la barre des mondanités officielles lorsque sa dernière heure viendrait.

 

De ce fait, pour que sa mort ne passe pas inaperçue, il avait « laissé un testament très précis », comme le révéla le chef de file actuel du parti dit « socialiste », l’inénarrable Cambadélis. Y figuraient des souhaits en formes de directives adressées aux plus hautes autorités de l’État. Dans la série « on n’est jamais si bien servi que par soi-même », il était stipulé entre autre, qu’un hommage national soit rendu aux Invalides au « père de la deuxième gauche » avec allocution du président de la République mais aussi, pour faire bon poids, une autre de l'ancien secrétaire général de la CFDT, Edmond Maire, qui avait donné le coup d’envoi au jaunissement du syndicat, sans compter, en prime, un « culte d’adieu » dans un temple protestant parisien qui réunira, entre autres, Valéry Giscard d'Estaing, Claude Bartolone, Jean-Marc Ayrault, Pierre Joxe, Roland Dumas, François Bayrou, Bernard Kouchner, Marisol Touraine, et, pour couronner le tout, un second hommage à Solferino avec intervention du Premier ministre Manuel Valls, de l'historien de service — terme à prendre dans ses deux sens — du PS, Alain Bergounioux et de l’incontournable Cambadélis soi-même. « Nous sommes en république », paraît-il ! Que serait-ce alors si l’on rétablissait la royauté !

 

   Mais, cessons d’avoir l’air surpris par ce culte de la personnalité exacerbé digne d’une autre variété de socialisme réellement inexistant, celui des pays de l’est européen voué aux gémonies par ceux-là mêmes qui se souciaient de ne pas être confondus avec lui. Au travers de cette glorification tous azimuts de Rocard et du rocardisme, c’est elle-même, en fin de compte, qu’une deuxième droite à bout de souffle encense, pourtant désavouée par les travailleurs et discréditée aux yeux des nouvelles générations. Et, au-delà, une caste politique, toutes « sensibilités » comme on dit confondues, déconnectée d’un peuple qu’elle méprise, et réduite, dans le vain espoir de retrouver une légitimité perdue, à tresser avec frénésie des couronnes à celui qui, il est vrai, a le plus contribué à rendre impensable toute alternative réelle au capitalisme. Aussi peut-on interpréter comme un gag terminal, la réponse de Rocard à propos du changement d’appellation du PS que son poulain Valls ne cesse de préconiser depuis plusieurs années : «C'est absurde et non nécessaire. Abandonner un nom qui a 150 ans, qui a rassemblé l'espoir dans le monde, je ne jouerais pas ça. Combien de décennies faudrait-il pour trouver un accord sur un nom qui ait l'ampleur de celui-là ? » Sans changer pour autant, évidemment, le cours ultra droitier du parti. En septembre 2013, sortait en librairie le dernier ouvrage de Rocard avec pour intitulé : Que reste t-il du socialisme ? Pour ce qui est de la France, s’il n’en tenait qu’à lui et ses pareils de la deuxième droite, la réponse va de soi : absolument rien.

 

Jean-Pierre Garnier

 

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7 juillet 2016 4 07 /07 /juillet /2016 13:03
ll faut préparer la bataille de France...

jeudi 7 juillet 2016, par Comité Valmy

 

On les cherche vainement dans les manifestations contre la loi El Khomri, aussi bien à Paris que dans les villes de province : pas la moindre banderole, pas la plus petite pancarte évoquant l’Union européenne pour dénoncer son rôle moteur dans l’offensive tout azimut visant les droits sociaux des peuples et imposant à ceux-ci l’austérité la plus noire.

L’exemple qui nous vient d’outre-manche devrait faire réfléchir.
Le 23 juin en Grande-Bretagne, les couches les plus pauvres de l’Angleterre et du Pays de Galles se sont rebellés et, leur vote massif, ont permis le Brexit, la sortie de leur pays de la prison européenne.

Ce n’est pas en semant l’illusion qu’une discussion avec les maîtres de cette prison - la renégociation des traités - pourrait conduire les gardiens à en ouvrir les portes, comme pourrait le laisser penser une pétition signée par Jacques Sapir, Jean-Pierre Chevènement et Michel Onfray dans les colonnes du Figaro. L’accueil haineux des chiens de garde du capital européen démontre la volonté de celui-ci de poursuivre et d’accentuer au contraire leur besogne antinationale et antisociale.

Certes, la porte ouverte ne résout pas tous les problèmes, la City et la finance mondiale, bien qu’ayant subi une humiliante défaite, demeurent aux leviers de commande...Cependant, le sort de la classe ouvrière et du peuple britanniques ne dépenderont plus de l’étranger, de la dictature de Bruxelles, mais du rapport de forces à l’intérieur du Royaume Uni.

 

Car, c’est clair, presque officiel : en Europe occupée par les forces du capital mondialisé, c’est à Bruxelles que sont élaborées les "directives", les oukases, peut-on dire, qui sont à l’origine des mesures imposées aux salariés, aux retraités et aux jeunes dans chaque pays de l’UE. Jusqu’au budget de chaque Etat soumis à la vigilante censure des commissaires européens. Et, bien sûr, si notre Code du Travail est mis en cause dans ses fondements, c’est pour répondre à la nécessité d’assurer aux entreprises une plus forte rentabilité, selon les critères établis tant dans capitale belge qu’à Francfort, dans les salons de la BCE.

 

En somme, l’équipe au pouvoir, dans chaque pays, n’est là que pour appliquer ces directives. Que ces équipes soient de droite ou se prétendent de "gauche", ou collaborent entre elles, les chefs d’Etat, les ministres ne sont que les prête-noms des grandes sociétés, dont ils assurent la logistique. Parfois même, leur attitude est tellement criante qu’ils donnent l’impression de se caricaturer pour nous prouver qu’ils ne sont que des valets des intérêts privés !

Pas besoin d’en rajouter et d’en faire le dossier complet.

Mais alors, pourquoi sur ce sujet, ce lourd silence des syndicats ?
Pourquoi les directions de ceux-ci regardent ailleurs, alors que la révolte sociale s’exprime ? Pourquoi ne pas crier la vérité et ouvrir les yeux à ceux qui les ont encore fermés ?

 

 

Depuis quatre mois, des centaines de milliers de salariés et de jeunes ont défilé pour faire pression sur le pouvoir afin que celui-ci annule sa loi travail. Ils n’ont pas seulement martelé de leurs pas les pavés, Ils ont parfois bloqué les rues de nos cités et ils ont recommencé, encore plus nombreux, plus déterminés. Et à nouveau, ils vont se faire entendre le 5 juillet.

 

Mais sans s’en prendre aux donneurs d’ordre, seulement à leurs subordonnés. Ils manifestent avec ardeur, certes, mais comme qui dirait, les yeux bandés. Et les discours enflammés qu’ils acclament ne parlent jamais d’Europe, de Bruxelles, de l’oligarchie mondialisée.

 

Certes, en France, Hollande, Valls, Macron sont à la manœuvre. C’est d’abord contre eux et leur loi scélérate, qu’il faut manifester pour les pousser à se déjuger.

 

Cela n’est pas facile, appuyés qu’ils sont au mur argenté du Medef. Il faut ajouter que celui-ci est la filiale de la maison-mère, BusinessEurope, le patronat qui trône sur notre continent vassalisé.

 

Pour gagner la bataille sociale, et en premier lieu, imposer le retrait de la loi El Khomri, faut-il voir clair, connaître l’ennemi, bien mesurer les enjeux et frapper fort où ça fait mal.

 

C’est la condition pour que la mobilisation populaire de notre peuple conduise au résultat escompté : le retrait de la loi travail.


Il est grand temps que la CGT, ses dirigeants, ses militants en prennent conscience à l’égal de nombreux syndicats britanniques.

Jean Lévy
Comité Valmy - 4 juillet 2016

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