Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Villiers sur Orge- La Vie en Blog
  • : Economie, social, environnement, éducation, santé, sciences et techniques, vie dans la cité...Et leurs prolongements politiques, tout peut être sujet d'échanges pour le commun des mortels...Un seul objectif, le dépassement du présent.
  • Contact

Recherche

Archives

15 mai 2016 7 15 /05 /mai /2016 15:49

par Jacques Sapir · 11 mai 2016

 

Le sectarisme a encore frappé (ou pas). Deux, parmi les « chefs » des « frondeurs », Benoît Hamon et Christian Paul, ont déclaré qu’il n’était pas question pour eux de voter une motion de censure « de droite ». La tentative de déposer une motion de censure « de gauche » ayant visiblement échoué, on devine que ces grands politiques (et leurs suiveurs) s’abstiendront. On ne sait ce qu’il y a de plus détestable dans cette attitude : le sectarisme ou l’hypocrisie. Sans doute les deux.

 

Du sectarisme en politique

Car, une motion de censure est un acte de défiance envers le gouvernement. Si l’on considère ce gouvernement comme « de gauche », la censure est de droite. Si l’on considère ce gouvernement comme « de droite », elle est de gauche. A partir du moment ou l’on veut voter une censure, c’est cela, et cela seul, qui compte. Qualifier une censure par les députés qui l’ont présentée n’est que pur sectarisme. Car, un acte politique ne prend sens que dans sa réalisation, et non dans son origine. Définir cet acte par qui en est l’origine est absurde, même si, dans le texte de cette motion les termes peuvent être clairement connotés. Au bout du compte, seul le résultat compte !

 

Mais, ajoutons que pour quelqu’un se disant « de gauche », c’est même une double absurdité que de qualifier un acte par son origine. Non seulement c’est oublier qu’en politique la dynamique d’un acte est primordiale mais en plus c’est sacrifier à un « mythe de l’origine » comme n’importe quel militant identitaire. C’est donc montrer au grand jour que son sectarisme l’emporte sur les intérêts que l’on prétend défendre.

 

Or, les députés représentent la Nation. Ils doivent donc s’engager sur ce qu’ils pensent et non sur qui a présenté tel ou tel texte. Dans le cas présent, la loi El Khomri divise. On peut l’approuver comme on peut la rejeter. Mais, on aura toujours plus de considération pour qui aura assumé ses choix que pour qui aura laissé le sectarisme prendre le pas sur son choix.

De l’hypocrisie en politique

Mais, on peut ici craindre le pire, et ce pire s’appelle l’hypocrisie. Car, si le sectarisme est une plaie qui défigure l’action politique, l’hypocrisie, elle, en est tout simplement la négation. On peut reprocher à un acteur politique ses erreurs, mais on ne peut lui pardonner l’hypocrisie.

 

Or, en prétendant défendre ses « valeurs » (et en oubliant qu’en politique on n’a que des principes) le député « frondeur » sait fort bien qu’il laisse passer la loi El Khomri qu’il prétend honnir. En se réfugiant derrière le discours sur une motion de censure « de gauche », il construit un argumentaire de justification qui lui permet d’expliquer son inaction en lui donnant les apparences de la morale. Certes, car Monsieur le « frondeur » a des certitudes, il est opposé à cette loi. Certes, il la trouve rétrograde, inadaptée aux problèmes posés, et fort dangereuse dans un contexte de chômage de masse. Mais il ne peut « en conscience » (très bon cela, coco, que d‘invoquer la conscience en un tel moment) voter une motion « de droite ». Et, comme il sait fort bien que le dépôt d’une motion « de gauche » est plus qu’hasardeux, cela va donc aboutir à ce qu’il ne vote aucune motion de censure. Le tour est joué, mais dans la honte et l’ignominie. Cette même personne va, ensuite, s’étonner du discrédit dont souffrent les partis politiques traditionnels, sans même voir que son propre comportement est à l’origine du dit discrédit.

 

Tout est donc dit sur les « frondeurs », sur leur sectarisme, leur hypocrisie et leur lâcheté, sur ce qu’ils sont et ceux qu’ils ne représentent pas. Ajoutons, cependant, que le sectarisme et l’hypocrisie ne se manifestent pas seulement au Parlement. Car, ce sont ces deux maux qui sont aussi à l’œuvre au sein du mouvement social, et en particulier sur la question de l’Euro. On se souvient de ceux qui, n’est-ce pas Fréderic Lordon, défendaient une sortie « de gauche » de l’Euro. Comme si cela avait un sens…Assurément, il y aura débat sur la politique à mettre en place après la sortie de l’Euro, et cette politique pourra être « de gauche » ou « de droite ». Mais, pour que ce débat ait lieu, il faudra d’abord être sortie de l’Euro, et cela n’est ni de gauche, ni de droite. On est pour ou l’on est contre, mais ici aussi, comme sur la question du vote de la censure, vouloir faire parade de sa gauchitude comme pourrait le dire une ministre que je ne nommerai pas, c’est tout simplement faire preuve d‘hypocrisie et donc de lâcheté.

 

Commentaire de l’auteur du blog : Sur le reste OK mais attendre d’être sorti de l’euro pour débattre de la nature de la politique, de gauche ou de droite, à mettre en œuvre serait encore du temps perdu par  ailleurs les électrices et les électeurs ne soutiendront pas un projet dont les conséquences sur leur vie quotidienne n’auraient pas été clairement énoncées, selon l’option retenue, ne serait-ce que dans les grandes lignes, avant le scrutin?  Jack Freychet

Partager cet article
Repost0
14 mai 2016 6 14 /05 /mai /2016 16:24
En quelque sorte une stratégie gaullienne

jeudi 12 mai 2016, source Comité Valmy

Par Moon of Alabama

La Corée du Nord affirme (une fois de plus)
que sa politique nucléaire est uniquement défensive

 

Tous les experts savent que la Corée du Nord ne pose pas de véritable « menace nucléaire ». Elle a de bonnes raisons de construire des systèmes d’armes nucléaires et elle n’a jamais menacé de les utiliser de manière offensive.

 

Mais le public « occidental » a reçu peu d’informations sur ces questions jusqu’à maintenant. Il est quelque peu rafraîchissant de trouver aujourd’hui deux journaux qui abordent les question de fond.

 

Et tout d’abord : Pourquoi la Corée du Nord estime-t-elle avoir besoin de l’arme nucléaire pour protéger son peuple ?

 

M. Kim a utilisé ce rare rassemblement politique pour rallier le parti à sa politique dite du « byungjin ». Samedi, M. Kim a dit que cette politique n’était pas  une étape temporaire, mais la « ligne stratégique permanente de son parti. »

La politique du byungjin* - ou « avancée parallèle » - consiste à stocker des armes nucléaires dans l’idée que leur force de dissuasion permettra au pays de se concentrer sur la reprise économique.

 

Pendant la guerre de Corée, la Corée du Nord a été entièrement dévastée. Près d’un tiers de sa population est morte. Ses industries ont été détruites. Pratiquement aucune structure de plus d’un étage n’est restée debout. Après la guerre, la Corée du Nord a consacré une immense partie de ses ressources humaines et matérielles à la construction et à l’entretien d’une armée conventionnelle. La menace de l’armée des Etats-Unis et de sa chair à canon sud-coréenne était perçue comme colossale. Tout développement civil était subordonné à la politique de « l’armée d’abord ».

 

Les efforts pour trouver un arrangement avec les Etats-Unis ont échoué. La meilleure opportunité a sans doute été l’accord-cadre signé en 1994 qui aurait compensé à la Corée du Nord l’abandon de ses plans nucléaires par des livraisons de combustible hydrocarboné et de réacteurs nucléaires commerciaux. Les administrations Clinton et Bush ont, toutes les deux, commencé par saboter l’accord-cadre avant de l’abandonner complètement.

 

La Corée du Nord a alors décidé de mettre en place sa politique du byungjin. Une capacité de dissuasion crédible d’armement nucléaire, qui les protégerait de toute invasion ou de frappes irrémédiables, leur permettrait de réduire massivement les troupes de première ligne et les unités d’artillerie. Les dépenses et les ressources ainsi économisées seraient alors utilisées à des fins civiles. Il semble bien que cette stratégie fonctionne. Actuellement, ni les États-Unis, ni la Corée du Sud, n’oseraient attaquer la Corée du Nord, même si son arsenal nucléaire n’est que modeste et non avéré. Selon certaines estimations, la croissance de l’économie nord-coréenne atteint  7% par année, signe de sa bonne santé.

 

Mais les faucons « occidentaux », en particulier les révisionnistes de droite du Japon, veulent utiliser la « menace nucléaire » imaginaire de la Corée du Nord pour développer leurs propres capacités (nucléaires). L’armée américaine veut utiliser la « menace » de la Corée du Nord pour installer des systèmes de défense de missiles à longue portée en Corée du Sud. Ces systèmes de serviraient à rien contre un système nord-coréen, mais pourraient probablement neutraliser les capacités chinoises.

 

Il est donc important que la Corée du Nord déclare maintenant qu’elle n’utilisera pas ses nouveaux systèmes d’armes contre la Corée du Sud ou le Japon à moins que ces pays eux-mêmes ne déploient des forces nucléaires contre elle :

 

Au cours du congrès, Kim a répété que la Corée du Nord ne passerait pas à l’offensive avec ses armes.

« Comme tout état responsable pourvu d’armes nucléaires, notre république n’utilisera pas l’arme nucléaire, sauf s’il était porté atteinte à sa souveraineté par des forces agressives hostiles, équipées d’armes nucléaires », a déclaré Kim au meeting, selon KCNA, l’agence nationale de presse nord-coréenne.

 

On pourrait faire valoir que de telles déclarations n’ont d’aucune valeur, mais les soixante-dix ans d’histoire de la dissuasion nucléaire ont été construites sur de telles déclarations et jusqu’à présent, tous ceux qui les avaient faites ont tenu leurs promesses.

 

Note* : Littéralement « en tandem ».

Traduction : Dominique Muselet

 

Partager cet article
Repost0
13 mai 2016 5 13 /05 /mai /2016 16:38

Selon la Tribune l'austérité est la politique économique de la zone euro

 

Par Romaric Godin

 

La Commission européenne envisage de sanctionner le Portugal et l'Espagne pour leurs politiques budgétaires. Une double décision risquée.

Le 2 février, devant le parlement européen, Jean-Claude Juncker affirmait que la Commission européenne ne « conduirait pas des politiques stupides d'austérité. » Mais, trois mois plus tard, il est bien difficile de croire à une telle promesse.  On l'a vu avec la Grèce. Lundi, l'Eurogroupe a demandé officiellement la mise en place d'un mécanisme d'austérité « automatique » pour atteindre l'objectif très ambitieux d'un excédent primaire de 3,5 % du PIB en 2018, le tout étant accompagné d'une nouvelle série de mesures de réductions de dépenses et de hausse d'impôt pour un montant global de 5,5 % du PIB hellénique.

 

Ce que Bruxelles compte faire

Mais les autorités européennes ne s'en tiennent pas à la seule Grèce. Selon les informations publiées sur les sites bruxellois Euractiv et Politico et dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, l'Espagne et le Portugal devraient faire face à de nouvelles exigences de Bruxelles sur le plan budgétaire. Le collège des commissaires mardi 10 mai se serait mis d'accord sur ce principe. Les budgets espagnols et portugais avaient été validés avec des réserves lors du semestre européen et la Commission estime désormais que les deux pays n'ont pas fait suffisamment d'efforts pour réduire leur déficit et le ramener dans les clous du « pacte de croissance et de stabilité » qui prévoit un déficit public inférieur à 3 % du PIB.

 

En théorie, Bruxelles pourrait proposer d'infliger aux deux pays des sanctions pécuniaires allant jusqu'à 0,2 % du PIB. Mais elle pourrait aussi décider de nouvelles mesures de correction, en donnant « une dernière chance » aux États concernés. Apparemment, la Commission n'a pas encore décidé de la voie à suivre. Mais une chose est certaine : selon les nouvelles règles européennes, le Conseil européen doit, pour « casser » la décision de la Commission disposer d'une majorité qualifiée deux deux tiers, ce qui donne beaucoup de poids à Bruxelles.

 

Le cas portugais

Le cas des deux pays est un peu différent. Au Portugal, le nouveau gouvernement socialiste soutenu par la gauche radicale arrivé au pouvoir en novembre avait proposé un budget revenant sur un certain nombre de mesures d'austérité, mais en théorie dans les clous des 3 %. En février, la Commission avait contesté ce budget en doutant des prévisions de croissance de l'économie portugaise puis, moyennant des mesures supplémentaires d'austérité, l'avait validé temporairement. Elle reprendrait aujourd'hui cette validation, considérant sans doute que l'application de l'austérité n'est pas suffisante.

 

Le cas espagnol

En Espagne, le gouvernement de Mariano Rajoy a accusé en 2015 un déficit budgétaire nettement supérieur aux attentes, 5,1 % du PIB contre 4,2 %. Le budget de 2016 qui prévoyait un retour à 2,8 % du PIB du déficit a, là aussi, été mis en doute par la Commission sur les prévisions de croissance, devient donc largement caduc. L'Espagne connaît un vide gouvernemental depuis les élections du 20 décembre et revotera le 26 juin. Il est donc difficile pour le gouvernement Rajoy de procéder à un collectif budgétaire. Pour le moment, les autorités espagnoles estiment pouvoir suivre la trajectoire budgétaire tracée, mais les Communautés autonomes (régions) contestent les réductions de dépenses qui leur sont imposées. Bruxelles estime, là aussi, que l'Espagne, n'en fait pas assez.

 

Renforcer la position de la Commission

Avec ces interventions inédites, la Commission a évidemment un but : montrer au parlement et au Conseil européen qu'elle ne fait pas preuve de « laxisme » dans sa surveillance budgétaire. C'est pour l'équipe de Jean-Claude Juncker un élément essentiel, car de nombreuses discussions sont en cours pour établir une nouvelle réforme de la zone euro et se doter notamment d'un « ministre des Finances de la zone euro » qui, comme l'avait proposé le ministre allemand Wolfgang Schäuble cet été, pourrait être chargé de la surveillance budgétaire des Etats membres à la place de la Commission. Bruxelles montre donc les muscles pour prouver qu'elle n'est pas laxiste et qu'on peut lui faire confiance pour faire rentrer les « mauvais élèves » dans les clous.

 

Une mauvaise lecture de la crise de la zone euro

Avec cette décision, qui va donc au-devant des désirs de certains Etats membres, la Commission confirme que, pour elle, la crise de la zone euro n'est que le fruit de « dérapages budgétaires » pour éviter sa répétition, il suffit de resserrer la surveillance et de sanctionner les récalcitrants. Chacun aura un budget bien géré et il n'y aura plus de crise. Ce schéma est abondamment défendu dans la presse allemande, notamment la Süddeutsche Zeitung. Or, il s'agit largement d'une réécriture de l'histoire. La crise de la zone euro est une seconde phase de la crise financière de 2008. Plusieurs économistes ont souligné que c'était l'endettement privé et le transfert de cet endettement vers le public qui était à l'origine de la crise. L'Espagne dégageait avant la crise des excédents budgétaires. D'autres ont aussi montré que les déficits publics étaient le fruit déséquilibres structurels au sein de la zone euro, les excédents des uns étant les déficits des autres, et de la politique agressive de réduction du coût du travail en Allemagne. Bref, un pacte de stabilité qui serait strictement appliqué ne serait nullement le gage de la prospérité et de la stabilité de la zone euro.

 

Une mauvaise réponse à la situation actuelle

La démarche est d'autant plus contestable qu'elle intervient dans un contexte délicat : la Commission vient de revoir à la baisse les prévisions de croissance des deux pays. Or, répondre à cet affaiblissement conjoncturel par de l'austérité est-elle en mesure d'inverser la tendance ? C'est évidemment le contraire qui risque de se produire. En menant des politiques déflationnistes, la Commission risque gros alors que la BCE ne parvient pas, malgré une politique de plus en plus agressive à redresser les perspectives d'inflation dans ces deux pays. Au Portugal, l'inflation est certes de positive en mars sur un an, mais elle est faible (0,5 %). En Espagne, les prix ont reculé sur un an de 0,7 % en mars. Sans vraies perspectives d'inflation, il sera difficile pour les États de se désendetter et les investissements resteront faibles. Pour désendetter un État, l'inflation est une méthode beaucoup plus efficace que la réduction rapide des déficits. Or, une réduction rapide des déficits ne peut que peser sur l'inflation en pesant sur la demande.

 

Risques élevés

Rappelons qu'en Espagne, l'ampleur de l'ajustement demandé est considérable, il est inédit depuis 2012. C'est donc bel et bien à une nouvelle cure d'austérité que l'on veut soumettre un pays qui se remet à peine de la crise (le PIB par habitant n'a pas retrouvé son niveau d'avant-crise), qui est menacé par la déflation et l'instabilité politique et qui reste soumis à un taux de chômage considérable. Au Portugal, le risque est encore plus élevé : une sanction du budget par la Commission pourrait conduire à une dégradation du pays par l'agence canadienne DBRS. Or, cette agence est la seule à conserver une notation « investissement » au Portugal. Si DBRS relègue le pays au rang d'obligation « pourrie », alors la BCE cessera de racheter des titres portugais. Les taux du pays s'envoleront et le Portugal devra accepter les conditions de la BCE pour bénéficier d'une dérogation. La Commission prend donc le risque de déclencher une attaque des marchés contre le Portugal.

 

La politique économique de la zone euro existe

Au final, la Commission prouve qu'il existe bien une politique économique dans la zone euro et que cette politique est l'austérité. Quel que soit le risque, Bruxelles continue à répondre par l'austérité aux défis auxquels la zone euro doit faire face. Pire même, la Commission fait en sorte que les pouvoirs politiques « rentrent dans le rang. » Car c'est bien de cela dont il s'agit : enfermer le futur gouvernement espagnol dans la réduction obligatoire des déficits (et, au passage, exclure toute coalition avec ceux qui refuserait cette réduction, ce qui conduit à interdire toute alliance à gauche) et faire chuter l'actuel gouvernement portugais sur l'exclusion du « QE » de la BCE, alors même que, désormais, le président de la République conservateur peut à nouveau dissoudre le parlement.

 

Sous couvert d'une application des « règles », qui se fait en réalité au cas par cas, la Commission vise bel et bien des objectifs politiques. Et confirme que l'austérité demeure la ligne politique officielle de la zone euro, alors que la politique budgétaire redevenait au niveau de la zone euro neutre pour la croissance. Ceci est logique compte tenu de l'architecture institutionnelle mise en place de 2011 à 2013 pour renforcer la surveillance budgétaire.  Si, dans les mois qui viennent, le contexte international se détériore à nouveau avec la hausse des taux étasuniens et un essoufflement chinois qui se confirme et si les gains de pouvoir d'achat des ménages dus à la baisse du prix de l'énergie se réduisent ou disparaissent, Bruxelles pourrait avoir commis une de ses plus grandes erreurs politique en ce printemps 2016. La Commission confirme en tout cas n'avoir rien retenu de ses erreurs passées.

Partager cet article
Repost0
7 mai 2016 6 07 /05 /mai /2016 15:57

 

Demain, 71 ans plus tard, l’occident officiel, à quelques exceptions notables,  va commémorer la chute de l’hitlérisme…

Cependant selon  John Pilger la montée du fascisme est encore le problème: Source Le partage

 

Récemment, le 70ème anniversaire de la libération d’Auschwitz a été un rappel du grand crime du fascisme, dont l’iconographie nazie est ancrée dans notre conscience. Le fascisme est préservé comme faisant partie de l’histoire, comme images tremblantes de ces chemises noires marchant au pas de l’oie, d’un caractère criminel terrible et évident. Pourtant dans ces mêmes sociétés libérales, dont les élites va-t-en-guerre nous somment de ne jamais oublier, le danger croissant d’une variété moderne de fascisme est passé sous silence; parce qu’il s’agit de leur fascisme.

 

« Initier une guerre d’agression… », dirent les juges du tribunal de Nuremberg en 1946, « est non seulement un crime international, mais c’est le crime international suprême, qui diffère des autres crimes de guerre en ce qu’il contient tous les autres crimes ».

 

Si les nazis n’avaient pas envahi l’Europe, Auschwitz et l’holocauste n’auraient pas eu lieu. Si les USA et leurs satellites n’avaient pas initié leur guerre d’agression contre l’Irak en 2003, près d’un million de personnes seraient encore en vie aujourd’hui; et l’État islamique, ou EIIL, ne nous aurait pas soumis à sa sauvagerie. Ils sont la progéniture du fascisme moderne, nourris par les bombes, les bains de sang et les mensonges qui sont le théâtre surréaliste que l’on appelle informations.

 

A l’instar du fascisme des années 1930 et 1940, d’immenses mensonges sont délivrés avec la précision d’un métronome: grâce à des médias omniprésents, répétitifs et à leur virulente censure par omission. La catastrophe libyenne en est un exemple.

 

En 2011, l’OTAN a lancé 9700 « frappes aériennes » contre la Libye, dont plus d’un tiers visaient des cibles civiles. Des ogives contenant de l’uranium appauvri furent utilisées; les villes de Misurata et Syrte furent soumises à tapis de bombes. La Croix rouge a identifié des charniers, et l’Unicef a rapporté que « la plupart [des enfants tués] avaient moins de 10 ans ».

 

                                                                     La Libye, Après / Avant

 

La sodomisation publique du président Libyen Mouammar Kadhafi à l’aide d’une baïonnette « rebelle » fut célébrée par la secrétaire d’État US d’alors, Hillary Clinton, en ces mots: « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ». Son meurtre, comme la destruction de son pays, fut justifié par un énorme mensonge familier : il planifiait un « génocide » contre son propre peuple. « Nous savions… que si nous avions attendu un jour de plus », dit le président Obama, « Benghazi, une ville de la taille de Charlotte, aurait subi un massacre qui aurait résonné dans toute la région et aurait souillé la conscience du monde ».

 

C’était un bobard fabriqué par  les milices islamiste qui étaient en train d’être mises en déroute  par les forces du gouvernement libyen. Elles dirent à Reuters qu’il y aurait « un vrai bain de sang, un massacre comme on en a vu au Rwanda ». Rapporté le 14 mars 2011, le mensonge fournit la première étincelle pour l’enfer de l’OTAN, décrit par David Cameron comme une « intervention humanitaire ».

 

Équipés et entraînés en secret par les SAS britanniques, nombre de « rebelles » se transformeront en EIIL, dont la dernière vidéo montre la décapitation de 21 ouvriers chrétiens coptes à Syrte, la ville détruite pour le compte des islamistes par les bombardements de l’OTAN.

 

Pour Obama, Cameron et Hollande (note de jf : en 2011 Sarkozy était président  Hollande ne fut élu qu’en 2012), le vrai crime de Kadhafi était l’indépendance économique de la Libye et son intention déclarée de cesser de vendre les plus importantes réserves de pétrole d’Afrique en dollars US. Le pétrodollar est un pilier du pouvoir impérial US. Kadhafi planifiait audacieusement de mettre en place une monnaie africaine étalonnée sur l’or, d’établir une banque Africaine et de promouvoir une union économique entre pays pauvres ayant des ressources précieuses. Que cela se mette en place ou non, l’idée même en était intolérable pour les USA alors qu’ils s’apprêtaient à « entrer » en Afrique et à acheter des gouvernements africains  pour des « partenariats » militaires.

 

Suite à l’attaque de l’OTAN sous couvert d’une résolution du Conseil de sécurité, Obama, écrit Garikai Chengu, « a confisqué 30 milliards de $ de la Banque centrale libyenne, que Kadhafi destinait à l’établissement d’une Banque centrale africaine et d’un dinar africain à couverture or ».

 

La « guerre humanitaire » contre la Libye s’inspirait d’un modèle cher aux cœurs des libéraux occidentaux, particulièrement dans les médias. En 1999, Bill Clinton et Tony Blair envoyèrent l’OTAN bombarder la Serbie, parce que les Serbes, d’après leurs affirmations mensongères, étaient en train de commettre un « génocide » contre l’ethnie albanaise dans la province sécessionniste du Kosovo. David Scheffer, ambassadeur extraordinaire itinérant pour les crimes de guerre [sic], déclara qu’au moins « 225 000 hommes d’ethnie albanaise âgés de 14 à 59 ans » auraient été tués. Clinton comme Blair évoquèrent l’holocauste et « l’esprit de la Deuxième guerre mondiale ». Les alliés héroïques de l’Occident furent l’armée de libération du Kosovo (UCK), dont le pedigree criminel fut mis de côté. Le ministre des Affaires étrangères britannique, Robin Cook, leur  dit qu’ils pouvaient l’appeler quand ils voulaient sur son mobile.

 

Une fois le bombardement de l’OTAN terminé, et la majeure partie des infrastructures serbes en ruines, ainsi que ses écoles, hôpitaux, monastères, et la station de télévision nationale, des équipes internationales de légistes débarquèrent au Kosovo pour exhumer des preuves de « l’holocauste ». Le FBI ne parvint pas à trouver un seul charnier, et s’en retourna. L’équipe de légistes espagnole fit de même, son leader énervé dénonçant « une pirouette sémantique des machines de propagande de guerre ». Un an après, un tribunal des Nations unies sur la Yougoslavie annonça le décompte final des morts au Kosovo: 2788. Ce qui comprenait des combattants des deux camps et des Serbes et des rom assassinés par l’UCK. Il n’y avait aucun génocide. « L’holocauste » était un mensonge. L’attaque de l’OTAN avait été frauduleuse.

 

Derrière le mensonge se cachait un objectif sérieux. La Yougoslavie était une fédération multiethnique indépendante unique qui avait servi de pont économique et politique durant la guerre froide. La plupart de ses services et de son industrie était propriété publique. Ce n’était pas acceptable pour la Communauté européenne en expansion, particulièrement pour l’Allemagne nouvellement unifiée, qui s’était lancée vers l’Est à la conquête de son « marché naturel » dans les provinces yougoslaves de Croatie et de Slovénie. À l’époque où les Européens se rencontrèrent à Maastricht en 1991 pour discuter de leurs plans pour la désastreuse zone euro, un accord secret avait été conclu : l’Allemagne reconnaîtrait la Croatie. La Yougoslavie était condamnée.

 

À  Washington, les USA avaient veillé à ce que l’économie yougoslave en difficulté se voit refuser des prêts par la Banque mondiale. L’OTAN, alors une relique presque défunte de la guerre froide, fut réinventée comme exécutant impérial. Lors d’une conférence sur la « paix » au Kosovo en 1999 à Rambouillet, en France, les Serbes furent soumis à la tactique rusée de l’exécutant. L’accord de Rambouillet comprenait une annexe B secrète, que la délégation US avait rajouté le dernier jour. Celle-ci exigeait l’occupation militaire de toute la Yougoslavie — un pays avec des souvenirs amers de l’occupation nazie — et la mise en place d’une « économie de libre marché » et la privatisation de toutes les entités publiques. Aucun État souverain n’aurait pu signer ça. Une punition s’ensuivit promptement; les bombes de l’OTAN s’abattirent sur un pays sans défense. Ce fut le prélude des catastrophes en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye et en Ukraine.

 

Depuis 1945, plus d’un tiers des pays membres des Nations unies — 69 — ont subi une de (ou toutes) ces calamités infligées par le fascisme US moderne : ils ont été envahis, leurs gouvernements renversés, leurs mouvements sociaux anéantis, leurs élections subverties, leurs populations bombardées et leurs économies dépouillées de toute protection, leurs sociétés soumises à un siège dévastateur appelé « sanctions ». L’historien britannique Mark Curtis estime le nombre de morts à des millions. Et dans chaque cas, on a déployé un immense mensonge.

 

« Ce soir, pour la première fois depuis le 11 septembre, notre mission de combat en Afghanistan est terminée ». Ce furent les mots d’ouverture du message d’Obama sur l’état de l’Union en 2015. En réalité, 10 000 soldats et 20 000 sous-traitants militaires privés (mercenaires) restent assignés en Afghanistan pour une durée indéfinie. « La plus longue guerre de l’histoire de l’Amérique en arrive à une conclusion responsable », a dit Obama. En réalité, plus de civils ont été tués en Aghanistan en 2014 que lors de n’importe quelle autre année depuis que l’ONU a commencé à le documenter. La majorité des morts  — civils et soldats — ont été tués sous la présidence d’Obama.

 

La tragédie afghane rivalise avec les crimes épiques commis en l’Indochine. Dans son livre encensé et très cité,  Le grand échiquier: l’Amérique et le reste du monde, Zbigniew Brzezinski, le parrain des politiques US de l’Afghanistan à nos jours, écrit que si l’Amérique contrôle l’Eurasie et domine le monde, elle ne peut maintenir aucune démocratie du peuple, parce que  » la poursuite du pouvoir n’est pas le but poursuivi par les passions populaires (…) La démocratie est inamicale envers la mobilisation impériale ». Il a raison. Comme WikiLeaks et Snowden l’ont révélé, un État policier et de surveillance est en train d’usurper la démocratie. En 1976, Brzezinski, alors conseiller à la Sécurité nationale de Carter, a illustré cette maxime  en portant un coup fatal à la première et seule démocratie de l’Afghanistan. Qui connait cette histoire vitale?

 

Dans les années 1960, une révolution populaire a balayé l’Afghanistan, le pays le plus pauvre du monde, parvenant finalement à renverser les vestiges du régime aristocratique en 1978. Le Parti démocratique du peuple de l’Afghanistan (PDPA) mit en place un gouvernement et déclara un programme de réformes qui comprenait l’abolition du féodalisme, la liberté pour toutes les religions, des droits égaux pour les femmes et la justice sociale pour les minorités ethniques. Plus de 13 000 prisonniers politiques furent libérés et les fichiers de police brûlés publiquement.

 

Le nouveau gouvernement introduisit une couverture médicale pour les plus pauvres, le servage fut aboli, un programme d’alphabétisation massif fut lancé. Pour les femmes, les gains furent sans précédent. À la fin des années 1980, la moitié des étudiants universitaires étaient des femmes, ainsi que la moitié environ des médecins, un tiers des fonctionnaires et la majorité des enseignants. « Chaque fille », se souvient Saira Noorani, une chirurgienne, « pouvait aller au lycée et à l’université. Nous pouvions aller où bon nous semblait et porter ce que nous voulions. Nous allions au café, le vendredi au cinéma voir les derniers films indiens et écoutions la musique à la mode. Cela a commencé à aller mal lorsque les moudjahidines ont commencé à gagner du terrain. Ils tuaient les enseignants et brûlaient les écoles. Nous étions terrifiés. C’est triste et ironique de penser que c’étaient les gens que l’Occident soutenait ».

 

Le gouvernement du PDPA était soutenu par l’Union soviétique, même si, comme l’a admis plus tard l’ancien secrétaire d’État Cyrus Vance, « il n’y avait aucune preuve de complicité soviétique [dans la révolution] ». Effrayé par l’assurance croissante des mouvements de libération à travers le monde, Brzezinski a décidé que si l’expérience afghane sous le PDPA réussissait, son indépendance et son progrès seraient « un exemple prometteur menaçant ».

 

Le 3 juillet 1979, la Maison blanche autorisait en secret l’octroi de 500 millions de dollars en armement et logistique pour soutenir les groupes tribaux « fondamentalistes » appelés moudjahidines. Le but était le renversement du premier gouvernement réformiste et laïc d’Aghanistan. En août 1979, l’ambassade US à Kaboul rapporte que « les intérêts généraux des USA… seraient servis par la disparition du [gouvernement PDPA], malgré tous les revers pour les futures réformes sociales et économiques que cela signifierait en Afghanistan. » L’italique est de moi.

Les moudjahidines étaient les ancêtres d’Al Qaïda et de l’État islamique. Parmi eux Gulbuddin Hekmatyar, qui reçut des dizaines de millions de dollars en cash de la part de la CIA. La spécialité d’Hekmatyar état le trafic d’opium et la projection d’acide sur les visages des femmes qui refusaient de porter le voile. Invité à Londres, il fut salué par la Première ministre Thatcher comme un « combattant de la liberté ».

 

De tels fanatiques seraient restés dans leur monde tribal si Brzezinski n’avait pas déclenché un mouvement international pour promouvoir le fondamentalisme islamique en Asie centrale, et saper ainsi la libération politique laïque, et « déstabiliser » l’Union soviétique, en  créant, comme il l’écrit dans son autobiographie, « quelques musulmans agités ». Son grand plan coïncidait avec les ambitions du dictateur pakistanais, le Général Zia ul-Haq, de domination de la région. En 1986, l’agence de renseignement du Pakistan, l’ISI, et la CIA, commencent à recruter des gens de par le monde afin de rejoindre le djihad afghan. Le multimillionnaire saoudien Oussama Ben Laden fut l’un d’entre eux. Les opérateurs qui rejoindraient finalement les Taliban et Al-Qaïda, étaient recrutés dans une université islamique de Brooklyn, à New York, et effectuaient un entrainement paramilitaire en Virginie dans un camp de la CIA. Cela fut baptisé « Opération Cyclone ». Son succès fut célébré en 1996 lorsque le dernier président afghan du PDPA, Mohammed Najibullah — qui s’était rendu devant l’assemblée générale de l’ONU pour demander de l’aide — fut pendu à un lampadaire par les Talibans.

 

Le « retour de bâton » de l’Opération Cyclone et de ses « quelques musulmans agités » fut le 11 septembre 2001. L’Opération Cyclone se transforma en « guerre contre le terrorisme », dans laquelle d’innombrables hommes, femmes et enfants allaient perdre leurs vies à travers le monde musulman, de l’Aghanistan à l’Irak, au Yémen, à la Somalie et à la Syrie. Le message des exécutants était et reste toujours: « Soit vous êtes avec nous soit contre nous ».

 

Le fil conducteur du fascisme, passé et présent, est le meurtre de masse. L’invasion US du Vietnam a eu ses « zones de feu à volonté », « décomptes des corps » et « dommages  collatéraux ». Dans la province de Quang Ngai, où j’étais reporters, plusieurs milliers de civils (appelés gooks, Chinetoques, par les soldats US) furent assassinés par les USA; pourtant on ne se souvient que d’un seul massacre, à My Lai. Au Laos et au Cambodge, le plus important bombardement aérien de l’histoire a donné naissance à une époque de terreur marquée aujourd’hui par le spectacle de cratères de bombes reliés qui, vus du ciel, ressemblent à des colliers monstrueux. Le bombardement donna au Cambodge son propre EIIL, dirigé par Pol Pot.

 

Aujourd’hui la plus grande des campagnes de terreur entraîne l’exécution de familles entières, d’invités lors de mariages, d’endeuillés lors de funérailles. Ce sont les victimes d’Obama. Selon le New York Times, Obama fait sa sélection depuis une « liste de gens à tuer » que la CIA lui présente chaque mardi dans la salle de crise de la Maison blanche. Il décide alors, sans la moindre justification légale, qui va vivre et qui va mourir. Son arme d’exécution est le missile Hellfire (feu de l’enfer) que porte un engin aérien sans pilote, appelé drone; ceux-ci font griller leurs victimes et dispersent leurs restes alentour. Chaque « hit » est enregistré sur un écran de console lointain avec le logiciel Bugsplat [correction de bogue, littéralement écrasement de punaise ou de cafard].

 

« À ceux qui marchent au pas de l’oie », a écrit l’historien Norman Pollock, « on substitue l’apparemment inoffensive militarisation de la culture. Et au lieu du leader grandiloquent, nous avons le réformateur manqué,  qui travaille allègrement, planifie et exécute des assassinats, tout en  souriant ».

 

Ce qui unit le nouveau et l’ancien fascisme est le culte de la supériorité. « Je crois en l’exceptionnalisme américain de tout mon être », a dit Obama, évoquant les déclarations de fétichisme national des années 1930. Comme le souligne l’historien Alfred W. McCoy, ce fut le fidèle d’Hitler, Carl Schmitt, qui dit : « Le souverain est celui qui décide de l’exception ». Ceci résume l’américanisme, l’idéologie qui domine le monde. Qu’elle ne soit pas associée à une idéologie prédatrice est le résultat d’un lavage de cerveau tout aussi subtil. Insidieuse, dissimulée, présentée de manière comique comme les Lumières en marche, sa prétention  imprègne insidieusement toute la culture occidentale. Pendant toute mon enfance et adolescence j’ai été nourri de cinéma à la gloire des USA, une distorsion dans la plupart des cas. Je ne me doutais pas que l’Armée rouge avait détruit la majeure partie de la machine de guerre nazie, ce qui lui avait coûté plus de 13 millions de soldats. En revanche, les pertes US, y compris dans la guerre du Pacifique, s’élevèrent à 400 000. Hollywood a inversé tout cela.

 

La différence aujourd’hui c’est que les spectateurs au cinéma sont invités à se lamenter sur la « tragédie » de psychopathes US ayant à tuer des gens dans des endroits lointains — tout comme le président lui-même les tue. L’incarnation de la violence d’Hollywood,  L’acteur et réalisateur Clint Eastwood, un parangon de la violence hollywoodienne, a été nominé pour un oscar cette année pour son film « American Sniper » , qui traite d’un assassin patenté et zinzin. Le New York Times le décrit comme « un film patriotique, pro-famille, qui a battu tous les records d’audimat dès les premiers jours ».

 

 

Il faut savoir que l’affiche de propagande du mini-film « Stolz der nation » dans le film de Tarantino « Inglorious Bastards » est historiquement authentique, elle correspondrait à un véritable film de propagande nazi selon le livre « ‘Film Posters of the Third Reich ».

 

Aucun film héroïque ne traite du fascisme US. Durant la seconde guerre mondiale, les USA (et l’Angleterre) sont entrés en guerre contre les Grecs qui s’étaient héroïquement battus contre le nazisme et résistaient à la montée du fascisme grec. En 1967, la CIA a aidé une junte militaire fasciste à prendre le pouvoir à Athènes — comme elle l’avait fait au Brésil et dans la majeure partie de l’Amérique latine. Les Allemands et les européens qui avaient collaboré avec l’agression nazie et les crimes contre l’humanité furent accueillis en toute sécurité aux USA; nombre d’entre eux seront choyés et leurs talents récompensés. Werner von Braun a été à la fois le père de la bombe de terreur nazie V-2 et du programme spatial des USA.

 

Dans les années 1990, alors que les anciennes républiques soviétiques, l’Est de l’Europe et les Balkans devenaient des avant-postes militaires de l’OTAN, les héritiers d’un mouvement nazi ukrainien ont trouvé une occasion à saisir. Responsables de la mort de milliers de juifs, polonais et russes lors de l’invasion nazie de l’Union soviétique, le fascisme ukrainien fut réhabilité et sa « nouvelle vague » saluée par les exécutants comme « nationaliste ».

 

L’apogée fut atteinte en 2014 quand l’administration Obama organisa un coup d’État à 5 milliards de $ contre le gouvernement élu. Les troupes de choc étaient des néo-nazis, le Secteur Droit et Svoboda. Parmi leurs leaders, Oleh Tyahnybok, qui avait appelé à une purge de la « mafia judéo-moscovite » et « autres raclures », dont les gays, les féministes et les partisans de la gauche.

 

Ces fascistes font maintenant partie du gouvernement de Kiev issu du coup d’État. Le vice-président du parlement ukrainien, Andriy Paroubiy, un dirigeant du parti au pouvoir, est le co-fondateur de Svoboda. Le 14 février, Parubiy a annoncé qu’il se rendait à Washington pour obtenir « des USA de l’armement moderne de haute précision ». S’il y parvient, cela sera considéré comme un acte de guerre par la Russie.

 

Aucun dirigeant occidental ne s’est exprimé sur la renaissance du fascisme au cœur de l’Europe — à l’exception de Vladimir Poutine, dont le peuple a diminué de 22 millions à cause d’une invasion nazie par la frontière ukrainienne. Lors de la récente conférence sur la sécurité de Munich, la secrétaire d’État adjointe d’Obama pour les Affaires européennes et eurasiennes, Victoria Nuland, s’est lancée dans des diatribes contre les dirigeants européens qui s’opposaient à l’armement du régime de Kiev par les USA. Elle qualifia la ministre allemande de la Défense de « ministre du défaitisme ». Nuland, mariée à Robert D. Kagan, un éminent néoconservateur, et -fondateur du Projet pour un nouveau siècle américain, d’extrême droite,  a été conseillère en politique étrangère de Dick Cheney. C’est elle qui a supervisé le coup d’État à Kiev.

 

Le coup d’État de Nuland ne s’est pas déroulé comme prévu. L’OTAN n’est pas parvenue à s’emparer de la base navale russe historique et légitime de Crimée. La population majoritairement russe de Crimée — illégalement annexée à l’Ukraine par Nikita Krushchev en 1954 — a largement voté pour un rattachement à la Russie, comme ils le firent dans les années 1990. Le référendum fut volontaire, populaire et internationalement surveillé. Il n’y eut aucune invasion.

 

Au même moment, le régime de Kiev s’est retourné contre les populations russophones de l’Est avec la férocité d’une épuration ethnique. Déployant des milices néo-nazies à la manière des Waffen-SS, ils ont bombardé et assiégé des villes et des villages. Ils ont usé de la famine de masse comme arme, coupant l’électricité, gelant les comptes bancaires, bloquant la sécurité sociale et les retraites. Plus d’un million de réfugiés ont fui vers la Russie. Dans les médias occidentaux, ils étaient les invisibles fuyant « la violence » causée par « l’invasion russe ». Le commandant de l’OTAN, le général Breedlove — dont le nom et les agissement s’inspirent probablement du docteur Folamour de Stanley Kubrick — a annoncé que 40 000 soldats russes se « massaient ». A l’ère des preuves judiciaires par image satellite, il n’en fournit aucune.

 

Ces russophones et bilingues d’Ukraine — un tiers de la population — espèrent depuis longtemps une fédération qui reflète la diversité ethnique du pays et qui soit à la fois autonome et indépendante de Moscou. La plupart ne sont pas des « séparatistes » mais des citoyens qui veulent vivre en sécurité dans leur pays natal et s’opposent à la  prise de pouvoir à Kiev. Leur révolte et l’établissement d’ « États » autonomes sont une réaction à l’attaque que Kiev a lancée contre eux. Presque rien de tout cela n’a été expliqué au grand public occidental.

 

Le 2 mai 2014 à Odessa, 41 russophones ont été brûlés vif au siège des syndicats sous le regard des policiers inactifs. Dmytro Yarosh, dirigeant du Secteur Droit,  a salué ce massacre comme étant « un nouveau jour de gloire dans notre histoire nationale ». Dans les médias US et britannique, ce fut rapporté comme une « sombre tragédie » résultant d' »affrontement » entre les « nationalistes » (néo-nazis) et les « séparatistes » (ces gens qui collectent des signatures pour un référendum sur une Ukraine fédérale).

 

Le New York Times a enterré l’histoire, ayant ignoré comme propagande russe les mises en garde concernant la politique fasciste et antisémite des nouveaux clients de Washington. Le Wall Street Journal a maudit les victimes — « L’incendie mortel en Ukraine probablement déclenché par les rebelles, selon le gouvernement (de Kiev) ». Obama a félicité la junte pour sa « retenue ».

 

Si Poutine est amené à tomber dans la provocation et aller à leur secours, son rôle préétabli de « paria » en Occident justifiera le mensonge selon lequel la Russie envahirait l’Ukraine. Le 29 janvier, le chef d’État-major ukrainien, le Général Viktor Muzhemko, a presque discrédité par inadvertance les fondements des sanctions des USA et de l’UE contre la Russie en déclarant catégoriquement lors d’une conférence de presse: « L’armée ukrainienne ne combat pas les unités régulières de l’armée russe ». Il y avait des « citoyens individuels » qui étaient membres de « groupes armés illégaux », mais pas d’invasion russe. Rien de nouveau. Vadym Prystaiko, le ministre adjoint des Affaires  Étrangères de Kiev, a appelé à « une guerre totale » contre une Russie disposant de l’arme nucléaire.

 

Le 21 février, le sénateur US James Inhofe, un Républicain de l’Oklahoma, a introduit un projet de loi qui autoriserait l’armement par les USA du régime de Kiev. Dans sa présentation au Sénat, Inhofe a utilisé des photographies censées montrer des troupes russes en train de franchir la frontière ukrainienne, dont on sait depuis qu’elles étaient des faux. Cela rappelle les fausses photos de Ronald Reagan  des installations soviétiques au Nicaragua, et les fausses preuves de Colin Powell devant l’ONU sur les armes de destruction massive de l’Irak.

 

L’intensité de la campagne de diffamation contre la Russie et la représentation de son président comme le Grand méchant ne ressemble à rien  de ce que j’ai connu en tant que reporter. Robert Parry, l’un des journalistes d’investigation les plus distingués des USA, qui révéla le scandale de l’affaire Iran-Contra, a récemment écrit / « Aucun gouvernement européen, depuis l’Allemagne d’Adolf Hitler, n’a jugé correct d’envoyer des troupes de choc nazies mener une guerre contre une population de son propre pays, mais le régime de Kiev l’a fait, et en connaissance de cause. Et pourtant à travers le spectre politico-médiatique occidental, il y a eu un effort conséquent pour camoufler cette réalité au point d’ignorer des faits établis… Si vous vous demandez comment le monde pourrait entamer une 3ème Guerre Mondiale — tout comme c’était arrivé lors de la première Guerre mondiale il y a un siècle — tout ce que vous avez à faire c’est observer la folie autour de cette affaire ukrainienne, qui se montre imperméable aux faits ou à la raison ».

 

En 1946 le procureur du tribunal de Nuremberg dit aux médias allemands: « L’utilisation par les conspirateurs nazis de la guerre psychologique est bien connue. Avant chaque agression majeure, à quelques exceptions près selon l’urgence, ils initiaient une campagne de presse afin de discréditer leurs victimes et de préparer les Allemands psychologiquement à l’attaque… Dans le système de propagande de l’État d’Hitler la presse quotidienne et la radio étaient les armes les plus importantes ». Dans le Guardian du 2 février, Timothy Garton-Ash a effectivement appelé à une guerre mondiale, sous le titre « Poutine doit être arrêté ». « Et parfois seules les armes arrêtent les armes ». Il admettait que la menace d’une guerre puisse « nourrir une paranoïa russe d’encerclement »; mais c’était acceptable. Il cite ensuite l’équipement militaire nécessaire pour ce travail et avise ses lecteurs que « l’Amérique possède le meilleur kit ».

 

En 2003, Garton-Ash, un professeur d’Oxford, avait répété la propagande qui avait mené au massacre en Irak. Saddam Hussein, avait-il écrit, « a, comme [Colin] Powell l’a documenté, entreposé des quantités d’armement chimique et biologique effrayantes, et cache ce qui en reste. Il tente toujours d’obtenir du nucléaire ». Il a salué Blair comme étant un « interventionniste libéral chrétien gladstonien ». En 2006, il a écrit : « Nous faisons maintenant face au prochain test d’envergure après l’Irak: l’Iran. »

 

Ces déchaînements — ou comme Garton-Ash préfère les appeler, ces « ambivalences libérales torturées » — ne sont pas rares chez l’élite libérale transatlantique ayant conclu un pacte faustien. Le criminel de guerre Tony Blair est leur leader perdu. Le Guardian, dans lequel l’article de Garton-Ash parut, a publié une pleine page de publicité pour un bombardier furtif US. Sur une image menaçante du monstre de Lockheed Martin figuraient les mots: « Le F-35. EXCELLENT pour l’Angleterre ». Ce « kit » US coûtera au contribuable britannique 1,3 milliard de £, le précédent modèle F ayant déjà massacré à travers le globe. Afin de rester dans le ton de ses publicités, un éditorial du Guardian appelle à une augmentation des dépenses militaires.

 

Une fois de plus, il y a un objectif sérieux. Les dirigeants du monde ne veulent pas seulement l’Ukraine comme base de missiles,  ils veulent aussi son économie. La nouvelle ministre des Finances de Kiev, Nataliwe Jaresko, est une ancienne haute responsable du département d’État US en charge des « investissements » US  outremer. On lui a octroyé la nationalité ukrainienne en urgence. Ils veulent l’Ukraine pour son gaz en abondance : le fils du vice-président Joe Biden est membre du conseil d’administration de la plus importante entreprise pétrolière, gazière et de fracking d’Ukraine. Les fabricants d’OGM, des entreprises comme l’infâme Monsanto, convoitent le sol agricole riche de l’Ukraine.

 

Par-dessus tout, ils convoitent le puissant voisin de l’Ukraine, la Russie. Ils veulent balkaniser ou démembrer la Russie et exploiter les plus importantes ressources en gaz naturel de la Terre. Alors que l’Arctique fond, ils veulent contrôler l’océan Arctique riche en énergies, et la longue frontière Arctique russe. Leur homme à Moscou était Boris Eltsine, un alcoolique, qui brada l’économie de son pays à l’Occident. Son successeur, Poutine, a rétabli la Russie en tant que nation souveraine; c’est là son crime.

 

Notre responsabilité à nous autres est claire. Il nous faut identifier et dénoncer les mensonges irresponsables des va-t-en-guerre et ne jamais collaborer avec eux. Il nous faut réveiller les grands mouvements populaires qui ont apporté une civilisation fragile aux États impériaux modernes. Plus important encore, nous ne devons pas nous laisser conquérir nous-mêmes, notre esprit, notre humanité, notre dignité. Si nous restons silencieux, la victoire leur est assurée, et la menace d’un holocauste plane.

 John Pilger                                                                                 Traduction: Nicolas CASAUX

 

NB : Il est légitimement permis de s’interroger sur l’impact des cérémonies commémoratives sur l’opinion? Pour ma part j’en suis arrivée à la conclusion, qu’en l’état des messages qui y sont véhiculés elles sont devenues d’inutilité publique.

j’ai décidé de ne plus participer à ce qui est devenu à mes yeux une mascarade éloignée des réalités du monde contemporain et des dangers qu’il recèle  pour simplement relayer les témoignages tels que ceux de John Pilger tout en ayant une pensée émue pour tous ceux et celles qui ont contribué à mettre à terre la bête immonde qui renaît aujourd’hui des ses cendres y compris à nos portes dans l’insouciance  quasi générale,  dans l’espoir, peut être, que ça n’arrive qu’ aux autres. Jack Freychet

Partager cet article
Repost0
6 mai 2016 5 06 /05 /mai /2016 17:25

Source Arrêt sur info : Alep-la désinformation continue...

 

 

Nous avons demandé au Dr. Nabil Antaki si les informations rapportées depuis une semaine dans les pays francophones sur la situation à Alep correspondaient à ce qu’il constate sur place. Voici sa réponse.

 

Au sujet des récents événements, je constate que les médias [traditionnels, ndlr] continuent de mentir par omission. Depuis le début de la guerre à Alep il y a 4 ans, ils ne rapportent pas du tout les faits dans leur ensemble.Alep est bombardée tous les jours depuis 2012 par des groupes terroristes causant des morts et des blessés. Personne n’en a jamais eu cure; si ce n’est pour se féliciter du « bon boulot qu’ils font» [allusion à la déclaration de Laurent Fabius, ndlr]. Il est temps que l’Occident se réveille et arrête de soutenir ces terroristes.

 

Nous sommes très révoltés ici à Alep par le manque d’impartialité et d’objectivité des médias. Ils ne parlent que des souffrances et des pertes humaines dans la zone Est de la ville contrôlée par al-Nosra, un groupe terroriste affilié à al-Qaïda, qu’ils qualifient toujours de « rebelle » ce qui est une manière de le rendre respectable. Et ils restent muets sur les pertes et les souffrances endurées quotidiennement dans nos quartiers de l’Ouest d’Alep à cause des tirs d’obus lancés par ces terroristes. Ils ne parlent pas davantage du blocus et des coupures totales d’eau et d’électricité qu’ils nous infligent…

 

Les médias n’ont rien dit des bombardements continus et des carnages qui ont eu lieu depuis une semaine, dans la partie Ouest de la ville [où habite le Dr. Nabil], où aucun quartier n’a été épargné et où il y a tous les jours des dizaines de morts. Ces omissions sont d’autant plus révoltantes que ces quartiers représentent 75 % de la superficie d’Alep et comptent 1.5 millions d’habitants – contre 300.000 dans la partie Est occupée par les groupes terroristes.

 

Cette information tronquée laisse entendre que les groupes terroristes qui nous attaquent sont les victimes. Pire, les médias ont détourné notre appel « SAUVER ALEP » en laissant croire que cet appel exigeait l’arrêt des hostilités par « les forces d’Assad ». Ce qui est faux. D’ailleurs, il n’y a pas de «forces d’Assad » : il y a les forces de l’armée régulière syrienne qui défendent l’Etat syrien.

 

Ils [les médias traditionnels, ndlr] auraient pu au moins avoir la décence de mentionner les carnages causés par les bombardements des terroristes qui ont fait de nombreux morts. Comme cela s’est encore produit hier, vendredi, où un de leurs tirs a frappé une mosquée à l’heure de la prière faisant 15 morts et 50 blessés parmi les civils. Les attaques et les pertes dont nous souffrons sont présentées [par les médias, ndlr] de manière à laisser le public dans le flou quant aux véritables responsables de ces crimes (1) (2).

 

Depuis trois jours les médias accusent le « régime Assad » et les Russes d’avoir bombardé et détruit un hôpital soutenu par l’ONG Médecins sans Frontières à l’Est de la ville. Ils affirment que le « dernier pédiatre d’Alep » a été tué dans ce bombardement (3). Nous avons encore de nombreux pédiatres à Alep. Cela montre bien que, pour les médias, seule compte cette partie Est occupée par les rebelles, et que les trois quarts de la ville d’Alep administrée par l’Etat syrien, où pratiquent encore de nombreux pédiatres, ne comptent pas.

 

L’hôpital mentionné n’est pas sur la liste des hôpitaux de Syrie établie avant la guerre par le ministère de la santé. Donc, s’il existe, il a été installé dans un immeuble après la guerre (4). Je ne crois pas que les forces gouvernementales ou l’aviation russe bombardent délibérément un hôpital. Il n’y va pas de leur intérêt.

 

Nous avions constaté la même partialité quand le plus grand hôpital d’Alep Al Kindi, avait été frappé par les obus terroristes d’al-Nosra, puis incendié intentionnellement en 2013. Les médias n’avaient pas prêté attention à cet acte criminel. Nous sommes écœurés et révoltés par cette désinformation permanente.

Nabil Antaki, 30 avril 2016 –

Propos recueillis par Silvia Cattori | Mis à jour le 2 mai à 12.45

 

La destruction de l'Hôpital Al Kindi en 2013

 

 

Partager cet article
Repost0
4 mai 2016 3 04 /05 /mai /2016 14:13

A force d'ignorer les leçons de l'Histoire, de manipulation en manipulation en sortirons-nous un jour autrement que les pieds devant...

Un témoignage révélateur de Gamal Abdel Nasser

 

 

Partager cet article
Repost0
3 mai 2016 2 03 /05 /mai /2016 17:28

Le FMI, l’UE et Syriza préparent plus d’austérité

Par Alex Lantier

Origine Mondialisation.ca, 02 mai 2016

wsws.org

Région : Europe

Thème: Crise économique mondiale

 

 L’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) s’apprêtent à exiger de nouvelles mesures d’austérité au-delà de celles acceptées par le gouvernement Syriza en Grèce l’an dernier dans le cadre du plan de sauvetage de 86 milliards d’euros convenu l’été dernier.

 

Syriza (« coalition de la gauche radicale ») a accepté en juillet dernier d’imposer des mesures d’austérité massives, piétinant tant ses promesses électorales d’en finir avec l’austérité de l’UE que le « non » écrasant à l’austérité lors d’un référendum anti-austérité qu’il avait lui-même proposé. Dans un nouvel acte de trahison politique, Syriza prépare de nouvelles mesures austéritaires à hauteur de milliards d’euros contre la population grecque dans ses pourparlers avec le FMI et l’UE.

 

Alors que restent à débourser 60 milliards d’euros sur les 86 milliards du plan d’aide, le FMI et l’UE insistent sur une réduction permanente de 3 milliards d’euros des dépenses annuelles. Si la Grèce ne parvient pas à faire ces coupes soi-disant de « prévoyance », ils bloqueront les fonds restants, obligeant la Grèce à faire défaut sur 3,5 milliards d’euros de paiement de la dette arrivant à échéance cet été – un renouvellement de la menace, l’été dernier, de forcer la Grèce à faire défaut.

 

Les responsables américains ont appuyé la demande de l’UE que la Grèce mette en œuvre de nouvelles mesures d’austérité comme condition préalable à l’effacement d’une portion de la dette massive de la Grèce que des renflouements successifs ont porté au niveau gigantesque, non viable, de 177 pour cent du PIB.

 

Le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest a dit mercredi 27 avril, « Bien sûr, vous savez, nous sommes très favorables aux efforts que les membres de l’UE ont fait pour faire face aux défis financiers posés par les finances de la Grèce. Une partie de cet accord tenait à ce que la Grèce introduise un certain nombre de réformes structurelles. Et nous croyons fermement que la Grèce a la responsabilité de le faire. »

 

Interrogé par la Commission des services financiers du Congrès, le sous-secrétaire du ministre des Finances, Nathan Sheets, a confirmé que le FMI n’accepterait de débourser des fonds à la Grèce que si Syriza imposait de nouvelles et sévères coupes sociales. Il a également confirmé que c’était la position du gouvernement Obama et du ministère américain des Finances.

 

Sheets a dit au Comité du Congrès, « Le FMI a clairement indiqué qu’il ne s’engagerait dans un programme grec, dans le sens de fournir des ressources, que s’il est convaincu que le programme de réforme mis en avant est important et que les autorités grecques l’adoptent comme le leur … Laissez-moi encore dire que la position du FMI sur la nécessité d’un programme solide et d’une adhésion au programme à la seule condition qu’il y ait un allègement significatif de la dette, est fortement soutenu par le ministère [américain] des Finances. »

 

Les commentaires de Sheets et Earnest interviennent après que Syriza s’est opposé aux termes des coupes de « prévoyance » exigées par les fonctionnaires de l’UE et que le Premier ministre grec Alexis Tsipras a lancé un appel au président du Conseil européen Donald Tusk lui demandant de préparer une réunion des dirigeants de la zone euro pour discuter de la question. Mais Tusk a ignoré la demande de Syriza.

 

La porte-parole du gouvernement Syriza Olga Gerovasili a indiqué que les nouvelles demandes d’austérité violaient les termes du plan de sauvetage de juillet 2015 et a essayé de les présenter comme des exigences venant de Washington et sapant les positions de l’UE : « Le FMI fait des exigences qui vont au-delà ce qui était convenu. Ces exigences sapent les efforts à la fois du gouvernement grec et des institutions européennes. »

 

Mais Tusk a été clair sur le fait que l’UE est en fait d’ accord avec les exigences actuellement avancées surtout par Washington et le FMI, rejetant carrément la demande de Tsipras d’une réunion des premiers ministres qui pourrait théoriquement accepter de desserrer l’étau financier qui étrangle la Grèce. « Je suis convaincu qu’il y a encore du travail à faire par les ministres des Finances qui doivent éviter une situation d’incertitude pour la Grèce », a déclaré Tusk.

 

Les protestations impuissantes de Syriza à l’adresse de l’UE sont en fait une couverture cynique. Dans les coulisses, il poursuit le programme d’austérité qu’il a imposé immédiatement après avoir sa prise de pouvoir en janvier 2015, reniant sa promesse de mettre fin au Mémorandum d’austérité de l’UE quelques semaines après son entrée en fonction.

 

La Grèce est déjà confrontée à une grave crise de liquidités, ne sachant si elle payera les retraites et les salaires des travailleurs du secteur public le mois prochain. Tsipras a contraint des entités publiques, dont les services de santé et des eaux, à vider leurs comptes en banque et à déposer l’argent à la Banque centrale pour aider à atténuer la pénurie de fonds.

 

En attendant, les responsables de l’UE font l’éloge du gouvernement Syriza pour être très disposé et obligeant dans les négociations à huis clos sur les mesures d’austérité contre la population grecque.

 

Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières Pierre Moscovici a salué Syriza pour avoir négocié agressivement des coupes très impopulaires dans les retraites, les privatisations et les réformes de l’impôt sur le revenu. « Nous avons fait 99 pour cent du chemin, nous avons convergé sur presque tous les aspects,» a dit Moscovici avant d’ajouter: « En ce qui concerne le mécanisme de prévoyance, ce qui à notre avis n’est pas vraiment justifié par les données, mais politiquement nécessaire, nous allons y travailler. »

 

Néanmoins, Syriza étant en train de chuter rapidement dans les sondages et la colère montant dans la classe ouvrière contre son programme d’austérité, on spécule de plus en plus dans l‘establishment politique que les nouvelles mesures d’austérité pourraient faire tomber le gouvernement Tsipras.

 

Sept Grecs sur dix s’opposent aux négociations d’austérité en cours, selon un récent sondage KAPA, qui a également constaté que Syriza n’obtiendrait que 18,4 pour cent des voix, à peu près la moitié de ce qu’il avait obtenu l’an dernier, alors que le parti de droite New Democracy obtiendrait lui, 21,4 pour cent.

 

Des sources au sein de Syriza ont néanmoins déclaré au Financial Times, le principal journal du capital financier européen, que Tsipras n’appellerait pas à des élections anticipées ni ne prévoirait un nouveau référendum sur l’austérité dans une nouvelle tentative de se donner une couverture politique pour poursuivre l’austérité. Cela suggère qu’il poursuivra la négociation des mesures d’austérité avec l’UE et leur imposition.

 

« Ce n’est pas comme l’an dernier », a déclaré Stefanos Akrivakis un ancien militant de la jeunesse de Syriza au Financial Times; « Alexis a déçu tant de gens qu’il ne peut pas risquer de tenir un référendum sur les mesures ou une élection générale. »

 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 19:31
Le cabinet Mossak-Fonseca, vu du Panama

L’analyste politique Julio Yao Villalaz s’indigne de l’amalgame créé entre les fichiers du cabinet Mossak-Fonseca et sa patrie. Il serait plus juste de parler de CIA Papers, compte-tenu du rôle de l’Agence états-unienne dans la création du cabinet et vu qu’elle ne l’a pas créé au Panama.
En outre, la publication des fichiers du cabinet par la presse a été précédée de diverses opérations des services de police et du fisc états-unien.

Réseau Voltaire | Panama (Panama) | 27 avril 2016

 

Le cabinet Mossak-Fonseca a été créé par la CIA, en 1986, de manière à constituer les sociétés off-shore nécessaires à l’anonymisation et au transfert de l’argent de l’opération Iran-Contras. L’Agence s’était alors appuyée sur Jürgen Mossack, le fils du SS Erhard Mossack, recruté par le Gladio pour lutter contre les Soviétiques.

 

Je ne pense pas rentrer dans le débat byzantin de savoir si la constitution d’entreprises off-shore est légale ou non, ni sur la question de leurs objectifs éventuels. Non que le sujet de la légalité de la chose me soit indifférent ou me semble sans importance. En effet, j’ai appris le mois dernier la responsabilité en la matière d’une certaine dame, agissant pour des raisons personnelles, et motivée par une volonté de vengeance : elle vendait, on le sait maintenant, depuis 2008-2009, une partie des documents de Mossack–Fonseca, et cela a été complété par les agissements d’un couple du même bureau et peut-être d’autres personnes.

 

Ce qui nous intéresse ici, c’est de savoir comment ces documents de Mossack-Fonseca sont tombés aux mains des agences étasuniennes « chargées de l’application de la loi » (US Law Enforcement Agencies) et si cela s’est produit avant ou après que la dame les remette ou les vende au journal Süddeutsche Zeitung. On sait que le Süddeutsche Zeitung les a remis au consortium des journalistes d’investigation (CPI) et que ceux-ci ont été soutenus par George Soros et les élites US hostiles à la Russie.

 

Le fait est que les dites agences se sont servies des documents de Mossack-Fonseca pour accuser et faire arrêter des narco-trafiquants, des terroristes, des trafiquants d’armes, des blanchisseurs d’argent, etc., et en outre pour agir contre certaines banques au Panama.

 

Cette question n’est plus du tout byzantine, parce qu’elle implique la participation éventuelle du gouvernement US, dans une action illicite d’ordre international. L’action contre la place bancaire et financière de Panama constitue une attaque contre l’une des bases de notre économie. Rien de byzantin non plus dans la révélation selon laquelle Mossack-Fonseca était de mèche et l’est encore, avec des personnages sinistres de presque tous les continents, liés à des services de renseignement, au moins depuis 1986, en particulier ceux qui ont trempé dans le scandale US-contra.

 

La firme Mossack-Fonseca n’est pas née en 1977 comme cela figure dans les archives mais en 1986, aux Iles Vierges (britanniques). En 1977 il n’existait que la Jürgen Mossack Law Firm (cabinet d’avocats). C’est en 1986 que naît la firme, à l’occasion du scandale US-Contra.

 

Comme l’affirme le New York Times dans son édition du 7 avril 2016 :

En 1986, tandis que le pays n’était pas encore sous le joug du général Manuel Noriega, Ramón Fonseca et Jürgen Mossack ont fusionné leurs modestes cabinets d’avocats et créé ce qui deviendrait le centre des opérations bancaires discrètes pour les élites. [1]

 

L’argent provenant de la vente d’armes était investi dans la drogue, que de hauts fonctionnaires —prétendant tomber des nues— introduisirent, à partir de Washington, dans les quartiers pauvres des US. Une partie des fonds ont été canalisés dans le Democracy Project pour faire tomber Noriega, de sorte que, d’un côté ils faisaient semblant de ne rien voir dans les quartiers non-blancs, et de l’autre, ils permettaient à des messieurs respectables et en smoking d’ouvrir la Mossack-Fonseca aux Iles vierges, territoire que les US partagent avec la Grande-Bretagne.

 

Pourquoi ne pas l’avoir créée au Panama ? Peut-être parce que l’opération Piscis de la DEA à Panama venait de se terminer avec succès, et que notre pays (sous la direction de Ricardo de la Espriella) avait approuvé des lois qui entravaient les opérations clandestines et illégales comme la Contra-US.

 

Mossack-Fonseca aurait pris part, en connivence avec Washington, à une action qui violait le droit international, contre le Panama, tel que le renversement d’un gouvernement étranger ; et c’est pour cette raison que l’origine de Mosscak-Fonseca est confuse, car on sait maintenant que Mossack-Fonseca avait servi divers services de renseignement de différents pays.

 

L’année 1986 est capitale à cause du scandale US-Contras, mais aussi parce qu’il y a exactement trente ans, en avril 1986, le Conseil de sécurité nationale des USA avait pris la décision de renverser Noriega pour des raisons internes, et ne relevant pas des Panaméens qui demandaient un changement, de façon bien légitime. Chaque Panaméen peut bien avoir sa vision de Noriega, mais les US n’avaient pas le moindre droit de l’expulser, d’autant moins qu’ils savaient d’avance que ce serait l’occasion d’assassiner des milliers de Panaméens innocents.

 

Il faut refuser à l’échelle du monde entier que le nom de Panama, qui appartient à tous les Panaméens, soit détourné pour qualifier les papiers qui décrivent la pourriture et la dégénérescence la plus grave du capitalisme des temps modernes. Pour couper tout lien avec le préjudice qui affecte désormais de nombreux pays, organismes et personnalités, il faut interdire l’entrée au lupanar, ou mieux encore, le fermer.

Julio Yao Villalaz

Traduction
Maria Poumier

Source
La Estrella de Panamá

Partager cet article
Repost0
27 avril 2016 3 27 /04 /avril /2016 17:33

Source Sputnik-France

La BBC a procédé à une enquête approfondie qui a confirmé l'hypothèse selon laquelle le Boeing malaisien effectuant le vol MH17 aurait été abattu par un chasseur et non par un missile tiré depuis le sol.

 

Ce dimanche (24-04-2016), certains journaux britanniques ont mis leurs lecteurs en effervescence en annonçant la projection d'un documentaire intitulé "Conspiracy Files: Who Shot Down MH17?". Le film sera diffusé le 3 mai sur la chaîne BBC Two.

 

Selon The Sunday Express, le documentaire contient de "nouvelles accusations choquantes" portant sur la tragédie survenue le 17 juillet 2014 dans le ciel du Donbass. Rappelons qu'un avion de ligne malaisien effectuant le vol MH17 d'Amsterdam à Kuala Lumpur avait été abattu par un missile de combat. Cette attaque avait emporté la vie des 298 personnes qui se trouvaient à bord de l'appareil.

 

D'après les conclusions de l'enquête officielle menée pendant plus d'un an par le Bureau néerlandais pour la sécurité (OVV), l'avion a été détruit par un missile tiré depuis un système antiaérien Bouk. Différentes versions de ce système sont en service dans les forces armées russes et ukrainiennes. Dès le début, l'Occident s'est mis à promouvoir l'hypothèse non étayée par les faits selon laquelle le missile aurait été tiré depuis un système remis par la Russie aux insurgés de la République populaire de Donetsk (DNR). Et ce, malgré le fait que le rapport de l'OVV n'accusait formellement aucune des parties.

 

© Sputnik. Maksim Blinov

Crash du MH17: les USA refusent les données satellites au père d'une victime

 

Cela dit, le Bureau néerlandais pour la sécurité a dès le départ écarté la piste présentée par un technicien de l'aérodrome militaire ukrainien d'où plusieurs chasseurs équipés de missiles air-air avaient décollé le 17 juillet 2014. Selon ce témoin, qui a dû fuir l'Ukraine pour s'établir en Russie, un de ces chasseurs était revenu sans missiles, et son pilote (le capitaine Vladislav Voloshin) était descendu, tout pâle, du cockpit. A la question de savoir ce qui s'était passé, le pilote avait répondu au technicien: "L'avion s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment…".

Ce témoin-clé avait raconté de nombreux autres détails relatifs à la mission du capitaine Volochine, mais les médias occidentaux n'avaient pas pris son récit au sérieux.

Le film de la BBC fournit de nouveaux témoignages à l'appui de la thèse selon laquelle le Boeing malaisien aurait pu être attaqué par des chasseurs ukrainiens.

 

© AFP 2016 Dominique Faget

Enquête sur le crash du MH17: Moscou pointe des falsifications

 

Les journalistes de la chaîne BBC Two ont interrogé des dizaines de personnes dans la région du crash. Ces témoins ont affirmé avoir aperçu depuis le sol deux chasseurs en train de survoler la région au moment où une explosion avait retenti dans le ciel.

 

Une des personnes interrogées, Natalia Beronina, a témoigné: "Nous rentrions la récolte lorsqu'une détonation s'est fait entendre. Au début, nous avons aperçu une fumée noire, mais une seconde après, deux petits avions sont apparus dans le ciel. Ils étaient tout petits, comme des jouets en argent. L'un d'entre eux a continué de voler en avant, mais l'autre a fait un demi-tour immédiatement après la détonation et est revenu en arrière".

 

The Sunday Express rapporte également que le journaliste d'investigation allemand Billy Six a retrouvé au moins sept témoins qui affirmaient avoir observé un chasseur au moment du crash du Boeing. L'un d'entre eux a déclaré qu'il avait vu le chasseur tirer un missile: "une ligne fine et courte comme un fil s’est échappée dans les nuages". Puis, une explosion a retenti.

 

© Sputnik. Maksim Blinov

Crash du MH17: un député néerlandais accuse Kiev

 

D'après le journaliste allemand, le Boeing malaisien aurait pu être attaqué par deux chasseurs à la fois: l'un aurait lancé un missile et l'autre tiré avec un canon.

 

Le film de la BBC a ceci d'important qu'il est le premier documentaire à présenter au public occidental les récits de témoins réels et non les élucubrations de politiciens et de propagandistes.

Partager cet article
Repost0
26 avril 2016 2 26 /04 /avril /2016 14:45
Deux chefs d’État face à leurs concitoyens

par Thierry Meyssan

Bien que la situation économique de la Russie soit beaucoup plus difficile que celle de la France, les téléspectateurs russes ont plébiscité l’émission « Ligne directe avec Vladimir Poutine », tandis que les Français ont boudé « Dialogues citoyens avec François Hollande ». Les deux programmes ont eu des scores d’audience comparables aux soutiens dont disposent ces deux personnalités. Pour Thierry Meyssan, contrairement à la vulgate des conseillers en communication, les téléspectateurs et les électeurs ne sanctionnent pas les mauvais indices économiques. Ils se déterminent sur la capacité de leurs leaders à présider le pays ou à simplement l’administrer.

Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 18 avril 2016

 

 

Le 14 avril 2016, les présidents Vladimir Poutine et François Hollande répondaient à la télévision, chacun dans leur pays, aux questions de leurs concitoyens [1]. Dans les deux cas, il s’agissait d’un pur exercice de communication, aucune nouveauté ne devant être annoncée.

Un format européen

En premier lieu, ce type de programme se développe depuis quelques années sur le continent européen, mais n’existe pas dans d’autres pays, comme aux États-Unis.

 

Si le président Barack Obama accepte de répondre à des questions de concitoyens lors de manifestations publiques, cela reste une exception et ne saurait être organisé à la télévision une soirée durant. Pour montrer sa proximité avec son peuple, il préfère manger de la pizza en famille dans un fast-food, entouré d’une myriade de photographes. Une fois installé à la Maison-Blanche, le président US ne doit de compte à personne, ni au Congrès (sauf pour des crimes justifiant sa destitution), ni à ses électeurs. Au contraire, en Europe, il existe une longue tradition d’interpellation du chef de l’État. Celui-ci ne doit pas craindre le contact direct avec le peuple. Ainsi est-il fréquent de voir un leader européen prendre un bain de foule, tandis que le président des États-Unis ne se déplace qu’en voiture blindée, encadré par de très nombreux gardes du corps.

Deux mises en scènes

Vladimir Poutine avait choisi une mise en scène grandiose : une vaste salle avec un large public, une émission de 3 h 30 (qui déborda même de 10 minutes). François Hollande avait opté, quant à lui, pour un décor moins solennel, un petit espace avec juste quelques dizaines de citoyens dans le public, et un format deux fois plus court, d’1 h 30 seulement. Dans les deux cas, il ne s’agissait pas de studios permanents, mais de salles spécialement aménagées pour l’émission, à la Cour des hôtes de Moscou et au Musée de l’homme à Paris.

 

Évidemment, les personnes habilitées à prendre la parole avaient été soigneusement sélectionnées. Au dernier moment, deux citoyens invités à s’exprimer sur France2 avaient été remerciés sur instruction de l’Élysée. Il semble qu’il s’agissait d’éviter une forme de colère et d’acharnement. En définitive, seuls quatre citoyens ont été autorisés à prendre la parole. La sélection par Télévision russe et le Kremlin fut plus simple, même si les intervenants furent bien plus nombreux, dans la mesure où les citoyens se succédaient rapidement au micro et que leur face-à-face avec leur président s’en trouvait d’autant plus limité.

 

Le studio russe recevait des téléspectateurs que l’on avait fait venir de province sous prétexte d’assister à un show, mais qui ignoraient jusqu’au dernier moment qu’ils participeraient à Ligne directe avec Vladimir Poutine. Cette procédure a considérablement allégé le travail des services de sécurité. En outre, la chaîne avait invité de nombreuses figures connues des sciences et de l’économie. Enfin, le président russe avait invité ses ministres et généraux à se joindre au public comme il est d’usage lors d’une conférence de presse officielle. Au total cela faisait 300 personnes. Au contraire, le public français n’était composé que d’anonymes ; François Hollande ayant choisi d’apparaître comme un citoyen ordinaire.

 

Dans les deux cas, il était possible de poser des questions par SMS ou par téléphone. En Russie, ce phénomène a pris une ampleur démesurée avec plus de 22 000 appels vidéos, 50 000 SMS et plus de 3 millions d’appels téléphoniques.

 

 

 

Deux présidents face à de mauvais résultats économiques

Les deux présidents se présentaient à leurs concitoyens avec un mauvais bilan économique. La Russie subit une forte récession (plus de 4 %), tandis que la France poursuit sa lente désindustrialisation et sa montée du chômage. Le contexte international, notamment le cours extrêmement bas du pétrole, est malheureusement défavorable à la Russie exportatrice, mais constitue une aubaine pour l’agriculture et l’industrie françaises importatrices. Pourtant, le président Poutine était à l’offensive lorsque son homologue français était sur la défensive.

Cependant, les Russes sont conscients que la récession est délibérément provoquée par les sanctions occidentales, tandis que les Français observent les bons résultats économiques de leurs partenaires de l’Union européenne.

 

Deux manières différentes de répondre aux questions

Le président Poutine a répondu aux questions en précisant ses positions. Lorsqu’un cas d’injustice lui était soumis, il a pris l’engagement de s’en occuper personnellement, ce qu’il a fait dès le lendemain. Mais il n’a jamais répondu en évoquant la création d’allocations sociales ou leur montant ; un sujet qu’il laisse à ses ministres. Il concevait son rôle comme celui d’un dirigeant qui expose les conséquences des diverses options dont il dispose, puis décide ce qui lui parait le mieux.

 

Au contraire, le président Hollande a répondu aux questions en listant les différentes mesures prises dans le même secteur par son gouvernement. Il s’agissait pour lui de montrer qu’il travaille efficacement en évoquant quantité de subventions et d’allocations, crées ou modifiées. Mais il n’a jamais répondu en évoquant des choix stratégiques qu’il faudrait trancher. Il concevait son rôle comme celui d’un redistributeur, n’intervenant pas dans la marche des événements, mais corrigeant des inégalités qu’elle produit.

 

Ce faisant, François Hollande a dés lors abdiqué de sa fonction et s’est abaissé au niveau d’un directeur d’administration centrale. Il n’était plus un leader, mais un haut-fonctionnaire appliquant une politique.

 

En matière intérieure, le président Poutine a souligné l’importance des différents partis comme contribuant à défendre des point de vue en définitive complémentaires et tous utiles au pays. Il apparaissait donc comme faisant une synthèse au-dessus des partis. Il n’a jamais évoqué ses ambitions personnelles.

 

En choisissant de débattre avec deux citoyens qui ont été présentés comme des opposants —un électeur du Front national et un participant à Nuit debout—, le président Hollande s’est jeté dans l’arène partisane. Même s’il a essayé de se placer en défenseur des institutions républicaines plus qu’en candidat de la gauche. Ce dispositif visait à le faire entrer dans la prochaine campagne électorale au cours de laquelle il souhaite briguer sa propre succession. Pourtant en sélectionnant un électeur du FN qui disait voter pour cette formation par colère, il semblait livrer une ancienne bataille. En effet, aujourd’hui, le vote Front national n’est plus une expression contestataire, mais traduit l’adhésion à un programme.

 

Pour manifester leur proximité, les deux présidents ont eu des stratégies fort différentes.

Vladimir Poutine a accordé la parole à des enfants. L’un d’entre eux lui a demandé s’il mangeait du porridge au petit-déjeuner et si ses goûts avaient varié avec le temps. Il a répondu avec gentillesse, montrant qu’il restait à la disposition de tous.

 

François Hollande a choisi de montrer ses émotions, évoquant l’annonce qui lui avait été faite quelques jours auparavant de la mort de trois jeunes soldats en mission. Là encore, il était en décalage avec la fonction présidentielle, un chef d’État n’ayant pas à justifier une position prise pour son pays par une émotion personnelle. On ne comprenait pas son trouble : si ces soldats s’étaient sacrifiés pour la Nation, il aurait dû les célébrer avec fierté comme des héros. Devait-on alors comprendre qu’il les avait envoyés mourir pour autre chose et qu’il s’en sentait coupable ?

 

Une question d’autorité

Au final, le message des deux hommes était radicalement différent.

Vladimir Poutine faisait preuve de disponibilité. Lorsqu’un citoyen lui pose une question qu’il avait déjà abordée, il demande aux journalistes de le laisser continuer et il précise qu’il n’est pas venu avec sa montre, prenant le temps pour chacun.

 

François Hollande préparait sa succession. Il venait, selon sa propre expression, « rendre des comptes » aux électeurs pour pouvoir les solliciter à nouveau. Il ne se pensait pas en président exposant les choix qui s’offrent au pays, mais se trouvait implicitement en position de quémandeur cherchant à prouver sa bonne foi.

 

Environ 60 % des téléspectateurs russes ont regardé, durant 3 h 40, le marathon du président Poutine. Moins de 15 % des téléspectateurs français se sont intéressés 1 h 30 à la campagne électorale de François Hollande. Ces chiffres correspondent globalement au soutien dont les deux hommes disposent dans leur pays ; un soutien sans rapport avec la situation économique, mais uniquement fondé sur leur autorité naturelle, leur manière de concevoir leur fonction.

Thierry Meyssan

Partager cet article
Repost0
25 avril 2016 1 25 /04 /avril /2016 17:29

Ne pas se laisser distraire, ne pas baisser la garde toujours revenir à l’essentiel qui  consiste pour les communistes encore encarté à tenter de ramener le PCF sur le terrain de la Lutte des Classes ensuite, en cas d’avancée non significative en ce sens  lors du prochain congrès, à créer une structure politique alternative à même de prendre le relais….

 

Il y a les hommes, les femmes, les fondamentaux pour cela, seules  la volonté politique et la détermination sont absentes. A  défaut nous en serions réduits à une éternelle reconduction de type soixante-huitard.

 

Quelques remarques lapidaires sur les expressions récentes d’origines diverses.

 

Lordon (sic le Monde diplomatique de mars 2016) roule pour Mélenchon. Ce  n’est pas une énième constitution, ou une nouvelle république  qu’il nous faut qui, d’une part ne peuvent émaner d’un melting pot ou chacun ne représente que Soi même, d’autre part d’un parlement élu à une date indéterminée, ou qui ne le sera peut être jamais,  mais développer les luttes sur une base de classe.

 

Contrairement à ce que j’ai lu « Merci patron »  de François Ruffin, l’expression ne date pas d’hier, n’a pas fait et ne fera pas mordre la poussière à Bernard  Arnault du groupe LVMH.

 

Hervé Kempf, est un « bon écolo » dans la foulée du GIEC et de Fabius,  j’en passe, propagateurs de fausses informations, les variations climatique ne sont pas d’origine anthropique mais la conséquences de phénomènes contre lesquels nous ne pouvons rien faire d’autre que lutter contre les pollutions et économiser les ressources fossiles. C’est un antinucléaire primaire,   pour connaître les conséquences de Tchernobyl mieux vaut visiter les sites scientifiques spécialisés tel http://www.irsn.fr/FR/Pages/Home.aspx , mais il y en a d’autres, plutôt que de lire sur le sien le témoignage d’une liquidatrice qui ayant passé, sic, 4 années à dépolluer, le couteau des rouges sur la gorge, est encore de ce monde, trente ans plus tard,  à 71 ans. Gageons que  la chute  de l’Union Soviétique qui a été suivie d’une baisse de l’espérance de vie de 15 à 20 ans en Russie, Biélorussie et en Ukraine a provoqué un nombre de victime beaucoup plus important.

 

Ce n’est pas cependant une raison suffisante pour faire n’importe quoi, situer les problèmes là ou ils ne sont pas et surtout jeter le nucléaire civil aux orties. Les centrales de 4ème génération au thorium  seront beaucoup plus sures et économes de matières premières, le projet franco belge ( https://youtu.be/lvk4wj_T9v0 ) , GUINEVER et MYRRHA, pilotés par ADS permettra de « brûler » les déchets et de faire en sorte que les résidus aient une durée de vie radioactive plus courte, source par ailleurs de progrès pour la médecine voire même pour le développement d’énergies renouvelables aujourd’hui hors de prix.

 

Sans oublier le projet international YTER  portant sur la fusion thermonucléaire, source d’énergie inépuisable. A traîner les pieds les Chinois, les russes les USA seront sur le marché avant nous. Il y a beaucoup à développer sur le sujet.

 

Il y a parmi les adeptes de nuit debout beaucoup de jeunes qui aspirent au changement, l’important est de les informer des véritables enjeux  afin qu’ils échappent aux chevaux de retour qui  s’agitent pour dévoyer le mouvement. Il ne faut pas leur laisser le champ libre comme à ces militant du Front et du parti de gauche qui  polluent  les défilés de la CGT à chaque manif. Je les ai rencontré, pratiqué,   j’y retournerai le 28 avril.

 

Les dirigeants auto proclamés de nuit debout n’ont pas à imposer leurs slogans lors du défilé du premier mai mais les associations de collégiens, lycéens, étudiants peuvent s’y associer à partir de leurs spécificités.

 

Je serais plus tendre avec Emmanuel Todd car je pense qu’un système d’économie mixte maîtrisé, tel que le keynésianisme, nous permettrait d’avancer à petits pas avant que les conditions du grand soir soit enfin réunies …

 

En urgence  il faut réactiver un système d’éducation populaire militant pour que chacun remette les pendules à l’heure de la nécessité d’aller jusqu’à l’appropriation collective des moyens de productions et d’échanges pour mettre un terme au servage moderne que constitue l’actuelle  condition salariale.

 

Tâche à la mesure de la déculturation de notre système éducatif, qui incite plus souvent à la soumission qu’à la remise en cause de l’exploitation de l’Homme par L’Homme, et des manipulations médiatiques au service des  financeurs et des décideurs apatrides qui jettent les peuples les uns contre les autres à seule fin de faire grossir leurs profits.

Partager cet article
Repost0
23 avril 2016 6 23 /04 /avril /2016 14:39

Par Gearoid O’Colmain

 

Le journaliste irlandais Gearoid O’Colmain s’est rendu place de la République à Paris pour y voir le mouvement « Nuit Debout ». À sa grande déception, ce que l’on présente comme une prise de parole citoyenne n’était qu’un rassemblement gauchiste. Ici, loin de voir dans le capitalisme « le stade suprême de l’impérialisme », on déplore les mensonges d’un grand patron, mais on ignore la financiarisation de l’économie et l’on célèbre les coups d’État maquillés du « printemps arabe ».

Réseau Voltaire | Paris (France) | 21 avril 2016

 

Dans son roman Voyage au Bout de la Nuit, Louis-Ferdinand Céline décrivait de manière provocante les soldats qui sont morts durant la Première Guerre mondiale comme des « idiots ». L’écrivain français faisait référence au fait que ces soldats avaient donné leur vie pour une cause qui n’était pas la leur — le massacre futile des pauvres pour le bénéfice des riches. Au long des nombreuses et pertinentes réflexions du livre sur la condition humaine, Céline note combien, dans la modernité, la rue en est venue à constituer le lieu des rêves. « Que fait-on dans la rue, le plus souvent ? On rêve. C’est un des lieux les plus méditatifs de notre époque, c’est notre sanctuaire moderne, la rue ».

 

Depuis que le gouvernement français a récemment introduit une législation réformant le droit du travail, un nouveau mouvement social « spontané » et sans leadership a pris racine à travers les villes de France — le mouvement Nuit Debout. Comme le suggère son titre, ce mouvement social se déroule pendant la nuit, et l’un de ses slogans est « Rêve Général ! » — un jeu de mots sur le terme « grève générale ». Donc, plutôt que d’appeler à une grève générale afin d’amener le gouvernement à genoux, les activistes appellent à rêver dans les rues !

 

Le mouvement a pris son envol après la sortie le 23 février du film du journaliste François Ruffin Merci Patron !, un film qui critique la ploutocratie française.

 

Bien que le film fasse la critique de l’avarice du capitalisme contemporain, il ne traite pas de la relation entre le capitalisme monopolistique, les guerres étrangères de conquête au service de l’accumulation de capital, la lutte des classes et la désinformation médiatique massive.

 

Le film de Ruffin n’expose pas non plus la complicité de toutes les officines médiatiques françaises dans des crimes de guerre et de génocide au Moyen-Orient et à travers l’Afrique, par la dissémination de mensonges et de désinformation sur le rôle de l’impérialisme occidental dans ces conflits. Il n’y a pas d’évocation du fait que la raison pour laquelle le président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo s’était fait kidnapper par les forces spéciales françaises en 2010 — son pays bombardé et son image démolie — tenait au fait qu’il avait défié le puissant Club de Paris, le cercle de banquiers français qui contrôlent l’argent de la néo-colonie africaine ; Gbagbo avait proposé que la Côte d’Ivoire imprime son propre argent — un geste courageux qui aurait permis à ce pays riche en ressources de construire sa propre base industrielle, indépendamment d’intérêts coloniaux.

 

Malgré le fait qu’il se trouve un stand sur la Place de la République affirmant exposer le rôle nuisible de la politique française en Afrique, il n’y a pas de réelles informations sur ce qu’est ce rôle, et aucun des intellectuels pan-africanistes ayant écrit sur le sujet n’a été invité à s’exprimer et à vendre ses livres. Le mouvement Nuit Debout est majoritairement blanc, et de la classe moyenne.

 

Le film de Ruffin échoue également à démontrer comment les patrons français des industries céréalières ont fricoté avec le terrorisme contre le peuple de Libye quand ils ont secrètement rencontré des traîtres libyens à Paris en novembre 2010, afin d’organiser le bombardement et la destruction du pays le plus riche et le plus démocratique d’Afrique.

 

La classe dirigeante française n’est pas seulement coupable de la destruction de siècles d’acquis sociaux des travailleurs français, ils sont complices de génocide et de crimes contre l’humanité. Alors pourquoi Ruffin n’en parle-t-il pas ?

 

Ruffin écrit pour des publications "gauchistes" qui ont soutenu les "rebelles" appuyés par l’Otan en Libye — des rebelles qui étaient en réalité des terroristes d’al-Qaïda au service de l’Otan. En 2011, le mensuel « de gauche » Le Monde diplomatique a publié un article sur la Libye affirmant qu’il n’y avait aucun doute sur la « brutalité du régime », en dépit du fait que tous les crimes imputés au colonel Kadhafi aient été perpétrés par les « rebelles » takfiristes.

 

Ruffin et les publications malhonnêtes pour lesquelles il écrit sont tous complices du génocide commis par l’Otan contre les peuples des états de l’Hémisphère Sud, du Moyen-Orient et de l’Afrique à l’Amérique latine.

 

Non, aucune de ces réalités inconfortables n’est décrite dans l’anti-capitalisme de Ruffin. En lieu et place, nous avons des slogans d’extrême gauche, de l’ironie de petit bourgeois et l’occupation écervelée d’une place publique par des jeunes, qui n’ont ni l’éducation ni l’expérience nécessaires pour comprendre les raisons structurelles et les implications profondes de la réforme du travail qu’ils affirment rejeter.

 

Le mouvement Nuit Debout n’est assurément pas spontané, il ne vient pas non plus de la base et n’est pas sans leadership, ainsi que le prétendent tellement d’observateurs.

Au contraire, il est le résultat de décennies d’analyse politique attentive de la part d’idéologues impériaux étasuniens. Depuis la dissolution non-démocratique de l’URSS en 1991, les États-Unis ont perfectionné une technique de changement de régime communément dénommée comme celle des « révolutions colorées ». La stratégie comprend la cooptation de slogans et de symboles gauchistes pour servir un programme de droite. Lénine et le parti bolchévique avaient plusieurs fois dénoncé Léon Trotsky pour l’utilisation de cette technique contre-révolutionnaire avant comme après la Révolution d’Octobre. C’est désormais devenu l’outil standard de la politique étrangère US.

 

La manipulation de la naïveté et de la rébellion de la jeunesse dans le but de renverser un gouvernement hostile aux intérêts US, ou la création d’un mouvement d’opposition « de gauche » dans les pays impérialistes conçu pour étouffer toute opposition réelle - c’est une stratégie que tout aspirant activiste a besoin d’étudier s’il espère s’engager dans des mouvements capables de réel changement social, politique et économique.

 

Le mouvement Nuit Debout est dirigé par des petits-bourgeois-Bohème qui ne comprennent pas ou peu le capitalisme contemporain. Le mouvement est organisé selon les mêmes principes que les révoltions colorées appuyées par les USA en Europe de l’Est et pendant le « Printemps arabe » — des slogans vides de sens, des jeux de mots stupides et un infantilisme politique. Bien que nous ne puissions pas encore le prouver, l’usage du poing fermé comme logo du mouvement couplé à celui de slogans débiles rappelle très fortement les stratégies et tactiques de CANVAS, le Center for Applied Non-Violent Actions and Strategies [Centre pour les Actions et Stratégies Non-Violentes Appliquées, NdT], une organisation de formation de la jeunesse proche de la CIA.

 

La classe dirigeante française a de toute évidence passé plus de temps à lire Marx que leurs prétendus adversaires. Car les alliés objectifs du capitalisme monopolistique en Europe aujourd’hui sont les gens comme François Ruffin et l’autre idéologue éminent de la bourgeoisie gauchiste dans ce mouvement, Frédéric Lordon — qui tous les deux camouflent la nature réactionnaire de leur pseudo-anticapitalisme ou, pour être plus précis, leur « anti-néolibéralisme », avec un mélange de sémantique alambiquée, d’attitude pseudo-intellectuelle et de slogans d’extrême gauche.

 

Il y a des milliers d’authentiques organisations issues de la base populaire en France, et ils obtiennent une grande part de leurs informations de médias indépendants comme Meta TV, le Cercle des Volontaires, le Réseau Voltaire et beaucoup d’autres. Une réelle analyse du capitalisme est fournie par des organisations communistes telles que l’OCF et l’URCF. Une critique bourgeoise cohérente de l’impérialisme français et européen est fournie par le parti politique UPR.

 

Les activistes de Nuit Debout parlent d’une « convergence des luttes » alors que des journalistes et des activistes provenant de ces organisations véritablement issues du peuple ont été escortés sous la contrainte hors de la Place de la République et dénoncés comme étant des « fascistes ». Les Antifas sont une organisation qui prétend combattre le fascisme mais passe le plus clair de son temps à attaquer tous les activistes authentiquement anti-impérialistes en souillant leur nom avec l’étiquette « fasciste ».

 

Les Antifas ont encore été actifs dans le mouvement Nuit Debout où de réels anti-impérialistes français tels que Sylvain Baron ont été forcés de quitter la Place.

 

L’auteur de ces lignes avait souligné à plusieurs reprises en 2011 que l’échec de la gauche à comprendre l’idéologie réactionnaire du « Printemps arabe », et le rôle des agences US dans son organisation et son exécution auraient de graves conséquences pour la politique progressiste. Dorénavant, des techniques similaires sont employées à travers le monde afin de criminaliser la vraie opposition anti-capitaliste et créer les conditions d’une dictature militaire. Les alliés objectifs de cette stratégie sont des anti-capitalistes petits-bourgeois comme François Ruffin et Frédéric Lordon ; ce sont des intellectuels putatifs et fantasmagoriques qui brillent dans les rues du monde onirique nocturne et métropolitain si éloquemment dépeint par Céline.

 

La représentation des guerres d’agression étrangères de l’impérialisme en tant que « révolutions » et « interventions humanitaires », mariée à la défense puérile de concepts vaseux comme « l’Europe sociale » — c’est là le rôle néfaste joué par ces « révolutionnaires » post-modernes, qui sont l’avant-garde de l’impérialisme réactionnaire. Une maladie quand l’auteur de ces lignes l’avait dénoncée en 2011, le pseudo-gauchisme a muté en une sérieuse pandémie planétaire. Si cette forme de gauchisme n’existait pas, l’impérialisme aurait été contraint de l’inventer. Le mouvement Nuit Debout s’étend maintenant à travers le monde. Les médias pseudo-gauchistes présenteront avec zèle ce mouvement comme une évocation mondiale du tableau de Delacroix La Liberté guidant le Peuple alors que malheureusement, il s’agit plutôt d’une sinistre version du Joueur de flûte de Hamelin.

 

Les soi-disant « anti-fascistes » de ce mouvement dénoncent comme « fascistes » ceux qui exposent les mensonges des médias corporatistes utilisés pour justifier les crimes des guerres étrangères de l’Otan — les guerres étrangères de l’accumulation du capital menées par les mêmes multinationales qui imposent domestiquement l’austérité et la lutte des classes ; mais ce sont eux qui sont les fascistes, ce sont eux qui sont les ennemis de la classe laborieuse !

 

La confusion idéologique est la grande pathologie politique de notre époque. Céline décrit la guerre et la maladie comme les deux « infinités du cauchemar ». L’écrivain français aurait pu inclure le fascisme parmi les cauchemars cités, la pernicieuse idéologie que son cynisme l’amena éventuellement à embrasser. L’on peut décrire les deux « infinités du cauchemar » contemporaines comme la prolifération de guerres d’agression et le triomphe de la répression capitaliste, due à la maladie politique du crétinisme d’extrême gauche qui a supplanté le mouvement travailliste au cours des 30 dernières années. Jusqu’à ce que notre jeunesse s’émancipe de l’influence pernicieuse de l’opposition sous contrôle et de l’idéologie pseudo-gauchiste — qui fait d’eux les idiots utiles du capitalisme monopolistique plutôt que des révolutionnaires — leur activisme de bon aloi est tragiquement destiné à précipiter le voyage au bout de la nuit de la civilisation.

 

Gearoid O’Colmain , correspondant du média indépendant American Herald Tribune à Paris, est un journaliste et analyste politique. Son travail se focalise sur la mondialisation, la géopolitique et la lutte des classes. Ses articles ont été traduits dans de nombreuses langues. Il est un contributeur régulier à Global Research, Russia Today International, Press TV, Sputnik Radio France, Sputnik English, Al Etijah TV, Sahar TV English, Sahar French et est également apparu sur Al Jazeera. Il écrit en anglais, en gaélique irlandais et en français.

 

Traduction
Lawrence Desforges

Partager cet article
Repost0
21 avril 2016 4 21 /04 /avril /2016 17:06
Les sponsors des « rebelles » les lancent dans un nouveau cycle de défaite
par Moon of Alabama

Repris sur Comité Valmy

 

L’administration Obama a manifestement décidé de relancer la guerre en Syrie. Elle a acheté et livré des milliers de tonnes d’armes nouvelles aux djihadistes, dont des MANPAD anti-aériens de fabrication étasunienne  et chinoise. La moitié des armes livrées par les sponsors à leurs mercenaires « rebelles » finissent régulièrement dans les mains d’Al-Qaïda en Syrie. On ne sera pas surpris d’apprendre, dans quelques semaines, qu’un avion civil a été abattu en Turquie ou ailleurs.

 

Il y a deux semaines, les « rebelles » soutenus par l’étranger, ont déjà violé le cessez-le-feu en prenant part à une grande attaque d’Al-Qaïda, au sud de la ville d’Alep. Plusieurs attaques « rebelles » ont eu lieu contre le quartier kurde de la ville d’Alep, faisant plus d’une centaine de morts parmi les civils. D’autres attaques ont eu lieu dans la province de Latakia, au nord.

 

Aujourd’hui, les « rebelles » annoncent qu’ils reprennent ouvertement les combats et ils ont ouvert de nouveaux fronts, y compris dans le nord de la province de Hama où des djihadistes « turkmènes » ouïgours ont envoyé deux kamikazes contre les positions du gouvernement syrien. ouvertem                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

Les pourparlers de Genève parrainés par l’ONU n’ont abouti à rien et le camp des « rebelles » les a maintenant suspendus pour reprendre les combats. Aujourd’hui, il ne restait plus que trois hommes dans l’équipe de négociation « rebelle » chapeautée par l’Arabie Saoudite. Ils continuent de poser la déchéance du président syrien comme condition à la poursuite des pourparlers sur un gouvernement d’unité, bien qu’une telle déchéance soit inconstitutionnelle.

 

L’armée syrienne a suspendu son offensive en cours contre l’État islamique. Elle avait projeté d’aller de Palmyre, récemment libérée, à Deir Ezzor, à l’est, qui est contrôlée par l’État islamique. Les troupes ont été rappelées pour protéger le peuple syrien contre la reprise des attaques des « rebelles » dans l’ouest de la Syrie. Cela correspond sans doute, aux projets qu’ont les Etats-Unis pour leur drôle de guerre contre ISIS.

 

Il y aura bientôt des rapports sur le retrait de l’armée syrienne de telle ou telle ville ou colline. N’y faites pas trop attention. Depuis l’intervention russe de l’année dernière, les troupes syriennes ont ordre de se retirer quand la pression devient trop forte. Pour limiter les pertes en hommes. Dès que l’ennemi prendra position, l’artillerie et l’armée de l’air s’en occuperont. Puis, quand l’ennemi aura été assez affaibli, l’armée syrienne et leurs alliés sur le terrain viendront réoccuper la position et si possible lancer une contre-attaque.

 

Suleiman, le général de la Garde révolutionnaire iranienne, est allé à Moscou, la semaine dernière. C’est après sa première visite, l’été dernier, que l’intervention russe a été planifiée et exécutée. Elle a conduit les « rebelles » au bord de la défaite. Leurs sponsors ont alors convenu d’un cessez-le feu et organisé des pourparlers à Genève. Le temps qui s’est écoulé depuis l’annonce du cessez-le-feu, le 27 février, a été utilisé par les Etats-Unis pour réarmer et repositionner les forces « rebelles ».

 

Il semble qu’on va assister à un nouveau cycle de combats. L’Iran a déployé au sol, en Syrie, des troupes régulières qui, même si elles n’ont pas encore reçu le baptême du feu, auront un effet certain. L’armée de l’air syrienne a été rééquipée et ses avions les plus anciens ont été rénovés. Les hélicoptères russes sont actifs sur le front syrien, et on y a vu récemment des nouveaux missiles balistiques « Iskander » de courte portée (200 km). La force aérienne russe peut en outre affréter des avions qui arriveront de Russie en quelques heures pour frapper des cibles fixes en Syrie. Des navires russes équipés de missiles de croisière croisent le long de la côte syrienne.

 

Il est ridicule de penser que les MANPADS et les systèmes anti-tanks TOW pourront modifier la situation sur le terrain de manière décisive. Je pense qu’il y aura quelques semaines de violents combats, après quoi les « rebelles » n’en pourront plus et seront à nouveau au bord de la défaite.

Moon of Alabama

18 avril 2016

Traduction : Dominique Muselet

Partager cet article
Repost0
19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 07:25

A quoi sert Michel Onfray ? 

par Jean-Claude Paye, Tülay Umay1

 

Dans un récent ouvrage, l'essayiste Michel Onfray ne se contente pas de déboulonner la statue de Sigmund Freud, il rejette l'ensemble de son oeuvre au motif que le personnage était trop méprisable pour pouvoir énoncer des règles qui soient utiles à l'homme de bien. Ses détracteurs ont défendu l'image du maître viennois et le business psychanalytique avec des arguments du même niveau. A l'écart de ce débat partisan, les sociologues Jean-Claude Paye et Tülay Umay dénoncent un courant de pensée qui, en refusant tout ordre symbolique, rend la démocratie impossible.

_9 MAI 2010__Depuis_Bruxelles (Belgique)_

 

La question essentielle, qui se pose lors de la sortie du dernier livre de Michel Onfray : Crépuscule d'une idole. L'affabulation freudienne est celle-ci : quel est le sens de la campagne médiatique destinée à imposer un ouvrage basé sur la falsification des faits comme un « livre évènement » ? Nous n'allons pas reprendre ici les éléments, que nous partageons, de la critique développée par Elisabeth Roudinesco .

 

Notre propos n'est pas de défendre la pratique psychanalytique, ni d'ailleurs Freud en tant que tel. Le personnage Onfray est un révélateur de la décomposition sociale actuelle. Dans la post modernité, quelque chose de notre humanité est touché et c'est de cette faiblesse que jouit l'auteur.

 

Ce cas nous intéresse dans la mesure où il obéit à une attitude spécifique de notre époque, celle du déni de tout processus de connaissance et de la nécessaire reconnaissance intellectuelle et symbolique qu'il implique. En opposition aux valeurs de la post modernité, il faut accepter que « je est un autre », que tout apport théorique ne se crée pas à partir de soi-même, mais s'inscrit dans un mouvement, dans un rapport à l'autre, dans une relation avec une extériorité. A l'inverse, Michel Onfray est un parfait exemple du mode opératoire, devenu aujourd'hui commun, qui consiste à affirmer que les choses existent puisqu'on les a énoncées.

 

Dans les propos développés, il nous est signifié que le manque doit être nié et que toute objectivité doit soit s'effacer ou être fétichisée. Celui qui occupe le devant de la scène a donc la capacité de créer une nouvelle réalité devant se substituer aux faits eux-mêmes. Toute possibilité de constitution d'une conscience, qui repose sur la séparation entre extérieur et intérieur, sur la distinction entre les faits et leur image, est ainsi anéantie.

 

Selon les paroles mêmes de son auteur, l'ouvrage serait le résultat de cinq mois de lecture, pendant lesquels, Michel Onfray aurait lu tout Freud et en aurait tiré un point de vue définitif. Cette prétention contraste fortement avec la multiplicité des débats contradictoires entre les diverses écoles de psychanalyse ou, par exemple, avec le travail de Jacques Lacan qui, après plus de cinquante ans de lecture, en était toujours, lui pauvre humain, à approfondir son interprétation et à faire évoluer ses hypothèses.

 

Alors que l'exhibition d'une telle toute puissance devrait prêter à sourire, elle est généralement tenue comme une garantie de la qualité de son « travail » et du caractère de « chercheur infatigable » attribué à l'auteur. M. Onfray est présenté comme l'icône de l'incarnation de la vérité comme « toute ». Il s'offre en tant que vérité qui se fait voir, qui ne se présente pas à la raison, mais au regard, à la pulsion scopique. Son livre n'est pas destiné à penser, mais à fournir une jouissance. Il s'agit d'une vérité qui s'énonce sans vouloir se heurter, ni aux faits, ni à une interprétation. Elle n'est pas relative, elle se présente comme la chose absolue. Elle n'a besoin d'aucun support, d'aucune extériorité. Elle est la theoria qui se fait monde et qui jouit d'elle-même. Simplement, Onfray fait une fixation sur Freud qu'il réduit à une image rivale.

 

_Sa « lecture » de Freud présente deux caractéristiques complémentaires. En l'absence de références travaillées, elle ne doit rien à personne, elle ne se fonde formellement que sur elle-même. Il s'agit du travail d'un « self made man ». _Enfin, il s'agit d'une lecture à la lettre. Si Freud a théorisé la pulsion de mort et a montré son rôle dans l'histoire des sociétés humaines, c'est qu'il est un adepte de l'abandon à ce mécanisme pulsionnel. Sa théorisation est ainsi anticipation de la barbarie nazie et porterait une responsabilité des génocides commis. Une identité est établie entre l'énonciation du mot et la chose elle-même. Comme disent les enfants : « c'est celui qui le dit qui l'est ».

 

Aussi, Freud, en faisant du meurtre du père imaginaire, donnant existence à un père symbolique, un principe fondateur d'une société spécifiquement humaine, aurait assassiné Moïse, le père de la loi judaïque, favorisant ainsi la solution finale des nazis contre le peuple juif. Pour Onfray, la thèse attribuée à Freud selon laquelle : « Moïse n'est pas juif, mais Egyptien et que, par conséquent le peuple juif n' a été qu'un peuple d'Egyptiens » fleurterait avec l'antisémitisme. Ainsi, toute conception de l'histoire qui veut rompre avec l'essentialisme et la catégorie de race serait en soi antisémite. _Notre philosophe hédoniste veut se soustraire à l'humanité en tant qu'historicité, en tant que devenir. Il s'oppose à la loi symbolique posée par Freud. Aussi, il ne veut pas tuer le père, mais occuper sa place. Grâce au déni de la fonction du père, il n'y a plus de dette symbolique entre les générations, d'articulation entre l'objectivité et la subjectivité. Pour l'enfant tout puissant, les choses n'existent qu'au moment où il les énonce. Ainsi, il est dans l'air du temps, comme rouage d'une machine déjà bien huilée.

 

 Historiquement, la psychanalyse a été combattue par les régimes fascistes et nazis, comme « science des juifs », et stigmatisée par la droite catholique, à cause sa référence à la sexualité. Si le philosophe athée et hédoniste se trouve en une telle compagnie, ce n'est pas pour les mêmes raisons. Dans les Etats fascistes et nazi, ce qui fait lien entre les hommes est mythique. A l'ordre symbolique, au lien social, doit se substituer l'imaginaire. Dans la post modernité, dont Michel Onfray est un héraut, ce qui explique sa grande médiatisation, tout ordre symbolique, même imaginaire, doit être anéanti. L'enfant tout puissant, figure centrale de cette nouvelle période historique, ne peut connaître aucune limite. La dimension sociale de l'humain est déniée. A l'ordre de l'Ancien testament qui repose sur la gestion de la violence, Michel Onfray oppose une humanité hédoniste, uniquement habitée par la pulsion de vie, orchestrée par un dieu païen prônant une jouissance sans limite. Si on n'est pas aveuglé par cette notion d'un dieu solaire, on retrouve là la spécificité des valeurs de la post modernité.

 

Si, depuis toujours, la psychanalyse a été un enjeu de confrontations, les attaques actuelles sont d'un autre ordre. Actuellement, il ne s'agit plus de la confronter, mais de la diaboliser, de la forclore. La Grande-Bretagne, pays aux quatre millions de caméras de surveillance et qui a déjà supprimé l'essentiel des libertés individuelles, est à la pointe de ce combat. Un projet de loi est en discussion visant à empêcher concrètement sa pratique. Cet exemple extrême fait partie d'une tendance générale. Ce livre en est un élément. Pour dénier la psychanalyse, tout est bon : inventer des faits, fabriquer des révélations, privilégier la rumeur face au réel.

 

Dans cette entreprise, l'auteur est assuré d'obtenir tout le soutien nécessaire. Ce qui est dérangeant dans la psychanalyse, c'est qu'elle repose sur le manque, qu'elle montre à l'homme que sa condition l'empêche d'être le tout. Dévoilant sa castration à l'individu, elle fait de la reconnaissance de celle-ci, la condition de l'émergence d'une parole. A l'opposé de M. Onfray, elle nous montre que l'existence d'une société humaine repose sur l'interdiction de l'inceste, non pas du corps à corps dans lequel on est habitué à la penser, mais dans la séparation de l'individu d'avec la mère symbolique, aujourd'hui l'Etat maternel. Les concepts élaborés par la psychanalyse sont un instrument indispensable pour faire face au déni de l'humain. Ils nous sont nécessaires pour sortir d'un processus de régression qui nous ramène au stade le plus primaire du narcissisme, celui de l'auto-érotisme, dans lequel Onfray veut s'enfermer.

 

L'assurance présentée par l'auteur est celle d'un concessionnaire du monopole de la paroe que s'est octroyé la machine étatique à produire des images. Toute exigence d'éléments réels, destinés à étayer les propos de l'auteur, est retenue, par lui, comme insulte et rejetée au nom de la place de la victime qu'il s'est réservée. Sacralisé, il peut éviter toute confrontation. Pour faire face au discours développé dans ce livre et surtout à la campagne médiatique qui le promotionne, il ne suffit pas de remettre les faits dans leur contexte. Afin de ne pas être parlé par les images présentées (Freud cocaïnomane, immoral, plagiaire, infidèle, fasciste, incestueux, soumis à l'argent...) et afin de s'attaquer aux fétiches exhibés comme preuves, il faut reconquérir le territoire du langage et renverser le règne de l'image.

 

Actuellement, la décomposition du rapport social est telle que l'installation d'une structure politique démocratique passe par le rétablissement d'un ordre symbolique. Ce ne sont pas uniquement nos libertés qui sont attaquées, mais ce qui fait de nous des humains. C'est cette position de faiblesse qui autorise, aujourd'hui, l'enfant tout puissant à exprimer son mépris de tout ce qui pourrait limiter sa jouissance. La spécificité de la psychanalyse, c'est justement de montrer qu'il n'y a d'Homme que parlant et cela au moment ou on nous intime de nous taire et de nous abandonner. Afin de recomposer un langage, la psychanalyse est indispensable. Ceci explique l'interrogation de Roudinesco :« Pourquoi tant de haine ? ».

 

1 Sociologue. Née en Anatolie, elle vit en Belgique. Elle travaille sur les structures sociales et psychiques de la postmodernité. Comme support concret de cette recherche, la question du voile dit « islamique » est objet d'étude privilégié, non comme objet en soi, mais comme symptôme de notre société.

Partager cet article
Repost0
18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 17:31

Extrait, en italiques, du rapport d’introduction au débat d’orientation budgétaire

( L'intégralité ) ou  le bureau des pleurs

Par  madame Leroux Maire

 

Les recettes de fonctionnement

 

  1. Dotations subventions et participations

 

Cette année encore, on constate une diminution de 22 % des recettes réelles de fonctionnement. La contribution au redressement des finances publiques due au titre de la DGF en 2014 s’était élevée à 31 473 €. A partir de 2015, la collectivité a supporté, à la fois la contribution appliquée en 2014 à laquelle a été  ajoutée la contribution supplémentaire de 2015 ce qui a représenté une perte de 97 058 € soit près de 17%. Puis en 2016  à nouveau, la perte de 2014 cumulée à la perte de 2015, auxquelles il convient de rajouter celle de 2016 pour atteindre une perte globale d’environ 186 000 € soit - 41% par rapport à 2014.

 

Pour l’année 2017 annoncée comme étant la dernière année de contribution, pour Villiers sur Orge on estime la perte à 264 000 €, c’est-à-dire un montant quasiment nul (environ 8 000 €) pour la dotation globale de fonctionnement. Cependant il est possible d’espérer une perte plus faible liée à l’augmentation de population.

 

Notons déjà que le dernier alinéa est incohérent : Si la perte estimée pour 2017 est de 264 000 elle n’est donc pas quasiment nulle. Ou ces chiffres ont-ils été récupérés ? En outre toute augmentation de population induit des charges supplémentaires.

 

Le reste est à l’avenant, et contradictoire, sans doute du copier coller de sources diverses n’ayant même pas été l’objet d’une relecture,  c’est la preuve que madame Leroux et son premier commis ne maîtrisent pas le dossier. C’est grave docteur.

 

Qu’on en juge :

 

2014 moins 31 473 sur la Dotation forfaitaire de fonctionnement par rapport à 2013,

2015 réduction supplémentaire,   les deux cumulées représentent  une perte de 97 058 euros pour la commune que nous devrions retrouver sur le compte administratif qui sera voté en Juin de cette année.

 

2016 nouvelle réduction de 88 942 euros par rapport à la dotation de 2015 (186 000 – 97 058)

 

En toute logique la dotation forfaitaire de 2015 aurait du être inférieure de 88 942 euros par rapport à celle de 2015 or,  elle apparaît  amputée de 203 815 euros. (Compte 74 11 : 475 870 euros en 2015 – 272 055 en 2016 = 203 815 euros) ¹

 

Notons également la présentation fallacieuse qui consiste à faire tendre la courbe ² DGF 2017 vers Zéro après l’annonce de la fin de la contribution de la commune  au redressement des finances publiques pour le même année, ce qui montre que l’excédant cumulé des exercices précédents,  503 000 euros, pour la section de fonctionnement aurait largement permis de passer ce cap difficile mais il fallait coûte que coûte justifier la suppression de l’abattement à la base qui ne s’imposait pas.

 

 

Ceux qui l’ont approuvée se sont laissés  berner, les autres n’ont rien compris au film, c’est  un subterfuge  qui consiste pour  madame Leroux à retrouver une capacité d’autofinancement, + 210 000 de recettes annuelles supplémentaires sur le dos du contribuable local dans la perspective d’un troisième mandat tout en en rejetant la responsabilité sur l’actuelle majorité gouvernementale. Elle vous appellera demain à voter pour le candidat du parti républicain dit LR, ex UMP pour se faire oublier,  qui, une fois élu, fera la même chose que le sortant sorti à force de reniements.

 

Mais ce n’est pas encore suffisant, la majorité municipale a décidé de vendre une nouvelle tranche du patrimoine, pour faire bonne mesure, au motif de travaux de mise en conformité de  la maison d’habitation 22 impasse pasteur sur 500 m2 de foncier, d’un montant  trop lourd,  40 000 euros selon madame le maire,  alors  qu’elle  dispose d’un excédent d’investissement de 100 000 euros.

 

Et pendant ce temps là les dotations au Centre Communal d’action Sociale (CCAS) sont restées  au niveau ou elles étaient en 2012, les subventions à la vie associative ont stagné ou régressé alors que la population et le nombre de personne en difficultés ont augmenté.

 

Par contre les indemnités versées aux élus ont progressé alors que pour être cohérents avec leur démarche ils auraient du eux aussi,  subir les   affres du redressement des finances publiques.

 

Mais il est vrai qu’on n’est jamais si bien servi que par soi même.

 

Renvois :

 

¹

 

 

Pour mémoire

Budget précédent

Proposition

Nouvelle      

Vote du conseil

74(total)

Dotations, subventions,participations

841 172,00

675 055,00

675 055,00

74 11

Dotation forfaitaire

475 870,00

272 055,00

        272 055,00

74 121

Dotation solidarité rurale

  36 000 ,00

38 000,00

38 000,00

74 127

Dotation nationale de péréquation

  12 000,00 

0,00

0,00

74 712

Emplois d’avenir

39  345,00

46 452,00

46 452,00

74 718

Autres

27 590,00

36 101,00

36 101,00

74 748

Autres organismes

204 055,00

240 550,00

240 550,00

74 833

Compensation au titre de la CET

500,00

423,00

423,00

74 834

Compensations exonérations taxes foncières

29 401,00

28 268,00

28 268,00

74 835

Compensation exonération Taxe Hebitation

16 411,00

13 449,00

13 449,00

 

 

Courbe ² extraite du rapport d’introduction au débat d’orientation budgétaire présenté par madame le maire le 22 mars 2016

 

 

Pour compléments d’informations se rendre sur  ACPV      compte rendu conseil du 22-03-2016

 

A titre informatif : De quoi souffre l’économie française? (http://www.insee.fr/fr/themes/theme.asp?theme=8&sous_theme=4&type=2&nivgeo=0&produit=OK)

 

 

Déficit global : 75,1 milliards d’euros dont 32,3 avec l’Union Européenne. 41,3 pour l’Europe entière.

Ce ne sont que les chiffres officiels.

 

C’est ça pour l’essentiel l’origine de la dette encore plus que la Chine et les pays émergents. Mais les partis institutionnels ne veulent pas en entendre parler.

Partager cet article
Repost0
16 avril 2016 6 16 /04 /avril /2016 16:28

Par Tülay Umay

 

Sociologue. Née en Anatolie, elle vit en Belgique. Elle travaille sur les structures sociales et psychiques de la postmodernité. Comme support concret de cette recherche, la question du voile dit « islamique » est objet d’étude privilégié, non comme objet en soi, mais comme symptôme de notre société

 

La nouvelle loi française pénalisant les clients des prostitués est censée lutter contre la prostitution. En réalité, elle ne fera que déplacer le commerce de rue dans d’autres lieux. Pour le Parti socialiste, il ne s’agit donc pas d’abolir la prostitution, mais d’instaurer une morale publique ; une morale si éloignée de la vie quotidienne qu’elle est contrainte d’imposer un double langage sur ce phénomène. Et si, ce qui gêne dans la prostitution, ce n’est pas le sexe, mais le pouvoir des femmes ?

Réseau Voltaire | Bruxelles (Belgique) | 14 avril 2016

 

 

Sans aucun doute, aujourd’hui, de très nombreux prostitués ne sont pas libres de leur choix. Mais ce constat permet-il de chercher à prohiber l’ensemble de cette activité ? Et si ce débat en cachait un autre ?

 

Ce 6 avril, le long parcours législatif de la proposition de loi « renforçant la lutte contre le système prostitutionnel » [1] est arrivé à son terme. Déposée en octobre 2013, elle aura connu trois débats et trois votes dans chacune des deux assemblées parlementaires. Elle est finalement adoptée par l’Assemblée Nationale, à qui revient le dernier mot en cas de désaccord avec le Sénat. La loi conclut ainsi une volonté politique exprimée dès 2011 par le Parti socialiste français [2]. Le désaccord entre la Chambre et le Sénat portait sur la question de la pénalisation des clients, la majorité des députés étant en faveur de la mesure, la majorité des sénateurs y étant opposée. « L’achat d’acte sexuel » [3] est sanctionné par une amende de 1 500 euros maximum. En cas de récidive, celle-ci pourra s’élever à 3 750 euros.

 

Introduire la double pensée dans le droit

En supprimant le délit de racolage et pas seulement celui de « racolage passif », installé par Nicolas Sarkozy en 2003, la loi reconnait la pleine légalité de l’activité des prostituées. Or, en même temps, elle fait de l’achat d’actes sexuels, une infraction pénale, c’est-à-dire un acte systématiquement illégal. Ainsi, se prostituer, une activité devenue totalement légale, génère un acte pénalement réprimé, celui d’avoir recours aux services d’une prostituée.

 

Le déni de l’opposition entre ces deux éléments installe un clivage dans la loi, en faisant coexister deux affirmations contradictoires qui se juxtaposent, sans tenir compte l’une de l’autre. La procédure a été mise en évidence par Orwell dans sa définition de la « double pensée ». Elle consiste à « retenir simultanément deux opinions qui s’annulent, alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux » [4]. L’absurdité du non rapport entre deux énoncés qui s’annulent est un coup de force contre le fondement logique du langage. L’opération place le sujet dans le morcellement, dans l’incapacité de réagir face au non sens de ce qui est dit et montré.

 

La loi produit ainsi, en parallèle, deux propositions incompatibles, deux énoncés qui s’excluent logiquement, mais qui sont maintenus ensemble, au nom de la volonté gouvernementale de considérer qu’une personne prostituée est par essence victime. Celle-ci devient une personne qui ne peut parler et à laquelle le pouvoir « prête » sa voix. Elle devient objet de sa morale.

 

La procédure de double pensée anhilile la fonction de la loi qui est d’établir des règles claires et applicables, afin de limiter l’arbitraire du pouvoir. Elle donne donc un savoir absolu au gouvernement et installe une loi morale, une loi expression du surmoi, basée non sur la raison, mais bien sur des valeurs, celle de l’amour dû à la victime

 

Ainsi, le statut de victime naturelle, « d’infans », donné à la prostituée est au service du gouvernement. Il lui permet de parler à sa place, en affirmant savoir mieux qu’elle quels sont ses véritables intérêts. Le statut de victime place ces femmes hors langage. Il ne leur permet pas d’opposer leurs intérêts particuliers à l’universalité de l’image de la femme, dont le pouvoir est le représentant.

 

Elle permet alors au gouvernement de promouvoir, au nom de la défense des prostituées, une législation rejetée par celles qu’elle est censée protéger. Pourtant, l’opposition à la pénalisation du client est aussi le fait de leurs organisations, dont le collectif Droits et Prostitution, principale organisation française créée par des travailleuses et travailleurs du sexe.

 

Une loi « pour éduquer à l’amour et aux relations de genre »

Le texte, inspiré de l’expérience suédoise qui pénalise les clients depuis 1999, crée aussi une peine complémentaire sous la forme d’un « stage de sensibilisation aux conditions de la prostitution ».

 

Ce dernier point s’inscrit en droite ligne des motivations déjà exprimées, lors du dépôt d’une première proposition de loi fin 2011. Les élus avaient alors insisté sur le caractère éducatif de leur démarche, en complétant l’amende par un séjour obligatoire dans « une école de clients », afin de les éduquer « à la santé et aux relations de genre ». Ainsi, les députés, à l’appel de tous les présidents de groupe, gauche et droite confondues, affirmaient officiellement « la position abolitionniste de la France ». Ils considéraient « que la prostitution est exercée essentiellement par des femmes et que les clients sont en quasi-totalité des hommes, contrevenant ainsi au principe d’égalité entre les sexes ».

 

Cette position fonde aussi la loi actuelle. Elle fait référence au « modèle suédois » en faisant de la prostitution une question de genre en exprimant qu’« il n’y aura pas d’égalité possible entre les hommes et les femmes tant que l’on pourra louer ou acheter le corps des femmes ». Ainsi, Inger Segestrom, députée et présidente de la Fédération des femmes sociale-démocrates suédoises à l’époque, avait déclaré sur le site MyEurope.info : « Il s’agit pour nous de marquer que la société n’accepte pas qu’un homme puisse acheter une femme pour son plaisir. Cela a très peu à voir avec la sexualité. Il s’agit d’une question de pouvoir et d’égalité ».

 

Une opération de déplacement

Prenant la forme d’une dénégation, la déclaration d’Inger Segestrom est particulièrement intéressante. Elle fait ressortir le problème en le niant. Il s’agit bien d’une volonté des gouvernements de contrôler la sexualité et de produire des modes de jouissances, sous le couvert d’une volonté de promouvoir l’égalité des sexes.

 

Quel peut être le sens d’une loi visant à s’attaquer à la prostitution de rue et à laisser subsister et même se développer d’autres formes moins visibles, escort girls ou prostitution sur le Net. La prostitution de rue est ciblée car elle rend visible un réel qui s’oppose à l’image de la femme, dont le pouvoir politique est le représentant et le promoteur. La loi s’inscrit ainsi parfaitement dans la post-modernité, dans un processus d’effacement du corps pour assurer le règne de l’icône, de la dématérialisation du réel.

 

Prétendant éradiquer la prostitution en punissant le client, cette loi se veut abolitionniste. En ne s’attaquant qu’à sa partie la plus visible, la prostitution de rue, elle se révèle dans les faits prohibitionniste. La prohibition, contrairement à l’abolition, ne supprime pas la chose, mais la dénie. Elle déplace la prostitution de la visibilité vers l’invisibilité. Par la même, cette loi supprimera toute limite à l’exploitation de ces femmes. Les prostituées seront rejetées là où la violence pourra, à l’abri du regard, agir sans entrave.

 

Une loi morale

Pour les citoyens, le résultat de cette législation sera de permettre de suspendre le réel. Si on décide de ne pas la voir, la prostitution n’existera plus.

 

Le texte a pour objet de supprimer « un lieu » et non la prostitution elle-même. Cela aura une double conséquence. Premièrement, la loi ne fonctionnera plus comme organisation de l’extériorité, mais comme modelage de l’intériorité. La loi ne sera pas faite pour être respectée, mais pour être constamment violée dans la crainte et la culpabilité. À la régulation de la jouissance du corps, cette loi oppose une injonction de jouir de l’image de la dignité humaine. Elle est avant tout installation d’un surmoi, producteur de valeurs.

 

Deuxièmement, n’ayant plus de lieu délimité, la prostitution se généralisera à l’ensemble de l’espace sociétal. Le modèle suédois, sur lequel les députés « abolitionnistes » s’appuient pour soutenir leur proposition de pénalisation des clients, est éclairant. Dans ce pays, la prostitution de rue a bien baissé de moitié, mais sont toujours en activité les lieux voilés du sexe tarifé que sont les salons de massage et autres clubs.

 

Surtout, une grosse partie du marché de la prostitution se déroule désormais sur internet. Ce dernier support permet une extension de la prostitution à l’ensemble de la société, non plus limitée à une partie du corps lui-même, mais à son image. Par le biais de forums de discussion, les clients potentiels prennent ainsi contact avec des jeunes.

 

Cette loi aux accents féminismes, qui annule la voix des femmes concrètes, est en fait au service de la forme post-moderne du pouvoir. Elle est donc au service d’une machine jouissante incarnée par la figure de la « Mère symbolique » qui n’est ni homme, ni femme, mais le tout totalitaire qui n’a pas de manque. Cette figure de la marâtre, transmise par les contes de la tradition orale, est particulièrement en concurrence avec celle du féminin, le masculin étant déjà défait par la première modernité. Dans sa relation au client, la prostituée indépendante occupe au contraire une position qui lui permet de n’être pas toute soumise à cet ordre et d’avoir une maîtrise sur son réel. C’est cette subversion féminine qu’il s’agit d’annuler.

Tülay Umay

 

[1] « Loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées », le 7 avril 2016. Dossier législatif.

[2] « La prostitution et l’image de la Femme », par Tülay Umay, Réseau Voltaire, 29 juillet 2011.

[3] « Le fait de solliciter, d’accepter ou d’obtenir des relations de nature sexuelle d’une personne qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle, en échange d’une rémunération, d’une promesse de rémunération, de la fourniture d’un avantage en nature ou de la promesse d’un tel avantage est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe » (futur article 611-1 du Code Pénal).

[4] George Orwell, 1984, première partie, chapitre III, Gallimard Folio 1980, p.55.

Partager cet article
Repost0