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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 18:19

par Pépé Escobar repris sur comité Valmy

Militaires chinois défilant sur la place rouge à Moscou

 

Dans son ouvrage fondamental La chute de Rome – Fin d’une Civilisation, Bryan Ward-Perkins écrit : « Les Romains avant la chute étaient eux aussi convaincus que nous le sommes, nous aujourd’hui, que le monde resterait, pour l’essentiel, tel qu’il était. Ils avaient tort. À nous de ne pas répéter leur erreur et de ne pas nous bercer d’une fallacieuse assurance. »

 

L’Empire du Chaos, aujourd’hui, n’est pas coupable d’une fallacieuse assurance. Ses moteurs sont l’arrogance et la peur. La question centrale depuis le début de la Guerre froide fut de savoir qui contrôlerait les grands réseaux commerciaux d’Eurasie, l’épicentre du monde (heartland) selon Sir Halford John Mackinder (1861–1947), le Père de la géopolitique.

 

On peut affirmer qu’en ce qui concerne l’Empire du Chaos, la partie a vraiment débuté avec le coup d’État soutenu par la CIA en 1953 contre le régime iranien, qui fut la première incursion des États-Unis dans les fameuses Routes de la Soie qui sillonnaient l’Eurasie depuis des siècles, et qu’ils décidèrent de conquérir.

 

À peine soixante ans plus tard, il apparaît clairement que la Route de la Soie du XXIe siècle ne sera pas américaine, mais bien chinoise, comme les précédentes.

 

La politique qu’entreprend Pékin de construire ce qu’il appelle Une Ceinture, une Route s’inscrit dans le conflit de ce XXIe siècle qui oppose l’Empire déclinant au processus d’intégration eurasienne. La constante expansion de l’Otan, ainsi que l’obsession qu’a l’Empire de provoquer un conflit armé en mer de Chine méridionale, sont des points de friction sous-jacents, mais pour autant essentiels à ce conflit.

 

Pour résumer l’analyse des acteurs du partenariat stratégique Pékin–Moscou, les élites oligarchiques, qui sont réellement aux manettes de l’Empire du Chaos, ont comme priorité l’encerclement de l’Eurasie, conscientes qu’elles sont de leur exclusion de ce processus d’intégration basé sur les échanges commerciaux et des liens de communication sophistiqués.

 

Pékin et Moscou démasquent chacune des provocations qui leur sont adressées, couplées à des tentatives continuelles de diabolisation dans les médias. Mais Moscou et Pékin ne se laisseront pas piéger, car ils jouent tous deux une partie d’échecs de longue haleine.

 

Le président russe Vladimir Poutine s’applique, de façon très diplomatique, à traiter l’Occident comme partenaire. Mais il est conscient, comme tous ceux qui savent en Chine, que l’Occident n’est pas réellement un partenaire. Certainement pas à la suite des 78 jours de bombardement de Belgrade en 1999, ni du bombardement délibéré de l’ambassade de Chine dans cette même ville. Pas pendant que l’expansion de l’Otan se poursuit. Pas après une nouvelle tentative de recréer la situation du Kosovo en soutenant un coup d’État illégal à Kiev. Pas après la manipulation à la baisse des prix du pétrole par les pays du Golfe, clients des États-Unis. Ni après les sanctions imposées à la Russie par les États-Unis et l’Union européenne. Pas plus qu’après que Wall Street eut provoqué la chute du rouble. Ni suite à l’effondrement des actions prioritaires (A-shares) chinoises, lancé par des acteurs mandatés par Wall Street. Pas après les multiples provocations militaires en mer de Chine méridionale. Ni, enfin, après la destruction du Soukhoi-24 russe en Syrie par un chasseur turc.

 

La paix ne tient qu’à un fil

Un retour en arrière sur les événements qui ont mené à l’attaque sur le Soukhoi-24 russe est instructif à plusieurs égards. Obama a rencontré Poutine. Peu après, Poutine a rencontré Khamenei. Le sultan Erdogan avait de quoi s’inquiéter. En effet, une solide alliance russo-iranienne était en train de se dessiner à Téhéran. La destruction du Soukhoi-24 a eu lieu le lendemain.

 

Hollande a rencontré Obama. Puis Hollande a rencontré Poutine. Erdogan devait penser qu’il venait de créer le prétexte idéal pour faire entrer l’Otan en guerre, qui pouvait être déclarée en vertu de l’Article 5 de la Charte de l’alliance. Ce n’est pas un hasard si l’État en déliquescence qu’est l’Ukraine a été le seul pays à s’empresser de soutenir l’agression turque contre le chasseur russe. Sauf que l’Otan s’est rétractée, probablement terrifiée ; l’Empire n’était pas préparé à l’éventualité d’un conflit nucléaire.

 

Du moins pas encore. Napoléon avait compris que ce sont de micro-événements qui façonnent l’Histoire.

Tant que cette Guerre froide 2.0 perdure, nous étions, et resterons, à un fil du conflit nucléaire.

 

Quelles que soient les évolutions du prétendu processus de paix en Syrie, la guerre par procuration que se livrent Washington et Moscou continuera, parce que c’est la grille de lecture que partagent tous les think tanks qui influencent la politique étrangère arrogante de l’Empire.

 

Sur tout l’échiquier politique de l‘Empire, depuis les néoconservateurs messianiques jusqu’aux néolibéraux conservateurs, la seule issue désirable à ce conflit est le dépeçage de la Syrie. Le système Erdogan engloutirait le Nord, Israël engloutirait le Plateau du Golan riche en hydrocarbures, et les agents de la Maison des Saoud engloutiraient les déserts orientaux.

 

Par son intervention militaire, la Russie a littéralement fait voler en éclats ce plan détaillé, parce que l’étape suivante à ce démembrement de l’État syrien aurait vu entrer en scène une coalition rassemblant Ankara, Riyad et Washington (qui auarit dirigé en coulisses), dont l’objectif aurait été d’ouvrir une autoroute du djihad en direction du nord vers le Caucase, l’Asie centrale et le Xinjiang chinois (on dénombre déjà au moins 300 Ouïghours chinois combattant sous la bannière Daesh). Comme toutes les tentatives de l’Empire de s’incruster dans le processus d’intégration eurasiatique ont échoué, quoi de mieux que d’essayer de saborder cette intégration en lui infusant le poison de l’islamisme radical ?

 

Du côté chinois, quelles que soient les provocations de l’Empire du Chaos, elles ne parviendront pas à faire dévier Pékin de son objectif en mer de Chine méridionale, ce vaste bassin regorgeant de ressources en hydrocarbures inexplorées constituant un corridor naval sur le flanc oriental de la Chine. Pékin poursuit inexorablement sa transformation, à l’horizon 2020, en une formidable puissance navale (haiyang qiangguo).

 

Quand bien même Washington fera pleuvoir 250 millions de dollars d’aide militaire au Vietnam, aux Philippines et en Indonésie dans les deux prochaines années, cela ne servira pas à grand-chose. Toutes ces manigances militaires de l’Empire devront prendre en compte, par exemple, le missile balistique hypersonique DF-21D tueur de porte-avions, d’une portée maximale de 2 500 kilomètres et capable de transporter une ogive nucléaire.

 

Sur le front économique, la relation Washington-Pékin restera le terrain privilégié du conflit par agents interposés. Washington pousse son Accord de partenariat transpacifique (de son acronyme anglo-saxon TPP), tel une sorte de pivot vers l’Asie de l’Otan. Cela reste pour le moment un effort vain car 12 États membres doivent encore le ratifier, et pas des moindres, le Congrès américain y étant particulièrement hostile.

 

Face à cette stratégie impériale unidimensionnelle, le président chinois Xi Jinping élabore, de son côté, une stratégie complexe à trois volets :

1.La parade au TPP qu’est la Zone de libre-échange d’Asie Pacifique (FTAAP)
2.La très ambitieuse politique Une ceinture, une Route
3.La parade chinoise à la Banque asiatique de développement (ADB, entité contrôlée par la Banque mondiale, les États-Unis et le Japon) qu’est la nouvelle Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), dotée de suffisamment de moyens pour financer une avalanche de projets dans la région.

 

Pour l’Asie du Sud-Est par exemple, les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’an dernier, la Chine a été le principal partenaire de l’ASEAN (Association des nations d’Asie du Sud-Est), pour un montant de 367 milliards de dollars. Ces chiffres ne feront qu’augmenter au fur et à mesure que la politique Une Ceinture, une Route prendra du galon, et qui est destinée à absorber 200 milliards de dollars d’investissements chinois d’ici à 2018.

Une relecture d’Au cœur des ténèbres

Les perspectives pour l’Europe sont maussades. Le chercheur franco-iranien Farhad Khosrokhavar est l’un des rares analystes à avoir cerné le cœur du problème. Selon lui, une armée réserviste de djihadistes sur le territoire européen continuera d’être alimentée en recrues par les bataillons de jeunes exclus de quartiers déshérités. Et rien n’indique que les dirigeants néolibéraux conservateurs de l’Union européenne vont mettre en place des politiques socio-économiques reposant sur une nouvelle forme de socialisation, et visant à extraire cette jeunesse désœuvrée de ses ghettos.

 

Ainsi, la seule échappatoire pour ces jeunes restera une version pathogène du djihadisme salafiste, prêché par des profiteurs manipulateurs, qui leur vendront, à l’aide de beaux discours, un ersatz de résistance, et qui est la seule idéologie alternative sur le marché de la pensée unique. Khosrokhavar définit cette population comme étant une néo-oumma, une communauté en effervescence qui n’a jamais existé historiquement, mais qui invite aujourd’hui ouvertement tout jeune Européen traversant une crise identitaire, qu’il soit musulman ou d’une autre confession, à la rejoindre.

 

Parallèlement, après près de quinze ans de guerre inlassable menée par les néoconservateurs américains contre des États indépendants du Moyen-Orient, le Pentagone va accélérer l’expansion sans limites de ses bases militaires existantes, de Djibouti, dans la corne de l’Afrique, à Irbil dans le Kurdistan irakien, pour leur faire prendre progressivement la forme de nœuds logistiques militaires.

 

De l’Afrique subsaharienne à l’Asie du Sud-Est, attendons-nous à une recrudescence de l’apparition de ces nœuds logistiques militaires, ou des membres des forces spéciales de l’Empire seront nourris, logés et blanchis.

 

Cette tendance à l’expansion de ces nœuds logistiques militaires a été qualifiée d’essentielle par le dirigeant du Pentagone et porte-voix de l’Empire de la pleurniche Ash Carter : Parce qu’on ne peut pas prédire le futur, ces nœuds logistiques militaires, de Moron en Espagne, à Jalalabad en Afghanistan, serviront de bases avancées pour répondre à toutes sortes de crises, terroristes ou autres. Ces bases nous permettront d’apporter une réponse unilatérale en cas de crises, d’opérations antiterroristes ou de frappes sur des cibles de haute importance.

 

Tout est écrit noir sur blanc : nous avons devant nous le Messianistan en action contre quiconque oserait défier les diktats de l’Empire.

 

De l’Ukraine à la Syrie, et à travers tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, la guerre par agents interposés que se livrent Washington et Moscou, et dont les enjeux vont en grandissant, n’ira pas en s’apaisant.

 

Tout comme la panique de l’Empire face à l’ascension chinoise d’ailleurs. Au fur et à mesure que les cartes du jeu géopolitique sont battues et redistribuées, que la Russie fournit les puissances eurasiatiques que sont l’Iran, la Chine et l’Inde avec des systèmes de défense balistique supérieurs à ce que l’Occident positionne en face, nous allons devoir nous habituer à cette nouvelle Guerre froide 2.0 que vont se livrer Washington et Pékin-Moscou.

 

Je vous laisse en compagnie de Joseph Conrad, qui écrivait dans Au cœur des ténèbres :

 

Il y a une corruption funeste, une saveur de mort dans le mensonge (…). Arracher leur trésor aux entrailles de la terre, tel était leur désir, sans plus d’intention morale pour les soutenir que n’en auraient des cambrioleurs de coffre-fort (…). Nous ne pouvions pas comprendre parce que nous étions trop loin et que nous ne nous rappelions plus, parce que nous voyagions dans la nuit des premiers âges, de ces âges disparus sans laisser à peine un signe et nul souvenir.

Traduction : le Saker francophone

 

 

Pepe Escobar Pepe Escobar is an independent geopolitical analyst. He writes for RT, Sputnik and TomDispatch, and is a frequent contributor to websites and radio and TV shows ranging from the US to East Asia. He is the former roving correspondent for Asia Times Online. Born in Brazil, he's been a foreign correspondent since 1985, and has lived in London, Paris, Milan, Los Angeles, Washington, Bangkok and Hong Kong. Even before 9/11 he specialized in covering the arc from the Middle East to Central and East Asia, with an emphasis on Big Power geopolitics and energy wars. He is the author of "Globalistan" (2007), "Red Zone Blues" (2007), "Obama does Globalistan" (2009) and "Empire of Chaos" (2014), all published by Nimble Books. His latest book is "2030", also by Nimble Books, out in December 2015.

Le 24 décembre 2015 – Source : Russia Today

Il est l’auteur  de Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009) et le petit dernier,Empire of Chaos (Nimble Books).

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 13:26

par Jacques Sapir · 18 janvier 2016

 

La question du chômage est bien aujourd’hui la question essentielle. C’est elle qui motive l’annonce – bien tardive – d’un « plan d’urgence » par le Président de la République. Que l’on regarde d’un point de vue économique, et le coût du chômage tant direct qu’indirect par les opportunités qui sont perdues est un problème majeur pour l’économie française, d’un point de vue social, et les conditions de vie des chômeurs – 4,5 millions en chiffre réel quand on se base sur les 3 catégories A, B et D de la Dares – mais aussi des travailleurs pauvres dont le salaire est tiré à la baisse par l’importance du chômage sont aujourd’hui un véritable drame national, ou que l’on regarde d’un point de vue politique, et il est ici évident que le chômage déstructure notre vie politique, il est clair que la question du chômage est bien la première dans la Nation. Cette question du chômage est fondamentalement le produit d’une insuffisance de la demande solvable face à la montée des gains de productivité. Mais, elle a pris un tournant important avec l’émergence du problème de la compétitivité relative des productions françaises depuis maintenant plus de 25 ans. Elle se concentre sur le phénomène de désindustrialisation que la France connaît depuis cette époque. Même si l’emploi industriel a toujours été limité en France, il faut savoir que chaque emploi dans l’industrie « nourrit » entre 2,5 et 3 emplois dans les services qui sont associés, directement ou indirectement, à la production industrielle. C’est pourquoi cette dernière est le premier indicateur quand on veut regarder la question du chômage.

 

Histoire de la production industrielle en France

Si l’on regarde les chiffres de l’INSEE, on est frappé par le constat que la production industrielle, qu’il s’agisse de la production globale ou de la production manufacturière, est aujourd’hui inférieure à son niveau de 1990.

Graphique 1

Evolution de la production industrielle, indice 100 = janvier 1990

 

Le chômage, l'industie et l'euro

Ce résultat est déjà parlant. Mais, l’observation de la trajectoire historique depuis 1990 révèle d’autres choses tout aussi intéressantes. Tout d’abord, la production industrielle s’effondre jusqu’à l’été 1993 quand se font sentir les premiers effets du « franc fort » voulu par le gouvernement pour qualifier la France pour la mise en place de l’Euro. De fait, la production industrielle ne retrouve son niveau de 1990 qu’en janvier 1997. Ce « mieux », certes très relatif, est dû à la mise en œuvre d’une politique volontariste d’exonération des cotisations sociales, qui équivaut à l’effet d’une dépréciation du taux de change pour les entreprises, mais qui serait à la charge de l’Etat.

 

Graphique 2

 

Le chômage, l'industie et l'euro

Le processus se poursuit jusqu’en 2002, où l’on atteint 9% des cotisations exonérées. Mais, l’effet positif de ces exonérations sur la production s’épuise. Après avoir continué la progression de 1997 à 2000, la production industrielle se met à nouveau à décroître ou à stagner. De fait, en juillet 2008, à la veille du déclenchement de la crise des « subprimes »[1], l’indice de la production industrielle n’a progressé que de 3 points (de 111,5 à 114,5) par rapport à 2001. En fait, durant cette période, les effets négatifs de l’Euro se font pleinement sentir, provoquant une nouvelle baisse de la production industrielle et obligeant le gouvernement à accroître le pourcentage des cotisations exonérées, et l’on atteindra le chiffre de 10,7% des cotisations exonérées en 2008. D’autres mécanismes ont été mis en œuvre pour soutenir la production industrielle et l’importance du déficit budgétaire à cette époque en témoigne.

 

Ces différents mécanismes ont eu des effets positifs. La production a augmentée et le chômage a baissé. Mais ces résultats ont été payés au prix fort par un alourdissement et du déficit et de la fiscalité, dans la mesure ou toute exonération des cotisations doit être compensée ; ce que les entreprises ne payent pas, il faut bien le faire payer aux ménages. Mais, le plus dramatique est bien la faiblesse de ces effets. Ils ne font que compenser les effets négatifs massifs de la mise en place de l’Euro qui joue le rôle d’un mécanisme d’alignement fixe des parités de change entre la France et certains de ses concurrents[2]. Par ailleurs, l’appréciation de l’Euro par rapport au Dollar (et aux monnaies associées au Dollar), appréciation qui se fait sentir depuis l’été 2002, constitue une autre cause de freinage de la production industrielle. Le commerce extérieur de la France hors de la zone Euro étant important (de l’ordre de 45% du total) ce fut un élément aggravant de la situation.

 

La crise de 2008-2010 entraîne un effondrement de la production industrielle, et une hausse corrélative du chômage. Les politiques d’austérité qui se développent en Europe (Grèce, Espagne, Portugal et Italie) ont pour effet à la fois de diminuer la demande globale et d’accroître de manière considérable la concurrence, en particulier avec l’Italie et l’Espagne[3]. De fait, les politiques de « dévaluation interne », autrement dit les baisses dans les niveaux nominaux des salaires et des prestations obligent les autres pays soit à déprécier leur monnaie (ce qu’ils ne peuvent faire du fait de l’Euro) soit à procéder à une dévaluation interne à leur tour (ce que proposent tant François Fillon, Alain Juppé qu’Emmanuel Macron), soit à voir la production industrielle soumise à une très forte concurrence et perdre à nouveau de l’importance. Et c’est très exactement ce que l’on voit de 2010 à 2015 sur le graphique 1. La production industrielle, après avoir connu un léger rebond fin 2009 – début 2010, stagne et décroit à nouveau.

 

Un problème de spécialisation industrielle ?

De nombreux économistes prétendent que les effets du taux de change (et de l’Euro) sont minimes en comparaison avec les effets dits « de qualité » de la production industrielle. Notons que cette explication est battue en brèche par le dernier rapport du Fond Monétaire International qui, au contraire, montre bien l’importance du taux de change dans les échanges[4], et insiste sur la question des prix relatifs (la comparaison des prix dans chaque pays) pour la santé économique d’une nation[5].

 

Les économistes du FMI ont réalisé une étude assez systématique sur une cinquantaine de pays et ont retenu 58 « cas » de dépréciations. Ils ne trouvent aucun signe de « déconnexion » entre les flux du commerce international et les taux de change, bien au contraire. L’étude montre qu’en standardisant les résultats, on obtient en moyenne pour une dépréciation du taux de change de 10% un gain de 1,5% du PIB pour le solde de la balance commerciale. Deux facteurs exercent une forte influence sur les résultats et conditionnent des gains supérieurs à la moyenne, d’une part l’existence (ou non) d’une demande intérieure déprimée et d’autre part l’existence d’un système financier en bon état[6]. Bien sûr, l’internationalisation des « chaînes de valeur » a un effet modérateur sur ces gains[7]. Mais, le développement de ces chaînes de valeur est très progressif dans le temps et ne peut venir contrarier les effets positifs d’une forte dépréciation du taux de change[8].

 

On peut, dans le cas de la France, constater que les branches dites « à haute valeur ajoutée » ont connu des évolutions similaires à celle de l’industrie dans son ensemble.

Graphique 3

Source idem graphique 1

Le chômage, l'industie et l'euro

On constate la très grande similitude de la trajectoire de la branche « machines et équipements » et de celles « moyens de transport » (qui inclut l’aéronautique). Seule, la sous-branche « industrie automobile » montre une certaine différence. Mais, d’une part, la production stagne depuis le début des années 2000 et d’autre part la délocalisation d’une partie des sous-ensembles de cette branche (en Slovaquie, République Tchèque, Roumanie) a permis aux producteurs de maintenir des volumes de production mais au prix de la perte d’emplois en France.

Si l’on sort du domaine de l’industrie mécanique (au sens large) les résultats des autres branches sont assez convergents avec ceux que l’on a déjà constatés.

Graphique 4

Evolution de la production dans la chimie et dans la métallurgie

Le chômage, l'industie et l'euro

Source : Idem graphique 1

 

On constate la très similitude de la trajectoire de l’industrie pharmaceutique avec la moyenne de l’industrie. Pourtant, à priori, on pourrait penser que l’industrie pharmaceutique serait l’un des points forts de l’industrie française à la fois compte tenu du savoir faire dans la recherche mais aussi d’une demande spécifique qui tend normalement à augmenter dans une population qui prend de l’âge. En fait, la seule branche qui connaît une croissance notable, et qui semble échapper aux problèmes de l’industrie est la métallurgie et produits métalliques, autrement dit une branche où les gains de productivités ont été très important mais qui est très loin d’apparaître comme une branche « nouvelle » par la nature des procès technologiques mis en œuvre.

 

Si l’argument d’un défaut de spécialisation de l’industrie française peut et doit être entendu, il est faux d’y voir la cause principale de la désindustrialisation de la France. Cette cause est et reste l’Euro, qu’il s’agisse de ses effets directs ou de celui des politiques dites « de Franc fort » qui ont été mises en œuvre pour « préparer » la France à l’Euro. La tragédie de l’industrie, et donc du chômage, en France s’inscrit dans le long terme, dans la décision consciemment prise par les gouvernements qui se sont succédés depuis la fin des années 1980, d’inscrire le pays dans une Union monétaire qui ne pouvait (et qui ne peut toujours pas) fonctionner. Ce ne sont pas des mesures ponctuelles qui seront annoncées par le Président de la République, M. François Hollande, qui pourront y changer grand chose.

 

Notes

[1] Sapir J., « D’une crise l’autre », note publiée sur la carnet RussEurope le samedi 16 janvier 2016, http://russeurope.hypotheses.org/4640

[2] Artus P., « Comment maintenir des changes fixes (ou une Union Monétaire) entre des pays ? », Flash-Économie, Natixis, Paris, n°209, 20 mars 2012

[3] Le caractère suicidaire des politiques d’austérité menées dans la zone Euro a été montré dans : O. Blanchard et D. Leigh, « Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers », IMF Working Paper, WP/13/1, FMI, Washington D.C., 2013

[4] Daniel Leigh, Weicheng Lian, Marcos Poplawski-Ribeiro, Viktor Tsyrennikov, « Exchange rates still matter for trade », document posté sur le site du CEPR le 30octobre 2015, http://www.voxeu.org/article/exchange-rates-still-matter-trade#.Vjhy77aVWtw.twitter

[5] Leigh, D, W Lian, M Poplawski-Ribeiro et V Tsyrennikov (2015), “Exchange rates and trade flows: disconnected?”, Chapitre 3 in World Economic Outlook, IMF, Octobre 2015, Washington DC.

[6] « among economies experiencing currency depreciation, the rise in exports is greatest for those with slack in the domestic economy and with financial systems operating normally » in Daniel Leigh, Weicheng Lian, Marcos Poplawski-Ribeiro, Viktor Tsyrennikov, « Exchange rates still matter for trade », op.cit..

[7] Ahmed, S, M Appendino, and M Ruta, “Depreciations without Exports? Global Value Chains and the Exchange Rate Elasticity of Exports,” World Bank Policy Research Working Paper7390, World Bank, Washington DC, 2015.

[8] Voir Johnson, R C, and G Noguera, “Fragmentation and Trade in Value Added over Four Decades.” NBER Working Paper n°18186, Harvard, NBER, 2012 et Duval, R, K Cheng, K Hwa Oh, R Saraf, and D Seneviratne, “Trade Integration and Business Cycle Synchronization: A Reappraisal with Focus on Asia,” IMF Working Paper n° 14/52, International Monetary Fund, Washington DC, 2014.

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19 janvier 2016 2 19 /01 /janvier /2016 16:54
Pourquoi des alternatives à la politique belliciste des néoconservateurs américains et de l’OTAN sont une obligation pour la survie de l’humanité
par Paul Craig Roberts*

L’écroulement de l’Union soviétique en 1991 a donné naissance à une idéologie américaine dangereuse appelée néoconservatisme. L’Union soviétique servait jusque là de limite à l’action unilatérale américaine mais lorsque cet obstacle à l’action de Washington a été aboli, les néoconservateurs ont pu inscrire à leur ordre du jour l’hégémonie mondiale américaine.
L’Amérique était devenue la «superpuissance unique», l’«uni-power», qui pouvait désormais agir sans aucune contrainte n’importe où dans le monde.


Le journaliste néoconservateur du «Washington Post» Charles Krauthammer a ainsi résumé «la nouvelle réalité»:


«Nous avons un pouvoir mondial écrasant. Nous sommes les gardiens historiquement désignés du système international. Quand l’Union soviétique est tombée, quelque chose de nouveau est né, quelque chose de tout à fait nouveau – un monde unipolaire dominé par une seule superpuissance incontrôlée sans aucun rival et qui jouit d’une portée déterminante dans n’importe quel endroit du monde. C’est un développement écrasant et totalement nouveau dans l’histoire, qu’on n’a plus vu depuis la chute de l’empire romain. Et même l’empire romain n’était pas comparable à ce qu’est l’Amérique d’aujourd’hui.»


L’effarant pouvoir unipolaire que l’histoire a donné à Washington doit être protégé à tout prix. En 1992, le Sous-secrétaire Paul Wolfowitz, haut responsable du Pentagone, a mis au point la Doctrine Wolfowitz, devenue depuis la base de la politique étrangère de Washington.


La Doctrine Wolfowitz déclare que «le premier objectif» de la politique étrangère et militaire américaine doit être d’«empêcher la renaissance d’un nouveau rival, sur le territoire de l’ancienne Union soviétique ou ailleurs, qui constitue une menace (à l’action unilatérale américaine) de l’ordre autrefois instauré par l’Union soviétique. Ceci est une considération dominante qui sous-tend la nouvelle stratégie de défense régionale et exige que nous nous efforcions d’empêcher toute puissance hostile d’étendre sa domination sur une région dont les ressources, placées sous tutelle, suffiraient à générer un pouvoir étendu au monde entier. («Une puissance hostile» étant dans ce contexte un pays suffisamment fort pour avoir une politique étrangère indépendante de Washington.)


L’affirmation unilatérale du pouvoir américain commence vraiment sérieusement pendant le mandat de Clinton avec les interventions en Yougoslavie, en Serbie, au Kosovo et par la zone d’exclusion aérienne imposée à l’Irak. En 1997, les néoconservateurs ont rédigé leur «Projet pour un nouveau siècle américain». En 1998, trois ans avant le 11-Septembre, les néoconservateurs ont envoyé une lettre au président Clinton demandant un changement de régime en Irak et «le renversement de Saddam Hussein». Les néoconservateurs exposent leur programme de renversement de sept gouvernements en cinq ans.


Les événements du 11 septembre 2001 sont considérés par les gens bien informés comme «le nouveau Pearl Harbour» dont les néoconservateurs avaient besoin pour commencer leurs guerres de conquête dans le Moyen-Orient. Paul O’Neil, le premier Ministre de l’Economie et des Finances du président George W. Bush, a déclaré publiquement que l’ordre du jour du président lors de la première réunion de Bush avec son cabinet était l’invasion de l’Irak. Cette invasion a été planifiée avant le 11-Septembre. Depuis, Washington a détruit entièrement ou partiellement huit pays et affronte maintenant la Russie tant en Syrie qu’en Ukraine.


La Russie ne peut permettre l’établissement d’un Califat djihadiste dans une zone comprenant la Syrie et l’Irak, car ce serait une base d’exportation de la déstabilisation dans les Républiques musulmanes de la Fédération de Russie. Henry Kissinger lui-même a confirmé ce point, suffisamment évident pour toute personne dotée d’un cerveau. Cependant, les néoconservateurs, fanatiques ivres de pouvoir, qui ont contrôlé les régimes de Clinton, Bush et Obama, sont si absorbés dans leur propre orgueil et arrogance qu’ils sont prêts à pousser la Russie à bout, au point d’inciter leur marionnette turque à abattre un avion russe et à renverser le gouvernement démocratiquement élu en Ukraine, alors en bons termes avec la Russie, en le remplaçant par un gouvernement fantoche américain.


Dans ce contexte, nous pouvons comprendre que la situation dangereuse auquel le monde est confronté est le produit de la politique arrogante d’hégémonie mondiale des néoconservateurs américains. Les erreurs de jugement et les dangers dans les conflits syrien et ukrainien sont les conséquences de l’idéologie néoconservatrice.


Afin de perpétuer l’hégémonie américaine, les néoconservateurs ont rejeté les garanties que Washington avait données à Gorbatchev que l’OTAN ne se déplacerait pas vers l’Est d’un centimètre. Les néoconservateurs ont poussé au retrait des Etats-Unis du traité ABM, lequel spécifiait que ni les Etats-Unis ni la Russie ne développeraient ni ne déploieraient de missiles antibalistiques. Les néoconservateurs ont réécrit la doctrine de guerre américaine et transformé le rôle des armes nucléaires, les faisant passer de force de représailles à celui de force de frappe préventive de premier plan. Les néoconservateurs ont commencé à installer des bases ABM aux frontières russes, tout en prétendant que ces bases avaient pour but de protéger l’Europe des attaques de missiles nucléaires balistiques intercontinentaux iraniens inexistants.


La Russie et son président, Vladimir Poutine, ont été diabolisés par les néoconservateurs et leurs marionnettes au sein du gouvernement des Etats-Unis et des médias. Par exemple, Hillary Clinton, candidate à l’investiture présidentielle démocrate, a déclaré que Poutine était un «nouveau Hitler». Un ancien officiel de C.I.A. a appelé à l’assassinat de Poutine. Les candidats au poste présidentiel dans les deux partis rivalisent d’agressivité envers la Russie et d’insultes à l’encontre du président russe.
Cela a eu pour effet de détruire la confiance existant entre les puissances nucléaires. Le gouvernement russe a appris que Washington ne respecte pas ses propres lois et encore moins le droit international et qu’on ne peut lui faire confiance dans le respect des accords. Ce manque de confiance, joint à l’agression envers la Russie déversée par Washington ainsi que par les médias prostitués, répercuté par la stupidité des capitales européennes, a posé les fondements d’un conflit nucléaire. Comme l’OTAN (essentiellement les Etats-Unis) n’a aucune perspective de victoire sur la Russie dans une guerre conventionnelle, et encore moins de de mise en déroute de l’alliance entre la Russie et la Chine, ce conflit sera nucléaire.


Afin d’éviter la guerre, Poutine demeure non-provocateur et discret dans ses réponses aux provocations occidentales. Le comportement responsable de Poutine, cependant, est interprété à tort par les néoconservateurs comme un signe de faiblesse et de crainte. Les néoconservateurs ont incité le président Obama à mettre la pression sur la Russie pour qu’elle cède. Cependant, Poutine a précisé que la Russie ne cédera pas. Poutine a envoyé ce message à de nombreuses occasions. Par exemple, le 28 septembre 2015, au 70e anniversaire des Nations Unies, Poutine a déclaré que la Russie ne pouvait plus tolérer l’état actuel des choses dans le monde. Deux jours plus tard, Poutine a pris la tête de la guerre contre l’Etat islamique (Daesh) en Syrie.


Les gouvernements européens, particulièrement ceux d’Allemagne et du Royaume-Uni, sont complices de l’évolution vers la guerre nucléaire. Ces deux Etats vassaux de l’Amérique facilitent l’imprudente agression de Washington envers la Russie en répandant la propagande de Washington et en soutenant les sanctions de Washington ainsi que les interventions contre d’autres pays. Tant que l’Europe ne sera rien de plus qu’une extension de Washington, la perspective de l’apocalypse continuera à croître.


Nous ne pouvons à présent plus éviter la guerre nucléaire que de deux manières.
L’une serait que la Russie et la Chine rendent les armes et acceptent l’hégémonie de Washington.
L’autre alternative serait un leader indépendant en Allemagne, au Royaume-Uni ou en France montant au créneau et se retirant de l’OTAN. Ce serait le début d’un abandon général de l’OTAN, principal outil de conflit avec la Russie et donc la plus dangereuse des forces au monde pour tous les pays européens et pour le monde entier.  

 

*    Paul Craig Roberts a été haut fonctionnaire au ministère des Finances du gouvernement Reagan. Il a été collaborateur du Congrès américain, co-éditeur et journaliste du Wall Street Journal, Business Week, Creators Syndicate et chercheur à l’Université de Stanford. Il est président de l’Institute for Political Economy et auteur de nombreux livres et articles dans des magazines scientifiques.

Source: www.paulcraigroberts.org/2015/12/28/why-wwiii-is-on-the-horizon-paul-craig-roberts/

(Traduction Horizons et débats)

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 17:36

Une extraordinaire course contre la montre
… pour le plan américain d’écrasement de la finance russe - Par Pepe Escobar

repris sur comité Valmy

 

L’offre excédentaire de pétrole est minuscule et les Saoudiens ont un déficit de $98 Mds – le prix du pétrole va inévitablement remonter

« ...Quant à l’Arabie saoudite, c’est juste un pion dans un jeu beaucoup plus vicieux. Le bon sens commande maintenant de considérer qu’il s’agit essentiellement du Daech Noir (le faux califat) et du Daech Blanc (la Maison des Saoud). Après tout, la matrice idéologique est la même, décapitations incluses. C’est la prochaine étape de la guerre du pétrole qui pourrait bien décider quel Daech sera le premier à tomber. » Pepe Escobar

L’Arabie saoudite est le paradis de la décapitation. Mais ce cauchemar de relations publiques est le moindre de tous les problèmes pendant une crise du pétrole. Une fois de plus, le cœur de la question est – quoi d’autre ? – l’or noir.

 

Jusqu’à présent, la stratégie énergétique globale de la Maison des Saoud se résumait à réduire sa production de pétrole, quoi qu’il arrive, même s’il faut émettre des obligations pour couvrir des déficits budgétaires massifs.

 

Maintenant, la stratégie a fait un pas en avant par l’intermédiaire d’une provocation flagrante : l’exécution de l’imam chiite Nimr al-Nimr.


La Maison des Saoud croit qu’en attisant les flammes d’une confrontation Riyad–Téhéran, elle peut augmenter la peur dans le domaine de l’approvisionnement en pétrole, conduisant à des prix plus élevés (dont elle a besoin), tout en maintenant le Saint-Graal wahhabite consistant à garder hors du marché le pétrole iranien dont l’arrivée est imminente.

 

Dès le début, Riyad a parié sur la possibilité de sanctions supplémentaires contre l’Iran, liées à l’énergie, au cas où Téhéran réagirait énergiquement à sa provocation de décapitation. Pourtant, les Iraniens sont trop sophistiqués pour s’affaisser suite à un grossier petit coup comme celui-là.

 

Les négociants du golfe Persique ont confirmé que le budget 2016 de l’Arabie était basé sur un prix moyen de seulement $29 le baril, comme évoqué pour la première fois par Jadwa Investment à Riyad.

 

Du point de vue de la perspective budgétaire de la Maison des Saoud, ce dilemme est absolument insoutenable. La Maison des Saoud est le plus grand exportateur de pétrole de l’OPEP. Pourtant, son orgueil suprême est de refuser à l’Iran toute marge de manœuvre dans ses exportations, ce qui sera inévitable en particulier dans la seconde moitié de 2016. En outre, la stratégie de prix bas du pétrole ne concerne pas uniquement l’Iran : elle fait toujours partie de la guerre du pétrole contre la Russie.

 

Il n’empêche que quelqu’un ne fait pas bien ses calculs arithmétiques à Riyad. La stratégie de l’Arabie pour un prix du pétrole faible a pour but de punir gravement la Russie – le numéro deux mondial pour la production de pétrole. Les Saoudiens ne s’attendent sans doute pas à ce que la provocation des décapitations puisse entraîner un accord entre l’OPEP et la Russie sur la réduction de la production et ainsi conduire à des prix plus élevés du pétrole, qui profiterait surtout – devinez à qui – à l’Iran et à la Russie.

 

Six mois pour détruire la Russie

On peut dire, sans se tromper, que la stratégie de bas prix du pétrole, ourdie par la Maison des Saoud, a été un lent mouvement de hara-kiri wahhabite depuis le début (ce qui, soit dit en passant, n’est sûrement pas une mauvaise chose.)

 

Le budget de la Maison des Saoud s’est effondré. Riyad finance une guerre très chère et perdue d’avance contre le Yémen, elle entretient aussi la militarisation de toutes sortes de salafistes-djihadistes en Syrie, et dépense des fortunes pour protéger al-Sisi, en Égypte, contre toute offensive possible de Daech (État islamique) et / ou des Frères musulmans. Comme si cela ne suffisait pas, la succession chez eux est un gâchis royal, avec le commandant en chef du roi Salman, Mohammad bin Salman, âgé de trente ans, qui exhibe bruyamment sur une base quotidienne un mélange toxique d’arrogance et d’incompétence.

 

On pouvait s’y attendre, une fois de plus Riyad suit les ordres de Washington.

 

Le gouvernement des États-Unis essaie frénétiquement de tenir le prix du pétrole le plus bas possible pour détruire l’économie russe, en utilisant ses sbires producteurs du Golfe persique qui pompent à tout-va. Cela revient à pas moins de sept millions de barils par jour au dessus du quota de l’OPEP, selon les commerçants du golfe Persique. Le gouvernement américain estime qu’il peut détruire l’économie russe – à nouveau – comme si l’horloge s’était arrêtée en 1985, lorsque la surabondance mondiale d’approvisionnement en pétrole était de 20% et que l’Union soviétique se trouvait embourbée en Afghanistan, souffrant d’une hémorragie interne fatale.

 

Le pétrole était descendu jusqu’à $7 le baril en 1985, et c’est à ce chiffre que le gouvernement américain veut maintenant arriver. Pourtant, aujourd’hui, la surabondance mondiale est inférieure à 3% de l’approvisionnement en pétrole, et non de 20% comme en 1985.

 

L’excédent est aujourd’hui seulement de 2,2 millions de barils par jour, selon Petroleum Intelligence Weekly. L’Iran apportera au début environ 600 000 barils par jour de plus en 2016. Cela signifie qu’en cours d’année, nous aurons un excédent potentiel de 2,8 millions de barils

.

Le problème est, selon les négociants du golfe Persique, un tarissement naturel du pétrole de sept millions de barils par jour [sur une production mondiale de cent millions de barils par jour, NdT], qui n’est pas remplacée par de nouveaux forages [non rentables, NdT]. Ce que cela signifie est que tout surplus pourrait être consommé dans les premier ou deuxième trimestres de 2016. À la mi-2016, les prix du pétrole devraient recommencer à flamber spectaculairement, même avec le pétrole supplémentaire de l’Iran.

 

Donc, la stratégie du gouvernement américain a échoué en essayant de détruire l’économie russe avant que le prix du pétrole ne récupère inévitablement. Cela donne au gouvernement américain une fenêtre d’opportunité couvrant seulement les six prochains mois. [Si le prix du baril descend à $7, étant aujourd’hui à $33, NdT]

 

Que tout cela ait pu être réalisé jusqu’à présent est un témoignage, une fois de plus, de la force irrésistible des manipulateurs de Wall Street à l’aide de l’argent cash à profusion ; ils sont capables de créer un crash alors qu’il n’y a aucun surplus de pétrole. Pourtant, alors même que l’Empire du Chaos manipule frénétiquement le prix du pétrole vers le bas, il peut ne pas aller assez vite pour détruire l’économie russe.

 

Même Reuters a été forcé d’admettre brièvement que l’excédent de pétrole était inférieur à deux millions de barils par jour, et peut-être même de façon alarmante pourrait être de moins d’un million de barils par jour avant d‘atteindre le plus bas prix de tous les temps. Cette information sur l’excédent réel de pétrole avait été jusqu’à présent complètement censurée. Elle confronte directement le récit américain hégémonique sur les excédents éternels et l’effondrement imminent de l’économie russe.

 

Quant à l’Arabie saoudite, ce n’est qu’un pion dans un jeu beaucoup plus vicieux. Le bon sens commande maintenant de considérer qu’il s’agit essentiellement du Daech Noir (le faux califat) et du Daech Blanc (la Maison des Saoud). Après tout, la matrice idéologique est la même, décapitations incluses. C’est la prochaine étape de la guerre du pétrole qui pourrait bien décider quel Daesh sera le premier à tomber.

Pepe Escobar source Russia Insider

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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 15:27

L'Analyse de Subhi Toma spécialiste de l'Irak et du Moyen Orient.

Interview réalisée par Frédéric Saillot le 15 octobre 2015.

Vidéo en bas de page

 

A l’heure où Paris est endeuillé, de plus en plus de responsables politiques et de géo-stratèges militaires mettent lucidement en avant l’efficacité opérationnelle des frappes russes qui, en une semaine, ont eu davantage d’impact que les Américains en une année…

 

Présentation synthétique actualisée, par Rachid Marwane

Suite aux récentes velléités de changement d’alliance, opérationnelles puis stratégiques, qui accompagnent les intenses bombardements de l’armée russe initiés en Syrie fin septembre, il paraît utile de se pencher sur l’unique question qui vaille et qui perdure douloureusement depuis le début de ce conflit, il y a de cela plus de quatre années : à savoir, l’exigence d’un indispensable règlement politique, dont seules les aspirations endogènes à une transition démocratique peuvent faire au monde l’économie d’une guerre interminable (et dont même la nécessité d’une guerre ne peut en réalité faire l’impasse).

 

Pour Subhi Toma, sociologue et ancien exilé irakien, natif de Mossoul et réfugié en France après un séjour dans les geôles de Saddam Hussein, cette exigence ne peut aujourd’hui se concrétiser que sous la forme d’une « troisième voie », que se doit de soutenir la communauté internationale du moment qu’elle est souhaitée par une majorité du peuple syrien. D’autant que pour ce militant acharné de la levée de l’embargo qui a affecté l’Irak dès 1991, devenu ensuite un farouche opposant à la guerre d’invasion de 2003 ; ce débat autour de la résolution du conflit syrien rappelle un autre combat qu’il continue de mener pour l’avenir d’un Irak libre, souverain et laïc. En effet, il s’agit là de ne plus voir, comme en triste et inadmissible miroir, réitérer en Syrie les erreurs ou plutôt les fautes qui ont conduit aux crimes contre le peuple irakien – dont l’honneur de la France demeure de s’être dès le départ opposée au caractère injuste et dangereux d’une guerre pour rien, sous la présidence de Jacques Chirac.

 

Presqu’étranger pour la première fois à son pays qu’il considère comme « parti », ce témoin direct de « ce qui n’a pas constitué un changement de régime mais le démantèlement d’un pays totalement dévasté et occupé » ne s’inscrit pas davantage dans le concert mainstream servi depuis par des experts virtuoses de la pensée unique et du droit d’ingérence, qui ont dénié au peuple irakien sous occupation jusqu’à son droit légitime à la résistance.

 

« Concurrence » russo-américaine anti-Daech

A l’aune de pareille expérience, cet analyste ne peut voir que d’un bon œil, comme vu d’Irak puis sans doute de Paris dans la foulée du rapprochement encore frais entre Poutine et Obama, l’inclination de plus en plus forte en faveur d’une alliance unifiée, à l’instar de celle constituée pour abattre le nazisme. Et, à l’heure où Paris est endeuillé, de plus en plus de responsables politiques et de géo-stratèges militaires mettent lucidement en avant l’efficacité opérationnelle des frappes russes qui, en une semaine, ont eu davantage d’impact que les Américains en une année… En dépit des fortes réticences de ces derniers, apparemment toujours mus par le « nouvel ordre mondial » jadis proclamé et décrété dès 1991 par Bush père ; semblable prouesse militaire peut s’expliquer par-delà la force mise en œuvre : en effet, ces mêmes Russes sont surtout parvenus à intégrer les autorités irakiennes, iraniennes et syriennes autour d’une structure unique de coordination du renseignement anti-Daech, basée à Bagdad.

 

Dès lors, à l’instar de cet insaisissable mais saisissant dilemme qui perdure étrangement dans l’esprit de François Hollande (qui ne saurait longtemps rester l’égal de l’Arabie saoudite dans son indéfectible soutien à une vision définie par la seule hyper-puissance des Etats-Unis), le gouvernement irakien actuel est lui aussi l’enjeu d’une « concurrence » russo-américaine, qui se déroule sous les yeux des populations de la région ainsi que des nôtres. Or, à défaut de pouvoir rivaliser avec les Russes en termes de « percée » et d’avancées militaires sur le terrain, les Américains multiplient généreusement en Irak les tractations et offres de fourniture d’armement qu’ils avaient pourtant jusque-là catégoriquement refusée au précédent gouvernement d’Al- Maliki…

 

Ce même Al-Maliki auquel l’on doit sans doute la radicalisation des populations sunnites, dont il a parachevé l’exclusion et desquelles sont issus en réaction les officiers et hauts-gradés de l’ancien régime baassiste qui conseillent dorénavant le prétendu et démentiel calife terroriste de Daech, Aboubaker Al-Baghdadi, structurant notamment les trafics à l’origine de son colossal financement.

 

Irak, Syrie : du « nouvel ordre mondial » au chaos généralisé

Enfin, après avoir rappelé que c’est bel et bien la prise de Mossoul, tragiquement sous-estimée en juin 2014, qui avait sonné le glas de cette cité autant – si ce n’est plus – cosmopolite que notre Paris ; Subhi Toma ne peut que continuer de nous dissuader d’adopter la grille de lecture ethniciste ou pseudo-confessionnelle que tentent d’imposer ceux qui ont intérêt à créer ou aviver des antagonismes et revendications jusque-là peu affleurants. Aussi (probablement pour l’historien qu’il est aussi) la centralité géostratégique de l’ensemble de la zone conduit-elle, aujourd’hui comme hier, à suspecter toute visée impérialiste – traditionnellement anglo-saxonne ou atlantiste dans la région – d’user une fois de plus du joug du confessionnalisme, divisant ainsi pour mieux régner. Tel est le triste sort auquel les Etats-Unis ont livré l’Irak, en s’appuyant à l’intérieur du pays uniquement sur des membres de la communauté chiite majoritaire – du moins, d’après un dernier recensement datant des années 60. En quelque sorte, cela a eu pour effet que « [, sous l’impulsion des Américains,] Al-Maliki a jeté les Sunnites dans les bras d’Al-Baghdadi ! »

 

Mais, heureusement, les Chiites du Sud de l’Irak manifestent de plus en plus de revendications socio-économiques, à l’unisson des populations sunnites qui oeuvrent quant à elles, de surplus, à se délivrer de l’oppression totalitaire de Daech. Il convient de noter que les terroristes n’étaient pas plus de quelque 500 lorsqu’ils sont entrés dans Mossoul « comme dans du beurre », à défaut d’une armée irakienne digne de ce nom puisque toujours en état de débandade depuis son démantèlement en 2003, et ce en dépit de centaines de milliards de dollars dépensés, évaporés on ne sait où…

 

« L’occupation de l’Irak a été bâtie sur des mensonges, et les mensonges continuent » : après l’aveu d’Hillary Clinton, paru dans les mémoires d’ancienne Secrétaire d’Etat rédigée par la future probable candidate démocrate qui affronterait l’improbable Donald Trump, au sujet de la création d’Al- Qaïda par les Etats-Unis ou, plus précisément, par l’administration Bush fils ; on ne peut plus ignorer qu’Al-Nosra, sa filiale ou succursale en Syrie, a été formée par la C.I.A. avec l’entremise des services saoudiens, et qu’elle reste préservée par son protecteur américain, comme en attestent d’ailleurs les réactions publiques de l’ancien candidat républicain John Mc Cain ou même du ministre français des Affaires étrangères. En conséquence, les tenants de l’argument confessionnel sont les principaux agitateurs du phantasme que représenterait l’avènement d’un soi-disant « croissant ou arc-en-ciel chiite ».

 

En définitive, en Lybie et en Syrie, le scénario américain de remodelage du Proche et Moyen- Orient a été le même qu’en Irak : à l’image de ce qui s’est avéré un échec en Egypte avec la destitution du président Morsi, Obama ne se cache d’ailleurs pas de vouloir confier le leadership régional dans son ensemble à la confrérie des Frères musulmans – longtemps réprimée et néanmoins très structurée au sein de nombreuses sociétés du monde arabe. Même s’il est vrai que, quelque peu échaudés et instruits de l’expérience du tragique fiasco irakien, les Etats-Unis avaient d’abord misé sur un retournement de l’armée syrienne, à travers la fomentation d’une mutinerie d’un nombre de ses cadres, avant de se rabattre sur l’encouragement de la formation d’Al-Nosra. Ce chaos en expansion paraît traduire une sorte de politique de la terre brûlée, inspirée au préalable en Irak par l’expérience des « escadrons de la mort » sud-américains, déjà inventés par le redoutable ambassadeur John Negroponte que l’on a tous vu tapi dans l’ombre de Colin Powell agitant ses fioles devant le Conseil de sécurité ! Une stratégie à laquelle les Etats-Unis semblent cyniquement recourir lorsqu’ils rencontrent une forte opposition ou résistance authentiquement patriotique. D’un biais plus optimiste, ce chaos à éradiquer témoigne donc également, hélas en filigrane rouge sang, de la forte unité nationale des peuples irakien et syrien ainsi que de l’ancrage historique de leur reliquat étatique respectif. Mais aussi de l’espoir nécessaire d’un règlement global incluant les différentes puissances régionales – « Iran, Irak et Arabie saoudite, condamnés à vivre côte à côte ».

 

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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 11:56

Par Paul Roberts Craig

 

Anthee Carassava Athens

Zero Hedge rapporte une histoire tirée de «  La Grèce, cause toujours » qui est d’abord parue dans le Times.

 

 

D’après cette histoire, le niveau de vie en régression imposé au peuple grec par la chancelière allemande Merkel et les banques européennes a poussé un grand nombre de jeunes femmes grecques dans la prostitution. La forte augmentation du nombre de femmes offrant des services sexuels a fait tomber le prix à 4 euros de l’heure. Cela fait 4.24 $, assez pour un feuilleté à la feta ou un sandwich. C’est la valeur que l’austérité, imposée par les banquiers, a posée sur l’utilisation du corps d’une femme pendant une heure. Le prix d’une demi-heure est de 2.12 $. Elles n’obtiennent même pas le salaire minimum.

 

Quand on lit une histoire comme celle-ci, on croit que c’est une parodie ou une caricature. Bien que le Times de Londres soit un journal ancien, ce n’est pas encore le genre de journal qui peut être acheté aux caisses des magasins d’alimentation.

 

L’histoire tire sa crédibilité des sites web aux États-Unis sur lesquels les étudiantes dans les Universités font la publicité de leur disponibilité comme maîtresses pour les hommes qui ont les moyens financiers de les aider dans leurs dépenses. D’après divers bulletins d’information, maîtresse semble être l’occupation principale des étudiantes dans les universités à coût élevé comme à la New York University.

 

Les filles de la NYU sont mieux loties que les Grecques. La relation de maîtresse est monogame et peut être durable et tendre. Les prudes se font une montagne de la disparité d’âge, mais cette disparité est une caractéristique de longue date dans les mariages des classes supérieures.

 

Les prostituées ont un grand nombre de partenaires, chacun pouvant avoir une maladie, et elles ne reçoivent rien en retour si ce n’est du cash. En Grèce, si ce qui est dit est correct, le tarif est tellement bas que l’argent ne leur dure même pas jusqu’à l’après-midi.

 

C’est le capitalisme à l’œuvre. Aux États-Unis, la souffrance vient du fait de l’augmentation des frais de scolarité, avec 75 % du budget de l’Université passant dans l’administration de l’établissement plutôt que dans la faculté elle-même ou dans l’aide aux étudiants, mais aussi du manque de travail offert aux diplômés suffisamment rémunéré pour rembourser les prêts des étudiants. De nos jours, votre serveur au restaurant peut être un adjoint ou un professeur à temps partiel qui espère obtenir un travail à temps plein en tant qu’acteur. Comme maîtresses, les filles de la NYU auront plus de succès.

 

En Grèce la privation est imposée de l’extérieur du pays par l’Union européenne, que la Grèce a bêtement rejointe, faisant cadeau de sa souveraineté en échange de l’austérité. Les banksters et leurs agents dans les gouvernements européens et allemand prétendent que le peuple grec a profité de prêts et, donc, est responsable du remboursement de ces prêts. Mais les prêts n’ont pas été faits au peuple grec. Les prêts ont été faits pour corrompre le gouvernement grec qui a été payé en dessous de table versés par les prêteurs pour accepter ces prêts, et les recettes étaient souvent utilisées pour des achats dans le pays d’où le prêt était fait. Par exemple, le gouvernement grec a reçu des dessous de table pour emprunter de l’argent aux Allemands ou aux autres banques étrangères pour acheter des sous-marins allemands. C’est par ce type de corruption que la dette grecque a grossi.

 

L’histoire racontée par les médias financiers et les économistes néolibéraux complices des banksters est que le peuple grec a emprunté à la légère l’argent et l’a dépensé en bien-être social pour eux qui, ayant joui des fruits des prêts. ne veulent pas les rembourser. Cette histoire est un mensonge. Mais le mensonge sert à s’assurer que le peuple grec sera pillé tout en faisant apparaître sous un bon jour les propres erreurs des banques qui ont trop prêté. Les banques ont obtenu les intérêts des prêts ainsi que les pots de vin des fournisseurs des sous-marins. (J’utilise les fournisseurs de sous-marins comme un terme générique pour la gamme de marchandises extérieures et de services pour lesquels les prêts ont été dépensés).

 

En Grèce, les prêts sont payés par l’argent économisé en réduisant les retraites, l’enseignement et les services sociaux, l’emploi public, et par l’argent levé par la liquidation d’actifs publics comme des ports, des réseaux d’eau municipaux et des îles protégées. Les réductions dans les retraites, l’enseignement, les services sociaux et l’emploi drainent l’argent de l’économie et la vente d’actifs publics draine l’argent du budget du gouvernement. Michael Hudson raconte brillamment cette histoire dans son nouveau livre : Killing the host [En tuant l’hôte, NdT].

 

Le résultat est une souffrance croissante et le résultat de cette souffrance est que des jeunes femmes grecques doivent vendre leur corps.

 

Tout juste comme l’avaient dit Marx, Engels et Lénine.

 

On penserait que partout les gens en seraient outragés. Mais pour la plupart de ceux qui ont fait des commentaires sur ZeroHedge, ce n’est qu’une occasion de faire des blagues grossières (« Réfléchissez, le Viagra coûte 4 fois plus qu’une chatte » ; « C’est assurément mieux que de rencontrer une fille et de l’inviter à dîner »). Ceux qui représentent les valeurs occidentales tant vantées ne voient rien d’outrancier là-dedans.

 

Le pourcentage des Russes pro-occidentaux qui se tournent vers l’Ouest en quête d’un leadership doit rapidement approcher de zéro.

 

Qu’est-ce qui est le plus important ? La dignité des femmes ou un milliard de dollars de plus pour les banquiers ?

 

La civilisation occidentale a donné sa réponse : un milliard de dollars de plus pour les banquiers.

 

 Le 28 Novembre 2015 – Source PaulCraigRoberts

Traduction : le Saker Francophone

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26 décembre 2015 6 26 /12 /décembre /2015 16:06

Résolution 2254

 

Le Conseil de sécurité,

 

Rappelant ses résolutions 2042 (2012), 2043 (2012), 2118 (2013), 2139 (2014), 2165 (2014), 2170 (2014), 2175 (2014), 2178 (2014), 2191 (2014), 2199 (2015), 2235 (2015) et 2249 (2015), et les déclarations présidentielles des 3 août 2011 (S/PRST/2011/16), 21 mars 2012 (S/PRST/2012/6), 5 avril 2012 (S/PRST/2012/10), 2 octobre 2013 (S/PRST/2013/15), 24 avril 2015 (S/PRST/2015/10) et 17 août 2015 (S/PRST/2015/15),

 

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne, et aux buts et principes de la Charte des Nations Unies,

 

Se déclarant extrêmement préoccupé par les souffrances que continue d’endurer le peuple syrien, la situation humanitaire terrible, qui continue de se détériorer, la poursuite d’un conflit qui demeure caractérisé par une violence brutale, les conséquences néfastes du terrorisme et l’idéologie extrémiste violente qui le nourrit, l’effet déstabilisateur que la crise exerce sur la région et au-delà, y compris l’augmentation du nombre de terroristes que les combats attirent en Syrie, les dégâts matériels que subit le pays et la montée du sectarisme, et soulignant que cette situation continuera de s’aggraver en l’absence de règlement politique,

 

Rappelant qu’il a exigé que toutes les parties prennent toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils, notamment les membres des communautés ethniques et des groupes religieux et confessionnels, et souligne, à cet égard, que la responsabilité de protéger la population incombe au premier chef aux autorités syriennes ;

 

Réaffirmant que le seul moyen de régler durablement la crise syrienne est un processus politique ouvert, conduit par les Syriens, répondant aux aspirations légitimes du peuple syrien et mené dans la perspective de l’application intégrale des dispositions du Communiqué de Genève du 30 juin 2012, approuvé dans la résolution 2118 (2013), notamment la mise en place d’une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs, formée sur la base du consentement mutuel et dans des conditions propres à assurer la continuité des institutions de l’État,

 

Appuyant, à cet égard, les initiatives diplomatiques qu’entreprend le Groupe international d’appui pour la Syrie (GIAS) pour aider à mettre un terme au conflit syrien,

 

Se félicitant que le GIAS soit déterminé, comme il est indiqué dans la Déclaration conjointe sur l’issue des pourparlers multilatéraux sur la Syrie qui se sont tenus à Vienne le 30 octobre 2015 et dans la Déclaration du GIAS en date du 14 novembre 2015 (ci-après « les Déclarations de Vienne »), à assurer une transition politique conduite par les Syriens et prise en main par eux, fondée sur l’ensemble des dispositions du Communiqué de Genève, et soulignant que toutes les parties syriennes doivent d’urgence s’employer diligemment, dans un esprit constructif, à atteindre cet objectif,

 

Exhortant toutes les parties au processus politique mené sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies à se conformer aux principes définis par le GIAS, notamment le respect de l’unité, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et du caractère non sectaire de la Syrie et la nécessité d’assurer la continuité des institutions de l’État, de protéger les droits de tous les Syriens, indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse, et de garantir l’accès humanitaire dans tout le pays,

 

Souhaitant la participation effective des femmes au processus politique mené pour la Syrie sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies,

 

Ayant à l’esprit l’objectif consistant à réunir l’éventail le plus large possible d’éléments de l’opposition, choisis par les Syriens, afin qu’ils décident de ceux qui les représenteront dans les négociations et définissent leurs positions de sorte que le processus politique puisse commencer, prenant note des réunions qui se sont tenues à Moscou et au Caire et des autres initiatives allant dans le même sens, et notant en particulier l’utilité de la réunion qui s’est tenue à Riyad du 9 au 11 décembre 2015, dont l’issue a contribué à la préparation des négociations sur un règlement politique du conflit devant se tenir sous les auspices de l’ONU, conformément au Communiqué de Genève et aux Déclarations de Vienne, et attendant avec intérêt que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie mène à bonne fin les démarches nécessaires à cette fin,

 

1. Confirme à nouveau qu’il souscrit au Communiqué de Genève du 30 juin 2012, avalise les Déclarations de Vienne, ayant pour objet l’application intégrale du Communiqué de Genève, fondement d’une transition politique conduite et prise en main par les Syriens et visant à mettre fin au conflit syrien, et souligne que c’est au peuple syrien qu’il appartient de décider de l’avenir de la Syrie ;

 

2. Prie le Secrétaire général de réunir, en usant de ses bons offices ou de ceux de son Envoyé spécial pour la Syrie, les représentants du Gouvernement syrien et de l’opposition pour qu’ils engagent d’urgence des négociations officielles sur un processus de transition politique, en visant le début du mois de janvier 2016 pour le début des pourparlers, conformément au Communiqué de Genève et comme indiqué dans la Déclaration du Groupe international d’appui pour la Syrie du 14 novembre 2015, en vue d’un règlement politique durable de la crise ;

 

3. Confirme le rôle qui revient au GIAS, principal mécanisme de facilitation des initiatives de l’ONU visant à parvenir à un règlement politique durable en Syrie ;

 

4. Appuie, à cet égard, un processus politique dirigé par les Syriens et facilité par l’Organisation des Nations Unies, qui mette en place, dans les six mois, une gouvernance crédible, inclusive et non sectaire, et arrête un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution, et se dit favorable à la tenue, dans les 18 mois, d’élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU, à la satisfaction de la gouvernance et conformément aux normes internationales les plus élevées en matière de transparence et de responsabilité, et auxquelles pourraient participer tous les Syriens, y compris de la diaspora, qui en ont le droit, comme prévu dans la Déclaration du Groupe international d’appui pour la Syrie du 14 novembre 2015 ;

 

5. Est conscient du lien étroit existant entre un cessez-le-feu et un processus politique mené en parallèle, conformément au Communiqué de Genève de 2012, considère que les deux initiatives doivent avancer rapidement et, à cet égard, se dit favorable à un cessez-le-feu s’étendant à tout le territoire syrien, auquel le Groupe international d’appui pour la Syrie est convenu d’apporter son soutien et dont il s’est engagé à faciliter l’application, qui prenne effet aussitôt que les représentants du Gouvernement syrien et de l’opposition auront pris les premières mesures sur la voie d’une transition politique sous les auspices de l’ONU, sur la base du Communiqué de Genève, comme indiqué dans la Déclaration du 14 novembre 2015, et les engage à le faire d’urgence.

 

6. Prie le Secrétaire général de prendre la direction, par l’intermédiaire du bureau de son Envoyé spécial et en consultation avec les parties intéressées, des efforts visant à arrêter les modalités et les conditions d’un cessez-le-feu, ainsi que de continuer à planifier l’appui à l’application du cessez-le-feu, et exhorte les États Membres, en particulier les membres du Groupe international d’appui pour la Syrie, à soutenir et à accélérer tous les efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu, notamment en pressant toutes les parties intéressées de conclure un tel cessez-le-feu et de le respecter ;

 

7. Souligne qu’il faudra surveiller et vérifier le cessez-le-feu et mettre en place un mécanisme de communication des informations, prie le Secrétaire général de lui indiquer, au plus vite et au plus tard un mois après l’adoption de la présente résolution, les options possibles pour un tel mécanisme, et encourage les États Membres, notamment les membres du Conseil de sécurité, à apporter leur appui, en particulier sous forme d’expertise et en nature, à un tel mécanisme.

 

8. Demande aux États Membres, comme il l’a déjà fait dans sa résolution 2249 (2015), de prévenir et de réprimer les actes de terrorisme commis en particulier par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), ainsi que par le Front el-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida ou à l’EIIL, ainsi que les autres groupes terroristes qu’il a désignés comme tels ou qui pourraient par la suite être considérés comme tels par le Groupe international d’appui pour la Syrie et qualifiés comme tels par lui, conformément à la Déclaration du Groupe en date du 14 novembre 2015, et d’éliminer le sanctuaire qu’ils ont créé sur une grande partie des territoires de la Syrie, et note que le cessez-le-feu susmentionné ne s’appliquera pas aux actions offensives ou défensives dirigées contre ces individus, groupes, entreprises et entités, comme l’indique la Déclaration du Groupe en date du 14 novembre 2015 ;

 

9. Se félicite de l’action que le Gouvernement jordanien a menée pour aider à définir une position commune au sein du Groupe international d’appui pour la Syrie au sujet des personnes et des groupes susceptibles d’être qualifiés de terroristes et examinera sans tarder la recommandation formulée par le Groupe aux fins de la détermination des groupes terroristes ;

 

10. Souligne qu’il faut que toutes les parties en Syrie prennent des mesures de confiance pour contribuer à assurer la viabilité d’un processus politique et d’un cessez-le-feu durable, et demande à tous les États d’user de leur influence auprès du Gouvernement et de l’opposition syriens afin de promouvoir le processus de paix, les mesures de confiance et les démarches en faveur d’un cessez-le-feu ;

 

11. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport dès que possible, mais au plus tard un mois après l’adoption de la présente résolution, sur de nouvelles mesures de confiance envisageables ;

 

12. Demande aux parties d’autoriser immédiatement les organismes humanitaires à accéder rapidement, en toute sécurité et sans entrave, dans l’ensemble de la Syrie, et par les voies les plus directes, à toutes les personnes dans le besoin, en particulier dans toutes les zones assiégées et difficiles d’accès, de libérer toute personne détenue arbitrairement, en particulier les femmes et les enfants, engage les États membres du Groupe international d’appui pour la Syrie à faire immédiatement usage de leur influence à ces fins, et exige l’application intégrale des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014) et de toutes autres résolutions pertinentes ;

 

13. Exige de toutes les parties qu’elles mettent immédiatement fin à toutes attaques contre les populations ou les biens civils, y compris celles dirigées contre les installations et le personnel médicaux, ainsi qu’à l’emploi aveugle d’armes, tels que les tirs d’obus et les bombardements aériens, se félicite que le Groupe international d’appui pour la Syrie se soit engagé à faire pression sur les parties à cet égard, et exige en outre de toutes les parties qu’elles s’acquittent immédiatement des obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire et le droit des droits de l’homme applicables ;

 

14. Souligne qu’il importe au plus haut point de créer des conditions permettant aux réfugiés et aux personnes déplacées de retourner de leur plein gré et en toute sécurité dans leur région d’origine et aux régions touchées de se relever, conformément au droit international, notamment aux dispositions de la Convention et du Protocole relatifs au statut des réfugiés, et en tenant compte des intérêts des pays qui accueillent des réfugiés, exhorte les États Membres à prêter leur concours à cette fin, attend avec intérêt la Conférence de Londres sur la Syrie, qui sera organisée en février 2016 par le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Koweït, la Norvège et l’Organisation des Nations Unies et qui devrait apporter une contribution importante dans ce contexte, et exprime également son soutien au relèvement et à la reconstruction de la Syrie après le conflit ;

 

15. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport dans un délai de 60 jours sur l’application de la présente résolution, notamment sur la progression du processus politique facilité par l’ONU ;

 

16. Décide de rester activement saisi de la question.

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24 décembre 2015 4 24 /12 /décembre /2015 15:58
L’Otan va dans le mur en Syrie, c’est écrit… sur le mur
Par Pepe Escobar

Repris sur  Comité Valmy

 

 

 

Le nouveau plan : donner le contrôle de la Syrie du Nord aux rebelles modérés anti-Assad (dominés par al-Qaïda) et tolérer ISIS battu mais consolidé dans l’ouest du pays

Les Services de renseignement russes, FSB, SVR et GRU, en décryptant toutes les bonnes connexions, ne peuvent pas s’empêcher de conclure que Washington laisse la guerre froide 2.0 dégénérer jusqu’au point d’ébullition.
Mettez-vous à la place des Services de renseignement russes arpentant l’échiquier géopolitique.

 

Un avion civil commercial russe est détruit en vol par une filiale de ISIS / ISIL / Daesh. Un avion de chasse russe tombe dans une embuscade, abattu par la Turquie ; voici un scénario, encore partiel mais crédible, de l’évènement.

 

Les casseurs d’extrême droite ukrainiens sabotent l’approvisionnement en électricité de la Crimée. Une base de l’armée syrienne près de Deir Ezzor – un avant-poste important contre ISIS / ISIL / Daesh dans l’est de la Syrie – est frappé par la Coalition US des Opportunistes des Coups Tordus (OCT). Le FMI pardonne à l’Ukraine le non-paiement de sa dette à la Russie, rejoignant ainsi, de fait, la guerre froide 2.0.

 

Et cela n’est qu’une courte liste.

La progression est logique. L’Otan et le CCG [les pays du Golfe, NdT] sont dévorés par l’angoisse. L’entrée de la Russie sur le théâtre de la guerre syrienne – une guerre par procuration, pas une guerre civile – a jeté aux orties tous les plans de changement de régime carrément criminels.

 

Si la coalition des OCT menée par les USA était vraiment résolue à lutter contre ISIS / ISIL / Daesh, ils travailleraient côte à côte avec l’armée arabe syrienne (SAA), et n’essaieraient pas de l’entraver par des bombardements.

 

Et ils essaieraient activement de fermer les principaux passages entre la Turquie et la Syrie ainsi que le couloir de Jarablus qui est en fait une autoroute djihadiste 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

 

Le jeu de l’Otan en Syrie se vautre dans l’ambiguïté poisseuse. Les discussions avec des diplomates de l’UE à Bruxelles, dissidents mais pas nécessairement vassaux de l’Otan, révèlent un contre-narratif de la façon dont le Pentagone a clairement dessiné la stratégie de la Russie ; comment ils ont interprété que les forces russes étaient relativement isolées ; et comment ils ont décidé de permettre à Ankara et au Sultan Erdogan de partir en vrille – un alibi parfait pour un déni plausible.

 

Ce qui nous ramène à la chute du chasseur Su-24. Faisant un pas de plus, l’expert russe Alexei Leonkov soutient que l’Otan n’a pas seulement enregistré toute l’opération à partir d’un AWACS, mais qu’un autre AWACS de l’Arabie saoudite a effectivement guidé les F-16 turcs.

 

Les F-16 sont incapables de lancer des missiles air-air sans le guidage d’un AWACS. Des données russes et syriennes – qui peuvent être vérifiées de façon indépendante – ont repéré les AWACS américain et saoudien dans la région au moment de l’attaque contre le Su-24. Et pour couronner le tout, l’accord US-Turquie sur la procédure d’utilisation des F-16 stipule qu’une autorisation US est obligatoire pour le déploiement des jets contre un pays tiers.

 

Tout cela suggère une hypothèse extrêmement grave ; un coup monté direct Otan-CCG contre la Russie, qui peut encore être clarifiée par la boîte noire du Su-24 récupérée par les Russes.

 

Comme si cela ne suffisait pas pour soulever plusieurs sourcils, cela pourrait signifier tout simplement le premier pas sur un échiquier en expansion. L’objectif final étant de maintenir la Russie loin de la frontière turco-syrienne.

 

Mais cela ne se produira pas pour un certain nombre de raisons – dont l’une des moindres n’est pas le déploiement russe des S-400 ultra efficaces. La Force aérienne turque a tellement peur que tout – même hiboux et vautours – est abattu à la frontière.

 

Pendant ce temps, la composante humaine du renseignement (Humint) est renforcée ; encore plus de bottes otanesques sur le terrain, Allemands inclus, présentés comme de simples conseillers – qui, si elles sont déployées sur le champ de bataille, vont inévitablement entrer en conflit avec l’Armée arabe syrienne (AAS).

 

Pour encadrer l’opinion publique, la faction allemande des bombardeurs humanitaires néocons est déjà en train de bricoler le narratif selon lequel Assad est le véritable ennemi, et non pas ISISI / SIL / Daesh. Enfin, les Allemands ont clairement fait savoir qu’ils ne travailleront pas aux côtés de la Russie ou de de l’AAS, mais prendra ses ordres au Centcom en Floride et au QG de la coalition OCT au Koweït.

 

Le plan directeur de l’Otan pour le nord de la Syrie dans les prochaines semaines et mois consiste à envoyer des avions de combat US, britanniques, turcs, et des Français encore dans la balance (on collabore avec les Russes, ou c’est juste pour rire ?). Ce plan est vendu à l’opinion publique mondiale comme une coalition des efforts – avec la Russie à peine mentionnée.

 

Le plan directeur, sous le couvert de bombarder l’antre du faux califat à Raqqa, serait idéalement d’ouvrir la voie à une zone de sécurité de facto concoctée pour Erdogan dans le couloir de Jarablus, qui est en réalité une zone d’exclusion aérienne taillée sur mesure pour abriter un troupeau de rebelles modérés, alias inconditionnels salafistes-jihadistes du type al-Nusra mouvance al-Quaida.

 

En parallèle, attendez-vous à un torrent de baratin turc centré sur la protection de la minorité turkmène dans le nord de la Syrie, effectivement cinquième colonne de la Turquie, fortement infiltrée par les islamo-fascistes du type Loups Gris. Cela a commencé avec Ankara accusant Moscou de nettoyage ethnique. Sans scrupules, Erdogan trouvera même attrayante la théorie du R2P (responsabilité de protéger inventée par les harpies du Département d’État US) déjà employée par l’Otan pour libérer la Libye.

 

Et voici où l’Otan est totalement en phase avec Ankara ; après tout, une zone de sécurité protégée par l’Otan bourrée de rebelles modérés est l’outil parfait pour le démantèlement de l’État syrien en mode turbo.

 

C’est pas légal mais on s’en fout

L’intervention de l’Otan en Syrie est bien sûr absolument illégale.

La résolution 2 249 du Conseil de sécurité des Nations Unies ne relève pas du chapitre 7 de la charte des Nations Unies. Pourtant, une fois de plus le langage créatif – de style artifice rhétorique français – brouille la non-justification de la force militaire pour donner l’impression que l’ONU approuve.

 

Et voilà exactement comment Lawrence Cameron d’Arabie l’a interprétée. Le rideau de fumée est intégré dans le processus, avec Londres s’engageant à travailler côte à côte avec Moscou.

 

La résolution 2 249 est encore un autre cas de réduction en miettes du droit international. Les frappes aériennes – sporadiques – du Royaume-Uni et de la France, couvertes par le prétexte de frapper ISIS / ISIL / Daesh, n’ont jamais été autorisées par Damas, et le Conseil de sécurité n’a même pas été consulté.

 

L’intervention de la Russie, pour sa part, a été entièrement autorisée par Damas.

 

En plus de cela, la coalition des OCT de 60 ou 65 pays n’est pas une coalition, contrairement à ce que l’administration voudrait frénétiquement nous faire croire. En vérité, ils sont sept : Allemagne, France, Royaume-Uni, États-Unis, Turquie, Qatar et Arabie saoudite. En un mot : un composé épuré jusqu’à l’os de l’Otan et du CCG.

 

Ceux qui sont réellement en lutte contre le faux califat sur le terrain sont la SAA ; le Hezbollah ; les Chiites irakiens assistés de conseillers iraniens ; et à l’extérieur de l’alliance « 4 + 1 » (la Russie, la Syrie, l’Iran, l’Irak, plus le Hezbollah), une coalition du parti kurde (GPJ) et de petites milices arabes et chrétiennes, désormais unies sous un parapluie politique, le Conseil démocratique syrien qui abhorre Ankara comme on s’en doute.

 

Les provocations d’Ankara ne cesseront pas – y compris les moyens créatifs pour entraver le passage des navires russes du Syrian Express dans le Bosphore et les Dardanelles sans violer la Convention de Montreux.

 

Donc le nouveau plan directeur de l’Otan se dirige maladroitement vers l’objectif principal : la libération à la sauce libyenne du nord de la Syrie pour l’occuper soit par des rebelles modérés ou, dans le pire des cas, des Kurdes syriens, qui en théorie devraient être facilement manipulés.

 

ISIS / ISIL / Daesh serait dans ce cas contenu (jargon de l’administration Obama) non pas dans l’Est de la Syrie, mais en fait expulsé vers le désert occidental irakien où ils se solidifieraient en un Sunnistan. Erdogan veut aussi absolument un Sunnistan, mais sa version est encore plus ambitieuse, elle englobe Mossoul.

 

Tout cela se passe alors qu’une tripotée de rebelles modérés syriens, venus de partout, se sont réunis au Comité central wahhabite du salafisme-jihadiste à Riyad pour choisir un groupe de 42 personnes qui sélectionnera les négociateurs des futurs pourparlers de paix.

 

Une fois de plus ils ont convenus que « Assad doit partir », même pendant le processus de transition. Et que les forces étrangères doivent quitter la Syrie. Évidemment, le tsunami de mercenaires payés par Riyad et en armes aux côtés de Doha et Ankara n’est pas concerné.

 

Tout esprit sain se demande comment la Maison des Saoud s’arrange avec tout ça : choisir qui est un modéré dans une nation complètement déstabilisée par son implication sans faire s’esclaffer le monde entier. Simple : parce Riyad possède un troupeau de lobbyistes américains et récompense grassement les gourous en relations publiques tels que Edelman, la plus grande agence privée de relations publiques sur la planète.

 

Et, pas par accident, le Conseil démocratique syrien n’a pas été invité à se rendre à Riyad.

 

Les dés sont jetés. Quoi que puisse concocter Ankara – sous le couvert de l’Otan – pour empêcher la coalition « 4 + 1 » d’avancer sur le terrain en Syrie, l’écriture (mortelle) est sur le mur. Elle évoque des missiles de croisière livrés par la flotte russe de la mer Caspienne ou par des sous-marins. Et elle va suivre à la lettre ce que le président Poutine lui-même a dit à la collégiale du ministère russe de la Défense :

 

« Je vous ordonne d’agir extrêmement sévèrement. Toutes les cibles qui menacent les forces russes ou notre infrastructure sur le terrain doivent être immédiatement détruites. »

 

Le 15 décembre 2015 – Source Russia Insider

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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 18:04

par Thierry Meyssan

Les termes de la Résolution 2254 confirment pour l’essentiel ceux du Communiqué de Genève adopté il y a trois ans. Les deux plus grandes puissances militaires du monde s’accordent pour le maintien de la République arabe syrienne, tandis que les impérialistes —au premier rang desquels la France— poursuivent leur rêve de changer le régime par la force. Mais le monde s’est transformé durant ces années et il semble difficile de faire capoter ce nouvel accord comme cela avait été fait en 2012.

Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 21 décembre 2015

 

Les relations Washington-Moscou

Les États-Unis et la Russie viennent, pour la seconde fois, de trouver un accord entre eux et de conclure un plan de paix pour la Syrie.

 

- La première fois, c’était lors de la Conférence de Genève de juin 2012 [1]. Il s’agissait d’apporter la paix à la fois en Syrie et dans l’ensemble du Proche-Orient en se divisant la région en zones d’influence [2]. Cependant cet accord fut immédiatement saboté par la secrétaire d’État Hillary Clinton et son groupe de « faucons libéraux » et de « néo-conservateurs ». De sorte que la France organisa moins de deux semaines plus tard la relance de la guerre, lors de la conférence de Paris des « Amis de la Syrie » [3], puis avec l’opération « Volcan de Damas et tremblement de terre de la Syrie » [4]. À ce contentieux s’ajouta, fin 2013, le coup d’État en Ukraine. Les deux événements marquèrent la suspension quasi-complète des relations diplomatiques entre Washington et Moscou.

 

- La seconde, c’est lors de la visite de John Kerry à Vladimir Poutine au Kremlin, le 15 décembre 2015 [5]. La rencontre fut immédiatement suivie de la réunion de la Haute commission de l’opposition syrienne, et de l’adoption des résolutions 2253 [6], interdisant le financement d’Al-Qaïda et de Daesh, et 2254 [7], institutionnalisant les efforts déployés à Genève et à Vienne pour la Syrie. À la surprise générale, la Haute commission de l’opposition élit l’ancien Premier ministre baasiste Riad Hijab —issu d’une tribu présente en Arabie— pour conduire sa délégation. Pour éviter les erreurs d’interprétation, le secrétaire d’État Kerry déclara au Kremlin que l’avis des États-Unis sur le président Assad ne ferait pas obstacle au vote des Syriens, puis il affirma au Conseil de sécurité que le « processus politique n’offre pas un choix entre Assad et Daech, mais entre la guerre et la paix ».

Le retrait des conseillers militaires iraniens avait débuté peu avant le sommet du Kremlin.

 

La Russie s’est mise en conformité avec le Communiqué de Genève. Celui-ci prévoit en effet d’intégrer des éléments de l’opposition dans une sorte de gouvernement d’union nationale de la République arabe syrienne. Afin de montrer qu’elle lutte contre les terroristes, mais pas contre les opposants politiques fussent-ils armés, la Russie a conclu un accord avec l’Armée syrienne libre et avec son sponsor, la France. Alors que cette armée n’a jamais eu l’importance sur le terrain que les médias atlantistes lui ont donnée et qu’elle n’existe plus depuis la fin 2013, 5 000 combattants, sortis d’on ne sait où, collaborent désormais aussi bien avec l’armée russe qu’avec celle de la Syrie contre Al-Qaïda et Daesh ; une mise en scène bien surprenante lorsqu’on sait que l’ASL était censée être implantée au Sud, mais qu’elle combat désormais au Nord du pays.

 

Depuis le fiasco de la Conférence de Genève de juin 2012, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Certains protagonistes ont été éliminés et les rapports de force se sont inversés.

 

- Le président Obama semble avoir retrouvé une partie de son pouvoir et clos le projet du « Printemps arabe ». Ainsi, il est parvenu à se débarrasser successivement du général David Petraeus (qu’il fit arrêter menottes au poignet, en novembre 2012), d’Hillary Clinton (en janvier 2013) et du général John Allen (contraint à la démission il y a juste deux mois, en octobre 2015). De même, il a épuré son administration —y compris le Conseil national de sécurité— des Frères musulmans. Toutefois Jeffrey Feltman reste le numéro 2 des Nations unies. Il y a rédigé un plan de capitulation totale et inconditionnelle de la Syrie et a fait trainer les négociations de paix en espérant la défaite de l’Armée arabe syrienne [8].

 

- La Maison-Blanche a contraint, en juin 2013, l’émir Hamad al-Thani du Qatar à abdiquer et son Premier ministre Hamad ben Jassem à se retirer de la vie politique [9]. Toutefois, ce dernier est devenu le co-président de la Brookings Intitution Doha, tandis que le nouvel émir Tamim a maintenu le financement des Frères musulmans et de leurs organisations terroristes jusqu’à la crise diplomatique avec son voisin saoudien, en mars 2014 [10].

 

- Malgré les mises en garde de la Defense Intelligence Agency (DIA), le groupe de David Petraeus est parvenu, à la mi 2014, à piloter le développement d’une organisation qu’il avait créée en 2004, avec le colonel James Steele, le colonel James Coffman et l’ambassadeur John Negroponte, sous le nom d’« Émirat islamique en Irak ». Ils l’ont utilisée pour nettoyer ethniquement une partie de ce pays en vue de sa partition. Cette opération a été soutenue par des États (l’Arabie saoudite, Chypre, les Émirats arabes unis, la France, l’Italie, Israël, le Qatar, la Turquie et l’Ukraine) et des multinationales (Exxon-Mobil, KKR, Academi).

 

- La Maison-Blanche est parvenue à éliminer aussi bien le clan de l’ancien roi Abdallah que celui du prince Bandar ben Sultan de la direction saoudienne et à ne confier celle-ci qu’aux princes Mohamed ben Nayef et Mohamad ben Salmane, sous l’autorité du nouveau roi Salmane. Cette nouvelle distribution affaiblit le pouvoir, mais rend un changement de politique envisageable.

 

- L’accord 5+1 avec l’Iran a marqué le renoncement de Téhéran à son ambition révolutionnaire [11], de sorte qu’un modus vivendi avec les Saoudiens devient envisageable [12], même si l’épisode yéménite est venu compliquer la tâche.

 

- Aussi bien Washington que Moscou ont pris en grippe le président turc, Recep Tayyip Erdoğan [13]. Cependant, l’appartenance de la Turquie à l’Otan contraint la Maison-Blanche à la prudence, d’autant qu’Ankara s’est allié à Kiev [14], autre théâtre de guerre important pour la stratégie globale des États-Unis [15].

 

- Le rapport de forces entre Washington et Moscou s’est progressivement inversé, en juin 2012 et en septembre 2015. L’Otan a perdu sa supériorité à la fois en matière de missiles intercontinentaux [16] et en matière de guerre conventionnelle [17] de sorte que la Russie est désormais la première puissance militaire du monde.

 

Par conséquent, les rôles se sont inversés. En 2012, le Kremlin entendait se hisser à un niveau d’égalité avec la Maison-Blanche. Aujourd’hui, cette dernière a besoin de négocier au plan politique la perte de sa domination militaire.

 

Signe du temps, la Rand Corporation, think tank emblématique du complexe militaro-industriel, vient de publier son Plan de paix pour la Syrie. Ce puissant groupe de réflexion avait déjà choqué l’establishment états-unien, en octobre 2014, en affirmant que la victoire du président el-Assad était la meilleure issue pour Washington [18]. Il propose désormais un cessez-le-feu qui permette de justifier la présence de représentants de l’opposition et des Kurdes dans le futur gouvernement d’union nationale [19].

 

L’opposition à la nouvelle donne mondiale

L’opposition à la politique de Barack Obama n’a pas pour autant disparu. Ainsi, le Washington Post l’accuse d’avoir capitulé sur la question du changement de régime en Syrie face à la Russie [20].

En 2012, on pouvait interpréter l’opposition du clan Petraeus-Clinton à la paix comme une volonté de profiter au maximum de la supériorité militaire US. Mais avec le développement des nouvelles armes russes, cela n’a plus de sens. Dès lors, la seule interprétation possible est le pari de provoquer sans tarder un affrontement mondial, sachant que les Occidentaux pourraient éventuellement encore le gagner ; chose qu’ils ne pourraient aucunement espérer lorsque la Chine sera capable d’aligner également son armée.

 

Comme lors de la Conférence de Genève, la France est intervenue dès la résolution 2254 adoptée. Son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a à nouveau déclaré que si tous les groupes d’opposition devaient pouvoir participer à la transition en Syrie, le seul président el-Assad devait en être exclu ; une idée contraire aux principes du Communiqué de Genève et de la résolution 2254.

 

Si l’on pouvait interpréter, en 2012, la position française comme une volonté de changer le régime en substituant un gouvernement des Frères musulmans à celui du Baas, dans la continuité du renversement des régimes laïques arabes (« Printemps arabe ») ; ou comme une tentative de « faire saigner l’armée syrienne » pour faciliter la domination régionale par Israël ; ou tout simplement comme une ambition de recolonisation ; ce n’est plus possible aujourd’hui parce que chacun de ces trois objectifs passe par une guerre contre la Russie.

 

La France instrumente la question syrienne pour le compte des faucons libéraux et des néo-conservateurs US. Ce faisant, elle est soutenue par les sionistes messianistes qui, comme Benjamin Netanyahu, considèrent comme un devoir religieux de hâter la venue du Messie en provoquant l’affrontement eschatologique.

 

La paix en Syrie ou la Guerre nucléaire ?

Il serait extrêmement étonnant que les faucons libéraux, les néo-conservateurs et les sionistes messianiques parviennent à imposer leur politique aux deux Grands. Toutefois, il sera difficile de parvenir un résultat définitif avant janvier 2017 et l’arrivée d’un nouveau président à la Maison-Blanche. Dès lors, on comprend mieux le soutien affiché de Vladimir Poutine pour Donald Trump qui semble le mieux placé pour faire barrage à son amie Hillary Clinton [21].

 

En réalité, tout est prêt pour conclure une paix qui permette aux perdants de conserver la tête haute.

À retenir :
- La Résolution 2253 interdit aux sponsors de Daesh et d’al-Qaïda de poursuivre leur action. La Résolution 2254 confirme le Communiqué de Genève de juin 2012. Les deux Grands s’accordent pour maintenir la République arabe syrienne et soutenir un gouvernement d’union nationale.
- L’opposition armée soutenue par l’Arabie saoudite a élu l’ancien Premier ministre bassiste Riad Hijab, en fonction à l’époque du Communiqué de Genève, pour conduire sa délégation. Tandis que la Russie a conclu un accord avec l’Armée syrienne libre et son sponsor, la France.
- Tout est prêt pour conclure une paix qui permette aux perdants de garder la tête haute. Mais, comme en 2012, la France a relancé ses exigences dès la Résolution 2254 adoptée.

Thierry Meyssan

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 11:16

Les Etats-Unis, le Canada, l'Ukraine et les Palaos ont voté contre le document soumis par la Russie et réclamant de lutter contre le racisme, la discrimination et l'intolérance.

Origine Sputnik

 

L'Assemblée générale de l'Onu a adopté jeudi la résolution, soumise par la Russie, contre la glorification du nazisme, et d'autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance. 

 

La résolution a été adoptée  par 133 pour, quatre contre (Canada, Etats-Unis, Palaos et Ukraine) et 49 abstentions. La plupart des pays de l'Union européenne (UE) se sont abstenus (Dont la France ndjf).

 

Le document souligne une augmentation alarmante des cas de discrimination, d'intolérance, des actes d'extrémisme, motivés par l'antisémitisme, l'islamophobie, la christianophobie et des préconceptions à l'égard des personnes d'autres confessions".

 

La résolution appelle la communauté internationale à s'opposer à toute héroïsation de l'organisation nazie SS et de ses parties, y compris Waffen SS.

 

Les pays d'Europe orientale mènent une politique pour changer la manière d’interprétation de la Seconde guerre mondiale. Des monuments consacrés aux soldats soviétiques sont souvent la cible d'attaques de vandales dans beaucoup de pays de l'Europe de l'Est et en Ukraine. Les autorités de certains pays démolissent des monuments soviétiques.

 

En outre, des rassemblements annuels d'anciens combattants SS se tiennent à Sillamäe en Estonie. Le 16 mars, les anciens légionnaires de la Waffen SS organisent un défilé à Riga, la capitale lettone. La première d'une comédie musicale sur le criminel nazi Herbert Cukurs coupable de l'extermination des Juifs dans le ghetto de Riga s'est détenue en 2014 en Lettonie. Les Frères de la forêt, qui ont tué des milliers de civils lituaniens, sont héroïsés en Lituanie. Les membres du Front des activistes lituaniens, coupables de l'Holocauste en Lituanie, sont considérés comme des héros à Vilnius. 

 

En Roumanie, on glorifie les soldats et officiers qui ont combattu pour l'Allemagne nazie. Les autorités ukrainiennes ont accordé le statut de "combattants pour l'indépendance de l'Ukraine" aux collaborationnistes nazis ukrainiens de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA).


Lire la suite: http://fr.sputniknews.com/international/20151218/1020386479/onu-nazisme-resolution-resolution.html#ixzz3uh6klNRq

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19 décembre 2015 6 19 /12 /décembre /2015 20:55

L’État français « a facilité les actions d’al-Nosra », la majorité refuse toute enquête (Alain Marsaud)

Par http://maximechaix.info/?p=1122#more-1122

 

Le 26 novembre dernier, le député et ancien juge antiterroriste Alain Marsaud (LR) répondait aux questions des internautes sur Twitter. À cette occasion, il m’avait indiqué qu’une enquête parlementaire susceptible d’exposer le soutien du Front al-Nosra par l’État français en Syrie avait été refusée par la majorité. D’après lui, ce refus visait à ne pas embarrasser le gouvernement. Je l’ai donc sollicité afin d’obtenir des précisions sur cette question épineuse, qui est occultée par les médias français malgré d’autres accusations compromettantes formulées par des experts et par différents parlementaires de l’opposition. Selon le député Marsaud,

 

« il n’est pas sérieusement contesté qu’à un moment ou un autre l’État français a facilité les actions d’al-Nosra qui, je vous le rappelle, est une filiale d’al-Qaïda [en Syrie]. J’ai eu l’occasion de montrer à l’Assemblée Nationale des photos de combattants d’al-Nosra en possession de fusils d’assaut français. Il n’y avait bien évidemment aucune volonté du gouvernement français de voir mis en évidence une telle collaboration avec un groupe terroriste. Ainsi fut rejetée toute idée d’enquête parlementaire. »

 

Je me suis donc intéressé aux propositions d’enquêtes parlementaires sur ce sujet en consultant le site l’Assemblée Nationale. La seule demande que j’ai pu trouver est celle du député Jacques Bompard (LS), qui avait proposé une commission d’enquête sur « le soutien de la France à la rébellion syrienne » à la suite des attentats de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher et de Montrouge en janvier 2015. L’assistant parlementaire du député Bompard m’a expliqué que cette enquête avait été refusée à deux occasions par la majorité. Déclarant ne pas avoir été surpris par ces refus, il a souligné que cette question dépasse les clivages partisans, et qu’une telle démarche aurait dû être soutenue par les députés de chaque parti politique. Il m’a également rappelé qu’une commission d’enquête parlementaire, si elle est approuvée, dispose de moyens d’investigation supérieurs à ceux de la Justice, dont la levée du secret-défense. Il semble donc que, lorsque les politiques profondes de l’Exécutif français sont mises en cause, la raison d’État l’emporte sur la nécessaire transparence démocratique de nos institutions.

 

Hélas, en novembre dernier, la France a été à nouveau frappée par des jihadistes, et il s’avère que la majorité d’entre eux avaient combattu en Syrie. De ce fait, j’ai demandé à Alain Marsaud s’il lui semblait cohérent que le gouvernement français soutienne clandestinement al-Qaïda contre Bachar el-Assad tout en affirmant être en guerre contre Daech. D’après le député,

 

« [n]ous assistons à une recomposition de la ligne de conduite de la diplomatie française, qui comprend aujourd’hui qu’elle s’est fourvoyée dans sa politique syrienne. À la suite des attentats du 13-Novembre, nous recherchons des alliés, ceux-ci se montrent exigeants et ne peuvent accepter aucune compromission avec tel ou tel groupe islamiste. Le plus étonnant est qu’on en arrive à dire que l’on va combattre aux côtés des troupes syriennes de Bachar el-Assad. »

 

Ce revirement, qui implique un rapprochement franco-russe, est considéré par certains comme un aboutissement de la synthèse « hollandaise », quand d’autres le jugent plus sévèrement. Il n’en demeure pas moins qu’en Syrie, les puissances occidentales, et pas seulement la France, ont été impliquées en profondeur dans le soutien de forces pas aussi « modérées » qu’elles nous ont été décrites jusqu’à présent.

 

En effet, trois semaines avant les attentats du 13-Novembre, la représentante états-unienne Tulsi Gabbard expliquait sur CNN que la CIA soutient clandestinement al-Qaïda pour renverser Bachar el-Assad. Le 19 novembre, elle a introduit une proposition de loi à la Chambre des Représentants pour stopper cette guerre secrète de la CIA et de ses alliés, qu’elle a décrite comme étant « illégale et contreproductive », et qui perdure malgré les attentats de Paris et de San Bernardino. Depuis l’intervention russe en Syrie, d’autres sources ont confirmé une intensification de l’aide de la France et des États-Unis en faveur d’« islamistes réputés fréquentables », pour reprendre l’expression ironique de l’éditorialiste du Point Michel Colomès.

 

À la suite des attentats du 13-Novembre, j’ai demandé à Alain Marsaud s’il pensait que les États-Unis et leurs alliés, dont le gouvernement français, allaient interrompre leur soutien de factions jihadistes pour renverser le gouvernement syrien. D’après le député,

 

« [n]os politiques militaristes, européistes et moralisatrices ont entrainé le chaos moyen-oriental de l’Irak à la Syrie, en passant par les autres pays en révolution. La prise de conscience de la part des Américains et de la France est en cours, du moins souhaitons-le. Le réalisme nous amènera sans doute à côtoyer des gens plus fréquentables et à mettre fin à un impérialisme sur la zone moyen-orientale qui ne nous a coûté que des morts. »

 

On ne peut que partager ce constat du député Marsaud, si l’on garde en tête que le bilan humain des guerres moyen-orientales de l’Occident est désastreux. Saluons également son objectivité, lorsqu’il reconnaît que « [n]os politiques militaristes, européistes et moralisatrices ont entrainé le chaos moyen-oriental de l’Irak à la Syrie, en passant par les autres pays en révolution. » En effet, le député fait implicitement référence à la Libye, et l’ancienne majorité dont il est issu partage une lourde responsabilité dans le chaos qui s’est imposé dans ce pays, et qui s’est étendu en Syrie. D’une part, le mauvais calcul du gouvernement sarkozyste dans le dossier syrien a placé la France dans une impasse diplomatique dont a hérité la majorité actuelle, et qui se résume en une phrase aussi intransigeante qu’irréaliste : « Assad doit partir ». Par ailleurs, dès l’intervention en Libye, l’État français présidé par Nicolas Sarkozy a clandestinement soutenu des forces pas aussi « modérées » qu’elles nous avaient été décrites dans les médias. En effet, en août 2014, le Washington Post a publié un important article intitulé « Les terroristes qui nous combattent aujourd’hui ? Nous venons tout juste de les entraîner ». D’après cette analyse,

 

« [a]u cours de nombreux entretiens menés ces deux derniers mois [avec des membres de l’État Islamique et du Front al-Nosra], ils ont décrit comment l’effondrement sécuritaire durant le Printemps arabe les a aidés à recruter, à se regrouper et à utiliser en leur faveur la stratégie occidentale – c’est-à-dire le soutien et l’entraînement de milices afin de combattre des dictateurs. “Des Britanniques et des Américains nous avaient [également] entraînés durant le Printemps arabe en Libye”, d’après un homme surnommé Abou Saleh, qui a accepté d’être interrogé si son identité restait secrète. [Ce dernier], qui est originaire d’une ville proche de Benghazi, affirma qu’un groupe de Libyens et lui-même avaient bénéficié dans leur pays d’entraînements et de soutien de la part des forces [spéciales] et des services secrets français, britanniques et états-uniens – avant de rejoindre le Front al-Nosra ou l’État Islamique [en Syrie]. Interrogées pour cet article, des sources militaires arabes et occidentales ont confirmé les affirmations d’Abou Saleh, selon lesquelles des rebelles en Libye avaient bénéficié d’“entraînements” et d’“équipements” durant la guerre contre le régime de Kadhafi. »

 

Ces politiques profondes ont donc été confirmées par des sources de haut niveau, et il semblerait que l’extrémisme des combattants entraînés par les services spéciaux occidentaux était parfois connu des autorités. En effet, toujours d’après cet article du Washington Post,

 

« “nous disposions dès le départ de renseignements nous indiquant que les groupes radicaux avaient profité du vide engendré par le Printemps arabe, et que certains des individus que les États-Unis et leurs alliés avaient entraîné à combattre pour la “démocratie” avaient des objectifs jihadistes – au préalable ou pas – [lorsqu’ils] rejoignirent al-Nosra ou l’État Islamique”, d’après un haut responsable des renseignements d’un pays arabe interrogé récemment. »

 

À l’aune de ces révélations, toute la lumière doit être faite sur les politiques profondes de l’État français et de ses alliés en Libye et en Syrie. En effet, il est inacceptable que des réseaux terroristes soient considérés par les puissances de l’OTAN comme des alliés clandestins pour renverser des gouvernements étrangers, tandis que les crimes des jihadistes en Occident justifient un durcissement sécuritaire permanent et un état de guerre perpétuelle.

 

Ce phénomène qui s’autoalimente n’a pas encore suscité une indispensable rationalisation des politiques étrangères occidentales à l’égard des pétromonarchies du Golfe et de la Turquie, dont le soutien de milices terroristes est de notoriété publique. Au contraire, ce processus engendre des lois d’exception sans cesse plus démocracides, comme on peut l’observer avec la réforme constitutionnelle sur l’état d’urgence qui est loin de faire l’unanimité au Parlement français. Hélas, ce processus engendre la légalisation et l’extension incontrôlée d’une surveillance de masse extrajudiciaire avant tout favorable à des intérêts privés et étrangers, mais totalement inefficace pour empêcher des attentats – du moins selon la NSA elle-même, ou d’après l’ancien responsable du contre-terrorisme à la DGSE. Dans ce contexte, comment pouvons-nous accepter que nos libertés publiques soient inutilement sacrifiées, alors que des groupes jihadistes pourtant hostiles sont clandestinement soutenus par nos États pour renverser des gouvernements étrangers ?

 

Comme l’avait déclaré le député Alain Marsaud quelques mois avant l’adoption de la « Loi Renseignement », cette législation « peut permettre une police politique comme nous n’en avons jamais vue. » Cette loi est dorénavant mise en œuvre, et les administrations « non spécialisées » qui seront autorisées à en faire usage vont l’être par décret du Conseil d’État, et non par voie législative. Cette dérive autoritaire de l’Exécutif, qui invoque la lutte antiterroriste pour s’arroger des pouvoirs exorbitants sans contrepoids judiciaires ou parlementaires, est pour le moins préoccupante.

 

Au plan extérieur, la politique étrangère occidentale en Syrie semble être hors de contrôle, comme s’en était alarmée la représentante Tulsi Gabbard sur CNN en octobre dernier, lorsqu’elle déclara que

 

« des armements US vont dans les mains de nos ennemis, al-Qaïda et ces autres groupes, des groupes islamistes extrémistes qui sont nos ennemis jurés. Ce sont des groupes qui nous ont attaqués le 11-Septembre, et nous étions censés chercher à les vaincre, mais pourtant nous les soutenons avec ces armes pour renverser le gouvernement syrien. (…) Je ne veux pas que le gouvernement des États-Unis fournisse des armes à al-Qaïda, à des islamistes extrémistes, à nos ennemis. Je pense que c’est un concept très simple : vous ne pouvez vaincre vos ennemis si, en même temps, vous les armez et vous les aidez ! C’est absolument insensé pour moi. »

 

Comme nous venons de le démontrer, le soutien clandestin de factions islamistes en Syrie n’est pas limité à celui de la CIA, les services spéciaux français, britanniques et leurs alliés moyen-orientaux étant étroitement impliqués dans ces politiques profondes qui menacent la paix mondiale – toujours selon Tulsi Gabbard. Face à cette situation d’instabilité globale, il est urgent que le gouvernement français, et plus généralement les États occidentaux,

 

1) interrompent les processus de durcissement sécuritaire permanent dans lesquels ils se sont engagés, qu’ils abrogent leurs politiques de surveillance massive et illégale de leurs populations, et qu’ils priorisent le renseignement humain et les actions judiciaires et policières pour combattre efficacement le fléau jihadiste. La « guerre contre le terrorisme » lancée par l’administration Bush à l’automne 2001 continuera d’enrichir une minorité de multinationales et leurs actionnaires, mais ne pourra qu’amplifier le désordre mondial et la haine anti-occidentale. Les trois ouvrages de Peter Dale Scott traduits en français, dont le dernier vient d’être recensé par l’IRIS, le démontrent indiscutablement ;

 

2) cessent sans délai de soutenir clandestinement des factions extrémistes en Syrie, qui finissent par attaquer les populations occidentales et qui déstabilisent un nombre grandissant de pays ;

 

3) réévaluent leurs alliances avec les principaux soutiens étatiques du fléau jihadiste, tout en abandonnant leurs sanctions économiques contre des États luttant réellement contre le terrorisme, tels que l’Iran et la Russie. Il faudrait alors se rapprocher de ces pays, notamment au plan commercial. Ce processus a été lancé avec l’Iran, et les perspectives d’une intervention militaire désastreuse contre ce pays s’éloignent durablement. Comme l’avait écrit Montesquieu, « [l]’effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l’une a intérêt d’acheter, l’autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels. » Cette solution, bien qu’imparfaite, est nettement préférable au pillage brutal de nations entières à travers la « stratégie du choc », comme on a pu l’observer en Irak ou en Libye ;

 

J’encourage donc mes concitoyens à dénoncer auprès de leurs élus les politiques profondes exposées dans cet article, puisqu’elles déstabilisent le monde et menacent nos démocraties. Essentiellement, je vous remercie de diffuser le plus largement possible cette analyse afin de sensibiliser votre entourage sur ces questions trop souvent ignorées ou déformées par les médias. 

 

Maxime Chaix

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 17:36

Faute de disponibilité le texte ci après n'a pu être publié avant le second tour mais aujoud'hui il n'a pas pris une seule ride. JF

 

Tel une aiguille de phono sur un disque rayé Valls  répète à l’encan que nous n’aurions rien compris, lui non plus d’ailleurs semble-t-il.   L’ampleur du vote FN au premier tour était pourtant la manifestation  du mécontentement des électrices et des électeurs à l’encontre de l’UMP, même rebaptisé, ainsi que  du PS et de leurs alliés respectifs. La désaffection des abstentionnistes auxquels il convient d’ajouter les bulletins blancs et nuls, soit plus de 50% du corps électoral, l’était tout autant.

 

Ainsi le Front National utile pour siphonner l’électorat communiste et affaiblir la droite devient  insupportable dès lors qu’il s’approche des plus hautes marches du podium à l’instar de Daech jugé bon lorsqu’il sème le désordre en multipliant les crimes au Moyen Orient mais perçu comme un dangereux adversaire  lorsqu’il  tente d’en prendre le contrôle économique et menace de s’étendre jusqu’à l’Atlantique, par ceux la même qui l’ont enfanté et soutenu, les Etats-Unis en particulier.

 

Contrairement à ce qu’il affirme péremptoirement Valls a pourtant  a bien compris  l’avertissement, il sait que la politique qu’il défend et entend poursuivre au-delà du second tour ne fera qu’augmenter l’audience du Front National, pour cela il use de tous les arguments fallacieux qui lui passent par la tête, allant jusqu’à évoquer un risque de guerre civile.

 

C’est une hypothèse à ne pas écarter à priori, mais quel serait l’intérêt pour le FN de s’engager dans la voie de la violence armée alors qu’il aurait gravi une marche supplémentaire vers l’Elysée et Matignon ce qui n’est à l’heure actuelle envisageable qu’après un accord occulte ou non avec le PR. L’alternative étant un rapprochement Droite Gauche que déjà les désistements du PS, dont les réserves s’amenuisent, dans trois régions laisse présager.

 

Le danger de guerre civile est plutôt à rechercher du côté  des tenants actuels du pouvoir, et de leurs challengers du PR tous européistes, qui n’hésiteront pas à user de tous les moyens à leur portée pour conserver les places acquises et   les prébendes qui y sont attachées. Ils ne céderont pas sans combattre. Leurs  objectifs sont connus, ils  visent à la constitution d’une Europe supranationale et impériale alliée des USA,  avec le recours aux forces de l’OTAN partout ou le pouvoir du capital sera contesté y compris chez nous. Le contrôle des frontières à l’intérieur et aux contours de l’espace  Schengen voire au-delà s’inscrit dans cette démarche.

 

Valls et ses amis, leurs alliés, sont aujourd’hui les principaux facteurs de guerres et de désordres urbi et orbi dont on sait qu’ils peuvent générer le meilleur mais  également aboutir au pire et parfois ne rien changer après avoir été récupérés.

 

Plus j’entends, le premier ministre plus j’ai la conviction que seul le renforcement  du courant contestataire qui s’est exprimé dimanche dernier sera de nature à réveiller les consciences, non pas de l’UMPS dont les dirigeants sont indécrottables, a l’exception de quelques individualités,  mais de ce qui reste  des forces progressistes éparpillées  qui doivent aujourd’hui converger sur la base d’objectifs précis en particulier la sortie  de l’UE, de l’OTAN et l’abandon de l’Euro en tant que monnaie unique. 

 

Regroupons-nous…, air connu,  et demain, à l’issue des présidentielles de 2017, nous pourrions être   en capacité de laver notre linge sale en famille et de repartir du bon pied. Deux ans c’est court mais en 1943 le PCF interdit 3 ans plus tôt, entré dans la clandestinité, ses militants pourchassés, traitait d’égal à égal avec la droite Républicaine, chacun connaît la suite…

 

C’est une exigence qui monte dans l’opinion dont il faut tenir compte mais cela exige que les ego de dirigeants de seconde zone soient remisés dans le placard aux oubliettes à moins qu’ils ne démissionnent ou soient remplacés dare dare.

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 11:21
Front National : seuls les peuples peuvent ouvrir un chemin de paix

Samedi 12 décembre 2015, par  pamillet , popularité : 55%

 

Le choc du résultat des élections régionales, pourtant annoncé de manière répétitive depuis des semaines, fait écho au choc de 2002, mais ne provoque plus de manifestations massives et jeunes pour dire "NON" au FN.

 

C’est un signe de plus de l’accélération de l’histoire, de cette crise dont on a tant dit, mais qui se rend toujours plus visible. Ceux qui manifestaient en 2002 pensaient que la démocratie française pouvait encore apporter des réponses, que le "changement" était possible. Les mêmes en 2015 savent que ce n’est pas vrai. Chirac, Jospin, Sarkozy puis Hollande nous l’ont démontré avec efficacité. Les promesses électorales n’engagent que ceux qui les croient...

 

Ceux qui manifestaient en Janvier pour Charlie pensaient réagir à un virus extérieur. Quelques mois plus tard, on sait que la violence intégriste est produite par notre société Française, réplique de nos guerres néocoloniales.

 

Pire, la société se délite, le cadre de services publics, de "vivre ensemble", de solidarités recule sous les coups de boutoirs de l’austérité, de la concurrence libre et non faussée, et de leur représentation subjective dans l’individualisme, la peur de l’autre, le repli identitaire, religieux.

 

Cette situation politique brièvement décrite fait peur. Pour des millions de gens, aucune force politique et sociale n’est à la hauteur de cette crise, aucune ne tient un discours d’avenir de progrès. Personne ne croit que la gauche ou la droite pourrait en 2017 ouvrir une nouvelle période historique en faisant reculer le chômage, source de toutes les crises. Les partis de gouvernements sont profondément disqualifiés pour répondre à la crise... Il leur reste le rôle régalien de la police et de l’armée.

 

Or, le peuple sent que la guerre est devant nous, une guerre qu’il ne sait vraiment nommer, dont il n’identifie pas clairement les causes, les acteurs, mais dont il sait qu’il en sera la victime.

 

Cette guerre concerne le quotidien avec la guerre de tous contre tous dans la concurrence libre et non faussée...tous les emplois sont désormais sur la sellette, les emplois très qualifiés en recherche et développement, ce qui reste des emplois industriels, les emplois peu qualifiés faisant face aux travailleurs détachés, les emplois de service précarisés et jetables, transformés en activités non salariées "uberisées" et même les emplois publics face à la RGPP et ses suites, face aussi à réduction forcée des dotations aux collectivités

 

Et cette guerre prend aussi les armes et tue, partout sur la planète, dans des attentats, des guerres de basse intensité, des guerres à distance à coup de drones, des guerres tout court avec leur cortège de villes détruites, de victimes civiles, et partout, les horreurs, les mercenaires, les détraqués.

 

Dans ce contexte, le capitalisme mondialisé ne supporte plus aucune souveraineté nationale, aucune indépendance nationale. Il ne supporte plus aucune démocratie. Cela concerne bien sûr le sud, avec la destruction de l’état Irakien, Libyen, puis Syrien, mais aussi l’Europe avec les diktats de l’Union européenne contre les référendums populaires en France, au Danemark, puis en Grèce. [1]

 

Contre le FN

Dans cette situation, dire aux électeurs que le vote FN serait immoral, est inutile, mais surtout....immoral ! Car ce qui est d’abord immoral, c’est le comportement des élites politiques, économiques et médiatiques qui défendent leur petit intérêt depuis des décennies en justifiant tout ce qui pousse au désastre, tout ce qui détruit les protections, les droits, au nom d’une modernité qui n’est qu’un discours de relookage d’un capitalisme sénile, retrouvant sa bestialité intrinsèque, une fois éliminé, apparemment, toute opposition à l’échelle mondiale.

 

Ce qui est immoral, ce sont ces élites qui défont méthodiquement la France que chantait Ferrat, qui justifient toutes les guerres atlantistes et imposent le pacte d’austérité à toutes les politiques publiques utiles, qui défont l’état social au profit d’un pacte de sécurité tourné vers la justification de la guerre.

 

Non, le vote FN n’est pas "immoral", il est dangereux, il est un contre-sens, il est un renoncement. Mais pour beaucoup d’électeurs, il est le vote qui leur permet d’exprimer leur rejet de ce système qui les écrase, le vote pour augmenter les salaires, défendre l’industrie, défendre les services publics, défendre la république et la laïcité... C’est ce qu’écrit le FN ! Ses électeurs ont bien entendu aussi qu’il fallait stopper l’immigration, défendre "la France" dans la concurrence des nations. Mais comment leur expliquer le piège en leur vantant les mérites de l’Europe sociale de demain, de la mondialisation heureuse, de "l’humain d’abord" ?, sans jamais dire clairement comment on résiste à la guerre, comment on défend nos droits et nos services publics quand tout se décide à Bruxelles ou dans les banques ?

 

Le mouvement ouvrier s’était développé avec le marxisme et le socialisme réel. Il a été affaibli par la défaite de l’URSS, par le recul de beaucoup de partis communistes, mais aussi par les restructurations capitalistes qui ont détruit de nombreux centres ouvriers bases militantes, et surtout par les transformations sociales organisant la concurrence au quotidien. Les peuples constatent qu’ils n’ont plus de perspectives "progressistes", d’alternatives à la mondialisation capitaliste. L’état du mouvement dit "alter-mondialiste" est révélateur, après les grandes manifestations des années 90 ! Et le mouvement communiste est émietté, illisible, incohérent... le PCF fortement affaibli restant enfermé dans une orientation électoraliste.

 

Comment dire au peuple de ne pas voter FN contre le "système" sans s’engager d’abord à reconstruire une issue politique à la hauteur de l’exigence historique ?

 

A vitesse accélérée, nous mesurons que nous n’avons plus d’armes idéologiques en lien avec les masses, de capacité de résistance, d’intellectuel collectif pour "penser le monde pour le transformer"..

.

Dire ce qu’est vraiment le FN ne peut se faire sans dire ce que pourrait être une nouvelle époque d’émancipation populaire, renouvelant le mouvement communiste et la perspective d’une autre société.

 

On ne créera pas d’emplois massivement sans que les travailleurs ne prennent en main des pans entiers de l’activité nécessaires à la réponse aux besoins. Les "investisseurs", "industriels", "patrons" sont les bienvenus s’ils investissent réellement pour l’emploi, mais ils n’auront jamais l’ambition de répondre aux attentes de nos familles, enfermés dans l’exigence leur propre niveau de vie, du coté des gagneurs,quitte à fabriquer des perdants. Seuls les travailleurs peuvent concilier leur intérêt et l’intérêt général.

 

On ne sortira pas des guerres pour un monde de paix, sans sortir de l’OTAN et des alliances autour des USA qui emprisonnent la France comme grand pays porteur d’une des histoires révolutionnaires des peuples. La France soit retrouver sa liberté pour parler à la Chine, au Brésil, à l’Afrique, à la Russie.. rapatrier toutes ses forces militaires et chercher enfin des coopérations réciproquement avantageuses avec tous les peuples,y compris les pays européens et les USA, mais pour le seul intérêt général, ce qui suppose d’exproprier les oligarques qui dominent le système bancaire et économique Français par des nationalisations massives.

 

Non, combattre le Front National ne se fera pas avec ceux qui l’ont fait roi médiatique et qui espèrent s’en servir à leur profit. Combattre le Front National exige d’abord d’affirmer que les peuples, le monde du travail, les quartiers populaires ont une histoire positive, une histoire à reconstruire. Le courant communiste qui reste vivant dans les profondeurs des consciences est essentiel à cette reconstruction.

 

[1] La victoire de la droite au Vénezuela après des mois de guerre occidentale contre le pouvoir Chaviste est révélatrice, dans la suite de l’histoire chilienne qui avait conduit à Pinochet et de la guerre des contras au Nicaragua. Bandes nazis et mafieuses, étranglement économique, guerre médiatique...Quelque soient les débats nécessaires sur les raisons de la défaite chaviste, n’oublions pas que le Nicaragua s’est relevé de la même défaite.

A la suite, du même auteur, daté du 14 décembre message aux electeurs de gauche

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 18:20
A force de prendre les électeurs pour des imbéciles...

Figaro vox par Bertrand Chokrane

Publié le 06/12/2015

 

 

Raz de marée du FN...

FIGAROVOX/TRIBUNE - Alors que le FN enregistre une forte poussée aux régionales, Bertrand Chokrane estime que les responsables politiques ont occulté les vrais sujets de préoccupation des Français.

Diplômé de l'Ecole normale supérieure et titulaire d'un post-doctorat au MIT, Bertrand Chokrane a été responsable du planning stratégique chez Renault-Nissan puis chez Dassault-Systèmes. Il est actuellement PDG d'une société d'analyse financière spécialisée dans le domaine de l'audit, du conseil et de la prévision de marché. Plus d'informations sur ce site.

 

A force de prendre les électeurs pour des imbéciles

A force de prendre les électeurs pour des imbéciles, les réalités reviennent comme un boomerang à la figure de ceux qui ont voulu les occulter.

 

La dégradation manifeste de la situation économique a été systématiquement minimisée, maquillée. Dans la réalité, on décompte aujourd'hui 5,7 millions de chômeurs toutes catégories confondues, dont seulement 3 millions environ reçoivent des indemnisations. Plus de 2,4 millions de personnes touchent le RSA. On évalue à 1,3 millions le nombre de personnes sans travail qui ne touchent aucune aide sociale (que les économistes appellent le halo du chômage). Au total, les personnes victimes du sous-emploi dépassent les 9,4 millions et représentent 32,8% de la population en âge de travailler. Enfin le chômage et le stress qu'il provoque tue chaque année 14000 personnes. Au minimum, 3,5 millions de personnes souffrent du mal logement.

 

A force de prendre les électeurs pour des imbéciles

Voici le véritable portrait de la France et de la misère sociale qui s'est progressivement installée au fil de quarante années de chômage de masse qui ronge la société. Face à un problème aussi grave, nous serions en droit d'attendre une réflexion profonde et collective pour comprendre les raisons de cet échec et repenser ensemble la société que nous souhaitons pour demain. Nous sommes passés d'un monde figé et stable économiquement (les Trente Glorieuses) à un monde en transformation perpétuelle et instable depuis la fin de Breton Woods. Nous vivons des mutations très rapides qu'il est difficile de décrypter en temps réel. il nous faut organiser une discussion collective, une réflexion ouverte pour décider ensemble de quel type de société nous voulons pour demain.

 

Au lieu de cela, le personnel politique concentre toute son énergie sur les stratégies électorales frivoles et sur les tours de passe-passe communicationnels.

 

Au lieu de cela, le personnel politique concentre toute son énergie sur les stratégies électorales frivoles et sur les tours de passe-passe communicationnels. A force de dire tout et son contraire, de détourner l'attention du public sur les problèmes insignifiants, à force de trahir leurs électeurs dès qu'ils arrivent aux responsabilités, les personnalités politiques ont perdu le capital le plus précieux, la confiance de la population. Leur parole a-t-elle encore de la valeur?

 

A force de prendre les électeurs pour des imbéciles

Des effets d'annonce aux incantations, les professionnels de la politique croient en la force du verbe et misent sur la méthode Coué et les prophéties auto-réalisatrices, sans jamais connaître un seul dossier. A force de mettre en scène un jeu de dupes, où chacun fait semblant de contrôler la situation, dans des postures factices, à force de faire semblant d'être contre l'austérité tout en l'imposant, à force de jouer un double jeu voire un triple jeu, s'étonnera-t-on si son efficacité disparaît?

 

Les fondateurs de l'euro ont cru qu'il suffirait d'instaurer une monnaie commune pour forcer les peuples à converger vers un modèle unique, et faire en sorte que les Grecs se comportent comme des Allemands. N'est-ce pas en soi le refus de prendre en considération la diversité culturelle de l'Europe ?

 

Depuis le début de la construction européenne, les gouvernements successifs, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont accepté des contraintes budgétaires et monétaires qui engendrent de grandes souffrances et détruisent le tissu économique et social. Les fondateurs de l'euro ont cru qu'il suffirait d'instaurer une monnaie commune pour forcer les peuples à converger vers un modèle unique, et faire en sorte que les Grecs se comportent comme des Allemands. N'est-ce pas en soi le refus de prendre en considération la diversité culturelle de l'Europe?

 

A force de soumettre la population à la discipline imposée par une Europe guidée par l'esprit de prédation au lieu de l'esprit de solidarité, dont le seul fil conducteur est le chacun pour soi, au nom d'une concurrence débridée qui conduit au moins disant social et à l'appauvrissement collectif, une Europe qui était censée protéger et qui livre ses habitants à une concurrence sauvage et au dumping social et fiscal, qui jette l'Europe du Sud contre l'Europe du Nord.

 

Cette Europe qui impose aux peuples des austérités inefficaces et des politiques monétaires expansionnistes qui n'ont pour effet que d'enrichir les plus riches et d'appauvrir les plus pauvres, on ne s'étonnera pas si la population opte pour des partis qui leur proposent autre chose: Syriza, Podemos, Front National etc...

 

A force de prendre les électeurs pour des imbéciles

Si les partis qui prônent un changement radical arrivent au pouvoir, il ne faudra pas en vouloir au peuple. Il faudra que le personnel politique qui aura conduit à cette catastrophe, par son incurie prenne ses responsabilités. S'ils ne font pas, les historiens du futur se chargeront de le faire.

Nous arrivons au bout du bout, puisqu'il n'y a plus de croissance. Nous sommes à une période où la zone euro est en passe d'exploser. Comment passer cette terrible crise si les pays européens ne sont pas capables de s'entendre?

 

L'absence de débat, la guerre des petites phrases, l'absence de vision et de réflexion approfondie, la médiocrité intellectuelle et les idées paresseuses créent de la désespérance.

 

Ce dont les gens ont besoin, c'est d'un langage de vérité, pas d'une mascarade permanente. Le vote FN est avant tout un vote de colère. Ses électeurs se moquent bien de son programme économique. La population se sent méprisée, oubliée, niée dans la réalité à laquelle elle doit faire face tous les jours. L'absence de débat, la guerre des petites phrases, l'absence de vision et de réflexion approfondie, la médiocrité intellectuelle et les idées paresseuses créent de la désespérance.

 

N'est-il pas vain et dérisoire d'appeler au sauvetage d'une démocratie qui n'est plus que l'ombre d'elle-même? Cette démocratie sur laquelle une petite minorité puissante qui a bien trop à perdre pour rendre possible un véritable changement exerce son pouvoir financier. Alors que toute la population mondiale pourrait manger à sa faim et voir ses besoins fondamentaux satisfaits (se nourrir, se soigner, se loger et se chauffer)

 

Ces élus qui craignent pour la démocratie, qui appellent les électeurs à ne pas voter FN pour éviter le désastre, feraient mieux de se rendre compte que le désastre qu'ils craignent tant est déjà là et qu'ils en sont les seuls responsables. Le vote FN n'est qu'un symptôme du naufrage, pas le naufrage lui-même.

Bertrand Chokrane

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 16:21

Après les attentats terroristes de Paris, Bernard Cazeneuve, le ministre français de l'Intérieur, a appelé à la dissolution des « mosquées qui diffusent l'idéologie de la haine ». Plus tôt cette année, les autorités françaises avaient dit que « les imams étrangers qui prêchent la haine seront expulsés, leurs mosquées seront fermées ». Cette attitude vient d'être réitérée, et elle est considérée par de nombreuses personnes comme nouvelle déclaration de fermeté de la France de lutter contre les attaques terroristes.

 

Aujourd'hui, plus la France affiche une attitude dure, plus elle obtient l'approbation des gens, tout comme après le 11 septembre, quand la décision des États-Unis de lancer la guerre en Afghanistan fut rapidement adoptée presque à l'unanimité par le Congrès, puis le renversement de Saddam Hussein, qui reçut également un soutien allant au-delà des parties. Mais les faits montrent que, dans l'excitation suivant les attaques terroristes, les sociétés occidentales ont trop aisément surestimé les effets des opérations de représailles, sous-estimant la complexité des sources du terrorisme à éliminer.

 

La fermeture par la France des mosquées prêchant la haine peut facilement conduire à des interprétations contraires au sein de la communauté musulmane. On peut dire que le gouvernement français se montre « très audacieux », et que les risques qu'il prend face à l'opinion publique sont beaucoup plus réduits que si la Chine et la Russie faisaient la même chose. Si les autres pays en proie à des préjugés occidentaux faisaient de même, alors ils devraient non seulement tenir compte de la réaction des autres musulmans, mais, d'abord, faire face aux critiques et spéculations des opinions occidentales.

 

S'agissant des raids aériens français menés avec l'aide des États-Unis et d'autres pays alliés, ils devraient être en mesure d'avoir certains effets, mais tant que l'Occident n'enverra pas de troupes au sol en masse, ou qu'il ne se sera pas complètement converti à un soutien au régime Assad, permettant à ce dernier de lancer une attaque de grande envergure sur l'Etat islamique, le problème sera difficile à éradiquer.

 

Quand bien même l'Etat islamique serait globalement défait, qu'est-ce que cela changerait ? Au Moyen-Orient, il n'y a plus de Moubarak, de Saddam, de Kadhafi, mais au-delà de la détestation que des gens ont pu leur porter, ils ont joué un rôle unique d'hommes politiques forts, les structures politiques et les structures sociales régionales originales sont tombées en morceaux, et, comme Kadhafi l'avait déclaré en ligne dans ses derniers jours, le « mur » bloquant la propagation du terrorisme et des réfugiés vers l'Europe a été détruit. L'Etat islamique est juste un exemple de la façon dont l'extrémisme peut rapidement proliférer au Moyen-Orient sur cette faille, et cette situation peut se reproduire à tout moment.

 

Surtout, les bombes de l'Occident peuvent certes détruire les camps et dépôts de munitions des organisations extrémistes au Moyen-Orient, mais ces bombes ne peuvent rien faire avec ces choses que l'Occident considère comme indésirables, comme le voile intégral ou autres tenues, elles ne peuvent pas empêcher l'envoi d'enfants et de jeunes dans des écoles religieuses extrémistes, et elles ne peuvent pas davantage encore lutter contre le « conservatisme global » qu'ils ruminent au fond de leurs cœurs. Jusqu'à aujourd'hui, dans une partie considérable du monde arabe, Ben Laden est toujours considéré comme un personnage positif qui a osé prôner publiquement la lutte contre l'Occident, et cela doit inciter à une réflexion profonde sur les limites de la guerre contre le terrorisme.

 

Le terrorisme, dont le Moyen-Orient est la source, est l'incarnation d'une incroyable haine. Le soutien américain à Israël, l'écart grandissant en termes de développement économique et social entre le monde islamique et l'Occident fournit les raisons basiques à cette haine, la situation géopolitique tendue au Moyen-Orient créée toutes sortes d'opportunités pour que l'insatisfaction générale se transforme en une haine extrême conduisant au meurtre de civils.

 

L'Occident n'a effectivement pas de solution, il ne forme pas une force cohérente en termes d'organisation et de mobilité. Les échecs de la guerre en Afghanistan et de la guerre en Irak et l'échec de la « transformation du Moyen-Orient » ont découragé les Etats-Unis. Le « Printemps arabe » avait donné à l'Occident des raisons d'espérer que le monde arabe allait vers une auto-transformation, mais les pays qui ont connu la « révolution », à part la Tunisie, ont connu soit une « restauration » soit le chaos, devenant source de terribles désordres, et permettant l'émergence d'une organisation comme l'Etat islamique. Tant de mal a à nouveau plongé l'Occident dans le désarroi.

 

Quand il n'y a aucune solution adéquate, se lamenter peut facilement devenir une façon d'admettre sa propre responsabilité. A ce moment-là, discuter de la poursuite d'effets à long terme est non seulement inutile, mais également inopportun.

 

Nous savons tous l'importance qu'il y a à éliminer les causes profondes du terrorisme, mais chacun sait que c'est plus facile à dire qu'à faire. Certaines personnes ont appelé à une « réforme de l'islam » et à l'abolition des « doctrines individualistes dépassées » mais ce genre de choses risque fort de ne pas être accepté par la majorité des musulmans, et encourager ce point de vue ne fera probablement que conduire à un choc de civilisations plus grave encore.

 

Le monde islamique ne possède pas de personnes et de forces ayant suffisamment d'autorité pour diriger une réforme, et elles ne peuvent pas davantage être fournies par le monde extérieur. Une grande partie du monde islamique sans doute besoin de pays modèle allant vers une modernisation profonde, et leur émergence fera naitre une certaine force intérieure, apportant une nouvelle vision et une nouvelle pensée.

 

Cependant, il n'y a aucun plan de ce genre dans le monde occidental, et il ne semble guère réaliste dans les conditions politiques internationales actuelles. Dans ces conditions, une grande partie de la rhétorique féroce de l'Occident n'est guère plus qu'un mouvement d'humeur, et les grands problèmes demeurent. Toute autre action plus concrète ne serait que du bricolage, toute idée que les gens considèrent comme importante doit être mise en œuvre si elle est conforme ; quant aux autres problèmes, ils devront être abordés en temps voulu.

(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 15:05

Vers une recomposition révolutionnaire du paysage politique

Par Xavier Théry

Origine http://www.causeur.fr/regionales-droite-front-national-35728.html

 

 

Aux élections régionales de 2010 – qui avaient été un naufrage pour la droite parlementaire puisque toutes les régions sauf une étaient passées à gauche (21 régions sur 22) – l’UMP, le Modem et les divers droite cumulaient 30,2 % des voix au premier tour. Hier au premier tour des régionales, les mêmes composantes (LR + UDI + Modem + DVD) cumulent 27,6% des suffrages exprimés. C’est un recul de 2,6% par rapport à la situation précédente, qui avait été analysée comme un échec cuisant de la droite !

 

Par rapport au précédentes régionales, la gauche (hors Front de gauche) a elle aussi fortement reculé, passant de 43% (PS + écologistes + DVG) à 32% hier (PS + EELV + DVG). Mais cet effondrement est principalement dû au recul très fort des écologistes, le PS passant de 28,6% en 2010 à 23,1% hier. Mais si l’on regarde le bloc de gauche gouvernementale (socialistes et écologistes, hors front de gauche), on remarque sa stabilité depuis 2012 : 30,9% des voix au premier tour des présidentielles de 2012 (François Hollande + Eva Joly), 30% des voix aux départementales de 2015. On peut même noter un progrès significatif par rapport aux européennes de 2014, où le bloc de gauche gouvernementale (PS + EELV) ne faisait que 26%.

 

En dehors de la percée exceptionnelle du Front national dans le premier tour d’hier, le fait majeur de ces élections est donc la déroute de la droite gouvernementale, dite « classique ». Elle perd 10 points entre les départementales de 2015 et le premier tour des régionales, les listes UMP + UDI + DVD passant de 37% à 27,6%… Elle perd 9 points par rapport au premier tour des présidentielles que la droite a perdues, passant de 36,4% (Sarkozy + Bayrou) à 27,6% aux régionales 2015.

 

La droite parlementaire est donc en déroute. Même si cette déroute sera masquée par le gain de 4 ou 5 conseils régionaux. C’est là le paradoxe de ces élections.

 

Comment inscrire ce résultat dans la durée et comment esquisser son évolution future ?

 

La droite « classique » se vide de ses électeurs au profit du Front national. Il est certain que les premières victoires du FN, le menant de quelques points à environ 15% de l’électorat, se sont faites sur un fond d’électorat ouvrier. Dans un premier temps, le FN a siphonné les voix du PC. Mais aujourd’hui la dynamique qui permet au FN de passer des 17% réalisés par Jean-Marie Le Pen au premier tour des présidentielles de 2002 à près de 28% aux régionales de 2015, en faisant le premier parti de France, repose sur le siphonage des voix de la droite classique. Les 9% que la droite a perdus entre les présidentielles de 2012 et les régionales d’hier sont bien passées au FN. Il est clair que la droite travaille, volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment, à faire avancer les idées du FN. C’est toute la stratégie sarkozyste de reconquête du pouvoir qui est remise en question.

 

Il ne faut pas être grand devin pour annoncer que cette dynamique va se poursuivre. Mais elle pourra prendre deux formes. Les deux étant révolutionnaires, au sens où la situation qui en sortira va révolutionner la vie politique française.

 

La révolution populiste est une première possibilité : la droite prend conscience qu’elle est en ruines, que feux le RPR et l’UDF qui faisaient jadis près de 50% des voix n’en font plus que 25 aujourd’hui et peut-être demain 20% seulement. Et sous l’influence d’une idéologie buissono-zémourienne, elle décide de faire une alliance de gouvernement avec le FN sur un programme identitaire et relativement protectionniste au plan économique.

 

La révolution conservatrice est l’autre éventualité : la gauche socialiste ayant fait sa révolution macronienne, elle prend conscience que seule une feuille de papier à cigarettes la sépare désormais de la droite parlementaire, surtout après les attentats qui ont vu Hollande se muer en chef de guerre, et elle décide de faire alliance d’une manière ou d’une autre avec la droite face au FN. Programme européiste, libéral au plan économique, discrètement atlantiste et néo-conservateur au plan international.

 

Si on se réfère aux analyses sociopolitiques d’Emmanuel Todd, on voit que la droite et la gauche parlementaires ont en commun de s’appuyer sur les familles sociologiques « inégalitaires », alors que le FN s’appuie sur la France « égalitaire » dans les régions qui ont engendré la Révolution. Cette analyse plaide plus pour la seconde hypothèse formulée.

 

Dans les deux cas, la vie politique française en sortira bouleversée. La déflagration sera forte. Les prochaines présidentielles, et en particulier les primaires à droite, vont déterminer laquelle de ces deux déflagrations va retentir.

                     Régionales 2010                       31,5  %

                     UMP+modem+DVD

 

 Présidentielles 2012                 36,4  %             Régionales 2015            27,5  %

                     Sarkozy+ Bayrou                                                     LR+Modem+DVD

                                                   

                     Départementale 2015            37,0  % 

                     UMP+UDI+DVD

 

 

Et à Villiers sur Orge (Ajout de Jack Freychet )

Ci-dessous tableau comparatif des régionales 2010 aux régionales 2015 avec, à gauche et à droite les candidatures de personnalités locales aux départementales de 2015 dont la prise en compte des résultats fausserait l’analyse.

On observe une légère érosion des suffrages recueillis par Valérie Pécresse  qui ne conserve comme réserve guère plus de 1 % des divers droites car il n’est pas acquis qu’elle puisse bénéficier du report de l’électorat de Dupont Aignan qui ne se maintient pas mais n’a pas donné de consignes de vote. Le PS perd 2,5 %, mais il a néanmoins quelques réserves.

Le Front national est proche du triplement de son score des régionales 2010.

 

 

 

Reg. 2010

Présid. 2012

Départ. 2015

Rég. 2015

Pecresse

27,78

 

UD 37,35

26,53

Sarkozy

 

26,92

 

 

Bayrou

 

12,31

 

 

Dupont Aignan

 

1,80

3,61

12,61

PS

27,49

27,95

UG 35,34

24,03

FN

7,72

15,37

21,29

22,52

 

 

 

 

 

 

 

Résultats globaux  au 1er tour à VSO

Liste conduite par

Nuances

Voix

% Inscrits

% Exprimés

Mme Valérie PECRESSE

LUD

404

13,09

26,53

M. Claude BARTOLONE

LUG

366

11,86

24,03

M. Wallerand DE SAINT JUST

LFN

343

11,11

22,52

M. Nicolas DUPONT-AIGNAN

LDLF

192

6,22

12,61

Mme Emmanuelle COSSE

LVEC

95

3,08

6,24

M. Pierre LAURENT

LFG

54

1,75

3,55

Mme Nathalie ARTHAUD

LEXG

28

0,91

1,84

M. François ASSELINEAU

LDIV

18

0,58

1,18

M. Aurelien VERON

LDVD

16

0,52

1,05

Mme Valérie SACHS

LDVD

5

0,16

0,33

M. Dawari HORSFALL

LDIV

1

0,03

0,07

M. Sylvain DE SMET

LDIV

1

0,03

0,07

M. Nizarr BOURCHADA

LDIV

0

0,00

0,00

 

 

Nombre

% Inscrits

% Votants

Inscrits

3 087

 

 

Abstentions

1 517

49,14

 

Votants

1 570

50,86

 

Blancs

37

1,20

2,36

Nuls

10

0,32

0,64

Exprimés

1 523

49,34

97,01

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